• Le torrent des partis de la haine

    Le torrent des partis de la haineLes Polonais ont, paraît-il, introduit dans leur vocabulaire, un mot, "hater", manifestement dérivé de l'anglais, qui désigne ceux qui déversent partout de la détestation sur internet. C'est sans doute que chez eux le phénomène est encore plus grave que chez nous. Et pourtant, il y a compétition. Internet est devenu un torrent de boue. La crise des migrants en est, aujourd'hui, la cause, mais demain le prétexte sera autre et cela marchera tout autant. Une cinéaste polonaise qui s'en alarmait à la télévision s'est faite agonir d'interpellations sous le prétexte qu'elle est juive sur le mode - gracieux et délicat- "rentre en Israël".

    Nous sommes en plein recul de civilisation. Certains en font même un élément de marketing, comme on le voit avec Onfray, soudain devenu une icône de l'extrême-droite. C'est qu'il y a des livres à vendre, mais, surtout, c'est qu'il y a des voix à prendre. Et, lorsqu'on a rien à dire, la haine marche toujours. On le voit, ces temps-ci, chez nos voisins suisses où certains partis ont embrayé - avec le soutien de tout petits bras d'une médiocrité inouïe- dans l'hystérie anti-migrants qui leur fera, ce 18 octobre, gagner à coup sûr les élections fédérales.

    Le sidérant de l'affaire est l'absence de talent, la petitesse, le côté crapoteux des apostrophes. Je l'avais relevé déjà ici. Les hommes de talent ont posé la plume et laissent crier les petites frappes. Nous sommes dans un temps de jappements et cela suffit. Les hommes (et les femmes, bien sûr) du compromis, de la parole apaisée n'ont à leur disposition qu'un registre subtil qui est inaudible. Et, malheureusement - l'exemple d'Onfray le montre- la volonté de se faire entendre est trop grande, le courage de dire du complexe, de l'incertain, trop faible. 

    Il n'y a, au fond, à travers le monde, que deux grands partis: celui des hurleurs dans les extrêmes qui n'exerceront jamais le pouvoir parce qu'ils devraient cesser de hurler et celui des hommes de compromis. Ces derniers ne vont pas au compromis parce qu'ils l'aiment mais parce qu'il n'y a pas moyen de faire autrement. Mais heureusement qu'ils sont là parce qu'au moins contre eux on peut hurler.


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