-
Le retour du souverain
Prenons de la hauteur. Regardons notre époque à partir de mouvements anciens. Ainsi cette attente de chefs qui surgiraient et qui nous sauveraient de nos malheurs. On le voit à propos de Sarkozy. Le phénomène est ancien. L'un d'entre eux est stupéfiant. Il s'agit de ce mouvement mystico-religieux connu sous le nom de sébastianisme qui se forme à partir de 1578 au Portugal et qui dure jusqu'à aujourd'hui.
SÉBASTIEN DU PORTUGAL.- Le roi Sébastien du Portugal avait bien failli ne pas naître, puisqu'il est né son père étant mort. On crut à un miracle. Dans la vingtaine, il alla porter la guerre dans ce que nous appellerions aujourd'hui le Maroc et mourut dans une bataille restée célèbre et nommée la bataille des Trois Rois (les deux autres, Marocains ceux là, étant aussi morts dans la boucherie qui eut lieu). On prétendit - ce qui était faux- qu'on n'avait jamais retrouvé le corps de Sébastien. Et, à partir de là, se développa une croyance selon laquelle Sébastien était caché et qu' un jour, le roi reviendrait et sauverait le pays de la décadence. Ce thème s'est installé des siècles durant dans les croyances populaires portugaises. Lorsque la Révolution des Oeillets eût lieu, on dit que c'était le retour du roi. Aujourd'hui au Brésil, ancienne colonie portugaise, existent des églises qui annoncent un prochain retour du roi.Lorsque Lula fut élu, on dit que c'était le retour du roi. Le très célèbre écrivain portugais Fernando Pessoa reprit le thème sous l'aspect littéraire dans les années trente.
LE ROI ARTHUR.-Mais cela vaut après tout dans la grande histoire du christianisme: ce que l'on appelle la parousie du Christ, c'est à dire son retour promis, c'est la même chose. Et de même chez les musulmans chiites avec l'imam caché après la bataille de Kerbala. Et de même encore avec le roi Arthur et le tsar Dimitri, ce dernier, de façon stupéfiante étant contemporain à peu près du roi Sébastien.
Ne croyons pas que nous avons tout inventé. Lorsque des zozos vivent dans l'attente extatique d'un retour de Sarkozy, ils ne font rien de mieux que de suivre une tradition séculaire. J'ai eu l'occasion de m'entretenir longuementr avec le professeur Francisco Bethencourt, du King's College à Londres. J'ai extrait un court passage de cet entretien qui donne à réfléchir (écouter la vidéo ci-dessous). L'intégrale des cinq émissions se trouve ici.
Petite remarque finale. J'entendais Giscard à la télé; il a eu cette phrase: "On ne revient jamais". Il sous-entendait évidemment à ce niveau pouvoir. Je crois que c'est bien vu.
-
Commentaires