• Sept questions pour un massacre

    Sept questions pour un massacreD'où vient que,  très manifestement, les forces de l'ordre ont fait une razzia significative dans des milieux toxiques en un espace de temps très bref, après les massacres du 13: 414 perquisitions, 60 gardes à vue,  75 armes saisies et 118 assignations à résidence? Sans doute, le drame leur a-t-il donné des informations qu'elles n'avaient pas, mais il est raisonnable de penser que, pour d'autres, elles les avaient déjà. Ceci suggère qu'elles n'avaient pas l'ordre de passer à l'action ou pas les moyens juridiques que le régime d'exception leur aurait donnés. On ne voit pas très bien en quoi (à part l'heure possible d'intervention). Rien de ce qui a semblé entrepris depuis le 13 ne paraît relever d'une sortie manifeste de l'état de droit ordinaire.

    À quand remonte la perte de contrôle sur ces milieux, compte tenu, notamment des coupes claires dans les budgets de sécurité effectués à partir de 2007? On ne peut pas ne pas voir qu'un certain nombre des personnes en cause ont déjà été arrêtées, ont purgé des peines, mais ont visiblement pu reprendre leurs activités sans trop de souci. C'est un peu alarmant sur le simple concept de contrôle du territoire qui est le principe de base d'un état qui se tient.

    Quelle est l'exacte étendue de ce qui paraît être l'état de déréliction de l'état belge qui a conduit - je cite son Premier ministre (!)- à une "situation catastrophique" dans une de ses banlieues? (VOIR ICI) La faiblesse de la Belgique est de notoriété publique du fait de ses violents conflits linguistiques, mais enfin il faut reconnaître que nous n'en avions pas la mesure. Par parenthèses, ceci fait la démonstration que partout où il y a un état faible, les groupes criminels - ici terroristes, mais pas forcément- s'y installent et prospèrent. On remarquera que le fournisseur d'armes arrêté en Allemagne venait du Monténégro, qui ne passe pas non plus pour un modèle d'état solide.

    Puisqu'il apparaît qu'il devient désormais possible de faire front commun avec les Russes et les Américains, d'où vient que cela ne l'était pas il y a dix jours? Doit-on comprendre que le "ticket d'entrée" est de 130 morts et plusieurs centaines de blessés? Ou doit-on comprendre que, dans ces pays, le drame français a fait regarder de près leur propre situation et découvrir l'étendue du mal? Cela n'est pas très rassurant sur une manière de cécité des dirigeants du monde sur leurs affaires intérieures tant que les problèmes restent, selon la formule "à bas bruit".

    Si vraiment on arrive à un front commun, qui seront les sacrifiés de l'accord? Assad? Au contraire, ses opposants modérés? Les Ukrainiens? La presse - il est vrai très occupée par ailleurs- ne nous rend pas compte de l'atmosphère en Ukraine ou en Pologne. Je suis loin d'être sûr que les populations y sont enthousiastes à l'idée que, soudain, on pactiserait avec celui que l'on vomissait avant hier.

    Il est totalement exact que, sans remonter à Adam et Ève, ce qui a nourri la détestation des assassins à l'encontre de l'Occident est le manifeste "deux poids, deux mesures" que celui-ci a pratiqué au Proche-Orient, en particulier vis-à-vis d'Israël, mais aussi en Irak. Ca ne rend pas les tireurs ou les kamikazes sympathiques, mais le fait est incontestable. Donc, au-delà de mesures de police probablement fort pertinentes, envisage-t-on avec une vision sur plus long terme, un rééquilibrage de nos relations, des politiques plus raisonnables, plus équitables? Qui trouvera la force de caractère de les mener?

    Enfin, étant donné le caractère surréaliste de la scène politique française, qui vient de montrer combien loin elle est de la demande populaire telle qu'elle est ressortie de la dignité de la rue, peut-on espérer une cristallisation de la volonté diffuse qui s'exprime ainsi ou doit-on se faire à l'idée de la reprise de l'éternelle même pièce de théâtre. Malheureusement, pour cela, il faudrait des femmes et des hommes qui aient envie de s'y consacrer. Or, il est à craindre que les pestilentiels remugles qui viennent du monde politique n'aient persuadé les meilleurs de donner leurs vies à de meilleures causes. Du reste, ça arrange bien ceux qui occupent la scène.

     

     


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