• Lorsque l'écologie délireLorsque l'écologie délireIl vient de se passer en Suisse un évènement ultrarévélateur. Une organisation écologique a lancé un référendum d'initiative populaire pour fermer l'accès au territoire national aux étrangers au nom de l'écologie. La terre suisse - au sens du biotope suisse- ne pourrait pas, selon ce que l'on appelle les initiants, supporter une population excessive. Une population d'étrangers. Les Suisses,eux, ne posent aucun problème.... Ce dimanche, les Suisses, traumatisés eux-mêmes par un précédent vote amené, lui, par l'extrême droite sur la nécessité de limiter le nombre des étrangers, ont repoussé vivement cette proposition. Cela dit, en l'espèce, il est absolument permis de confondre la droite dure et ces écolos très particuliers (qui ne sont pas tous les écolos). C'est la convergence qui fait problème. On est en pleine confusion.

    Le comble - et c'est ça qui m'intrigue -est que les personnes à l'origine de cette initiative, comme le Professeur Philippe Roch, sont des personnes de très haut vol, loin d'être des gourous notamment par leur passé professionnel. Ceci est l'écho qui m'inquiète passablement d'une dérive que j'ai eue à toucher du doigt, de l'écologie qui considère que l'homme est secondaire et que seule une abstraction qui serait le biotope nécessiterait l'absolue priorité.

    J'entendais tout à l'heure le Pr. Philippe Roch (PHOTO)  dans une réaction surréaliste expliquer qu'on ne pouvait en aucune manière le traiter de raciste et que les porteurs du projets s'étaient mal fait comprendre. Stop. On est entre adultes consentants. Qu'un groupe écologiste n'ait pas vu que chasser des étrangers avait un petit côté raciste est confondant. On est en plein délire.

    Accessoirement, un des enseignements du scrutin est que les Suisses sont en train de se rendre compte des conséquences désastreuses d'un vote antérieur, cette fois approuvé, sur la limitation de l'entrée des étrangers, en février dernier. Les universités se vident d'étudiants étrangers, les étudiants suisses n'ont plus accès à Erasmus. Le gouvernement ne sait plus comment s'y prendre avec l'Europe qui refuse désormais de négocier.

    C'est super de virer les étrangers, mais il faut y réfléchir à deux fois.


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  • Aux presses universitaires de RennesJe viens de lire une Histoire de la Haine de Frédéric Chauvaud qui incite à la réflexion. Au fond, nous avons un besoin secret de la haine. Détester est reposant, ça vous justifie. L'autre est si mauvais, méchant, nul, nocif. Pas besoin de réfléchir sur ses propres arguments, l'autre est au mieux un con, au pire un salaud.

    Chauvaud fait une manière de Michelin de la haine: la haine politique, la haine entre classes sociales, la haine des femmes, etc. C'est un travail universitaire, ça n'est pas un polar. Mais le recensement est intéressant.

    Demeure un fait très frappant: c'est l'immense besoin de haine. Je suis accablé, en fréquentant le net, de voir combien peu de commentaires sont favorables quel que soit le sujet. Combien même le ton monte à l'hystérie. Tel raisonnement n'est pas "contestable", mais "débile". Tel personnage est "nul", mais pas "discutable". On est à 200 à l'heure dès les premiers mots. C'est assez préoccupant. Parce que cela nous désigne une appétence du public pour la détestation qui est extrêmement peu productive.

    Cet agrément de la haineFAIBLES ENTHOUSIASMES.- Car, en sens inverse, je remarque combien sont faibles les enthousiasmes. Telle entreprise réalise une prouesse technologique? Oui mais c'est pour gagner du pognon. Tel match a vu une victoire inattendue? Bien sûr, il était truqué, etc.

    L'incapacité de la parole politique à prendre le courage de prêcher le compromis est affligeante. Lorsque chacun d'entre nous, par simple bon sens, voit combien des hommes apparemment éloignés devraient, en fait, s'entendre, la posture du refus (bien sûr le refus de la "compromission"!...) est la règle.

    Il y a des lieux du monde, la Palestine, le Pakistan, l'Ukraine où la haine a atteint une telle densité qu'elle est devenue comme solidifiée. Vous voulez gâcher une soirée? Parlez de la Palestine entre amis. J'étais frappé, l'autre jour, de lire dans le Haaretz, le grand quotidien de gauche d'Israël, une tribune de l'ancien directeur général du Mossad, le service de renseignement israélien, qui disait sereinement qu'Israël et le mouvement sioniste vont dans le mur. Alors que de lui, on eût attendu un discours brûlant de la volonté d'en découdre. Je me suis dit que cet homme avait un grand courage et probablement était un bel esprit. On ne peut pas oublier que les hommes qui sont restés dans l'histoire (Nelson Mandela et Frédérik De Klerk, De Gaulle et Adenauer) sont ceux qui avaient toutes les raisons de rester dans le registre de la haine mais qui l'ont surmontée.

     


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  • UMP: tout ça pour çaUMP: la route si étroite de MaritonSarko à 65% environ, pas terrible pour un ancien président de la République qui a fait un barouf de tous les diables sur son retour à la tête de l'UMP; 29% pour Le Maire c'est bien, il était  peu connu ("La victoire en perdant" titre Le Monde). J'ai évidemment un intérêt particulier pour le score du député de ma circonscription Hervé Mariton qui dépasse quelque peu les 6%. Lorsqu'on était annoncé au départ à 1 ou 2%, c'est forcément mieux. Maintenant la donne est claire: dans aucune commune, dans aucun groupement, association, société... un groupe qui "pèse" 6% ne représente grand chose. 6% c'est un peu plus que le type de score qu'ont fait, au fil des décennies, des forces comme les écolos, l'extrême gauche, etc... Pour quel poids au final dans la société? Pratiquement rien.

    Ce qui est frappant, c'est que les anti-mariage pour tous, qui ont jeté dans la rue des centaines de milliers de personnes, à l'instant de se donner une traduction politique en la personne de Hervé Mariton et devant un public beaucoup plus facile que la société toute entière, pèsent si peu.  La vérité est assez simple. Ceux, probablement peu nombreux parmi eux, qui ont voulu se donner un prolongement en politique, l'ont fait dans des groupements beaucoup plus à droite. Je ne suis même pas sûr qu'ils l'aient fait au Front National qui fut très prudent sur cette affaire.

    Tout le monde fut très prudent dans les partis classiques. Parce que tout le monde sait lire. Les sondages n'ont pas varié. 66% des Français sont pour le mariage pour tous, 58% des militants de l'UMP le sont. Point barre. Fin de l'épisode. Les hésitations de Sarkozy, c'est à cause de ça. Le refus de l'abrogation de la plupart des leaders de l'UMP, c'est à cause de ça. Ces gens là veulent gagner les élections, pas les perdre. Qu'est-ce que Hervé Mariton pourra faire de ses 6%? 6% d'électeurs de l'UMP, ça veut dire quel pourcentage de la société française dans son entier? Bonne question.


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  • Le débat sur la dette des états est un pur et simple mensonge et je renvoie ici à une étude remarquable qui le montre. Il n'est pas honnête de raisonner sur une dette qui est, par nature, un montant fixe - pour les économistes: un stock- avec le Produit Intérieur Brut qui, par nature évolue chaque année. Je dois 300 000 euros pour payer ma maison. Évidemment, je les dois sur 25 ans. Mais je gagne par an 25 000 euros. Chacun voit bien que si l'on rapporte le 1° chiffre au deuxième, ça n'a aucun sens (même si, d'une année sur l'autre, j'emprunte encore mais toujours, nécessairement sur une durée plus longue que mon revenu annuel). Ce qui est pertinent c'est de rapporter les sommes annuelles payées au titre de la dette (intérêts+amortissement) aux revenus annuels du pays. Dans ce cas, on est à une charge de 20% des revenus. Chacun peut le rapporter à son budget familial et voir que c'est supportable.

    Le grand mensonge de la dettePAS BALAISE DU TOUT.- On objectera à juste raison que même si le ratio est bidon, comme il est appliqué à tout le monde, la comparaison est possible. Mais non! Un exemple que je connais bien pour vivre entre la France et la Suisse. Régulièrement des amis français me disent: "Ouaaahou, les revenus suisses, c'est balaise." Mais c'est faux. Il faut les rapporter aux charges de leurs bénéficiaires. Ainsi, dans de nombreux pays - dont la Suisse- le système d'assurances sociales est privé. En sorte que les coûts pour les particuliers sont phénoménaux mais que, bien sûr, ça n'apparaît pas dans l'endettement public. La France a de très lourdes dépenses PUBLIQUES pour la couverture sociale. Mais lorsqu'on compare, comme le fait le tableau que je place plus loin, l'endettement privé selon les pays, on constate que la Grande-Bretagne en est à près de 100% du PIB, que la très fameuse Allemagne en est à 60% et la France à 50%.

    Ca veut dire que, ailleurs, les particuliers suppléent ce "collectif" qu'est l'État. Chez nous, ceci n'est très certainement pas sans relation avec le fait que nous sommes une vieille nation monarchique et que nous considérons que c'est la puissance publique et non chacun d'entre nous qui doit porter les dépenses de couverture sociale.

    Le grand mensonge de la detteFAILLITE DES PARTICULIERS.- On peut en débattre. Je suis de ceux qui pensent que ceci n'est pas sans relation avec une culture protestante de la responsabilité individuelle dans les pays qui préfèrent que la dette soit individuelle, mais peu importe. Ce qui importe c'est qu'on ne peut pas faire comme si cette dette privée n'existait pas. On le peut d'autant moins que, quelle que soit la configuration, la faillite pure et simple d'un état est une chose rarissime; celle d'un particulier: on voit ça tous les jours. Certes, c'est moins visible. C'est même tout l'avantage de la chose. Aucune chaîne de télévision ne se déplacera lorsqu'on exproprie un particulier.  En revanche, il a plu des envoyés spéciaux à Athènes lorsqu'on s'est mis à parler d'une éventuelle faillite grecque.

    Donc, il y a, dans la manière de prendre ce débat, une manière d'aussitôt l'occulter qui est mensongère.

    Mais il y a un deuxième mensonge. Les dettes ne se ressemblent pas. Il n'est pas acceptable de s'endetter pour des dépenses qui ne servent à rien, par exemple de la bureaucratie. De ce point de vue tout le monde a des leçons à prendre. Et on ne peut pas s'opposer à la réduction des dépenses qui ne servent à rien.

    Reprenons le cas du particulier. S'il s'endette pour acheter un objet de luxe, type valise Hermès, c'est son libre choix mais en terme de production économique, ça ne sert à rien. De même pour ses vacances. Si, en revanche, il s'achète un bel ordinateur pour pouvoir travailler depuis chez lui, cet endettement est utile. Il produit des revenus.

    Le grand mensonge de la dette10000 PONTS EN PÉRILS.- Mais prenons un exemple très concret dans le domaine public: lorsque l'Allemagne, selon un récent rapport, a 10 000 ponts qui sont en péril au point que les transporteurs doivent s'en détourner, l'éventuelle dépense de réfection fait gagner de l'argent aux transporteurs, aux entreprises qu'ils livrent, etc.

    Donc oui, coupons les dépenses dans les doublons de fonctionnement, dans les complexité inutiles. Mais, lorsque les dépenses sont productives, lorsqu'on finance un plan de fabrication d'éoliennes qui va nécessairement enrichir les entreprises qui les conçoivent, il n'y a pas d'obstacle.Dette privée des ménages en 2012

    Il y a quelques temps, un spécialiste me disait que si les sociétés financières britanniques de cartes de crédits exigeaient subitement le remboursement de leurs dettes, ce serait Zola au pays de la Queen. "God gracious!" En Grande-Bretagne, la dette des ménages est passée de 60 % du PIB en 2000 à 101 % en 2009 (+ 41 points), contre une progression de 15 points pour la zone euro (de 49 % à 64 % du PIB). Si l’on ajoute la dette publique et la dette privée (prêts, dette des ménages, des entreprises et du secteur financier), la dette britannique a atteint 507% du PIB au deuxième trimestre de 2011.

    En 2010, la dette privée des Etats-Unis était de 116% du PIB contre 99% pour la dette publique. Moyennant quoi, en raison du non remboursement de certaines dettes privées, l'état a du lancer un plan de relance pour faire tout de même circuler de l'argent.

     

    La dette des ménages est passée de 60 % du PIB en 2000 à 101 % en 2009 (+ 41 points), contre une progression de 15 points pour la zone euro (de 49 % à 64 % du PIB) - See more at: http://www.lemoci.com/royaume-uni-coface-confiant-dans-la-reprise-de-leconomie/#sthash.qaHSkdMI.dpuf

    Le grand mensonge de la dette3500$ PAR MOIS EN CARTE DE CRÉDIT .- J'emprunte au quotidien canadien La Presse cette information qui concerne l'année 2010: "L’endettement des consommateurs canadiens a grimpé de 4,5% au cours de la dernière année, pour atteindre 25 597 $ par personne au premier trimestre". C'est effrayant. Et voici ce qui vous assomme: "le solde moyen des cartes de crédit est à 3539 dollars. Un montant élevé qui, à l’évidence, ne peut être réglé par tous à chaque fin de mois. D’où les sommes astronomiques payées par les consommateurs en intérêts". Alors d'accord le taux d'endettement de toutes les administrations canadiennes par rapport au PIB (le Canada est un état fédéral donc il faut en tenir compte) est de 87%. C'est incontestablement mieux que nous, mais tout dépend ce que l'on prend en compte. Et, je vous le dis tout de suite, le solde moyen mensuel de ma carte de crédit n'est pas de 3500$.

     

    Le grand mensonge de la detteJe publie ci-contre à gauche des courbes qui sont incroyablement éloquentes de ce transfert de charge des particuliers à l'état. On voit bien que c'est l'état qui prend le fardeau et que les particuliers qui restent dans des limites supportables. Mais, ne nous y trompons pas, le fardeau est là quoi qu'il arrive. La seule bonne question est: qui paie?

    Ce débat n'est pas honnête. Ne nous comparons pas avec des pays qui ont fait un autre choix.On manipule des chiffres auxquels le commun des mortels ne réfléchit pas parce qu'il n'a pas toujours les instruments intellectuels pour réfléchir. Il faut arrêter de tricher dans ces raisonnements.


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  • Il faut absolument lire le dernier numéro de la remarquable revue Books. Il fait de la situation allemande actuelle un portrait terrifiant: sous-investissement massif de la puissance publique qui aboutit à des situations ahurissantes. Les routes sont devenues si mauvaises que les camions qui devraient gagner le port de Hambourg préfèrent aller à celui d'Anvers, écoles en mauvais états, canaux - pourtant essentiels pour le transfert du frêt- avec des écluses effondrées, ponts dont pas moins de 10 000 devraient être refaits. Ajoutez à cela deux données qui battent en brèche des idées acquises: la productivité d'une population n'est pas terrible parce que le système de formation ne donne pas les résultats escomptés (si l'apprentissage marche, les universités sont mal classées) et une concentration de la performance sur l'automobile qui masque d'autres situations beaucoup moins brillantes. Par exemple, les patrons allemands, considérant l'état de leur pays, préfèrent de loin aller investir à l'étranger. Ceci sans rien dire d'une donnée désormais bien connue: le vieillissement de la population allemande qui ne peut que la contraindre à encourager une immigration massive beaucoup plus de l'Est que du Sud, du reste.

    La grande crise du "modèle" allemandPOPULATION SACRIFIÉE.-Tout cela ressort d'une série de livres publiés en Allemagne, par des auteurs allemands, et parfois par des patrons. Le magazine a eu la bonne idée de demander un plaidoyer en faveur de l'Allemagne au démographe Emmanuel Todd. Son argument tient en cette formule: "mollo mollo, n'exagérons rien. L'Allemagne a de beaux restes." Il ajoute l'idée que au fond, par sa sphère d'influence, l'Allemagne aujourd'hui va jusqu'à l'Ukraine. Mais surtout, il développe une idée qui justifie que je fasse ce post parce qu'elle nous interroge, nous, Français. Pour lui, un consensus a existé en Allemagne de tout temps au profit d'une Allemagne-puissance qui s'imposerait en Europe fut-ce au détriment des bonheurs individuels. Une Allemagne de la population sacrifiée au profit d'un collectif glorifié.  Alors que dans l'Europe du Sud (nous compris, bien sûr), on privilégie l'idée du bonheur individuel.

    Cette thèse très pertinente pose de plein fouet la question des consensus que l'on peut trouver dans une nation. Il est assez probable qu'une des caractéristiques dominantes de notre pays est l'impossibilité à trouver des consensus. On voit bien combien les multiples discours publics tendent à la division. Nous sommes dans une culture des oppositions permanentes, largement exploitée par les hommes politiques. Souvenons nous du ridicule dont on a entouré les propos du Général de Gaulle lorsqu'il parlait sans cesse de la France pour la magnifier. On disait: "Oui, mais il oublie les Français". Je reviendrai, dans un prochain post là-dessus, mais nous devons accepter de réfléchir là-dessus. Nous sommes malades de l'absence de consensus. Quant à parler d'une France-puissance, laissez moi rire. Du reste, la question de savoir si c'est souhaitable est au bas mot à débattre, mais nous ne pouvons pas oublier que nous avons été une puissance, donc la question n'est pas sans pertinence. On ne construit pas en oubliant ce qu'on a été et si l'on veut l'abandonner du moins doit-on le faire consciemment.


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    La défense des mallettes de billetsLes tripatouillages d'argent ont encore de beaux jours devant eux. J'apprends qu'en Suisse, les achats devraient continuer à pouvoir être réglés à coup de mallettes de billets. Le sort des paiements en cash est l'un des points les plus controversés de la réforme contre le blanchiment d'argent proposée par le gouvernement helvétique pour répondre aux recommandations du Groupe d'action financière (GAFI) et éviter que la Suisse n'atterrisse sur une liste noire de l'OCDE. Une des chambres du Parlement avait accepté la restrictions concernant les paiements de plus de 100 000 francs (82 000 euros), mais l'autre a furieusement refusé.

    La défense des mallettes de billetsComme mes lecteurs l'avaient parfaitement compris - et je m'excuse auprès d'eux de devoir faire cette mise au point- ce sont, évidemment les fabricants de mallettes qui ont fait pression pour que cette pratique soit maintenue. C'est pure diffamation que de faire quelque lien que ce soit avec un prétendu secret bancaire, qui d'ailleurs n'existe plus.

    J' attire cependant l'attention de mes aimables lecteurs sur l'extrême médiocrité des mallettes fabriquées en Chine qui présentent l'évident inconvénient de risquer de craquer en pleine rue avec le risque consécutif de devoir ramasser les billets égayés sur le trottoir. Il est vrai qu'aucun Helvète ne vous fera l'offense de ramasser un billet ainsi égaré. Mais il se trouve, hélas, qu'il y a de plus en plus d'étrangers en Suisse. C'est du reste exclusivement dans un souci de défense des mallettes (et un peu aussi de leurs porteurs) que l'UDC - le parti de droite dure de Suisse- a fait adopter une mesure restreignant le nombre d'étrangers dans le pays. On est bien gouvernés!

    Je recommande par conséquent les mallettes Hermès, très adaptées pour une somme allant jusqu'à 100 000 francs. Au delà, faut voir. A ma stupeur, j'ai découvert sur le net une de ces mallettes à vendre d'occasion. D'OCCASION! Comment! Les riches en sont à revendre leurs mallettes Hermès! On parle tout le temps du chômage, mais ça, on n'en parle pas. Notez bien que la mallette en question était à vendre 16 500 euros, ce qui représente à peu près le prix d'une révision des 20 000 km pour une Ferrari.

    Quand je pense au malheureux vendeur! Ca va me gâcher ma journée.


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  • Comment nous avons perdu la mainLe problème de chacun d'entre nous est que nous sommes plongés, dévorés, ensevelis par l'époque. Chaque jour, des nouvelles nous parviennent auxquelles nous donnons une importance totalement disproportionnée et nous aurions besoin,  pour bien nous orienter, pour prendre les bonnes décisions, d'un regard historique sur ce que nous vivons. Par définition, c'est impossible. Il faut que la poussière soit retombée.

    Nous sommes nombreux, je crois, à penser que notre temps dégage plus de poussières que les époques antérieures à cause de la rapidité de circulation de l'information. Mais c'est peut-être faux. Après tout, toutes les époques ont pu penser que la circulation de l'information y était vive, parce que ce qu'on a appelé, dans le passé, "information" et "circulation de l'information" visait peut-être d'autres canaux, la rumeur, les babillages villageois, le prêche du curé etc. Nous trouvons formidable le XIX° où les journaux parisiens arrivaient une fois par semaine en province, mais après tout, il y avait peut-être d'autres "bruits" - que nous appelons informations- et qui empêchaient la tranquillité.

    REMISE EN ORDRE.-Lorsque l'on réfléchit avec sérénité à ce qui nous sépare de l'après-guerre, nous avons un premier temps qui est celui de la remise en ordre de 45 à 62 avec, à partir de 54, le début des guerres de décolonisation qui accélèrent cette remise en ordre. Au sortir de la guerre de 39-45, chacun ne sait plus trop ce qu'il pense, à commencer par les partis dont certains doivent payer des factures de la guerre et tous se situer par rapport d'une part à la question coloniale, d'autre part par la réorganisation des pouvoirs qu'imposera De Gaulle.

    On a un deuxième temps, de 62 à 81, qui est celui de l'adaptation aux moeurs nouvelles, contre-coup du boom démographique, de l'affaiblissement de l'Église et d'une bien plus grande ouverture au monde. La jeunesse a poussé, elle n'accepte plus l'ordre ancien. La société traditionnelle résiste, mais en même temps, notamment sous Giscard, donne de sérieux gages (pilule, avortement).

    Comment nous avons perdu la mainLe troisième temps, de 81 à 95, est totalement identifié à un pouvoir - celui de la gauche- dans la mesure où c'est l'affirmation que la gauche peut arriver au pouvoir, bref que le pouvoir est pour tout le monde. Il ne faut pas oublier que ce n'était pas évident. En même temps, la décrépitude finale, avec les affaires et la cohabitation envoie aussi le signal que la gauche, elle aussi, connaît les perversions du pouvoir. C'est l'annonce qu'il n'y a pas de miracle.

    MONTÉE DES IRRITATIONS.- On est bien en peine de qualifier ce qui se passe de 1995 à 2007 dans la mesure où on est dans l'atonie, mais en même temps la montée du Front National nous dit que les irritations deviennent de plus en plus vives, que certains mal-êtres ou agacements peuvent avoir une conséquence grave. C'est notamment le passage à la droite extrême de toute une partie de la classe ouvrière. C'est aussi l'accélération d'une crise sociale, au sens où le chômage décidément ne veut pas reculer, qu'on a donc des phénomènes de misère qui pointent.

    On voudrait absolument retourner l'économie en notre faveur, "faire repartir la machine", comme on dit, ou "voir le bout du tunnel",  c'est ce que croira faire Sarkozy dans une vision totalement libérale encore que sérieusement aggravée par la crise (d'où un endettement phénoménal). C'est ce qu'essaie de faire Hollande. Ils ont en commun, en dehors de leurs profondes différences de comportements, une volonté de reprendre la main. Or, dès avant Chirac et en tous cas sous Chirac, la maîtrise du destin, la victoire de l'économisme s'accélère. Il n'y a plus que l'économie dans les mots d'ordre. Mais sans effet. Toute la question est de savoir si on peut encore reprendre la main.

    Et nous sommes probablement à l'aube d'une ère où il y aura beaucoup plus d'éthique, peut-être spiritualité, manière de prendre acte qu'on ne peut reprendre la main que sur soi ou dans des petits collectifs. Mais, par rapport à ces choix éventuels, on ne voit pas se dégager les hommes qui intégreraient ces dimensions dans leur discours. Ce qui fait que, très probablement, comme à la fin des années soixante, l'Histoire se fera hors du politique. Ou alors à des échelles très locales où le concept de politique change de sens, perd son aspect partisan.

     


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