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Pourquoi pas un ministre des portes et fenêtres?
Mon grand père avait une excellente formule. Il disait: "Je veux bien qu'on me vole mais pas de plus de 10%". Eh bien ça doit être de famille: moi non plus. Je veux bien qu'on se foute de ma gueule, mais dans un pourcentage limité. Les dernières élections européennes ont été l'occasion pour l'ensemble des partis qui ne savaient que dire d'affirmer que c'était la première fois que le simple électeur de base allait se prononcer sur la direction de la Commission de Bruxelles, en somme le gouvernement de l'Europe. On a battu, en cette matière, le record historique de mensonge. Passons sur la désignation du vieux crocodile conservateur, Jean-Claude Junker, président de la future commission qui ne s'est à l'évidence passée que dans les couloirs par compromis entre les gouvernements. Mais nous voici à présent dans le sordide entre le sordide où des personnages doivent même être recalés par le Parlement parce qu'ils sont trop faibles, soit parce qu'ils sont trop compromis. Rappelons le cas exquis de M. Tibor Navracsics,hongrois, charmant garçon (ministre de la justice!) d'un gouvernement soutenu en Hongrie par des antisémites et qui a limité la nationalité de son pays aux minorités qui ne lui plaisaient pas. Idem pour la radio-télé qui est désormais totalement aux ordres. Et sans rire, on voulait lui confier je-ne-sais-quoi touchant à la citoyenneté. Lorsque les bornes sont franchies...Finalement, les parlementaires ont rejeté sa candidature, ce qui n'est pas dommage, mais en précisant qu'il aurait une autre place dans l'équipe. Un ministère des portes et fenêtres me paraîtrait tout à fait adapté. Je passe sur je-ne-sais-quel espagnol chargé de l'énergie dont - c'est pas de bol- la propre épouse à des intérêts pétroliers. Je passe aussi sur un Britannique chargé de la moralisation financière, lorsque son propre pays n'est, en cette matière, pas à proprement parler une référence.
Si on voulait faire la démonstration que les institutions européennes sont vues par les gouvernements des nations qui la composent comme des gruyères où l'on place des potes, on ne s'y prendrait pas autrement. Et l'autisme absolu des dirigeants européens face à la demande de morale publique qui sourd de toute part reste une performance olympique, il faut bien le dire assez mystérieuse. Il n'y a rigoureusement aucun parti que l'on puisse citer qui ait dit: "je refuse de participer à semblable négociation". Tous la main dans le pot de confiture.
Tags : europe, corruption
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