• CLIQUEZPourquoi tant de pessimisme?Pourquoi sommes nous si pessimistes? Une nouvelle vague de sondages vient de montrer que les Français sont particulièrement mal placés au baromètre mondial de l'optimisme.

    Certes, on peut tirer quelques leçons du fait que les pays en tête sont des pays asiatiques qui, incontestablement, sont en période de conquête. Mais la liste est disparate et, au total, peu convaincante.

    Le deuxième argument qu'on peut sans doute rechercher est du côté d'"on n'y peut rien", cette idée que le monde politique a abandonné ses prérogatives au profit d'organismes - des banques, des institutions financières- qui ont bien davantage prise sur nos vies que nos politiques. Le problème est que cet argument, après tout, vaut tout aussi bien en Grande-Bretagne ou en Italie.

    Il me semble qu'une bonne partie de l'affaire à avoir avec un tempérament national. Nous attendons beaucoup du politique, du pouvoir. Pas les Anglo-Saxons, beaucoup moins encore les Asiatiques, tandis que ceux-là, en revanche, ont un regard beaucoup plus compréhensifs sur la corruption.

    Pourquoi tant de pessimisme?Beaucoup de nations considèrent leurs dirigeants comme des maux nécessaires. Et encore ceux-ci n'ont-ils pas ce comportement plein de leur importance qu'on trouve chez nous. Non seulement nous ne nous sommes pas remis d'avoir été monarchistes - ça a été beaucoup dit- mais nous ne nous sommes pas remis d'avoir été sujets. Sujets du roi, sujets du président, sujets du député, sujets du maire. A eux de tout faire et à nous d'attendre les résultats.

    Pas étonnant dans ces conditions que l'esprit d'entreprise soit, chez nous, tant en berne. Et on souhaite bien du plaisir à ceux qui voudraient remonter la pente.

    Pourquoi tant de pessimisme?Ceci dit, il est juste d'observer qu'il y a un bourgeonnement d'initiatives, pour le moment pour l'essentiel expérimentales et assez difficilement reproductibles. L'important est l'énergie qu'elles montrent et qui est réjouissante. Hélas pas au point d'inverser ce climat pénible.


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  • Les esclaves de l'I Phone 6Un assez consternant documentaire vient d'être diffusé par la BBC sur les conditions de travail désastreuses des travailleurs chinois qui fabriquent l'I Phone 6: 60 heures de travail par semaine, ouvriers qui s'endorment épuisés, suicides de travailleurs au bout du rouleau. On peut en voir un court extrait ici:

    Il y a quelque chose d'assez terrifiant à se dire que cette production qui permet beaucoup de choses y compris certaines qui sont porteuses de liberté, nous vient de pareille exploitation. Par exemple, ceux qui visionneront ce court extrait comprendront vite que les images les plus révélatrices ont très probablement été tournées avec un téléphone portable. Leur médiocre qualité en atteste. Était-ce un I Phone 6, je n'en sais rien, mais ça pourrait en être un.

    Le fait n'est pas absolument nouveaux. Des journaux avaient déjà fait état en particulier de vagues de suicides dans ces usines chinoises. Mais de voir ces ouvriers épuisés qui dorment sur leur établi vous file un choc.

    Je ne suis pas sûr qu'en creusant un peu, on ne trouverait pas des paradoxes identiques ailleurs. Dans quelles conditions réelles a été fabriqué le Mac Pro sur lequel je tape ces lignes? Je crains fort qu'il n'y ait à l'égard de cette information un double effet d'éloignement. D'abord, ça se passe en Chine, donc c'est objectivement loin de nous. Ensuite, avons-nous vraiment envie de savoir comment a été très concrètement fabriqué le feutre que nous utilisons à chaque instant, la veste que nous portons, la voiture que nous empruntons?

    Les esclaves de l'I Phone 6Aussi vertueux que nous soyons ou que nous prétendions être, j'en doute beaucoup.


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    Ils ont perdu la foiIls ont perdu la foiConversation avec André Kaplun, sympathique genevois, jadis, je crois, dans les affaires, qui, dévoré par la passion de l'archéologie sort, régulièrement, des petits livres de vulgarisation sur le sujet. Slatkine republie ces temps-ci son livre sur Sumer et vient de publier un nouvel opus sur les Hittites. Et je découvre que ce peuple d'Anatolie qui eut un Empire assez grand pour menacer l'Égypte s'est littéralement évanoui. On n'explique guère cette disparition. L'hypothèse qui court actuellement, me dit André Kaplun, c'est qu'ils auraient cessé de croire en leurs dieux, ne les trouvant pas assez protecteurs. Si je comprends bien ce que je lis ailleurs, le grand empire éclata en un ensemble de petites cités respectés, mais n'ayant plus le même rayonnement.

    J'ignore absolument si cela est vrai mais cette histoire me plaît beaucoup. Tout récemment encore je postais un texte sur les mythes. Eh bien celui-là, j'y adhère. Il m'aide à comprendre. Je crois assez que les dieux n'existent que par le coefficient de confiance qu'on leur accorde. On pourrait même aller plus loin en disant qu'ils SONT le coefficient de confiance qu'on leur accorde.

    Dans cette perspective, on comprend mieux les exaspérations de tous les milieux qui ont dit, notamment après la Révolution et avec des reprises périodiques que la société était foutue parce qu'on ne croyait plus en Dieu. C'était des gens qui marchaient comme les Hittites dans leur tête.

    En fait, le mot important n'est pas dieu, ni Dieu, mais confiance. Et dans la grande crise de confiance généralisée que nous vivons, il faut y réfléchir à deux fois.


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  • Un éclairage inattendu sur les sites internetJ'ai eu la curiosité d'aller voir quel était le rang de classement de ce site selon le classement qui, généralement, fait référence, c'est à dire le dispositif Alexa qui permet à n'importe qui de connaître le classement d'un site. Il semble qu'il y ait autour de 6 millions de blogueurs en France et 300 millions dans le monde donc ce classement autour de 2000°  en France et 65 000° dans le monde m'a paru honorable en fait franchement exagéré étant donnée la modestie de mes ambitions. En fait, ceci nous donne une information tout-à-fait intéressante. Il suffit de se rendre sur la page d'accueil d'Alexa pour voir quel est le "top 500" en France. On voit tout de suite... d'abord des sites américains, puis - Un éclairage inattendu sur les sites internetet c'est ça l'intéressant- des sites qui emploient du personnel ou qui - étant des sites d'annonces- suscitent un énorme mouvement de passage. On peut en déduire que dès qu'on n'a plus affaire à des aventures professionnelles (1), il y a un solide décrochage de la fréquentation, simplement parce que les animateurs des sites en cause sont de sympathiques amateurs, mais évidemment pris par autre chose. On en a une démonstration par l'absurde par le fait que ce site qui n'a jamais comporté une ligne sur la Belgique est autour du 1800° en Belgique. Ca implique qu'il y a très peu de sites belges - tout étant relatif- qui drainent de la fréquentation.

    En somme, on a un peloton de tête professionnel majeur et puis, très loin derrière, les petits gars qui font ça à temps perdu. Or, le peloton de tête n'est pas énorme. (Le 14° site français est un site d'escort girls, le 64° un site de recettes de cuisine, et le 90° celui des impôts... ce qui nous donne une certaine idée de la hiérarchie des préoccupations) .

    Même s'il y a beaucoup "d'amateurs" , ils ne  peuvent y consacrer l'énergie suffisante pour animer un vrai média avec ses constants apports d'informations. Je suis frappé de voir qu'une petite équipe qui anime un "Médiacitoyen" se classe au delà de la six millionième position mondiale (classement français inconnu) alors qu'ils sont plusieurs à le faire. Il faut bien voir ce qu'implique de créer un vrai média: c'est une information abondante, solide, qui peut faire référence dans un domaine spécifique. Et tout cela étant bien écrit. Ca fait beaucoup de conditions que je ne prétends pas remplir.

    Il faut un peu se calmer sur le prétendu impact d'internet, en tous cas, sur celui des blogs. Je dois moi-même avouer que je n'en lis aucun régulièrement. Je vais très fréquemment sur des sites de journaux mais qui ne sont, après tout, que le prolongement de vieux compagnons de route existant toujours sur support papier que, du reste, je n'ai pas totalement laissé tomber. Il arrive certes aussi que je me "déroute", via Facebook, vers un blog parce qu'on m'y signale des choses intéressantes, mais c'est tout.

    Je vois régulièrement des équipes municipales, des petits groupes associatifs surexcités dans la perspective de créer leur site internet. Moralité: j'ai passé toutes les petites municipalités de ma région dans le dispositif Alexa. Aucune n'est même simplement mesurable... Sans commentaire.

    (1) Rue 89- LeNouvel Obs est en 43° position française, Mediapart est en 359° position, Atlantico, le site d'info de droite est en 478° position, Arrêt sur images en 1596° position et...  le site de l'UMP est le 10 000° en France environ, celui du PS, le 11 200°, mais celui du PSG, le 1100°

    PS: il faut signaler que ce calcul du rang varie dans une seule et même journée. Ainsi, le 16 novembre, entre le matin et le soir, j'ai gagné 500 places au classement mondial et perdu 30 au classement français.


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  • Ben putain, j'ai pas envie de çaCa y est, maintenant, je sais: je suis un vieux con ou un sale réac. Je viens de lire un article à la fois terrifiant et passionnant de Jacques Attali qui nous annonce le triomphe ferme, définitif, sans appel de la ville, que dis-je la métropole: "Trois milliards et demi de personnes à travers le monde vivent aujourd'hui dans une ville. Elles seront 5 milliards dans quinze ans et 7,5 milliards à l'horizon 2050. Les métropoles abritent des bassins de compétences, de capital, d'information, mais aussi d'innovation. Ces bassins de classes créatives, caractérisées par leur goût pour le neuf, se sont organisés à travers l'histoire autour de « coeurs » urbains qui, l'un après l'autre, ont donné le ton à la croissance économique". (Il veut dire quoi là: que le monde rural n'a pas le goût du neuf? Mais il ferait bien d'y aller voir! Je crois l'exact contraire. Le monde rural, vivant dans des conditions malaisées, est souvent innovateur.)  "Les grandes métropoles mondiales sont déjà, pour beaucoup de pays, le moteur de l'économie nationale dans des contextes d'urbanisation macrocéphale. C'est le cas de villes comme Londres, Mexico ou encore Paris. L'Île-de-France, avec plus de 10 millions d'habitants et 600 milliards de PIB, générés principalement par l'agglomération parisienne, représente un tiers de l'économie française . (...)"

    Ben putain, j'ai pas envie de çaBen putain, j'ai pas envie de çaLES ÎLES-VILLAGES.- Et il paraît que c'est super-bien, que les métropoles c'est l'avenir, qu'elles vont même bouffer jusqu'aux nations, alors les villages, la campagne, vous pensez bien. Et l'enthousiaste Attali de prophétiser:   "Les métropoles devront adopter une stratégie de développement intégrée avec les espaces ruraux avoisinants, en promouvant le développement rural et une amélioration de la qualité de vie des populations concernées. (Mais bon sang, j'emmerde les métropoles! Je veux décider comme un grand!) Le phénomène de rurbanisation est déjà observable aujourd'hui en France. Mieux encadré, avec des moyens de transport appropriés, il peut être porté par le développement des métropoles. Ces dernières peuvent bénéficier aux populations rurales en leur offrant des opportunités d'emploi, ou des conditions de vie améliorées. Il ne faut donc pas voir l'urbanisation comme un problème, mais bien comme une solution. (Mais, tonnerre de Brest, quelle représentation a-t-il du monde rural! Ils ne se débrouillent pas mal ces ploucs!)

    Cette mise en valeur du territoire passe aussi par un plaidoyer pour la « villearchipel » (Jean-Paul Auby). La métropole peut être dense en son centre, mais vivre en harmonie et bon voisinage avec des « îles-villages » qui accueillent des trames vertes composées de terres agricoles et des trames bleues de cours d'eau, et s'approcher ainsi de l'autosuffisance en énergies renouvelables. L'idée est de mettre la campagne dans l'ensemble métropolitain. Le rapport du citoyen à la nature, à l'alimentation, en sera transformé ; l'agriculteur deviendra un citoyen pleinement intégré à l'aire métropolitaine."

    Il se trouve  que j'ai déjà eu l'occasion d'écrire sur le sujet:

    Télécharger « plus c'est gros plus c'est bon.odt »

    Contrairement à d'autres, je prends Attali très au sérieux parce que je sais pertinemment qu'il incarne cette élite visionnaire qui influence très fortement toute la galaxie du pouvoir. Plutôt la galaxie des pouvoirs. Attali n'a pas conseillé successivement Mitterrand et Sarkozy parce qu'il était opportuniste. Il les a conseillés parce qu'il les fascinait. Il ouvre la bouche et il leur donne l'impression d'être intelligents. Eux qui passent leurs journées à suivre un emploi du temps Ben putain, j'ai pas envie de çaconstruit par d'autres et où ils se collettent à des problèmes triviaux, il leur apporte soudain une bouffée d'oxygène. Ils pourraient prendre du shit mais quand même, comme présidents, ce n'est pas recommandé. Alors, ils l'écoutent à l'heure du thé. Et toute la camarilla qui veut plaire autour d'eux transforme les visions du gourou en réalités qui, lentement, se construisent pour de bon.

    Ben putain, j'ai pas envie de çaUNTERMENSCH.-Ce que ceci veut dire, c'est que d'ores et déjà, il n'y a plus de pouvoirs aux ruraux. Il y a deux catégories de citoyens: ceux des villes en fonction desquels on décide et les ploucs du monde rural qui ne sont que des untermensch du système.

    Ben putain, j'ai pas envie de çaManque de pot, moi je suis villageois dans l'âme. C'est comme ça: l'église, la fontaine, le bistrot. Je ne suis pas assez intelligent pour vivre dans le monde de super-héros que décrit Attali. Moi, les "îles villages", je n'en veux pas, les "trames vertes" me font chier. Je veux de l'humanité, savoir que Machin est malade, que chez les Choses le couple bat de l'aile et que c'est normal vu ce que s'enfile le mari. Mon gourou c'est le patron du bistrot à côté de chez moi. C'est une idée simple, putain: je veux qu'il y ait des hommes. Dans son texte, je n'en vois pas un seul.

    Je ne sais pas si Attali VEUT cela. Je sais qu'il le prophétise. Et je crains fort qu'il ne le souhaite. Mais c'est par une manière d'exercice intellectuel. Or, on ne vit pas dans des exercices intellectuels. On vit dans des murs.

    Ce qui m'ennuie terriblement, c'est que je sais pertinemment qu'Attali, très probablement, nous décrit notre avenir. Et je le déteste.


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  • A toi, tante Yvonne, que j'aimais tantA toi, tante Yvonne, que j'aimais tantL'effondrement du niveau moral de notre vie politique constitue une manière de performance qu'il convient de signaler à ceux de nos lecteurs, distraits, qui auraient manqué quelques épisodes. D'un côté, nous avons une ancienne maîtresse - officielle- du chef de l'État qui publie sans honte un ambitieux opuscule sur les turpitudes de son ex-amant. Tout cela est admirable de hauteur de vue.

    De l'autre, nous avons un ancien chef d'État, Nicolas Sarkozy, qui encaissant 100 000 euros pour une conférence de 45 minutes sur, par exemple (ça ne s'invente pas) "« le sport comme moyen d’action et de réflexion », ne trouve pas, au fond de ses poches, les moyens de payer son billet d'avion. Moyennant quoi il fait appel à un ami, Stéphane Courbit, qui - c'est pas de pot- est indirectement impliqué, via un de ses amis qui, lui, est déjà passé par la case prison, dans un trafic de cocaïne sur les avions qui lui appartiennent. M. Courbit, bénéficie bien sûr, de toutes les présomptions d'innocence de la terre, et M. Sarkozy, je ne vous en parle même pas.

    A toi, tante Yvonne, que j'aimais tant yvonne-de-gaulle-2.jpg SINISTRE.-A ce stade du développement, coule sur ma joue une larme pour tante Yvonne, Mme. de Gaulle. Évidemment, elle était sinistre, mais enfin si on avait du lui parler du cocaïne, il aurait fallu épeler parce que je ne suis pas sûr qu'elle savait ce que c'était. Il n'empêche: je préfère mille fois cette vieille dame on-ne-peut plus honorable à cette boue dans laquelle évolue notre monde contemporain.

    A supposer que les paragraphes qui précèdent n'aient pas suffi, j'apprends ce jour qu'un ministre dont le nom sera aussitôt oublié vient d'être révoqué  parce qu'il avait, comme l'on dit en bon français, "un problème avec les impôts", comme on dit d'autres qu'ils ont "des problèmes avec l'alcool".

    Qu'est-ce que c'est que ce bordel? Veut-on m'expliquer que lorsqu'on s'apprête à nommer un ministre, on ne vérifie pas qu'il n'a pas violé de petites filles et bien payé ses impôts? Dans quel monde vit-on?

    A toi, tante Yvonne, que j'aimais tantLAINE DE VERRE.- Je n'hésite pas à avouer que j'ai d'énormes problèmes avec les impôts parce qu'ils veulent savoir si la laine de verre que j'aie utilisée pour isoler ma maison peut être homologuée ou non. Si j'entends bien, ceci me coupe toute chance d'être ministre (je le savais). En revanche, j'accepte, pour beaucoup moins cher que 100 000 euros, de m'exprimer sur tout sport que l'on voudra, à condition de me préciser, une heure avant le début de la conférence, de quel sport il s'agit.

     

    PS: Au passage, la presse rabâche une ânerie. M. Thévenoud n'aurait pas, je cite, "déclaré ses impôts". Mais non, crétins. Il n'a pas déclaré ses revenus. Personne ne déclare ses impôts!.


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  • La déshumanisation à petites dosesIl reste à écrire comment nos sociétés ont fait disparaître les hommes : plus que des machines ou presque dans les gares, robots vocaux au téléphone, garagistes qui ont de moins en moins d’expertise globale et ne savent que remplacer des pièces, agents d’assurances qui ne sont eux-mêmes plus rien que les exécutants d’une lointaine plateforme. Et je ne dis rien, bien sûr, des stations-services sans service. Lorsque, par extraordinaire, on se trouve face à un humanoïde, il faut se méfier, c’est que lui-même, en réalité, n’est que le pantin désarticulé d’un système dans lequel il n’a aucun contrôle. Et il n’est pas rare qu’il dise : « ça ne marche pas ? vous savez ça n’est pas moi ». Lui-même, du reste, ne comprend pas grand-chose à son propre système. Il ne comprend que ce qu’on lui en a dit pour qu’il rapporte autant qu’il convient.

    La déshumanisation à petites dosesTOUT CE BINZ.- Je sais bien que je vais faire une comparaison violente, mais comment s’en défendre ? Le système des camps de concentration a été si bien désossé et le récit qui nous fut fait de son fonctionnement interne ressemble tellement à ce que je viens de La déshumanisation à petites dosesdécrire qu’il est impossible de ne pas y réfléchir. L’objet était, évidemment, d’obtenir des exécutants qu'ils se posent le moins de questions possibles. Naturellement, il n’ y a rien en commun entre envoyer des hommes dans un four crématoire et changer une pièce que l’on pourrait réparer. Sauf une chose : l’aveuglement, l’asservissement que l’on a obtenu de l’exécutant.

      Il arrive des moments inouïs où, soudain, on se trouve devant un homme. Le démerdard. Et le sympa. Le gars qui se dit qu’à la fin des fins, tout ce binz doit avoir un sens. Je cherchais la fameuse phrase de Saint Exupéry , dans Terre des Hommes : « « Il est arrivé parfois qu’un désastre ayant détraqué la belle machine administrative, et celle-ci s’étant avérée irréparable, on lui a substitué, faute de mieux, de simples hommes. Et les hommes ont tout sauvé ». Et voilà que je suis tombé sur une autre citation qui est tout aussi remarquable. « Il est aisé de fonder l'ordre d'une société sur la soumission de chacun à des règles fixes. Il est aisé de façonner un homme aveugle qui subisse, sans protester, un maître ou un Coran. Mais la réussite est autrement plus haute qui consiste, pour délivrer l'homme, à le faire régner sur soi-même. »

    La déshumanisation à petites dosesFINALITÉ ULTIME.-Comme quoi l’affaire n’est pas d’aujourd’hui. Mais il me semble tout de même que s’il y avait des médailles olympiques de la déshumanisation à distribuer, notre élite dirigeante actuelle en recevrait à foison. Et le comble est que, comme il faut bien pouvoir se regarder dans le miroir, on appelle ça « moderne ». Et je frémis de ce qu'à cet égard, on apprend à nos enfants.

    inter-st-ex.jpgPar pure coïncidence, il est advenu, au moment où j'écrivais ce qui précède, que je doive recourir, pour les besoins de mon métier, à une technologie extraordinaire, permettant d'accéder à distance à des données complexes, des films que j'ai pu télécharger pour mes besoins professionnels. Et je n'ai bien sûr pas pu ne pas me dire: "Tout de même, ces techniques sont remarquables".

    Et elles le sont. Mais toute la question est la finalité ultime. Si j'étais sûr qu'elles servent l'homme, je me pâmerais. Mais ce que j'ai écrit au début reste vrai. Trop vrai.


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