• La fascination pour les lieux communs

    La fascination des lieux communsIl faut se méfier de la vitesse de propagation des lieux communs. On nous certifie depuis des mois que notre découpage territorial serait un "millefeuille" incompréhensible et que nous faisons beaucoup moins bien que les autres. De temps à autres des voix cependant nous réveillent. Ainsi ces quelques secondes prises sur France Culture et que l'on doit au géographe Gérard François Dumont professeur à la Sorbonne.

     


     

    Le même du reste a pondu un texte fort argumenté d'où il ressort ce qui - tout bien considéré- devrait être une banalité: entre les pays européens rien n'est comparable. En somme et en gros: nous avons tous des différences et ça n'est pas plus grave que cela.

    Contre son campBON SENS.- Je rappelle un entretien récent que j'ai eu avec le sénateur Didier Guillaume, président du Conseil Général de la Drôme et qui disait des choses pétries de bon sens: " Il y a un service social à Valence et un au département. Ca ne me choquerait pas qu'il n'y en ait plus qu'un. Il y a un service “jeunesse et sports”de l'Etat et un autre du département. Moi, je serais absolument favorable à ce que les services du département pour la grande agglomération Valence-Romans, soient pris en charge par celle-ci. On enlèverait des superpositions.

    C'est l'histoire de notre pays. En 1982, une loi a donné beaucoup de pouvoirs par la décentralisation aux échelons inférieurs mais depuis 1982 on a rajouté des doublons partout. Les jacobins voulaient le pouvoir à l'Etat et les décentralisateurs voulaient le pouvoir dans les régions."

    Contre son campBOUCS ÉMISSAIRES.- Tout cela est évidemment vrai. Et si on a laissé s'empiler des échelons et créer des doublons, je note en l'espèce que c'est aussi le fait de l'État. On voit bien se développer en ce moment un discours très "antilocal" centré en particulier sur l'idée que les collectivités locales sont sources de gaspillage. Il est difficile de ne pas voir que, en effet, les collectivités locales ont embauché beaucoup ces dernières années mais c'est passer La fascination pour les lieux communssous silence le fait que cela se passait dans le moment même où l'État se désengageait et leur confiait ses missions. Il était donc fatal qu'elles se mettent à embaucher et il y a une formidable hypocrisie à subitement les désigner en boucs émissaires. Il se trouve que, comme par hasard, ceux qui diffusent ce message ont accès aux grands médias et donc diffusent ce qui va devenir l'idéologie dominante.  J'ai le fort soupçon que ceci est alimenté par un sentiment de supériorité à la fois technocratique et parisienne. Je m'amuse de voir que les paroles pleines de bon sens de Gérard-François Dumont sont le fait d'un homme né à La Souterraine au tréfonds de la France. Pour dire le moins, il n'a pas le profil du technocrate satisfait.

    La vérité objective c'est qu'il n'y a aucun autre moyen de réduire la voilure que de réduire les services rendus aux citoyens. Mais personne ne veut le dire.

    Contre son campLE VRAI SCANDALE.- On entre dans la catégorie du raisonnement qui ne veut pas s'assumer pour ce qu'il implique. Un des exemples fameux est l'affaire des intermittents du spectacle et de leur régime d'indemnisation. Il est assurément très avantageux...puisqu'il arrive à faire payer à des gens ce qu'on leur doit. Le fond du problème est que ceux qui devraient payer ne paient pas. Je partage absolument l'avis de ceux qui trouvent que c'est un abysse. Seul petit détail: aucun organisateur de festival, aucune chaîne de télévision etc. ne paie le prix de la prestation rendue. Pour avoir fait moi-même de nombreux documentaires je le sais bien. Le prix objectif d'achat d'un documentaire par une chaîne de télévision est sans rapport avec la réalité. Donc les producteurs ne paient pas l'intégralité du travail fait par les collaborateurs nécessaires et qui les paie? Le régimes des intermittents. Il est vrai que c'est un scandale. Aussi j'ai une super bonne idée: supprimons les festivals (ou, ce qui revient au même, imposons leur de payer, par exemple, toutes les répétitions nécessaires à leur déroulement). En cessant d'indemniser tous les artistes qu'ils mobilisent, on rétablira les comptes du régime. Après, il faudra se colleter tous les professionnels du tourisme, tous les maires qui hurleront qu'on les laisse crever. On devrait aussi arrêter la télé à 22h et la faire reprendre à 16h.

    Question: dans combien de domaines de la vie de la nation se passe-t-on ainsi la patate chaude?

     


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