• L'Europe ne peut plus soutenir la Pologne

    L'Europe ne peut plus soutenir la PologneLa radio-télévision publique polonaise ainsi que, prochainement, l'agence de presse nationale PAP ne vont plus être désormais que des prolongements directs du gouvernement ultra-conservateur. Ainsi que le montre fort bien le site Polognexpress qui assure depuis des semaines la terrible chronique de l'effondrement de la démocratie dans ce pays, ceci n'est que le prolongement d'une action déterminée qui a commencé contre le pouvoir judiciaire. Nous l'avons signalé ici: c'est un coup d'état. S'il ne fait pas de doute que les élections portant les ultra-conservateurs au pouvoir ont été menées régulièrement, il ne fait pas davantage de doute que les normes qui se mettent en place violent tous les principes qui fondent l'Union Européenne. Rappelons, en ces temps où on la dénigre volontiers, que l'Europe a joué un rôle déterminant dans l'installation de la démocratie en Espagne et en Grèce, deux pays qui sortaient de la dictature, auxquels elle a signifié qu'elle ne les aiderait que s'ils adoptaient des principes démocratiques élémentaires. Maintenant que nous avons du recul, nous ne pouvons, par exemple dans le domaine de la liberté de la presse, que nous en féliciter. Dans le même ordre d'idée, il est peu connu que, du temps où la Turquie faisait le forcing pour entrer dans l'U.E., elle a du plier sur un certain nombre de pratiques dont elle savait que l'Europe ne les accepterait pas. Ainsi de la torture dans les commissariats de police. On serait curieux de savoir ce que c'est devenu à présent que le vent a tourné.

    L'Europe ne peut plus soutenir la PologneL'Europe a soutenu massivement l'économie polonaise. Libération du 30 décembre rappelle que " de 2007 à 2013, la Pologne a obtenu 69 milliards d’euros, injectés dans son économie (soit 20% de la richesse du pays au cours de la période)." C'est considérable. Que la réponse à ce soutien soit une volonté de retourner à la "polonitude" est un camouflet. Heureusement, différentes autorités européennes qu'il s'agisse du parlement ou du Conseil des ministres commencent à se manifester, sans rien dire d'un certain nombre d'ONG (voir ici). On ne sait trop lesquelles de ces réactions ou de celles des milieux d'affaires pourraient finalement l'emporter. En effet, il est assez éloquent que des grands journaux d'affaires comme le Financial Times ou Les Échos s'inquiètent de la situation. L'insécurité juridique qui se met, en effet, en place risque fort de faire plier bagage à de grandes firmes. Le président de la Bourse de Varsovie a, du reste, démissionné. 

    Il est, en tous cas, intolérable que l'Europe continue de déverser des fonds sur le régime autoritaire qui se met en place à Varsovie. Il est certes vrai, hélas, que ce seront d'abord les populations qui seront pénalisées. Ceci dit, elles ont nettement voté en faveur de ce pouvoir. Il n'est pas interdit d'être rappelé à la cohérence. On ne peut à la fois avoir le beurre et l'argent du beurre, les fonds européens et une expérience gouvernementale de total repli sur soi. Il est absolument certain que le gouvernement antérieur, assez mystérieusement aveuglé au moment des campagnes électorales, a totalement sous-estimé l'impopularité qu'il suscitait. Ca ne le rend pas sympathique. Mais il y a un abysse entre porter ce jugement et soutenir de nos impôts un gouvernement qui met en place le contrôle d'une information des médias publics. Au demeurant, on souhaite bien du plaisir au nouveau pouvoir dans son intention de tout contrôler et de réinventer ce qui fut, en France, le très gouvernemental ORTF. Semaine après semaine, des manifestations envahissent les rues de toutes les grandes villes. Et on en vient à se demander comment un pouvoir de ce type pourra tenir durablement.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :