• Un explorateur en cimetières

     

    Un explorateur en cimetières« Aucun cimetière ne ressemble à un autre », dit Philippe Landru.  «  Prenez ceux de la Drôme. Bien sûr, il y a entre ceux de Romans, de Crest ou de Dieulefit, une influence commune du protestantisme. Mais on voit bien que les itinéraires des défunts n'ont pas été les mêmes. Par exemple, à Dieulefit, vous trouvez des grandes dynasties protestantes qui se sont développées dans la poterie. A Crest, vous en avez qui ont été dans l'armée ce que vous ne trouveriez pas à Dieulefit. Et évidemment à Romans, vous avez des traces de l'industrie de la chaussure.»

    Un explorateur en cimetièresPhilippe Landru, professeur d'histoire- géographie dans un lycée parisien, âgé de 39 ans sait de quoi il parle. Depuis 25 ans (!), il visite les cimetières. Il en a ainsi vu 1500 environ et pas seulement en France. « Je suis, dit-il joliment, un stakhanoviste des cimetières ». Il entretient, depuis 2005, un site internet qui fait désormais référence et qui a consacré, parmi bien d'autres, au cimetière de Crest un article avec photos.

    « Un cimetière dit-il raconte la vie du lieu. Vous voyez quel est le type de notabilités même dans des plaques récentes. Vous y devinez les moeurs locales. Par exemple, lorsqu'on rend hommage à un chasseur, vous savez que ça fait partie de la culture de la région. Il m'arrive souvent de rencontrer par la suite des historiens locaux qui me disent « vous connaissez bien notre petit pays ». C'est totalement faux. C'est seulement le cimetière qui me l'a raconté. »

     

    Un explorateur en cimetièresMORT POUR RIEN .- Pour entreprendre ses expéditions, Philippe Landru se renseigne parfois avant, via internet, pour repérer quelques personnalités dont il pourrait trouver les tombes. Mais sur place, bien vite, c'est toute autre chose qu'il trouve et qui apporte un éclairage singulier, qui raconte un bout d'histoire. A Crest, par exemple, se trouve la tombe de Georges Bardenanche, avec cette mention terrible « Mort pour rien ». Nous avons cherché à comprendre et -miracle d'internet- nous y sommes parvenus. Ce jeune homme de 19 ans, dont curieusement le nom n'est guère de la région mais plutôt de celle de Varces dans l'Isère, est tombé dans les toutes premières heures de la guerre de 14 dans les Vosges, parmi les troupes du régiment grenoblois dont il faisait partie. Et, en effet, le mouvement de troupes dans lequel il s'est trouvé pris, était un de ses allers et retours comme il s'en passa par milliers dans les Vosges dont aucun n'était décisif. Ce qui fit de la guerre de 14 l'immense boucherie que l'on sait.De surcroît, Georges Bardenanche est mort le 3 septembre 1914, un mois après le début des hostilités et l'on doit convenir que les engagements dans lesquels il se trouva ne comptèrent en effet « pour rien ». Mais bien sûr l'intérêt de la plaque de ce malheureux jeune homme est dans la colère que l'on devine de ses proches. « Il y a toujours eu des non conformistes, dit Philippe Landru, se référant aux inscriptions orginales qu'il relève parfois «  et peut être moins aujourd'hui comme on pourrait le croire, mais plutôt dans les années trente. »

     

    Un explorateur en cimetièresDepuis 2005, Philippe Landru qui, jusque là tenait des fiches sur papier avec photos sur support argentique a du tout recommencer pour s'adapter aux exigences d'internet. Son site offre un fonds d'information important. Et il estime qu'il pourrait s'arrêter de visiter des cimetières pendant trois ans pour simplement mettre en ligne la colossale documentation qu'il a accumulée. Mais, ce n'est pas ce qu'il fait. « Depuis que mon site est en ligne, dit-il, il y a eu une espèce d'emballement. » Une petite notoriété, s'est faite jour. La drôle d'internationale des passionnés de cimetières – car elle existe- a fait caisse de résonance et, en quelque sorte, Philippe Landru a deux vies: l'une de prof, l'autre d'expert en cimetière avec, de surcroît, un développement vers la généalogie. Mais, lorsqu'on voit ainsi passer des milliers de noms sur des plaques de marbre, est-il possible d'échapper à l'envie de les retrouver dans des archives papier? Ce travail mérite le détour: http://www.landrucimetieres.fr/spip/

     

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