• Le désastre de l'après-présidentielleEn l'état actuel de l'échiquier politique, un certain nombre de projections peuvent être faites, dans la perspective de la prochaine présidentielle, avec un infime risque d'erreur. La probabilité que la gauche gagne est très faible, l'hypothèse Juppé reste aujourd'hui la meilleure. Mais, quelle que soit l'issue, la vraisemblance d'un désastre politique ultérieur ne souffre pratiquement pas de discussion. Reprenons les hypothèses:

    - C'est Juppé: tout ce qui restera de la valetaille sarkozyste sera en fureur. Tant de places perdues!  Il faut avoir à l'esprit les mois terribles qu'elle aura vécu, son chef s'affaiblissant. Elle va se retrouver K.O., hors du jeu, n'ayant pour elle que la rage de se venger sur le gagnant. On va donc avoir droit à ces campagnes d'insinuations permanentes, comme - au passage- en connaît actuellement Hollande, et qui sont le propre des officines de ces milieux. 

    -C'est, par improbable miracle, Hollande à nouveau: Tout ce que nous connaissons actuellement de débinage venant de la gauche ultra, sans parler, évidemment, des mêmes officines ci-dessus mentionnées, va s'en donner à coeur joie. Des années à se faire saper le moral. Pas facile de prendre des mesures courageuses dans ce contexte.

    -Joker: dans la panoplie de la gauche, Hollande s'étant retiré, perce un de ceux qui sont actuellement des outsiders: Macron, Valls... Pour eux, le problème sera différent: il leur faudra construire des majorités solides,  obtenir le ralliement d'appareils anciens, qui les regardent avec méfiance. Prix de gros sur les peaux de bananes. Là encore, difficile de prendre des orientations nettes.

    -C'est Marine: là, c'est l'effondrement du système politique français parce qu'il faudra un réordonnancement complet de la scène pour faire face à une situation totalement inédite et qui comporterait de très réels dangers, à la fois en terme de libertés publiques et de gestion courante.

    -Dans toutes les hypothèses, toutes les formes d'extrême-gauche (+ écolo) sont pulvérisées, mais pas inactives. Elles ont une manière de génie propre à l'agitation. Donc on va avoir mille foyers insignifiants de désordre, mais qui, au total, affecteront la marche du navire, face à des pouvoirs dont, dans la quasi-totalité des hypothèses, la base sera fragilisée. Charmante perspective.


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  • La Bérézina russeJe ne sais plus quel est l'insecte qui pique horriblement juste avant de mourir, comme s'il s'agissait de manifester une dernière fois sa capacité de nuisance. Cela devrait nous faire réfléchir quant à la situation de la Russie. Un remarquable article du Monde nous donne une mesure de la déroute où se trouve son économie, tragiquement tributaire de sa production de pétrole. Endettement généralisé des régions dans des proportions saisissantes, budgets que l'on coupe partout, retard de paiement des salaires, sensible affaiblissement de la situation de la classe moyenne. Tout cela parce que, dans les années fastes, on n'a pas construit d'activités économiques de substitution.

    Ce blog avait, depuis fort longtemps déjà,  signalé le risque massif qui se présentait pour les états pétroliers du Proche-Orient. (Voir ici et ici également) C'est depuis largement repris par la grande presse qui signale, là-bas aussi (en Arabie Saoudite notamment), des coupes budgétaires significatives et même... un doublement des prix (ridicules) de l'essence. Mais, s'agissant de la Russie, notre voisine, il faut bien mesurer les conséquences car nous sommes beaucoup plus directement concernés.

    Tout d'abord, il faut revenir sur un argument largement développé ici, mais bien rarement ailleurs: la guerre coûte cher. Rappelons que l'intervention française en Lybie a été freinée - on l'a bien peu dit- parce que la France n'avait plus les moyens financiers de son engagement ce qui, du reste, semble le cas pour notre engagement en Syrie. En ce moment même, les états coalisés contre Daesch visent prioritairement ses approvisionnements en argent car ils savent bien que là est l'essentiel. Et, pour ce qui est de la Russie, ses engagements en Ukraine et en Syrie doivent lui coûter bonbon. C'est une composante du problème en cours.

    La Bérézina russeOu bien la Russie l'emporte très vite sur ces deux fronts et elle peut alléger ses lourdes charges militaires, ou bien elle va devoir se payer une humiliation façon Afghanistan qui, sur le plan intérieur, lui a énormément coûté. Le risque serait le même aujourd'hui alors que l'on a un président porté à la fanfaronnade mais qui pourrait se trouver contraint de rappeler ses troupes faute de pouvoir les soutenir financièrement. Bien sûr, la démocratie russe est extrêmement relative, mais Poutine peut d'autant moins se permettre cela qu'il faut conserver en mémoire ce qui lui a longtemps valu sa popularité. Il a remis de l'ordre dans le pays après l'époque Gorbatchev et a tout particulièrement permis à une classe moyenne d'émerger. Dans la mesure où c'est d'abord elle qui est touchée, celle qui devait lui manifester de la gratitude, ça sent le roussi.

    Il est hautement douteux que ceci soit sans conséquence sur le comportement des chefs militaires sur les deux fronts en cause. Les bonnes victoires sont celles que l'on prend le temps de consolider, où l'on avance pas à pas. Les mauvaises sont celles où on joue le tout pour le tout. Je ferais plus tôt le pari de la deuxième hypothèse. Il a déjà été partout signalé qu'en Syrie, l'aviation russe tapait largement à l'aveugle, considérant peu les populations civiles. Je doute que les autres forces soient infiniment plus élégantes. Mais il y a des fausses victoires, des victoires à la va-vite qui, à peine les coupes de champagne éclusées, voient repartir le conflit aussitôt parce qu'il y a trop à venger. C'est ce risque qui est actuellement encouru, avec celui que la Russie, elle aussi, s'effondre. Une terrible crise économique en Russie, comme on nous l'annonce, ne serait pas sans conséquence pour nous. Nous sommes voisins. L'éventualité de mouvements migratoires vers l'Europe n'est pas à exclure. Décidément.

     


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  • Aussi politiquement correct que moi, ce sera dur à trouverLa posture qui consiste, par les temps qui courent, à prendre ses distances d'un supposé "politiquement correct" est une des manifestations du "retour des bien pensants", sorte de dérivé de ce que Georges Bernanos appelait "la grande peur des bien pensants". Il savait ce dont il parlait lui qui avait été un porte-parole écouté des milieux ultra-conservateurs avant de découvrir les horreurs que recouvrait sa cause et, avec un courage rare, de le dire hautement. Ce qui en faisait un homme d'honneur.

    La charge contre le "politiquement correct", dont il faudra que les historiens nous disent si elle n'est pas quelque peu coordonnée, est l'habillage que se donne tout un courant réactionnaire qui trouve dans la formulation "politiquement incorrect" quelque chose de subversif, une manière de se donner des allures révolutionnaires pour ressortir de placards très poussiéreux des discours ici racistes, là antisémites, ailleurs xénophobes, au total gorgés de mépris. Et la joie de mépriser est indicible!

    Une des manières très efficaces de pourfendre le supposé "politiquement correct" est de lui faire dire ce qu'il n'a jamais dit et, donc, de s'opposer à un discours qui n'a jamais été prononcé. Un des exemples flagrants se trouve dans les événements de Cologne qui sont, bien entendu - c'est un "politiquement correct" qui vous le dit- une dégueulasserie sans nom et qui ne méritent qu'une dure répression. De la même manière, il va sans dire que toute atteinte terroriste (et même simplement criminelle) doit être rudement réprimée. Mais prétendre que les tenants du "politiquement correct" seraient PARTISANS du terrorisme (ou du crime) ou faibles devant lui constitue un tour de passe-passe intellectuel infâme, à l'image de la nature du raisonnement de leurs opposants. 

    Car c'est précisément parce qu'ils n'ont rien à opposer au discours "politiquement correct" que ses opposants fabriquent des positions qui n'ont jamais été tenues. Quelques utiles rappels pour ceux qui sont tout de même un peu concernés par la vérité historique et pour ne s'en tenir qu'à la question du maintien de l'ordre: L'inventeur des "Brigades du tigre", l'ancêtre de la PJ, était un socialiste, Georges Clémenceau, qui fut, un temps, tenu pour d'extrême-gauche. Le seul ministre de l'intérieur à avoir fait ouvrir le feu sur des grévistes fut un socialiste, Jules Moch. Lors de la répression anti-FLN, le gouverneur qui s'y attela était Robert Lacoste, socialiste et François Mitterrand, alors ministre en charge de l'Algérie, laissa exécuter des dizaines de rebelles.  C'est une farce de prétendre que, respectivement, MM. Gaston Defferre ou Manuel Valls furent des ministres de l'Intérieur à la poigne molle. Enfin, M. Cazeneuve n'a vraiment pas l'air d'un tendre.En revanche, c'est un fait historique que M. Sarkozy a notablement réduit les effectifs des forces de police et de gendarmerie. C'est un fait tout autant établi que le même a manifesté un soutien constant au Qatar qui finance notoirement des menées islamistes.

    Obtenir l'ordre durablement, c'est comprendre les origines du désordre. Et si elles sont sociales, fut-ce pour partie seulement, il faut remédier à ces causes.L'anniversaire de la tuerie de Charlie a été l'occasion pour France 3 de la programmation d'un excellent documentaire sur les assassins. Leur tragique déshérence sociale n'excuse rigoureusement rien. Mais elle explique beaucoup. Or, il se trouve qu'il y a, en ce moment même, des centaines de gamins dans la même position sociale. L'homme de l'ordre c'est celui qui cherche à comprendre. Celui qui ferme les yeux aggrave le désordre.

    Aussi, plutôt que d'agiter des fantasmes, mieux vaut s'en tenir à des valeurs sûres: oui, lorsqu'il y a délinquance, il faut essayer de comprendre ce qui a expliqué le passage à l'acte pour que cela ne se reproduise pas chez d'autres. Les États-Unis qui sont, au monde, un des pays où on se refuse le plus à un minimum de réflexion en cette matière, sont de même un des pays au monde qui a, par habitant, le plus de prisonniers avec à la clef un désastre sécuritaire. 23% de la population carcérale mondiale, 1% pour la France; or les États-Unis n'ont pas 23 fois la population de la France. En 2013, il y avait 4,2 homicides pour 100. 000 habitants aux USA, contre 1,1 en France. Le bilan sécuritaire de ce pays où les armes sont quasiment en vente libre et où on se moque éperdument de comprendre les origines de la délinquance,  est calamiteux.

    Oui, il y a lieu d'être fier de valeurs d'empathie vis-à-vis de gens qui sont dans un immense malheur, comme des réfugiés. Même si oui, bien sûr, il y a des salopards parmi eux. Mais si le nombre de salopards au mètre carré devient le critère pour toute chose, on risque d'avoir bien des surprises y compris parmi la population européenne, blanche, chrétienne et ce depuis trente générations. La vérité est simple, il faut la nommer: les "politiquement incorrects" n'ont de l'empathie pour rien. 

    Ne nous laissons pas impressionner par un discours qui prétend contrecarrer des positions que nous n'avons pas, tout particulièrement dans un moment où l'offensive contre le "politiquement correct" est le nouveau lieu commun Et il n'y a pas de honte à avoir les nôtres. Il y a des moments où il faut avoir du courage.


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  • Si l'Union Européenne cède devant les pays d'Europe Centrale, il faut cesser de croire en elleJe crains que l'on n'ait pas une juste mesure de l'extrême gravité de ce qui se passe en Europe Centrale. Les évènements du Proche-Orient sont si inquiétants qu'ils nous distraient de la montée de régimes autoritaires dont j'ai déjà écrit ici qu'ils faisaient penser au salazarisme du Portugal dans les années trente-cinquante. 

    Il faut dire avec netteté que l'Union Européenne, par ses instances officielles, a baissé son pantalon lorsque la Hongrie a pris des mesures très dures en matière constitutionnelle et en matière d'information. Un site spécialisé rapportait, il y a quelques temps, que les journalistes des grands médias hongrois ne pouvaient plus poser de questions aux dirigeants, autrement que par entente préalable. Et, par ailleurs, une réforme électorale désormais ancienne, a formidablement compliqué l'éventualité d'un retour au pouvoir de l'opposition. Or, les dirigeants hongrois et polonais viennent de se concerter dans les jours écoulés.

    Et la Pologne a pris cette voie. Le nouveau parti ultra conservateur au pouvoir, PIS, a à peine eu le temps de poser ses valises dans les palais officiels qu'il prenait des mesures pour changer des dispositions constitutionnelles, en particulier en inféodant les juges, et, désormais, en renvoyant tous les journalistes d'importance de médias publics pleinement mis sous son contrôle. 

    Pour faire passer cette attaque en règle contre les fondements classiques d'une démocratie, très habilement, le régime s'en prend aux Allemands, avec une brutalité, une vulgarité que Hollywood refuserait dans un scénario. C'est à n'y pas croire. Il se trouve que, bien entendu, les Polonais ont des souvenirs terribles de l'occupation allemande. Jouer sur ce type de sentiment c'est jouer sur du velours.

    L'Europe doit tenir bon sur ses principes. On a d'abord entendu quelques bonnes déclarations qui redonnaient confiance, puis, aussitôt après, de ces propos vasouillards qui annoncent une retraite. La retraite n'est pas possible. Elle est coupée par la radicalité des mesures prises tant en Hongrie qu'en Pologne. Il convient du reste d'être attentif à l'ensemble des mesures que prennent les pays du groupe de Visegrad (avec Tchèquie et Slovaquie) qui semblent être la tumeur qui diffusera des cellules cancéreuses.

    Obama vient de faire un magnifique dernier discours de son mandat sur l'état de l'Union dans lequel il parle de la montée des aigreurs et des divisions dans son pays, priant pour qu'on les résorbe. Nous sommes face à cela. Les mesures misérables qui se prennent à l'Est sont le miroir d'un aigrissement généralisé de la vie publique en Europe. L'Union doit être à la hauteur de cette situation. Franchement, ça m'est un peu égal que la Grèce, dont on s'est tant occupée, ait tous ses comptes dans le rouge, mais pas que les principes démocratiques de base soient foulés dans un nombre croissant de pays de la vieille Europe.

    Je renvoie ici au site Polognexpress qui, jour après jour, retrace la dégradation de la situation polonaise.


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  • David Cameron bidouille allègrement dans le débat sur la sortie de l'EuropeC'est invraisemblable. David Cameron, le Premier ministre britannique, vient d'annoncer qu'après qu'il ait terminé ses négociations avec l'Union Européenne, il laisserait ses ministres libres de faire campagne pour la sortie du Royaume Uni de l'Union ou, au contraire, pour son maintien. Et d'ajouter que, quel que soit le résultat du référendum, il demeurerait comme Premier ministre. C'est vrai,ça aussi, pour une affaire si secondaire...

    L'Union Européenne est si peu importante...Cela fait des mois, si ce n'est des années, que le débat public en Grande-Bretagne tourne autour de l'éventualité d'une sortie de l'Union et... tout ça pour ça. C'est à n'y pas croire et cela montre que, si on se moque périodiquement de l'attitude qui a prévalu en France au moment du référendum de 2005 sur l'adoption de la constitution européenne, nos voisins britanniques se préparent à faire de même. C'est vrai que l'opinion populaire, n'est-ce pas, on s'en moque un peu. 

    A moins qu'il faille comprendre (ce que je ne crois pas) que l'Union Européenne est si peu importante qu'on ne va pas se tracasser pour si peu. Une nouvelle fois s'impose la détestable image d'une classe politique totalement opportuniste qui n'a pas de vraies convictions. Il faudra guetter avec une grande vigilance la réaction des Britanniques, si enthousiastes pour reconduire, il y a peu, Cameron et sa majorité conservatrice, notamment sur des arguments qui promettaient qu'on les écouteraient quant à l'Europe. Au passage, lorsqu'on a une classe politique qui a été, de façon si constante depuis des années, opposée à l'Europe, il est probablement en effet préférable de la quitter. La City fera grise mine et les banques continentales s'en frotteront les mains...

    L'Union Européenne est si peu importante...Ceci noté, je me permets de faire un pas de côté à propos de l'influence réelle de l'Union Européenne. Dans les prochains jours, elle devrait, au plus haut niveau, se prononcer sur le cas polonais et voir en particulier si elle avalise les tripatouillages constitutionnels qui viennent de s'y produire et la mainmise sur les médias publics. Il est difficile de ne pas noter que lorsqu'il s'est agi de la Hongrie, elle a finalement capitulé en rase campagne. On veut espérer que, prenant compte du ridicule de son absence de position sur des questions aussi importantes que le fonctionnement d'une démocratie que l'on inonde de crédits, elle se décidera à prendre des mesures discriminatoires à l'encontre de la Pologne. On ne peut pas à la fois recevoir des crédits massifs de Bruxelles (la plus haute barre de mon graphique)  et lui cracher à la figure.


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  • Chouette, on est en train de réinventer SalazarLa politique suit les traces de l'industrie automobile: elle resort les ancêtres du placard. Citroën nous a ressorti la DS, comme Volkswagen nous avait ressorti la Coccinelle et BMW l'Austin Mini. Eh bien, au train où vont les choses, nous aurons la joie de retrouver un Salazar (au centre à côté de Kasczinsky, le patron du parti réactionnaire, le PIS), le dictateur portugais des années trente. Il ne faut pas s'y tromper: En Pologne, auquel nous avons consacré de nombreux développements ici et ici, c'est déjà très avancé. Lors de sa prise de fonction le gouvernement s'est agenouillé pendant une partie de la cérémonie pour bien marquer sa soumission à l'église catholique. Et ce qui est rudement chouette, c'est qu'il vient, enfin, de se soumettre les juges et de mettre la main sur l'audiovisuel public, dont symboliquement, tous les dirigeants viennent de démissionner. Le top du top, c'est le ministre de la justice qui vient de décider qu'il serait le procureur général suprême. Comme quoi les choses sont claires: les jugements ultimes seront totalement politiques.

    Ce qui, tout de même, pose un problème bien au delà des frontières polonaises est que le pays jouxte l'Ukraine à propos de laquelle l'Europe est puissamment engagée. Au surplus, le frère de Kasczinsky, ancien président de la République, est mort dans un accident d'avion et le survivant est convaincu qu'il s'agit d'un attentat russe. Ce qui risque de nous mener fort loin. 

    Chouette, on est en train de réinventer SalazarMais sautez la frontière, passez en Hongrie, et vous allez trouver un gouvernement qui a modifié la loi électorale pour être bien sûr qu'il repasserait commodément. On n'est jamais trop prudent. Et, comme on fait dans le délicat, on vient d'ériger une statue à un écrivain antisémite, Balint Homan, qui, du reste, a fini son existence en prison pour n'avoir pas cantonné son antisémitisme à ses livres mais, fort concrètement, à leur extermination. Passons sur le fait que ces deux gouvernements que nous inondons de crédits européens ont refusé de participer au sauvetage des migrants venant du sud. Un subtil ministre polonais a expliqué qu'ils nous amèneraient des maladies vénériennes. Tout ce débat, comme l'on voit, se déroule à très haut niveau. Je passe sur l'exquis Poutine, paisible et rondouillard, plus quelques dictateurs d'Azerbaïdjan  et autres, pour retrouver la droite flamande qui a un pied au pouvoir en Belgique: que du bonheur! Même en Suisse, où la droite dure de l'UDC est dépassée par un mouvement anti-frontaliers intitulé MCG, on a droit, à propos d'une manifs qui a dégénéré à ces gracieusetés: Carlos Medeiros (MCG) traite, dans des messages bourrés de fautes d’orthographe, un socialiste local de «trou du cul», de «branleur» qui défend ses «potes casseurs» et l’appelle au «combat de rue". Point aussitôt la bonne éducation, la subtilité et le charme délicat de la vieille Europe.

    Mais il faut regarder chez nous. Sur les réseaux sociaux des proches du régime polonais, on trouve Marine Le Pen épatante. Et Marion Maréchal-Le Pen nous a déjà fait savoir qu'on ne pouvait pas raisonnablement mettre les musulmans sur le même plan que les chrétiens. D'ailleurs, tant qu'on y est, les juifs... faut voir. Je recommande à cet égard les délires des très français (de souche) Alain Soral et Philippe Ploncard d'Assac dont le père - quelle coïncidence- a fui la France en 45 pour se retrouver dans l'entourage de Salazar.

    Salazar, c'est le mec qui monte. Catholique de haute volée, serrant ferme la vis avec le concours de sa police politique, la Savak, je lui prévois un grand avenir dans ce temps où, par moment, on a l'impression de relire Gringoire. Il faudra que les historiens nous disent un jour comment est né ce grand dérapage où nous sommes. De l'impuissance sans doute à laquelle on a trouvé comme seule parade que la gesticulation.

    Voir aussi ici


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  • L'Europe ne peut plus soutenir la PologneLa radio-télévision publique polonaise ainsi que, prochainement, l'agence de presse nationale PAP ne vont plus être désormais que des prolongements directs du gouvernement ultra-conservateur. Ainsi que le montre fort bien le site Polognexpress qui assure depuis des semaines la terrible chronique de l'effondrement de la démocratie dans ce pays, ceci n'est que le prolongement d'une action déterminée qui a commencé contre le pouvoir judiciaire. Nous l'avons signalé ici: c'est un coup d'état. S'il ne fait pas de doute que les élections portant les ultra-conservateurs au pouvoir ont été menées régulièrement, il ne fait pas davantage de doute que les normes qui se mettent en place violent tous les principes qui fondent l'Union Européenne. Rappelons, en ces temps où on la dénigre volontiers, que l'Europe a joué un rôle déterminant dans l'installation de la démocratie en Espagne et en Grèce, deux pays qui sortaient de la dictature, auxquels elle a signifié qu'elle ne les aiderait que s'ils adoptaient des principes démocratiques élémentaires. Maintenant que nous avons du recul, nous ne pouvons, par exemple dans le domaine de la liberté de la presse, que nous en féliciter. Dans le même ordre d'idée, il est peu connu que, du temps où la Turquie faisait le forcing pour entrer dans l'U.E., elle a du plier sur un certain nombre de pratiques dont elle savait que l'Europe ne les accepterait pas. Ainsi de la torture dans les commissariats de police. On serait curieux de savoir ce que c'est devenu à présent que le vent a tourné.

    L'Europe ne peut plus soutenir la PologneL'Europe a soutenu massivement l'économie polonaise. Libération du 30 décembre rappelle que " de 2007 à 2013, la Pologne a obtenu 69 milliards d’euros, injectés dans son économie (soit 20% de la richesse du pays au cours de la période)." C'est considérable. Que la réponse à ce soutien soit une volonté de retourner à la "polonitude" est un camouflet. Heureusement, différentes autorités européennes qu'il s'agisse du parlement ou du Conseil des ministres commencent à se manifester, sans rien dire d'un certain nombre d'ONG (voir ici). On ne sait trop lesquelles de ces réactions ou de celles des milieux d'affaires pourraient finalement l'emporter. En effet, il est assez éloquent que des grands journaux d'affaires comme le Financial Times ou Les Échos s'inquiètent de la situation. L'insécurité juridique qui se met, en effet, en place risque fort de faire plier bagage à de grandes firmes. Le président de la Bourse de Varsovie a, du reste, démissionné. 

    Il est, en tous cas, intolérable que l'Europe continue de déverser des fonds sur le régime autoritaire qui se met en place à Varsovie. Il est certes vrai, hélas, que ce seront d'abord les populations qui seront pénalisées. Ceci dit, elles ont nettement voté en faveur de ce pouvoir. Il n'est pas interdit d'être rappelé à la cohérence. On ne peut à la fois avoir le beurre et l'argent du beurre, les fonds européens et une expérience gouvernementale de total repli sur soi. Il est absolument certain que le gouvernement antérieur, assez mystérieusement aveuglé au moment des campagnes électorales, a totalement sous-estimé l'impopularité qu'il suscitait. Ca ne le rend pas sympathique. Mais il y a un abysse entre porter ce jugement et soutenir de nos impôts un gouvernement qui met en place le contrôle d'une information des médias publics. Au demeurant, on souhaite bien du plaisir au nouveau pouvoir dans son intention de tout contrôler et de réinventer ce qui fut, en France, le très gouvernemental ORTF. Semaine après semaine, des manifestations envahissent les rues de toutes les grandes villes. Et on en vient à se demander comment un pouvoir de ce type pourra tenir durablement.


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