• Les USA perdent toutes les guerres qu'ils entreprennent

    Les USA perdent toutes les guerres qu'ils entreprennentLa situation en Syrie, l'intervention russe nous font perdre de la hauteur, une hauteur bien nécessaire. L'affaire nous met devant des réalités crues qui nous imposent de beaucoup repenser. Depuis le Viet-Nam, les USA ont perdu tous leurs engagements militaires. Nous restons évidemment - et légitimement- sur le souvenir de leur formidable capacité de mobilisation de la deuxième guerre mondiale. Nous restons aussi sur le souvenir des formidables moyens qui furent - en vain- déployés au Viet-Nam (mais nous oublions la piteuse défaite). Il est hautement vraisemblable que lorsque, fort inélégamment, Obama laissa tomber Hollande, il y a deux ans,  dans sa proposition d'intervenir directement en Syrie, c'était parce qu'il connaissait bien les nouvelles réalités de ses propres possibilités. Il est bien connu que la France a été discrètement rétrogradée, sur le plan économique au rang de moyenne puissance. Eh bien les Etats-Unis, non pas sur le plan des matériels et des hommes, mais sur le plan des nouvelles pratiques des conflits, sont, eux-aussi, en train d'être rétrogradés. Gendarmes du monde c'est terminé.

    Depuis ces guerres, en effet, et dès l'engagement même des combats, on a bien vu que le formidable arsenal américain ne suffisait plus. Les situations de terrain n'appellent plus ce mode là d'engagement mais sont dominées par ce que les tacticiens appellent des conflits dissymétriques: le plus fort n'est pas forcément celui qu'on croit. Et les Russes, grands perdants déjà de la guerre d'Afghanistan ( mais la première), feraient bien d'y réfléchir lorsqu'ils la jouent, comme en ce moment, "à l'américaine" en Syrie: engagement déterminé et massif, point de troupes au sol, mythe de la guerre à distance. La nature des affrontements qui dominent de nos jours, avec chez l'adversaire  des petits groupes très souples, déterminés, des hiérarchies incertaines, des autonomies très grandes, laisse les puissantes escadrilles impuissantes. Elles font des dégâts terrifiants, mais ont des effets très maigres. Ils faut aller tuer au corps à corps dans une effusion de sang terrible. C'est ça ou rien.

    Je suis un peu sidéré de l'enthousiasme facile d'un certain nombre d'intervenants dans le débat public qui se disent convaincus que les Russes viennent de régler l'affaire. Et, pour emporter le morceau, ils prennent des allures de ceux à qui on ne la fait pas et qui connaissent la martingale. Ces propos sont d'une imprudence folle. Les combats qui viendront inévitablement devront être au sol, seront hors de toutes les lois de la guerre et nous laisseront un souvenir d'horreurs. Rappelons à ceux qui n'ont pas de mémoire que, lorsque les Américains sont intervenus en Irak, dans les premiers jours, quelques hommes politiques français qui leurs sont usuellement inféodés ont couru les plateaux de télé pour dire, à la manière d'Alain Madelin,  que la France, par son attitude, serait absente au moment où les Irakiens applaudiraient le long des routes les armées libératrices. On a vu ce qu'il en a été. Si on pouvait arrêter les conneries de ce genre...

    Plus généralement, nous ferions bien d'acter que les anciennes grandes puissances, particulièrement les États-Unis, ne sont plus à la hauteur. La puissance objective de terrain est du côté de celui qui, pourtant, apparaît comme le petit, le faible, celui qui a le moins d'armes. Mais il a la plus grande souplesse, la meilleure connaissance du terrain... et la plus grande cruauté.


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