• Le temps du "bashing"

    Sale temps. Nous vivons une période de "bashing" généralisée. Pas de critique, non de bashing. Il y a une différence entre les deux. La critique appelle l'argumentation. Donc elle est licite. On n'aime pas telle exposition parce que les oeuvres retenues sont peu intéressantes, mal mises en valeur. Soit. Et lors d'un match, tel joueur a mal joué. Bon.

    Le bashing, c'est par dessous la ceinture. C'est dans une hypothèse favorable moqueur, le plus souvent pire encore, chargé de sous-entendus, d'allusions: vous m'avez compris, n'est-ce pas? Il est inutile que je développe, ça va de soi. Le match était truqué, l'expo de toutes façons était due à la maîtresse du ministre. Les politiques vivent des enveloppes que leurs filent les grandes banques, etc.

    Eh ben non. Ca ne va pas de soi. Il ne suffit pas la lippe méprisante, du rire du fond de gorge. Bref, de la posture. La posture est haïssable.

    Alain Soral: photo extraite d'une revue...de Robert MénardIl y a des professionnels de la posture. Zemour - dont je me suis bien gardé de parler ici- est dans le bashing commercial. Le truc qui marche. Ca ne peut que marcher parce que c'est du bashing. Notre sensibilité à cela nous questionne. Il nous faut de l'expéditif. Deux temps, trois mouvements et hop! l'explication est là. L'explication qui marche d'autant mieux qu'elle est pleine de sous-entendus, peut-être de secrets. Ah, les secrets, ça c'est épatant. Si nous allons mal c'est qu'il y a quelque part, en un lieu insaisissable, une puissance qui, elle, tient tout. 

    La haine, pour cela, c'est pain béni. Alimenter la haine: l'avantage est que ses ressorts sont connus. "Ils" ne sont pas comme nous. "Ils" nous menacent. C'est de "leur" faute. Et voilà Dieudonné, Soral, Zemmour qui en font un fonds de commerce.  Ils sont les détesteurs exemplaires, talentueux, géniaux dans la posture de la victime. Je parle bien de leur fonds de commerce, business, gros sous. Tous ceux là sont des rentiers de la haine. Pas de la petite aversion, de la vague répulsion; ah non, de la belle haine bien recuite.

    Le temps du "bashing"EXPLOITEURS DE LA DÉTRESSE PUBLIQUE.- C'est que ça rapporte, cette saleté. Gros succès éditoriaux, petites PME de la médisance. Et comme nous sommes non pas dans l'analyse mais dans le sautillement, les grands médias, bien obligés de voir que ça marche, eux-mêmes à la recherche de ce qui pourrait bien les sauver d'une conjoncture mauvaise, embraient et offrent une caisse de résonance. Le bashing appelle le gourou. Nous sommes dans un temps des gourous. C'est qu'il faut savoir la faire l'allusion, le glisser le sous-entendu. Et, à cet égard, nous sommes comme après la pluie. Il en pousse soudain, comme des champignons, de ces exploiteurs de la détresse publique. Et le malheureux connard qui se pointe en disant que a +b =c, passe pour un dupe, pire encore pour un agent des grandes multinationales ou de je-ne-sais-quelle puissance occulte.

    Le temps du "bashing"Le problème du réel est qu'il est souvent affreusement trivial, dénué de mystères, décevant en somme. En tous cas, les postures ne lui valent rien.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :