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Ambiance de meute
Il y a, par moment, dans l'air du temps, dans l'atmosphère générale de la critique, quelque chose de snob, de convenu qui finit par devenir fatiguant. Voilà ce pauvre Macron qui essaie de faire bouger deux-trois choses, ce que rigoureusement personne avant lui n'avait entrepris. Vous avez le choix: soit c'est totalement insuffisant, soit c'est une trahison des idéaux de gauche. Tout cela servi par la moue entendue, l'allusion supposée subtile qui dispense de tout développement. Avec une cohérence remarquable: on passerait ainsi de gauche à droite selon que seraient autorisés cinq ou douze dimanches de travail par an pour les grandes surfaces. Évidemment, on se garde bien de faire remarquer que les salariés qui, jusque là, n'étaient pas mieux payés pour les cinq dimanches, le seront pour cet effort supplémentaire car on retient dans la loi proposée ce qui arrange le raisonnement.
Ce climat de meute m'épuise. Au surplus, les petites allusions bien dégueulasses dont il se nourrit - il était banquier n'est-ce pas, ce jeune homme? - n'honorent guère ceux qui les utilisent. Ben oui, c'est très embêtant, il était banquier mais ça ne préjuge pas de ce qu'il est capable de faire. C'est un non-argument, une manière de se dispenser d'argumenter. Je vois bien qu'un certain nombre de critiques sont très probablement fondées. Mais la petite musique qu'on nous joue m'interdit de me joindre à ces argumentaires toujours un peu limites. Étant données les extraordinairement faibles performances des camps unis aujourd'hui dans la critique, je suggère qu'on la ferme.
COUILLES.- D'ailleurs, je m'amuse. Un sondage du week-end nous signale que deux personnages sont en train de gagner notablement du terrain: Emmanuel Macron - vous savez, le banquier- (+ 12 points!) et Bruno Le Maire, l'homme qui a fait la surprise dans la compétition à la tête de l'UMP. Ils ont en commun d'être, chacun dans son camp, le jeune qui monte et celui qui est à la marge. Et je vois dans cette indication une confirmation de ce que j'ai souvent écrit ici: la population ne veut plus des récits dominants caricaturaux. Le mainstream prend l'eau, les "éléments de langage" sont en dépôt de bilan. Que ces deux hommes soient à contre-courant chez eux leur vaut de la sympathie. Et je dois dire qu'il leur vaut la mienne. Lorsque Le Maire a les couilles d'aller devant une salle hostile et de lui dire: "non", il joue en fait gagnant. Les discours entièrement préfabriqués sont devenus insupportables. Je ne vois pas bien ce qu'il y a de "droitisant" à remettre en cause les situations acquises des notaires ou des huissiers. Et je ne crois pas qu'on soit un dangereux gauchiste en disant que la loi sur le mariage pour tous ne sera jamais revue.
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