• Mauvais signaux d'Allemagne

    C'est entendu: l'Allemagne vient de battre un nouveau record d'exportations au point que certains l'accusent de créer un déséquilibre à l'intérieur de l'économie européenne. Vieux refrain. Mais voici que vient une confirmation sur l'état de ses services publics. Le pays va -enfin- devoir investir massivement dans son armée qui est dans un état ridicule: 4 seulement de ses 39 hélicoptères fonctionnent; il y a peu un avion transportant un hôpital de campagne au Libéria n'a pu atteindre sa destination sans réparation  en raison de son état.

    Et voici que l'aéroport de Berlin, attendu depuis des années, sera encore renvoyé à une livraison plus tardive que l'an prochain, en raison de la faillite d'un fournisseur majeur, empêtré dans une affaire de corruption qui a déjà coûté pas moins que la démission du maire de Berlin. 

    Assurément, l'Allemagne bat de nombreux records, mais il faut bien mesurer le prix qu'elle paie pour y parvenir. Sans doute tient-elle incroyablement serrée la dépense publique, mais lorsque c'est le sacrifice du long terme sur le court terme, il y a lieu de s'en inquiéter. J'ai déjà eu l'occasion de signaler ici la parution de livres qui, en Allemagne, tirent la sonnette d'alarme: lire, par exemple, que le classement des universités allemandes est désastreux parce qu'on n'y consacre plus assez d'argent est évidemment préoccupant.

    Le fond du problème est très probablement le notable vieillissement du pays. En clair, les vieux qui sont si nombreux se moquent bien de ce qui pourrait advenir du futur: ils seront morts. On se souvient peut-être que, lors des dernières élections législatives qui avaient offert un nouveau bail à Angela Merkel, l'unanimité des observateurs annonçait cette victoire en raison précisément de cet âge moyen. "Les vieux n'aiment pas que ça change, disaient-ils, donc Angela Merkel sera réélue". Petit rappel qui donne une mesure de la violence des chiffres: le taux de fécondité de l'Allemagne est de 1,43 enfants par femme ce qui implique qu'on est très loin de pouvoir renouveler la population. D'où, du reste, une politique migratoire étonnamment favorable pour un gouvernement conservateur. 13, 5% de la population a moins de 15 ans, tandis que 20% ont plus de 60. Tout est là.

    Or, il résulte de cela des phénomènes très préoccupants: Il est notoire que ce sont les populations jeunes qui dépensent le plus, par comparaison avec les plus âgées (d'où la fameuse "ménagère de moins de cinquante ans"). Cela veut donc dire que le dynamisme économique du pays ne peut fonctionner que sous réserve d'écouler ailleurs les productions nationales. Il n'y a pas grand chose à attendre d'un marché intérieur. Les "vieux" tiennent le porte-monnaie fermé.

    La vraie force de l'Allemagne (et la faiblesse de la France) est celle de ses PME. Son modèle de développement ne repose pas sur des monstres. Mais le pays ne peut éternellement sacrifier ce qui le structure: routes, ports, etc. Son obsession des grands équilibres des dépenses publiques est une vision court-termiste. Et, on est là en présence d'une orientation qui ne va pas se modifier en 6 mois. Or si l'Allemagne sombre lentement, alors l'Europe y passera.


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