• Le pendule revient tout doucement à la normale. La possible élection, ce dimanche, d'un socialiste que tout le monde donnait perdant, dans la législative du Doubs, peut fermer une parenthèse et ramener à un débat plus serein. Hollande et les siens ne méritaient pas l'excès d'indignité qu'on leur a fait. Mais pas d'excès d'honneur pour autant. La normale, rien que la normale.

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  • Il ne s'est même pas trouvé une secrétaire pour téléphoner...Donc, il a fallu en catastrophe démissionner une jeune femme d'extrême-droite que NKM avait, fort imprudemment, pistonné pour qu'elle devienne une des secrétaires nationales de l'UMP. Naturellement, je pourrais faire tout un numéro en disant: "ouh que c'est mal, vous vous rendez compte une femme d'extrême droite!" Mais comme l'essentiel de la presse le dit, je ne me sens pas obligé de hurler avec les loups.

    Il ne s'est même pas trouvé une secrétaire pour téléphoner...Ce qui me frappe, en vérité, et qu'on avait vu jusqu'au gouvernement avec l'affaire Thévenoud, c'est qu'on voit là que l'UMP c'est le bordel, comme le gouvernement en était autant en nommant un sous-ministre qui avait visiblement des défauts rédhibitoires. Comment! Il n'y a eu aucune secrétaire à l'UMP, même une stagiaire, qui ait décroché son téléphone pour joindre le secrétaire départemental de l'UMP et lui demander: "Est-ce que vous connaissez Fatima Allaoui?" Non. Cette nomination a été faite parce que NKM avait rencontré accidentellement cette élue régionale du Languedoc qui lui avait plu. Point. Pas la plus petite enquête. Rien. Et Sarkozy qui veut faire de cela une "armée" de militants. Elle va plutôt être mexicaine son armée. Ou bordélique.

    Accessoirement, je ne peux pas ne pas voir que cette jeune femme est ravissante. Et je voudrais être absolument sûr que sa désignation n'a aucun rapport avec cela. Car le monde politique sait très bien ce qu'il faut au 20 heures et qui n'a pas grand chose à voir avec l'élévation de pensée. Un restant de charité chrétienne m'incite à ne citer aucun nom.

    Il ne s'est même pas trouvé une secrétaire pour téléphoner...PHOBIE ADMINISTRATIVE.- Une fois encore, personne en face n'a beaucoup à la ramener. L'affaire Thévenoud, du nom de cet éphémère ministre qui oubliait de payer ses impôts par "phobie administrative" était rigoureusement du même tabac.

    Il ne s'est même pas trouvé une secrétaire pour téléphoner...La deuxième chose qui me frappe beaucoup est que cette jeune femme qui souhaitait être élue au Conseil Général de son département ait passé, sans autre hésitation, d'un parti à un autre. Là dessus, j'ai perdu depuis longtemps mes illusions. Un de mes anciens collègues devenu attaché de presse, il y a longtemps, d'une éminente personnalité alors en vue dans le monde socialiste me racontait un jour: "Tu sais, j'en vois passer du monde. Il y a des gars qui viennent nous demander une investiture ou des fonctions. Et lorsqu'on refuse, on les trouve trois mois plus tard dans un machin centriste".

    Il ne s'est même pas trouvé une secrétaire pour téléphoner...Tant qu'à trahir, Fatima Allaoui aurait, au moins, pu le faire utilement. Mais là, elle a choisi un sous-groupuscule uniquement connu des spécialistes de l'extrême droite. Non seulement, elle n'est pas solide dans ses convictions, mais en plus elle n'est pas pas finaude. Et elle a failli être une des secrétaires nationales de l'UMP. On hésite sur les adjectifs. Pathétique? Consternant?

    Enfin, extrait du Figaro: "Trop content d'exhiber de nouvelles recrues venues de partis concurrents, le Front national souhaiterait voir revenir dans son giron Fatima Allaoui." Tout est dit.

    Il ne s'est même pas trouvé une secrétaire pour téléphoner...Petit ajout: cet exquise jeune femme est depuis passée (ou repassée, ça n'est pas clair) au Front National, ce qui prouve la solidité de ses convictions et son absolu désintérêt. Détail: elle avait manifesté, il y a quelques mois contre le même Front National probablement dans un moment de distraction.


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  • Les partis en roseIl est assez frappant que la question de l'homosexualité devienne corrélée avec la question de l'appartenance partisane. Il est assez clair - de façon franchement stupéfiante- Les partis en rosequ'un certain nombre de ralliements bruyants au Front National ont été délibérément mis en avant, manière de lui assurer de la publicité. J'ai beaucoup de peine avec le principe même de ces opérations.

    Je comprends qu'on rallie ou quitte un parti parce qu'il propose une orientation de droit relative à des questions de moeurs. La question du mariage pour tous allait dans ce sens. Fondamentalement, ce qui était en cause c'était une loi. Et, en effet, les partis sont censés avoir des positions sur les lois et même sur le cadre juridique global du pays. Mais sur l'orientation sexuelle? Sur la couleur des cravates? Sur les jardins à l'anglaise ou à la française? Sur la nage sur le dos ou le crawl? Derrière l'aspect totalement anecdotique, incongru de l'affaire, il y a une question d'importance: la politique jusqu'où? Je dénie en toute tranquillité mais totale fermeté, le droit à tout parti des critères de recrutement ou de rejet sur ce type de sujets.

    Les partis en roseSAUTILLEMENT PERMANENT.- Je ne suis pas un perdreau du printemps, je devine bien que l'objectif fondamental c'est de faire du bruit, le comble étant que, dans le sautillement permanent des médias, qui, comme l'observait judicieusement Philippe Meyer récemment, passent sans cesse, sans approfondissement, d'un sujet à un autre, ça occupe deux heures le titre de tête avant que l'on ne passe à autre chose. C'est un autre aspect de cette futilisation que j'ai dénoncée ici et ici. Mais il me semble que les dirigeants de partis devraient purement et simplement interdire ce genre d'affichage. Tout cela contribue terriblement à leur décrédibilisation.

    Les partis en roseAccessoirement, puisque c'est le Front National qui est en cause, parti lourdement machiste, viril pendant des décennies, on rigole. Et en même temps on voit bien l'effet de mode. Il était déjà hautement singulier qu'existe à l'intérieur de l'UMP, sous forme de Gaylib, une sorte de "filiale" chargée de drainer ce public. Il y a là quelque chose de racoleur et d'un peu honteux. C'est comment déjà la filiale qui s'occupe, elle, des amateurs du point de croix? De Gaulle, où es-tu, ils sont devenus fous! On sombre dans le dérisoire. Faut-il admettre, alors, que les partis ne sachant plus très bien à quoi ils servent, s'affichent comme des espèces d'attrape-tout. Je ne vois pas très bien où est l'intérêt collectif dans tout cela. Je ne vois même pas quel Les partis en roseest l'intérêt individuel de ceux qui se dévoilent ainsi.  Serait-ce comme un effet "facebook" généralisé? La seule chose qui paraît clair est que ceci donne une mesure supplémentaire du niveau de dérèglements où nous sommes.


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  • Les écolos ont un problème avec la popularitéLa suspension qui vient d'être annoncée de "l'éco-taxe" devrait contraindre les milieux écologistes - dont c'était une juste cause-  à réfléchir sur leur insertion, à leur poids, à leur capacité d'intervention dans la société. Je veux dire la société des hommes, tant il apparaît que, parfois, les humanoïdes leurs sont légèrement méconnus, ou plutôt qu'ils s'en désintéressent. J'ai, comme journaliste, le souvenir pénible d'une longue discussion avec un personnage dont je ne conteste aucunement les connaissances naturalistes - et même le fait que, sur beaucoup de points il avait raison- mais qui manifestait une quasi-réticence physique à reconnaître que tel ou tel homme bien ordinaire pouvait être victime des agissements des loups ou des vautours. Et il s'en faut d'énormément que le cas ait été isolé.

    Les écolos ont un problème avec la popularitéLes écolos ont un problème avec la popularitéSAUTER UNE ÉTAPE.- Soyons clair: j'ai l'intuition que beaucoup des affirmations qui nous viennent de ces milieux sont pertinentes. Le grave problème est que beaucoup voudraient, en quelque sorte "sauter une étape", se dispenser du passage par la pédagogie à chacun, aux plus humbles, au nom d'une science de la nature que je ne vais pas leur contester parce que la mienne est modeste mais qui n'en est pas moins assénée souvent de façon hautaine et méprisante.

    Les écolos ont un problème avec les gens simples, avec le bistrot, avec la partie de boules. Leurs convictions les ont nourris d'une certaine idée de supériorité. Il faut regarder les choses en face: les résultats électoraux des écologistes sont chroniquement désastreux. Dans une hypothèse favorable, ils arrivent à placer quelques hommes et femmes en position marginale dans des conseils municipaux. Les résultats des sénatoriales viennent d'en apporter la preuve: s'ils avaient eu plus de "grands élus" (maires, adjoints) ils auraient obtenu de meilleurs résultats. Il est consternant et significatif  qu'une intelligence comme celle de Daniel Cohn Bendit se soit éloignée d'eux. Il avait soulevé une excellente problématique en parlant de "boite à outils" de l'action politique, mais les écologistes ne sont pas parvenus à comprendre qu'il y avait un moment où il faut s'organiser dans la discipline, ce qui implique par moment de fermer sa gueule et de suivre une ligne intelligible par le plus grand nombre.

    Et puis, il faut de l'humilité. Malheureusement, le sentiment d'être investi par une force supérieure qui serait celle de la Nature qui, dans la bouche de certains, devient une déesse mythologique, génère parfois des attitudes exaspérantes de grands prêtres. Oui, ça n'est pas marrant de discuter avec un vieux chasseur un peu alcolo, oui les élections locales ce sont des affaires de trottoirs et de conduites. Mais ce n'est qu'au prix d'accepter ces peu marrants dossiers qu'on finit par obtenir du respect de la popularité locale et, par conséquent de pouvoir faire passer, par exemple, son opposition au nucléaire, aux gaz de schiste, etc.

    Leur chance est que certains de leurs opposants sont si spectaculairement plus désagréables - je pense à certains milieux, pas tous, de la chasse- qu'instinctivement on se range du côté des écolos. Mais je suis fatigué de voir la vitesse à laquelle on sombre dans l'invective et je crains fort qu'à force de vouloir porter le verbe trop haut ils aient été les alliés de leurs adversaires.

    Les écolos ont un problème avec la popularitéCARACTÉRISTIQUE TRÈS FRANCAISE.- Les écolos ont souvent du génie pour populariser leurs causes. Ils ont parfaitement compris l'usage à faire des médias. Leurs manifs sont marrantes, leur énergie force l'admiration... et puis, plof, plus rien.Pourquoi cet écart? Pourquoi, alors que le plus grand nombre - et moi dans celui-ci- est intuitivement pour le respect de la nature, méfiant vis-à-vis de ces manips des mondes du nucléaire ou du gaz de schiste, le saut vers le suffrage universel, ne se fait-il pas? Je veux bien qu'on prétende sans cesse que c'est de la faute d'obscurs lobbies mais il y a un moment où cette explication devient un peu commode. Je suis frappé de l'impact que les écologistes allemands ou suisses ont pu trouver, en particulier dans des décisions à impact très important, (le nucléaire, en particulier) parce qu'il leur est arrivé d'accepter des négociations probablement avec des gens qu'ils détestent. Mais au moins, ils ont obtenu des résultats. Je suggère aux écologistes français d'aller regarder de près ce qui se passe dans ce pays très conservateur qu'est la Suisse. Nous avons des leçons à y prendre en matière d'environnement.

    Mais ceci tient à une caractéristique très française. Dans le restant de l'Europe du Nord, on a une représentation du pouvoir, de la politique, beaucoup plus pragmatique, il faut bien le dire beaucoup plus modeste. Nous avons, en France, une manière d'en attendre tout, de dénoncer sans arrêt des faits du prince pourtant si inopérants qui se retourne contre nous.

    J'ajoute qu'il y a, en France, une spécificité complémentaire. Pour des raisons peut être liées à l'ambiance politique du pays, on a lancé ce concept flou d'"écologie politique" qui permettait de se présenter comme "de gauche", tout en préservant une coloration "verte". Ce souci a été bien moins grand ailleurs en Europe où on ne tient pas le monde politique en suffisante estime pour devoir se situer par rapport à lui. Le "naturalisme" n'y fait rougir personne alors qu'en France honte soit sur Antoine Waechter que ne passionnaient pas les postures politiques. Or l'écologie a un problème: étant soucieuse de préserver la nature, elle a un tropisme conservateur. Certains de ses partisans peuvent l'être terriblement. On ferait bien de comparer les écrit de M. Rabbhi avec ceux du philosophe des années quarante Gustave Thibon si admiré des pétainistes. On m'excusera de ne pas admirer. Mais dans le même temps, il faut "faire moderne", donc alternatif. Tout ça aboutit à une purée à laquelle je confesse ne plus rien comprendre 


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  • Le groupusculaire,ça commence à bien faireOn n'y peut rien, ça ne sert à rien, nous ne maîtrisons plus rien. Alors pourquoi pas, en effet, ne pas tout faire sauter. Ce sentiment domine. Alain Touraine le montre fort bien ici. Les élections européennes viennent de nous le dire. Et ce qui est terrifiant c'est que le petit jeu continue. Un très remarquable éditorial du Monde le dit  justement.

    La remarque faite par Alain Touraine - il faut tout reconstruire localement- est évidemment très pertinente. Il est juste de dire que cela a commencé depuis très longtemps. Je vis dans un petit coin de Drôme où c'est même vrai depuis des décennies. J'avais consacré, il y a des années, un livre (Les hommes du renouveau (Lattès) - on ne le trouve plus qu'en occasion) qui en faisait déjà le constat. Pour être honnête, il fit un four et je sais très bien pourquoi. La raison, en vérité, m'en fut donnée alors même que je faisais l'enquête qui allait donner le livre. Me trouvant dans une vallée du Massif Central et y constatant qu'elle était autrement dynamique que la voisine, un interlocuteur me répondit: "Oh, eux: ils n'ont pas encore touché le fond."

    Contre son campON TOUCHE LE FOND.- Ben voilà. C'est fait. Nous avons tous touché le fond. Mais le problème est moins celui de la création d'initiatives locales que celui de leur articulation avec une force qui devienne nationale. Un million de petites initiatives isolées, c'est follement sympa. C'est parfait pour le journal local, j'en sais quelque chose. Mais au total, nationalement, ça ne crée pas une force. Je crois que lorsque Daniel Cohnbendit disait qu'il fallait moins un parti qu'une boîte à outils politique, il avait une intuition de cet ordre. Un temps - très bref-, ici ou là, les écolos ont pu paraître être une force qui fédèrerait ce monde. Les résultats de dimanche dernier le montre parfois encore. Dans mon petit coin de Drôme, innovateur, râleur, parfois un peu hautain aussi - il ne faut pas le cacher- ils ont encore fait un tabac. Ils sont pratiquement en tête partout. Mais je n'y crois pas.

    Il y a, en effet, la question du "populaire", des simples gens, du petit artisan, du vieux paysan: ceux-là ne doivent pas être tenus à l'écart. Sans eux, on ne fera rien. Or, je trouve que tous les mouvements alternatifs sont élitistes à faire peur, facilement hautains et méprisants. Je suis par exemple exaspéré de cette manie de ne considérer l'économie qu'à l'échelle des grands flux mondiaux, le brassage des capitaux, les petits contre les grands, le Nord contre le Sud, etc. Et puis sur la petite boîte, silence. Rien sur cet univers qui emploie massivement, sur les patrons à 2000 euros (oui 2000, ça n'est pas une faute de frappe), parce qu'au journal de 20 heures, ça ne passe pas. Le problème est que, dans notre pays entier, le poids de tous ceux là pèse infiniment lourd.

    Ceux qui savent mieux - et qui ont une espèce de génie pour le faire savoir- me fatiguent. Et je prétends que, jour après jour, ils tirent des balles contre leur camp. Perdre ces habits là va être infiniment difficile.

    Contre son campVIVE INTELLIGENCE.- J'aime le bistrot et le pastis (non ça n'est pas vrai, je n'aime pas le pastis, mais c'est un symbole). Il faut redescendre dans cette rue là. De ce point de vue, j'ai un peu peur qu'internet et tous ces trucs sophistiqués ne soient qu'un jeu à l'intérieur de l'éternelle même élite. Il y avait aux dernières municipales à Crest un type très bien, d'une vive intelligence, bien dans son temps, ouvert, patron progressiste d'une belle entreprise qui dirigeait une liste. Je l'apprécie, j'aurais voté pour lui si j'avais été électeur dans sa commune. Mais je me souviens bien d'un rapide échange où, avec une grande franchise, il m'avait dit ce que ce "petit peuple" lui était peu connu.

    Eh bien colletons nous à celà. Parce que le groupusculaire, ça commence à bien faire.


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