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Bientôt, le client devra payer pour acheter
Les évolutions de ces dernières années en matière de commerce montrent une dérive inquiétante. Les grands réseaux de commercialisation (FNAC, Darty...) proposent une variété sans cesse plus maigre de produits avec, j'imagine, une focalisation sur quelques produits à forte marge et à vocation grand public. (À cet égard, il faut être aveugle pour ne pas voir que dans les rayons de librairie, un nombre restreint de titres est ostensiblement mis en évidence). Dès qu'on tend vers un produit un peu plus spécifique, souvent de meilleure qualité ou, disons, plus exigeant, il faut basculer vers l'achat par internet.
Mais là, deuxième surprise: les réseaux de commercialisation par internet qui tendent à prendre une place croissante sont en réalité pour une part de leurs offres uniquement des plateformes de proposition, pas de fourniture. Pour le dire autrement, lorsqu'on passe une commande, elle est répercutée à un producteur qui n'a pas nécessairement encore mis le produit en fabrication.
Moyennant quoi le client va devoir supporter tous les délais de fourniture. Ceci signifie que la fonction de commerce s'est profondément modifiée. On voit bien qu'une part de risque est ainsi éliminée à l'échelon du vendeur: L'invendu devient de plus en plus improbable. Il faut essentiellement être capable de mettre en place une plateforme de vente particulièrement sexy, mais, pour le reste, on distribue du courrier.
Le client devient totalement tributaire de la qualité de la description qui lui est faite et qui, lorsqu'il s'agit de matériel un peu technique, n'offre aucune des possibilités de conseil et de questionnement que l'on avait autrefois. Une de mes très proches qui se fait une expérience dans le genre me disait récemment: "Tu sais, dans les grands réseaux, ce dont rêve les patrons c'est que le client aille directement au produit sans surtout rien demander au vendeur".
On est, ainsi, en train de supprimer tout ce qu'il peut y avoir d'humain dans l'échange. Quand on songe qu'il y eût jadis une revue littéraire intitulée "Le Commerce" qui voulait judicieusement manifester par là que dans le mot "commerce", il y a échange, et qu'après tout l'échange des idées est bien un commerce au sens le plus large. Maintenant, à part le numéro de carte bancaire, l'échange est réduit à néant. Et on finira bien par trouver le moyen de faire payer le client pour qu'il paye...
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