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    Le gouvernement britannique qui a engagé une vague massive de réduction des dépenses est en train de reprendre une formule de Sarkozy: couper dans les dépenses de sécurité (cliquer sur la photo). Il faut rappeler en effet qu'il avait supprimé 12 000 postes de policiers et de gendarmes. Le Figaro - oui Le Figaro!- écrivait: « En 2007, la police nationale comptait 149.965 postes pourvus, équivalents à des temps pleins. Cinq ans plus tard, il n'en restait que 143.872, soit une baisse effective de 6 093 postes. Sur Twitter, le responsable du syndicat Unité SGP Police FO Nicolas Comte va plus loin et pointe 13.000 suppressions de postes dans la police et la gendarmerie entre 2008 et 2012. » Ce qui prouve qu'on peut, en toute sérénité, dire une chose et faire son exact contraire. À un certain niveau de pouvoir, ça n'a aucune importance. Le ministère de l'Intérieur britannique, le Home Office, pourrait voir ses dépenses coupées de plus de 25%. Et pendant ca temps là des hommes politiques du même parti hurlent à l'envahissement du pays par les immigrés... Ce qui pose accessoirement la question: qui a intérêt à l'insécurité? Rappelez-moi le nom des deux gouvernements engagés militairement en Lybie et dont le (tout relatif) succès a contribué à provoquer la vague migratoire actuelle.

     

     


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  • C'est un très singulier entretien que vient de livrer au Monde Éric Laurent, ce journaliste qui a été mis en cause pour chantage vis-à-vis du roi du Maroc avec sa coauteur, Catherine Graciet. D'abord, il est excellent que Le Monde ait mené cette interview. Mais c'est la suite qui est problématique.

    On devine - même si ce n'est pas exactement dit comme cela- qu'Éric Laurent vit un drame personnel, par la maladie d'une proche, qui le déstabilise, ce qui, bien sûr, ne peut lui valoir que notre sympathie. Et il affirme qu'on lui a fait des propositions de dédommagement pour arrêter l'écriture du livre auxquels il a bien voulu tendre une oreille complaisante, étant finalement hésitant sur le bien- fondé de son livre et dans une très mauvaise passe psychologique.

    Je suis tout prêt à croire qu'il y a eu manipulation, peut-être même exploitation de la situation personnelle difficile de l'auteur. Je veux même bien qu'il n'y ait pas eu chantage. Je suis convaincu que l'occasion de faire plonger le tandem Laurent- Graciet réjouissait le pouvoir marocain. Je commence à avoir un peu de peine avec cet auteur qui se met à douter de l'opportunité de son sujet. Dans ce cas, on ne signe pas avec un éditeur. Mais surtout il reste l'acceptation de l'argent qui n'est pas niée et qui est même traitée avec une sorte de désinvolture franchement pénible. Éric Laurent n'est, sur ce chapitre, aucunement convaincant. Le seul fait qu'il ait accepté deux autres rendez-vous après un premier où la question financière, de son propre aveu, a été clairement abordée, réduit sa défense à peu de choses.

    Il aurait pu y avoir une autre manière de présenter les choses à laquelle j'aurais pu croire: "Je vis des choses terribles. J'ai fait une connerie. Je me suis mis en situation de me laisser manipuler." Ma conviction intime est que là est la vérité. Simplement, elle n'a pas facile à dire. Et, malheureusement, Laurent veut garder son étiquette de cavalier blanc. Et là, il n'est absolument pas convaincant. Ajout ultérieur: Du reste Catherine Graciet, elle, vient de faire au Parisien, une réponse beaucoup plus franche.

    Il faut tout-de-même dire qu'il y a des milliers de journalistes qui ne passent jamais à la télé, qui ne publient chez aucun éditeur, qui ne donnent de leçons à personne mais qui ne touchent pas d'enveloppe. Le peu de sensibilité d'Éric Laurent au dommage fait à l'image de la profession est assez décourageant. J'ai, dans cette affaire, de la peine pour les petits, les sans-grades. Tous ceux, en somme, qui sont éclaboussés mais ne peuvent rien dire. Car, au total, on a une seule certitude. Ceux là vont dix fois entendre: "De toutes façons, tu es comme les autres, tu es vendu à ton maire, à ton député, à ton président." Cela du moins est assuré.


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  • Migrants: La leçon qui vient d'AllemagneL'information est énorme. Le Bild, quotidien incroyablement populaire - et populacier-  en Allemagne, celui la même qui a mené une attaque violente contre les Grecs engage une vigoureuse campagne de soutien aux migrants. Il n'y a pas de mystère: un journal n'agit pas contre ses intérêts, c'est-à-dire pas contre son lectorat. S'il le fait, c'est qu'il a senti en son sein un vent de faveur pour ces malheureux en déshérence. Un sondage publié en janvier montrait que la "culture de l'accueil" était en progression en Allemagne: 60% des personnes interrogées se disaient prêtes à accueillir des étrangers, contre 49% trois ans plus tôt. 

    Et si le Bild était seul! Mais l'hebdomadaire Der Spiegel ou le grand quotidien Süddeutsche Zeitung (SZ), se sont engagés aussi. Le premier proposait samedi une double couverture, la première consacrée à la "sombre Allemagne" et illustrée par une photo d'un foyer de réfugiés en flammes, la seconde montrant "l'Allemagne lumineuse" et des enfants de réfugiés lançant des ballons dans le ciel."C'est à nous de définir comment nous allons vivre, nous avons le choix", expliquait le magazine tandis que le SZ proposait à ses lecteurs soucieux d'agir un guide pratique pour leurs dons de vêtements, de nourriture, etc. Dans un éditorial intitulé: "Ce que nous sommes", Die Welt, conservateur, se voulait d'ailleurs optimiste, estimant que loin des incidents xénophobes, "la vigueur de l'engagement bénévole change le visage de l'Allemagne" qui à travers sa "culture d'accueil" est "en train de se redécouvrir".

     

    Ceci sans rien dire d'une chancelière - dont beaucoup de choses me séparent- mais qui, en l'espèce, se comporte magnifiquement. Et il faut le dire d'autant plus fortement qu'on est en désaccord avec elle sur d'autres choses. Il serait misérable, dans le contexte présent, de rechercher dans les placards les prétextes à d'autres débats.

     

    Ceci sans rien dire non plus des grandes manifs, des ahurissantes manifs qu'on ne verrait jamais chez nous. On reste médusé de ce spectacle et un peu honteux de ne pouvoir offrir le même. Et, pour être sincère, on est totalement dérouté. Finalement quelle est l'Allemagne que l'on doit considérer: celle qui déversait des flots de haine sur les Grecs ou celle qui manifeste dans les rues pour dire "Bienvenue aux migrants"?

     

    Et, dans le même ordre d'idées, histoire de dire que les Hongrois ne sont pas tous à l'image de leur gouvernement, voici les images de la veillée de Budapest, en hommage aux 71 morts du camion tragique, récemment découvert.

     

     


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  • Il m'arrive ce qui, peut-être, est arrivé à beaucoup de ceux qui me lisent. Soudain, par un hasard du destin, on croise de très près une information parce qu'on en connaît soit un lieu, soit un personnage. Il se trouve que je connais Éric Laurent (photo), qui vient d'être inculpé de chantage vis-à-vis du roi du Maroc et que je connais le co-auteur avec Catherine Graciet, de certains livres sur le Maroc, Nicolas Beau.

    Entendons-nous. Je connais Éric Laurent pour l'avoir interviewé pendant une heure pour son livre sur la famille Bush. Je connais Nicolas Beau pour avoir enseigné à ses côtés au CFPJ. Rien qui puisse permettre de prétendre à une intimité, à un vieux compagnonnage. Mais suffisamment tout de même pour être totalement interloqué par l'affaire en cours. 

    Commençons d'abord par Catherine Graciet que je ne connais pas du tout mais dont je viens de voir que, précisément, Nicolas Beau a dit sa stupeur de la voir impliquée dans cette affaire. Je partage son sentiment. Elle jouit d'une excellente réputation de femme pertinente et courageuse car écrire sur la monarchie marocaine, c'est une fameuse affaire.

    Éric Laurent a sorti de très bonnes enquêtes. Celle sur les Bush était pleine d'intérêt. Je crains fort qu'il ne se soit laissé embarquer par son propre succès. Certains de ses autres textes méritent moins d'intérêt. Il m'a semblé qu'il jouait de sa réelle notoriété. Mais c'est un homme affable, un peu parisien et sûr de lui, mais courtois et incontestablement intelligent. Il a le sens du "coup". Je ne peux pas cacher qu'il m'avait fait bonne impression.

    Ce que la presse rapporte de l'affaire est accablant. En même temps, on devine entre les mots son extrême prudence. Si vraiment les faits sont ceux que l'on nous dit, c'est énorme. Mais il est impossible de totalement laisser de côté l'idée d'un coup tordu. Apparemment, Éric Laurent est passé à des sortes d'aveux. Sa déclaration au Monde ne lève pas grand chose. L'avocat de Catherine Graciet fait des déclarations extrêmement ambiguës qui vont dans le sens de ma prudence. Hélas, je crains qu'elle ne soit pas fondée. Et alors on tombe du placard.

     


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  • Ca m'ennuie beaucoup d'avoir raison mais je dois confesser que lorsque j'écrivais ceci sur les prétentions à faire face au flot des migrants par des grands mouvements de menton, je ne m'attendais pas à ce que deux jours plus tard Euronews diffuse des images confortant à ce point mon point de vue. Pour mémoire, je disais l'absolue vacuité des propos prétendant bloquer les vagues migratoires qui nous arrivent. Je soutenais que c'était pure posture et que les postures sont haïssables.

    Faut-il rappeler qu'un brillantissime parlementaire UDI qui se voit appelé à de hautes destinées, Hervé Morin, proposait de couler les bateaux des passeurs. A vide, quand même. Eh banane, comment fais-tu pour savoir que c'est un bateau de passeur tant qu'il n'y a pas ses passagers à bord? Rarement un évènement comme celui-ci n'aura à ce point enrichi le bêtisier de nos vieilles nations.  

    Ces images ont été tournées à la frontière avec la Hongrie et l'ont été, c'est un comble, dans un endroit où comme on peut le voir le supposé "mur" qui protégerait les Hongrois est en place. Avec le résultat que l'on peut voir. Le bénéfice de propagande pour le gouvernement hongrois aura été de quelques jours. Tout ça aura très probablement coûté une fortune pour rigoureusement rien.

    Je comprends fort bien que ce ne soit pas très populaire d'investir ces sommes dans des efforts d'intégration pour des populations qui - qu'on le veuille ou non- seront là. Mais au moins on se dispense d'être ridicule en 45 secondes d'images que, j'imagine, les Hongrois eux-mêmes ont vues. L'autisme est tragique lorsqu'il s'agit d'une personne, il est tragique et pathétique lorsqu'il s'agit d'un gouvernement. Je ne dis certes pas que l'intégration est facile, ni même qu'on sait bien faire, et pas davantage que j'ai des conseils à donner, mais simplement qu'il n'y a pas d'autre voie.

     


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  • Il se passe en Grande-Bretagne quelque chose de très emblématique des temps que nous vivons.
    Il va falloir élire un nouveau leader au parti travailliste qui a subi une monstrueuse déculottée aux dernières élections législatives. Il se trouve que cavale très nettement en tête des sondages un dénommé Jeremy Corbyn que l'on situerait chez nous "à gauche de la gauche". Il a 17 points d'avance dans les sondages. 

    Panique dans l'establishment travailliste où l'on a mobilisé, notamment, tous les anciens premiers ministres pour dire le danger. Le problème est que cela a, très probablement, l'effet inverse de celui désiré: les électeurs travaillistes ne veulent absolument plus de ce genre de profils. Mais, étant donnée la nette avance de Corbyn, se pose la question de savoir si les autres candidats continueraient à servir le parti, en cas de victoire de Corbyn. Cette vidéo est éloquente (même si je dois constater que sa diffusion est médiocre).

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    On remarquera, dans cette vidéo, la réaction indignée d'une des interlocutrice à l'idée que le parti travailliste devienne un simple parti protestataire. Elle ne le dit pas, mais on le comprend: le Labour est fait pour aller au pouvoir. La volonté des adhérents, Mon Dieu, c'est intéressant, mais enfin... Comment ne pas penser à ce que nous vivons en France?

     Face à l'incontestable succès de cette voie différente, on utilise de petites saloperies comme celle qui consiste à suggérer que, parce qu'il a soutenu un comité de commémoration du massacre des Arabes à Deir Yassin, en Palestine,  en 1948 (évènement qui n'est plus contesté par personne) et qu'un des membres de ce comité est devenu négationniste de l'holocauste, Jeremy Corbyn en deviendrait suspect à son tour. Voici une interview agressive de Channel Four qui montre à la fois la vigueur de la campagne contre lui et, en même temps, que le journalistes lorsqu'ils veulent une réponse en Grande-Bretagne l'obtiennent. Ce qui n'est pas plus mal.

    En vérité, on est là en présence de ces surgissements très significatifs dans la vie de nos grandes nations: la demande d'autres voies et d'autres voix que j'avais déjà notée ici. C'est malheureux à dire, mais en mettant dans le discours public - pour s'y opposer- le terme d'"établissement" (par allusion à l'"establishment" anglais), le Front National voyait juste. Du reste, des mouvances fort éloignées et qui le combattent ont repris la formule ou se sont présentées comme "anti-système" ce qui veut dire la même chose. 

    Je m'amuse de plusieurs choses: D'abord, comme pratiquement toujours, les anti-systèmes sont très forts pour utiliser les médias du système qui, eux-mêmes, courent toujours derrière le dernier cheval, trouvant du reste, une jubilation masochiste à se faire traiter de salauds. Je ne suis pas sûr que Corbyn ait toujours des idées de génie, par exemple, lorsque, pour préserver les femmes des agressions sexuelles dans les transports publics, il propose des wagons différenciés par sexe.

    Mais peu importe. Corbyn ne m'intéresse pas: je n'ai pas assez de données sur les demandes du public britannique. C'est bien davantage le symptôme qui est intéressant: l'usure d'un discours trop lisse, trop convenu.  On dit que les politiques sont toujours les mêmes. Je le crois moins que le sentiment d'une impuissance du monde politique, impuissance dont il faut dire qu'elle vient des générations antérieures. Nos actuels dirigeants ont hérité des abandons de leurs prédécesseurs. On avait cru, avec Syriza, que pourrait se mettre en place un pouvoir qui ferait marche arrière. On vient de voir que non.

    N'ayant pas, moi-même, la science infuse, je me méfie de ceux qui affirment l'avoir. Je me demande au nom de quoi. Pour cette raison, je ne sais pas si l'on peut faire marche arrière. Je ne peux que constater l'immense demande de ce retour en arrière, vers un temps où l'on maîtrisait les choses. On voit bien, par exemple, que le "souverainisme" est la forme contemporaine de cette demande de ce retour en arrière.

    Quoi qu'il en soit dans cette vieille nation avec une reine désuète aux couvre-chefs terrifiants, voilà qu'apparaît aussi, fort bien placé un hétérodoxe intégral. C'est un signe des temps.


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  • "Nous prévoyons que l'exode des migrants continue à travers les Balkans. Environ 3000 personnes devraient traverser la frontière de la Macédoine chaque jour", a déclaré la porte-parole du HCR à Genève Melissa Fleming. Cela veut dire, 90. 000 personnes par mois et plus d'un million par an.

    Franchement, est-ce à la hauteur du problème?Du reste, La Bulgarie a envoyé des blindés aux quatre postes-frontières avec la Macédoine pour soutenir la police frontalière en cas d'afflux de migrants. En Hongrie, la police annonce que au total, 2093 migrants, le nombre le plus élevé enregistré en une seule journée, ont traversé la frontière serbo-hongroise. Près de 1500 personnes arrivent chaque jour en août, depuis l'annonce par le gouvernement conservateur de la construction d'une barrière le long de la frontière méridionale avec la Serbie. La Hongrie a enregistré l'arrivée de plus de 100'000 demandeurs d'asile depuis le début de l'année, plus du double du total de 2014. En 2012 seulement 2000 migrants étaient arrivés dans le pays. Et, pour l'Allemagne, les prévisions sont de 800 000 demandeurs d'asile cette année.

    L'histoire de la barrière hongroise est très emblématique. On vient de voir là que, quasi-terminée, elle n'a servi à rien. Exquise attention: le gouvernement hongrois avait contraint ses chômeurs à la construire. Il y a des gens qui ont le génie de faire dans le délicat.  En fait, cette barrière, comme les autres, est un symbole. Celui d'une cécité. On n'est manifestement pas à hauteur du problème. On bavarde. L'expert de l'ONU pour les droits des migrants François Crépeau a demandé mardi à l'Union européenne d'adopter une autre politique face à l'afflux des migrants. Construire des barrières, utiliser des gaz lacrymogènes, détenir les migrants, les menacer ne les dissuadera pas de venir, a-t-il affirmé.Le rapporteur de l'ONU recommande l'adoption d'une politique migratoire cohérente, basée sur le respect des droits de l'homme et offrant des solutions légales aux migrants. Il faut permettre aux demandeurs d'asile d'entrer en Europe et d'y résider par des canaux réguliers, déclare François Crépeau.Le rapporteur propose d'"ouvrir le marché du travail grâce à un octroi ciblé de visas permettant aux gens de venir et de rentrer chez eux s'ils ne trouvent pas de travail". Cette mesure devrait s'accompagner de sanctions plus CLIQUEZ fermes contre les employeurs qui engagent clandestinement des travailleurs migrants, par exemple dans l'agriculture, la construction, les soins ou l'hôtellerie."Cela réduirait considérablement l'attrait pour les migrants irréguliers, ainsi que le marché pour les trafiquants", affirme M. Crépeau.

    Et Mme. Merkel et M. Hollande disent qu'il faut s'y mettre tous. C'est bien. Personne n'oserait dire le contraire. Mais, franchement, est-ce à la hauteur du problème? 

    Ceci observé, on doit reconnaître que l'annonce faite ce jour (cliquer sur la photo) par le gouvernement allemand qu'il ne renverrait plus les réfugiés syriens doit être saluée. C'est du concret. Mais je rappelle mon article qui expliquait pourquoi.

     

     

     


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