• photomontage-serret_essai-serret.jpg

    Exclusif: les photos secrètes de la réunion de la CCVDQuelques temps après son sacre, le roi Arthur tint une grande cour à Kerléon. Onze des plus hauts barons de la couronne de Logres y vinrent avec leurs chevaliers: Lot, roi d'Orcanie,; Urien roi de Gorre; Ydier, roi de Cornouaille; Nantre, roi de Garlot; Carado Biébras; Bélinant roi de Sorgalles et son frère Tradelinan roi de Norgalles; Clarion, roi de Northumberland; Brangore, roi d'Estrangore; Agustan, roi d'Écosse et le duc Escan de Cambenic.

     

    Extrait de La légende du roi Arthur; Editions Terre de Brume d'après l'adaptation de Jacques Boulenger

     

    Nous remercions nos aimables et sagaces lecteurs de bien vouloir procéder aux permutations d'identités qui s'imposent et qui, assurément, ne leur auront posé aucun problème.

    roi-arthur salle de réunion-copie-1 Ci- contre, on reconnait nettement de gauche à droite, dans l'habituelle salle de réunion de la CCVD

    Jean Serret, Robert Arnaud, Olivier Bernard, Francis Fayard, Serge Krier. Selon nos informations très sûres les toasts portés sont de la Clairette de Die.


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  • bertonnier4---copie-pour-blog.jpg Petite histoire avec un mortDans mon petit village, en avril dernier, un vieil homme, 86 ans, avait préféré mettre fin à ses jours plutôt que d'aller à l'hôpital. Il s'appelait Marcel Bertonnier, avait d'abord été ce que, jadis, on appelait un "trimardeur", c'est à dire qu'il avait loué sa force physique dans des fermes un peu partout en France. Puis, il était venu s'installer comme croque-mort dans la région. Il connaissait mieux que personne les coins à champignons de la région. Surtout, il en était la mémoire en racontant avec talent toutes les histoires, y compris celles qui remontaient à l'Antiquité. Je ne suis pas sûr que notre temps de téléréalité sache soupeser le vrai poids de ce type de personnage. Pour manifester que je n'oublie pas ce beau profil, je republie ici le portrait que j'avais fait de lui, il y a quelques années. Et puis j'aime bien l'idée que des articles anciens puissent revivre.

    "Qu'il pleuve ou qu'il vente, vous le croiserez sur les sentiers de la Gervanne. Marcel Bertonnier, 82 ans (à l'époque) et une forme superbe, le martèle: « ma promenade quotidienne, elle est mé-di-cale. Une heure- une heure et demi, pas plus. La distance je m'en moque. Mais la durée, je m'y tiens. » Le visage est buriné et creusé par les rides, l'allure incroyablement svelte pour un homme de son âge et surtout après une vie comme la sienne. Ah, ça oui, quelle vie! Ouvrier agricole pendant trente bonnes années et fossoyeur pendant quinze ans encore. Comme tel bien sûr, il est porteur de la mémoire de nos campagnes, mais c'est aussi pour ses marottes qu'il faut l'interroger, sa passion des monnaies gauloises et romaines qu'il est allé dénicher dans tous les champs de la région avec sa « poêle à frire ». Sa passion aussi des champignons qui lui a valu de la part de notre ancien confrère du Dauphiné Libéré, Henry Combes, le titre de « meilleur chercheur de champignons de la Drôme ». Il sourit: « Oh, c'était peut-être exagéré. Vous savez bien: les journalistes ça exagère toujours... »

     

    Petite histoire avec un mortREPARTIR SUR LE TRIMARD.-Marcel Bertonnier est né à Saint Péray, « un pays d'alcooliques, à cause de leur bon vin blanc ». La vie y est dure. Sa mère ramasse des champignons pour vivre, ce qui lui offrira un fort utile apprentissage. A douze ans, au début de la guerre, on l'envoie garder les vaches dans les montagnes d'Ardèche. Cela le préservera un peu de la dureté des temps, mais l'en laissera témoin tout de même: « je voyais des patriotes qui sortaient des maquis. Je me souviens d'un qui m'a fait essayer sa mitraillette qu'il venait de recevoir d'un parachutage. Des hauteurs où j'étais, j'ai pu voir la bataille autour de Valence. Je me souviens de trois forteresses volantes abattues par la flack allemande autour de la ville. »

    Petite histoire avec un mortLa paix revenue, il faut trouver un métier. Et, décidément, le goût des grands espaces acquis dans l'adolescence lui reste. Il aura bien l'occasion de se faire embaucher dans un immense consortium sidérurgique, à Rombas, à la frontière luxembourgeoise, « grand comme d'ici à Montélimar, avec des trains qui le sillonnaient ». Mais il y fait trop froid, il y a du brouillard et puis non décidément, ça n'est pas son monde! « J'ai eu un copain qui est allé se faire embaucher aux mines de Saint-Etienne. Je lui ai dit « vas-y, tu n'es pas prêt de m'y voir » ». Alors, il va de ferme en ferme, en Languedoc, en Seine et Marne, un peu partout. Il moissonne, il vendange. Chaque fois on l'apprécie. Mais il n'aime guère s'attarder. « A Vinsobres, j'ai eu un patron qui me disait « installe toi, reste dans le coin, on te facilitera les choses ». Mais non! Je suis un peu comme un gitan. Au bout de quelques temps, je voulais repartir sur le trimard ». Des années plus tard, son patron de Vinsobres fera une confidence à Etienne Audibert, de Suze: « Celui là, s'il avait voulu, il serait devenu l'homme le plus riche de Vinsobres! »

    Petite histoire avec un mortANGUILLES A LA MATELOTTE.-Mais le goût de la route est là, même si Marcel Bertonnier s'est tout de même installé à Gigors où, à la mauvaise saison, il va donner un coup de mains aux paysans dans les montagnes. Aux beaux jours, il file près de Béziers faire les vendanges: « C'était rude! Des heures et des heures à porter à deux des bacs de 80 kilos ». Ailleurs, dans la région parisienne, ce sont les moissons. « Ah, couper la paille, ça c'était dur. Pas de machine dans ce temps là. Tout à la main. » Mais il faut dire que le gaillard était costaud « Quatre vingt kilos, pas un poil de graisse ». Alors, on l'aimait bien. « J'ai eu un patron en Seine et Marne qui m'envoyait un billet de train pour que je revienne. » N'empêche que souvent la nuit c'est sur la paille. Et il se souvient encore avec tendresse de ce patron qui, lui du moins, le nourrissait avec le même menu que le sien « Ah, ces anguilles à la matelotte... ».

    S'il n'avait pas été ouvrier agricole, Marcel Bertonnier aurait du être journaliste, écrivain peut être même. Parce qu'il a une manière de génie de l'observation, une drôlerie pour croquer les hommes et les situations. Comme ce patron, assis sur l'aile de sa voiture, chaussé de bottes superbes qui lui dit:

    • Je te préviens ici, si on est pas content, on te vire tout de suite

    Et lui de répondre:

    • Ca tombe bien, moi quand je me plais pas, je ne suis pas long à partir.

    Et, on s'en doute, ces deux hommes se sont bien entendus. Ou bien c'est un riche propriétaire dont il raconte des chasses avec des « grossiums », comme il dit. « Ils avaient fait ménager, en pleine nature, des portes en bois où chaque invité était placé. Les gardes chasses rabattaient le gibier qui pullulait et les gars avaient en tout et pour tout à s'agenouiller pour tirer. Tu parles d'un effort! Et lorsqu'ils en ont eu assez ils ont été festoyer avec des jeunes dames! »

    Petite histoire avec un mortDES SQUELETTES EN RAYONS DE SOLEIL.-Autour de la quarantaine, Marcel Bertonnier s'est un peu lassé et a saisi l'opportunité de devenir fossoyeur pour une dizaine de communes, notamment Cobonne, Suze, Plan de Baix, mais parfois plus loin encore comme Aubenasson. « Un jour, pour les funérailles d'une comtesse, j'ai trouvé là bas, en creusant des squelettes disposés comme les rayons du soleil, autour d'une pierre. C'est une pratique gauloise. Un de mes amis avait fait la même constatation sur le plateau d'Anse, au dessus d'Omblèze ». Et ce fossoyeur curieux de tout va enregistrer toute ses découvertes. « A Suze, la chapelle du cimetière de Chausséon doit dater de Charlemagne. Un jour, en creusant, j'ai trouvé une sépulture protégé par des lauzes, comme on faisait jadis, mais d'un incroyable étroitesse. On n'aurait jamais pu y mettre un homme. Sauf si ce n'était que des ossements, après qu'on ait brulé le corps, comme ce fut le cas, au moment de la grande peste ».

    A force de retourner la terre, Marcel Bertonnier s'est passionné pour les pièces qu'il y trouvait. Il tend son porte clef. On y voit d'étranges cercles dorés, des rouelles, « des prémonnaies », comme il dit. «  Je le ai trouvées mélangées à des pièces gauloises. On peut donc penser que ça remonte au tout début de l'apparition de la monnaie pour les échanges ». D'une vieille boîte de cigares métalliques, il sort d'autres prises qu'il a faites, des pierres taillées, nettement antérieures, qui témoignent du temps où on les utilisait à défaut de maîtriser encore le métal. Et à force d'avoir trotté dans la région, à force d'y avoir ramassé des morceaux de tuiles, il s'est forgé une conviction: « IL devait y avoir un village romain plus grand que le vieux village de Beaufort, plus loin en allant vers Plan de Baix, dans la combe qui sépare cette route de celle de l'Escoulin ».

    Petite histoire avec un mortRACHETE MA SELLE.- Et comme, avec ce mystérieux conteur, tout est toujours affaire de belles histoires, ne manquons pas celle-ci qui concerne Mandrin, le fameux bandit du XVIII° siècle, dont Marcel Bertonnier connaît les chemins d'accès au Vercors. « On a bien connu dans la région, une famille très fortunée, les Gailhard-Bancel. Un de leurs ancêtres avait protégé Mandrin. Le jour où il fut roué vif à Valence, il passa, en allant à son supplice, devant son ancien protecteur et lui souffla « Rachète ma selle ». Ce que le Gailhard-Bancel en question fit, lors de la dispersion des biens du brigand. Et il se dit que dans la selle se trouvaient les plans conduisant au trésor de Mandrin. D'où la fortune familiale... »

     

    La dynastie des LapraLa dynastie des LapraEN PUBLIANT CE TEXTE, J'OFFRE GRATUITEMENT UN ÉLÉMENT DES ARCHIVES DU CRESTOIS. MAINTENONS DANS NOTRE RÉGION UN JOURNAL INDÉPENDANT QUI NOUS SOUTIENT.

     


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  • jean-serret-fev-2014-4-pour-blog.jpg Petites nouvelles de mon Clochemerle local où se déroulent, comme partout, des luttes de pouvoirs qui font la distraction du public. Jean Serret (PS, maire du gros boug d'Eurre - photo ci-contre) a retrouvé son fauteuil de président de la CCVD au terme d'une soirée qu'on me décrit comme chaude. Il y eût, semble-t-il, des tractations jusque fort tard et on voit bien combien, dans la répartition des vice-présidences, l'axe de droite (la vallée du Rhône) et l'axe de gauche (la vallée de la Gervanne et son prolongement sur Saoû) tentent de s'équilibrer (voir ci-dessous).

    Tout à fait intéressant: l'axe urbain d'une moyenne bourgeoisie est à droite, l'axe rural fortement peuplé de néoruraux est à gauche.

    Je vois deux bonnes nouvelles: Dans le temps agité que nous nous préparons à vivre, mieux vaut avoir aux commandes un homme d'expérience. Par ailleurs, je peux imaginer Jean Serret discutant sereinement avec Gilles Magnon (photo ci-dessous), le non moins nouveau président de l'autre communauté de communes voisine dite Coeur de Drôme, l'autre ensemble qui continue de subsister contre toute logique géographique. Ce sont des hommes de terroir, aucun d'entre eux ne prétend à la présidence de la République. Or j'ai l'intime conviction, nourrie par bon nombre d'informations, qu'on finira par une fusion de ces deux communautés de communes. Mieux vaut deux personnes qui puissent se supporter.

    Fait majeur: il faut constater que, pratiquement, la droite est majoritaire parmi les vice-présidents. Cependant, on voit bien qu'une négociation a eu lieu qui maintient Jean Serret président. Il n'est, en effet, pas sûr que toute la droite apprécie grandement l'activisme de Hervé Mariton qui était très discrètement à la manoeuvre derrière le candidat estampillé de droite, Gérard Crozier, le perdant de cette compétition. Donc, on peut supposer qu'une partie d'entre elle a préféré négocier un bon nombre de bonnes places avec Serret plutôt que de se trouver directement dans la dépendance de Mariton.Elle apparaît comme en position de force tout en ayant lâché la présidence. Ca va être chaud de temps à autres.

    Dans la vallée de la Gervanne, bien sûr, les Beaufortois n'ont pas pu ne pas voir que plusieurs vice-présidences avaient été offertes à de modestes localités alentour plutôt qu'au bourg centre.  Il s'agit à la fois probablement de se distancier de la maire de la localité, Mme Catherine Mathieu, secrétaire de M. Mariton dans la vie professionnelle et du projet émis par elle et quelques autres, d'une collaboration intercommunale rapprochée avec des communes proches. Auxquelles, comme par hasard, on a offert une vice présidence...

    Voici donc la ventilation des vice-présidences:

    1er Vice Président (VP): Jean Marc BOUVIER (Montoison, vp sortant) - Div Droite
    2ème VP: Olivier BERNARD (Livron). Div Droite, UDI
    3ème VP: Claude AURIAS (Loriol) Div Droite
    4ème VP: Robert ARNAUD (Grane, vp sortant)- PS
    5ème VP: Béatrice MARTIN (Gigors et Lozeron) Div gauche
    6ème VP: Jacques FAYOLLET  (Loriol) Div Droite
    7ème VP : Francis FAYARD  (Livron) Div Droite
    8ème VP : Yves PERVIER ( Saou) Div gauche
    9ème VP: Serge KRIER (Suze) Div gauche
    10ème VP: Jean Louis HILAIRE (Poët Celard, vp sortant) Gilles Magnon pour blog Div Droite
    et enfin 11ème VP : Gilbert POURRET (Omblèze) SE

    J'assume l'attribution des étiquettes même si je conviens bien sûr que pour certains, elle est vague.Mais ce qui ne fait pas l'ombre d'un doute c'est que parmi ceux de droite, quelques uns ont une hostilité nette à l'encontre de Hervé Mariton.En sens inverse on doit observer que deux sortants supposés de droite étaient déjà vice-présidents (sur un total de trois sortants) donc - pour le dire en termes généraux- "Serret compatibles" ou plutôt habitués au dialogue avec Jean Serret.

    Et il est difficile de ne pas voir que la réelection de Robert Arnaud (PS-Grâne) qui vient de perdre les municipales chez lui ressemble fort à un sauvetage par les cheveux (ce qui fera sourire: plus chauve que lui tu meurs).

    Une amie, peu au fait de nos subtilités, me demandait s'il fallait vraiment 11 vice-présidents pour gouverner la CCVD. Bien vu. Il y en avait 8 précédemment. Ajoutons que ça veut dire 1200 euros X 12, soit près de 15 000 euros par mois d'indemnités à se répartir, un peu moins de 18 000 avec le président soit 210 000 euros par an environ.

    Dans le cadre de notre émission Bonjour les Embrouilles, les communes de Loriol, Livron et Grâne ont donné le spectacle de délégués ne votant pas dans le même sens. Une bien belle image de la démocratie.

    Je n'ai pas encore les vice présidences de Coeur de Drôme. Mais là, un seul candidat, Gilles Magnon était en lice. Moins de surprise en perspective.Gilles Magnon est un homme réservé, un peu mal à l'aise dans la communication ce qui va lui jouer des tours dans  le rapport de forces qu'il devra gérer avec la ville de Crest (et donc Hervé Mariton). C'est un travailleur, généralement considéré comme un bon maire qui n'aime pas les éclats. Par rapport au moment pourtant tout récent où il a pris son mandat (le 1° janvier), il se trouve dans une communauté de communes où a eu lieu un glissement à gauche à Aouste et Saillans, lors des dernières municipales. Mais la commune principale, Crest, est tenue et rudement tenue par Hervé Mariton. Ajoutons des communes qui ne sont pas indifférentes comme Mirabel et Blacons dont la maire, Mme Manen est une forte femme qui, notoirement, n'aime pas M. Mariton. Il va y avoir du sport.

     

     

     


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  • nice-matin-1.jpg forward.jpeg Les Français ont autre chose à faire mais ils ne mesurent pas bien un des changements de décor majeurs qui les attendent: leur presse est en train de disparaître, avec d'immenses conséquences dans leur vie quotidienne. Jusque là, il était de bon ton de souligner que c'était la presse nationale qui était malade. Les cas de France-Soir (disparu) et de Libération (entre les mains d'un professionnel de l'immobilier qui n'y connaît rien) en étant ceux les plus convaincants. 

    1.jpg Le problème est que le phénomène gagne la presse régionale qui fut historiquement présentée comme la plus protégée. L'Union de Reims a bien failli purement et simplement disparaître et l'actuelle solution de reprise est bien peu convaincante. Mais voici que deux grands titres solides sont au bord du gouffre. Nice Matin qui était à une époque si riche qu'il offrait, une fois l'an, un smoking à ses collaborateurs pour qu'ils puissent assister aux réceptions mondaines de la Côte d'Azur, est en pleine décapilotade. Un homme politique de la région qui ne restera pas dans l'histoire de la République, le sénateur Jean Icart, est en train d'essayer de mettre la main dessus pour des raisons qui ont peu à voir avec l'intérêt éditorial. Pour cela, il s'est acoquiné avec un fonds d'investissement suisse GXP Capital. L'affaire a paru si étrange aux commissaires aux comptes qu'ils auraient déclenché une procédure d’alerte. Elle aurait été prise en raison de l’opacité du montage financier et du manque de garanties apportées par GXP Capital. Le closing de l’opération – comme on dit, pour faire branché- initialement prévu le 26 février, a déjà été repoussé deux fois.

    Pour Jean Icart, le retard de l’opération serait dû à des questions de transfert des fonds. Une société hors Union européenne (UE) ne peut prendre plus de 20% d’un groupe de presse appartenant à un Etat membre de l’UE. GXP Capital, basé dans le canton suisse de Zoug, devrait donc réaliser l’opération par l’intermédiaire d’une entité luxembourgeoise, d’après un patron de PQR. Tout cela sent très bon, comme chacun peut en juger. Et le risque de trouver Nice-Matin en redressement judiciaire est grand.

    Le groupe Nice-Matin, qui emploie un millier de personnes, a perdu environ 6 millions d’euros en 2013 (pour 90 millions € de CA).

    midi-libre2.jpgAilleurs, la vente du groupe des Journaux du Midi, qui réunit les quotidiens « Midi Libre », « L’Indépendant » et « Centre Presse » serait imminente. L’architecte originaire de Béziers, François Fontès – qui vient d’acheter le groupe d’architecte Jean-Nouvel à Paris – serait également à la manœuvre pour la reprise des quotidiens régionaux. Comme l'on voit là encore, on retrouve un grand spécialiste de la presse... Le groupe de presse Sud-Ouest, propriétaire des Journaux du Midi, en grande difficulté financière actuellement, négocierait la vente avec l’architecte, président du groupe immobilier Hugar, auquel serait associé Loulou Nicollin, essentiellement connu pour ses compétences en football et dans le ramassage des ordures ménagères qui fit sa fortune.. Deux autres groupes de presse, La Dépêche du Midi et Centre-France qui édite La Montagne à Clermont, seraient également intéressés à l’opération

    Midi libre a  vu le nombre de ses ventes payées chuter  de près de 8,7 % en 2013, L’Indépendant de 8,5 %. Le journal de Montpellier se trouve également dans une situation financière tendue.

    Alors que le groupe Nice-Matin n'a jamais été connu pour l'élévation de pensée de ses dirigeants, la famille Lemoine, propriétaire du groupe Sud-Ouest est très honorablement connue dans la profession.Elle a employé d'excellents journalistes.

    Il ne faut pas se cacher les conséquences possibles de ces situations. L'éventualité que ces journaux disparaissent purement et simplement n'est pas écartée. Le président du groupe du Crédit Mutuel qui contrôle, entre autres choses, le Dauphiné Libéré a fini, dans des propos publics répétés par dire son agacement devant des investissements qui ne rapportaient que des ennuis, n'écartant pas d'abondonner le secteur.


     

     

    2.jpg L'éventualité que des zones entières de notre pays soient privées de moyens d'y faire connaître les initiatives locales qui s'y développent (vie associative et culturelle, etc.) est clairement devant nous. Et les sites internet sont infiniment loin d'avoir fait la démonstration qu'ils pourraient se substituer à ces moyens de communication. Internet marche à l'échelon planétaire, pas à l'échelon local. Aussi peu “politiquement correcte” que soit cette affirmation, il reste impossible de démontrer le contraire.

    Ce sont donc des milliers d'associations, de troupes de théâtre, etc. qui sont menacées par ces évolutions. J'avais, il y a quelques temps, à Crest une conversation avec une femme cultivée pour qui "bien sur", tous ces journaux recevaient de l'argent pour leur mission de service public à commencer par Le Crestois. Non seulement c'est faux, mais c'est interdit. Les deux seules dispositions favorables à la presse concernent d'une part les modalités d'amortissement de leurs investissements, en effet beaucoup plus favorables, d'autre part des tarifs postaux qui se sont, au fils des ans, considérablement renchéris, ne compensant pas ainsi la notable médiocrisation du service.

    Je conviens volontiers que la mort fait partie de la vie et que l'éventuelle disparition de journaux médiocres ne doit pas appeler de regrets exagérés. En revanche, il reste à mesurer le formidable impact social que cela aura pour toute une initiative locale. Je souhaite bien du plaisir aux élus locaux lorsqu'ils ne pourront plus rien faire connaître de leurs activités et tout autant aux clubs de boules, aux fanfares, aux amicales d'anciens combattants, aux parents d'élèves. Et qu'on ne vienne pas me parler d'une substituion par internet. On ne peut citer aucun exemple au monde où des sites se soient imposés localement (je ne parle pas de Google qui n'a aucune visée locale, ni du Wall Street Journal, etc).

    Qu'on me permette de conclure sur une anecdote que j'aie vécue. Le quotidien Sud-Ouest connut, il y a fort longtemps une longue grève. Or, il avait coutume de publier dans ses colonnes les mouvements de navires puisqu'il desservait une région de ports à commencer par Bordeaux où se trouve son siège.Les péripatétitiennes locales furent ainsi privées des informations sur l'arrivée de leur clientèle et il paraît que ce fut très embarassant... Grande cause, petit effet.

    Je crains que s'agissant de nos vies locales, on soit moins dans l'anecdotique

    Je préfère ne pas le voir. 


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  • Sebastian.jpg

    forward Le 4 août 1578, lors de la bataille dite des Trois Rois, sur le territoire de l'actuel Maroc, le roi Sébastien du Portugal disparut. Du moins, c'est que l'on prétendit parce qu'il semble bien qu'il ait été tout simplement tué.

    Le roi Sébastien, alors dans la vingtaine d'années, avait été très longuement attendu par les Portugais qui craignaient que la dynastie régnante, les Avis, reste sans succession. En sorte que lorsqu'il naquit, son père étant mort peu avant, on crut à un miracle et ce roi était entouré d'une manière d'exaltation.

    Sa supposée disparition, le fait qu'elle ait bientôt ouvert à une annexion du Portugal par la couronne d'Espagne, créèrent un mouvement mystico-politique sur le thème "un jour le roi reviendra et il portera le Portugal au plus haut. Ce sera le Cinquième Empire".

    Et ce qui est assez extraordinaire, c'est que cette croyance a perduré des siècles durant. Ainsi lorsque Lula fut élu au Brésil, ancienne colonie portugaise, on dit que le roi était de retour, comme on l'avait dit quelques décennies avant lorsqu'eût lieu la Révolution des oeillets. Et un célèbre écrivain portugais, Fernando Pessoa, a cultivé le thème.

    J'ai consacré une semaine d'émission à la Radio Suisse Romande (A vue d'Esprit) à ce le-roi-cache.jpg sujet: http://www.rts.ch/espace-2/programmes/a-vue-d-esprit/5715257-a-vue-d-esprit-du-07-04-2014.html.

    Je n'ai malheureusement pas eu le temps d'y dire qu'exactement à la même époque en Russie se développait le même mythe avec le tsar Dimitri, lui aussi supposé "disparu" ou "caché". Même histoire avec le roi Arthur, perdu par les chevaliers qui le suivaient dans une nappe de brouillard et dont on a dit qu'il était caché dans une île mystérieuse. Même histoire avec "l'imam caché" des chiites duodécimains. Et bien sûr, même histoire avec le Christ.

    La permanence des thèmes est éloquente.

    Sur le sujet, je recommande un livre fort ancien de Yves-Marie Bercé (ci-contre). Le même vient de publier tout récemment un épatant La dernière chance, histoire des suppliques.

    Je signale qu'une thèse remarquable sur le sébastianisme est téléchargeable ici: http://www.theses.fr/2012BOR30037


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  • fernand-raillon-pour-blog.jpg forward Dans le petit coin de Drôme où je vis, a longtemps vécu, une de ces belles figures de la campagne qui ont travaillé durement pour nourrir les leurs. Il s'appelait Fernand Raillon et, en 2010, je lui avais consacré dans Le Crestois, l'hebdomadaire local, un portrait. Il est mort cette année 2014, au terme d'une ultime période passée dans une maison de retraite de Bourdeaux. Les échos de ces derniers mois que m'en laissait sa famille emplissaient de tristesse.

    Je reprends ici, en l'enrichissant puisque la place ne m'est pas comptée, de quelques souvenirs, le texte paru en 2010. « Fernand Raillon reçoit , dans la très haute demeure, à la facade sévère du centre de Beaufort qui fut jadis une auberge. Sa devise était « On loge à pied et à cheval chez Malleval ». Le nom vient de la famille de son exquise épouse, Lucie, hélas trop tôt disparue et dont tout Beaufort se souvient comme d’une femme solide et généreuse. Elle a élevé dix enfants, quatre auxquels elle a donné vie, trois garçons et une fille, et six qui étaient des enfants de l’Assistance, comme on disait alors. « Fallait les tenir » se souvient aujourd’hui Fernand Raillon qui a eu droit au plus beau compliment de l’un d’entre eux, des années plus tard : « Ah, si tu ne nous avais pas dressés, on aurait fait de belles bêtises ».

    Fernand Raillon reçoit aujourd’hui, dans sa cuisine. Il porte une veste qui fût tricotée par Lucie et qui est comme un rappel de tous les instants de cette femme auquel il fut tant lié. Sa chaise est adossée à une cuisinière qui diffuse une belle chaleur dans ce qui fut jadis la salle de l’auberge. Au moment des grands froids de 1956, malgré les bâches qu’on avait mises contre la porte-fenêtre qui donnait sur la rue, il y faisait…4°.Dans l’étable, non loin, c’était un peu mieux, 8°, parce que les vaches dégageaient de la chaleur. L’anecdote est à la mesure de la dureté des temps qu’a traversés Fernand Raillon.

    Une mémoire disparuePAS D’EAU COURANTE.- Il est né à Montclar en 1918. Au début des années trente, ses parents s’installent sur le plateau des Chaux, au dessus de Beaufort, non loin des fameux Trois Prés, qui sont un repère connu de tous les gens de la région. Il va à l’école à Lozeron. « En ce temps là, rappelle-t-il, il y avait des écoles dans tous les villages ». Il va aider, ainsi que son frère, pendant quelques années son père à la ferme et prendre très tôt le goût de la chasse qui ne l’a pas quitté. « J’ai eu mon premier permis à 18 ans » et aujourd’hui encore, son fils Gérard ou un de ses petits fils passent le prendre pour l’emmener faire le coup de feu. « Mais cette année, je n’ai pas tiré un coup de fusil. Pourtant, j’ai vu deux lièvres. Mais je préfère le lapin de garenne ».

    C’est donc son mariage avec la merveilleuse Lucie qui va l’amener à Beaufort. C’est un temps –l’avant guerre et même au-delà- où il n’ y a pas d’eau courante à Beaufort. On va s’approvisionner à des fontaines. Il faut souvent faire la queue, surtout au moment des grandes chaleurs. « Avec les bêtes qu’il fallait faire boire, c’était pénible ». Il faudra, après le conflit mondial, toute l’habileté de Henri Morin devenu maire, pour changer la situation. Les plus anciens du pays se souviennent encore, pour s’en amuser, d’une polémique qui agita alors la région lorsque la commune acheta, mine de rien, un terrain à Suze, la commune voisine, terrain dont le vrai trésor était le sous sol. Il y avait une source.. C’est elle qui a approvisionné la commune en eau. « Et il a fallu que trois malheureux Italiens creusent toute la tranchée à la main, à un mètre de profondeur pour y mettre la canalisation ». Fernand Raillon le répète souvent : « C’était tout à bras. Pas de machine ».

    Il faut dire qu’il parle d’expérience. Car, pour faire tourner la petite exploitation de son beau-père tombé malade, il l’a fait de ses mains. «  Au début, j’ai attelé les vaches. Mais ça n’était pas bon pour la production de lait. Alors j’ai acheté deux chevaux. C’étaitmarechal-ferrand-2-pour-blog-copie-1.jpgrudement plus commode. »

    Tout cela faisait vivre quelques artisans : il y avait deux maréchaux ferrants. Léopold* et Charles Colomb fabriquaient même sur place des charrettes ou cerclaient les roues de métal, après avoir chauffé la bande métallique pour qu’elle se dilate. On jetait de l’eau sur le métal rougi, une fois que le cercle était bien en place, pour provoquer sa rétraction rapide et ainsi le faire tenir. « On n’avait pas beaucoup de souci avec les charrettes, mais bien sûr, fallait pas verser. Parfois on cassait une roue. » Et il fallait retourner voir les Colomb. Les photos que je publie ici, du fonds Édouard Mouriquand ont été prises à Beaufort à la toute fin des années 40 et représentent à l'évidence des maréchaux ferrants. Il se peut bien que ce soient les Colomb marechal-ferrand-reduit-pour-blog.jpg

    Une mémoire disparueDES BALLES DE 100 KILOS SUR LE DOS.- Leur métier a disparu comme les trois cordonniers, les trois épiceries, sans compter les bistrots dont on voit encore des traces en regardant très attentivement les façades du village où se devinent des enseignes que le temps efface.

    Faute de machine, il y avait les coups de mains entre les hommes. Fernand Raillon évoque volontiers la solide camaraderie qui le liait à Abel Lacroix, un autre agriculteur, dont les anciens se souviennent bien, lui et son imposante Citroën 15 CV. Ceux qui se souviennent de cet Abel là, revoient sa maison au coeur du village dans laquelle on entrait par le garage en longeant donc l'énorme Citroën 15, puis on entrait dans la cuisine où régnait une chaleur étouffante. « Au moment où il fallait battre la récolte de blé, on se donnait la main », poursuit Fernand Raillon. Ca durait bien un mois autour du 14 juillet, puisque ça se prolongeait même au-delà de l’ancienne vogue du village, le 31 juillet. «  Les grains étaient vendus à la coopérative de Crest. Deux gars venaient en camion charger des balles de 100 kilos, qu’ils chargeaient sur leur dos. » Fernand Raillon reste rêveur un instant et ajoute : « Ca, je peux vous dire, c’était des gars solides »

    L’après guerre fut un temps où se trouvaient au village des prisonniers de guerre qui aidaient dans les fermes au titre de la reconstruction. Il en reste une trace aujourd’hui encore au champ de foire de Beaufort avec le long bâtiment aveugle où, longtemps, les sapeurs-pompiers du village ont entreposé du matériel. Il y en avait alors plusieurs identiques à cet endroit où vivaient les prisonniers nourris par un cuisinier français. « Il y en avait des braves. Je me souviens d’un qui disait « moi la guerre, je l’aurais jamais faite ». Mais ils n’étaient pas tous comme ça. Il y avait des rudes gaillards aussi, des sacrés têtes carrées».

    Le champ de foire, où étaient abrités ces prisonniers, avaient bien mérité son nom. « Il y avait cinq foires avant guerre. Le village était envahi de gens qui venaient de partout avec des troupeaux à vendre, avec des poules et des canards. Après guerre, les camions ont permis de transporter les animaux et les foires ont disparu ».

    Et on a commencé à voir circuler des tracteurs. C’est au début des années 60, que Fernand Raillon a eu son premier. «  Un Mc Cormick de 20 CV. Je suis resté fidèle à la marque par la suite. » Car, ultérieurement Fernand Raillon a pu en acheter un de 30 CV et finalement, en 1970 environ, un de 52 CV qu’il a toujours, même si, bien sûr, il ne s’en sert plus. « Ca permettait d’avoir deux socs pour labourer. Je l’ai payé deux millions de francs de l’époque ». Alors, les chevaux, bien sûr, sont passés de mode. Mais les vaches, elles, mettaient du beurre dans les épinards et sont restées. Chaque matin, il y avait une petite queue devant chez les Raillon pour venir y acheter le lait.

    Une mémoire disparueLE LINGE DANS LA BROUETTE.- La vie était rude aussi pour les femmes. Longtemps, on est allé laver à la Scie, en contrebas. « Lucie mettait le linge sur une brouette et puis elle poussait. Des fois, je pouvais l’accompagner avec la charrette. » Lorsqu’on lui pose la question de savoir si cette vie était dure, Fernand Raillon qui n’est pas homme à se plaindre répond sans détour : « Oui, c’était très dur ». Et il y revient : «  C’était tout à bras. »

    Mais, il y avait, en compensation la chaleur d’une famille où tout le monde a fini par trouver une place dans la vie. Noël Raillon a longtemps été facteur à La Clastre où la population se souvient encore de son dévouement. André fut pompier à Paris, avant de se réinstaller dans la région. Madeleine a travaillé dans les hôpitaux à Lyon, mais elle aussi est revenue à l’âge de la retraite et Georges travaille dans une entreprise de bâtiment d’Aouste.

    Et tous ceux qui connaissent un peu cette nichée, voient régulièrement des voitures arrêtées devant la haute façade grise. Ce ne sont plus – et depuis bien longtemps- des clients de l’Auberge Malleval. Ce sont les enfants et les petits enfants de ce patriarche courageux qui viennent écouter ces si belles histoires.

     

    *Michèle Colomb Nottet, petite fille de Léopold, m'adressa une correspondance à la suite de la parution de cette article dans lequel elle le décrivait comme un « génial bricoleur qui a inventé une machine à laver » (en un temps, rappelons le, où cela n’existait pas) « qui fabriquait des vélos pour sa famille, qui arrangeait les automobiles, allant même jusqu’à les recarosser. Musicien à ses heures, puisqu’il avait dirigé l’harmonie du village, il était né le 19 août 1889 à Beaufort. Eugène Charles Alexandre était aussi charron et cousin du premier.

     

    La dynastie des LapraUne mémoire disparueEN PUBLIANT CE TEXTE, J'OFFRE GRATUITEMENT UN ÉLÉMENT DES ARCHIVES DU CRESTOIS. MAINTENONS DANS NOTRE RÉGION UN JOURNAL INDÉPENDANT QUI NOUS SOUTIENT.


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