• Chouette, on est en train de réinventer Salazar

    Chouette, on est en train de réinventer SalazarLa politique suit les traces de l'industrie automobile: elle resort les ancêtres du placard. Citroën nous a ressorti la DS, comme Volkswagen nous avait ressorti la Coccinelle et BMW l'Austin Mini. Eh bien, au train où vont les choses, nous aurons la joie de retrouver un Salazar (au centre à côté de Kasczinsky, le patron du parti réactionnaire, le PIS), le dictateur portugais des années trente. Il ne faut pas s'y tromper: En Pologne, auquel nous avons consacré de nombreux développements ici et ici, c'est déjà très avancé. Lors de sa prise de fonction le gouvernement s'est agenouillé pendant une partie de la cérémonie pour bien marquer sa soumission à l'église catholique. Et ce qui est rudement chouette, c'est qu'il vient, enfin, de se soumettre les juges et de mettre la main sur l'audiovisuel public, dont symboliquement, tous les dirigeants viennent de démissionner. Le top du top, c'est le ministre de la justice qui vient de décider qu'il serait le procureur général suprême. Comme quoi les choses sont claires: les jugements ultimes seront totalement politiques.

    Ce qui, tout de même, pose un problème bien au delà des frontières polonaises est que le pays jouxte l'Ukraine à propos de laquelle l'Europe est puissamment engagée. Au surplus, le frère de Kasczinsky, ancien président de la République, est mort dans un accident d'avion et le survivant est convaincu qu'il s'agit d'un attentat russe. Ce qui risque de nous mener fort loin. 

    Chouette, on est en train de réinventer SalazarMais sautez la frontière, passez en Hongrie, et vous allez trouver un gouvernement qui a modifié la loi électorale pour être bien sûr qu'il repasserait commodément. On n'est jamais trop prudent. Et, comme on fait dans le délicat, on vient d'ériger une statue à un écrivain antisémite, Balint Homan, qui, du reste, a fini son existence en prison pour n'avoir pas cantonné son antisémitisme à ses livres mais, fort concrètement, à leur extermination. Passons sur le fait que ces deux gouvernements que nous inondons de crédits européens ont refusé de participer au sauvetage des migrants venant du sud. Un subtil ministre polonais a expliqué qu'ils nous amèneraient des maladies vénériennes. Tout ce débat, comme l'on voit, se déroule à très haut niveau. Je passe sur l'exquis Poutine, paisible et rondouillard, plus quelques dictateurs d'Azerbaïdjan  et autres, pour retrouver la droite flamande qui a un pied au pouvoir en Belgique: que du bonheur! Même en Suisse, où la droite dure de l'UDC est dépassée par un mouvement anti-frontaliers intitulé MCG, on a droit, à propos d'une manifs qui a dégénéré à ces gracieusetés: Carlos Medeiros (MCG) traite, dans des messages bourrés de fautes d’orthographe, un socialiste local de «trou du cul», de «branleur» qui défend ses «potes casseurs» et l’appelle au «combat de rue". Point aussitôt la bonne éducation, la subtilité et le charme délicat de la vieille Europe.

    Mais il faut regarder chez nous. Sur les réseaux sociaux des proches du régime polonais, on trouve Marine Le Pen épatante. Et Marion Maréchal-Le Pen nous a déjà fait savoir qu'on ne pouvait pas raisonnablement mettre les musulmans sur le même plan que les chrétiens. D'ailleurs, tant qu'on y est, les juifs... faut voir. Je recommande à cet égard les délires des très français (de souche) Alain Soral et Philippe Ploncard d'Assac dont le père - quelle coïncidence- a fui la France en 45 pour se retrouver dans l'entourage de Salazar.

    Salazar, c'est le mec qui monte. Catholique de haute volée, serrant ferme la vis avec le concours de sa police politique, la Savak, je lui prévois un grand avenir dans ce temps où, par moment, on a l'impression de relire Gringoire. Il faudra que les historiens nous disent un jour comment est né ce grand dérapage où nous sommes. De l'impuissance sans doute à laquelle on a trouvé comme seule parade que la gesticulation.

    Voir aussi ici


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :