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Par gervanne le 1 Septembre 2015 à 12:59
On va croire que je galère. Eh ben pas tant que ça . Les Russes qui disposent d'un capital de gènes de mammouths assez notable du fait de la découverte de certains d'entre eux dans le permafrost sibérien viennent de créer un laboratoire en Sibérie dans le but d'utiliser l'ADN récupéré pour en faire un clone.
Le labo sera à Yakutsk en Sibérie, paraît-il la ville la plus froide du monde, et bénéficiera d'une collaboration avec les Chinois et les Coréens. A la fin des fins, pour faire quoi? Réinventer Hannibal et faire charger les Ukrainiens par des mammouths russes?
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Par gervanne le 11 Août 2015 à 13:27
Une leçon de modestie n'a jamais fait de mal à personne. N'empêche qu'il s'en trouve qui sont cuisantes. Du moins, celle dont je vais parler est post mortem. Comme l'on sait l'un des personnages notables de la Recherche du Temps Perdu est la Duchesse de Guermantes qui, dans la réalité, était, assez largement, la comtesse Grefulhe, femme du monde brillantissime, dont une exquise biographie signée Laure Hillerin vient de paraître. Le texte, incroyablement documenté, est porté par un style enlevé. Franchement, c'est à lire.
La comtesse Grefulhe fut tout à la fois, au tournant du XIX° et du XX° siècle, une prodigieuse organisatrice de concerts, une entremetteuse en politique, y compris auprès des têtes couronnées européennes (on a dit que l'Entente cordiale s'est nouée dans ses salons), elle a joué de ses relations pour servir des scientifiques comme Branly et Marie Curie. S'agissant du premier, Laure Hillerin que j'interviewais l'autre jour, me disait qu'il fit des essais de téléphonie... en présence de Marcel Proust.
LE PETIT MARCEL.- Le petit Marcel était fou d'elle. On raconte qu'avant d'avoir finalement accès à ses salons, il se dissimulait pour la regarder passer. Elle finit par le recevoir abondamment et commença à s'intéresser à lui lorsqu'il reçut le Goncourt en 1919 pour À l'ombre des jeunes filles en fleurs.
Lui qui se consumait plus ou moins secrètement pour elle ne manqua évidemment jamais de lui envoyer sa production. Mais on a hélas une preuve accablante qu'elle ne l'a quasiment jamais lu par le fait qu'on a retrouvé de ses exemplaires des livres de Proust dont les pages avaient à peine été découpées... Et on lui prête cette phrase terrible: "J'ai entendu dire que M. Proust avait écrit des mémoires"...
On me dira qu'en matière d'humiliation Marcel Proust avait durement commencé puisque, comme l'on sait, il commença par publier à compte d'auteur.
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Par gervanne le 26 Octobre 2014 à 09:04
Conversation avec un éditeur autour d'une tasse de café. Il me confirme une information que j'avais: les éditeurs doivent payer les grandes surfaces du livre pour avoir leurs ouvrages bien exposés dans certains lieux favorables du point de vente. Un de mes amis vient de publier un livre en Pologne: même histoire. Conséquence: les petits éditeurs ne peuvent défendre leurs textes à armes égales. Mais d'un autre côté, comme même les gros éditeurs doivent pouvoir rentrer dans les frais de ce racket des librairies à grande surface, il faut qu'ils soient assurés d'une grande vente. Donc finis les textes compliqués, adieu les nouveaux venus. Il faut du standard, du confirmé. Parce que tout le monde est pris dans un engrenage dément. L'éditeur qui veut s'assurer d'une large diffusion va devoir envoyer un grand nombre d'exemplaires à travers les points de vente. Ca ne veut pas dire qu'il va les vendre. Et neuf mois plus tard, il risque de retrouver avec un gros montant d'invendus qu'il va falloir financièrement restituer aux libraires qui retournent ces volumes. D'où des maisons qui, ayant un jour tenté l'aventure de la vente massive, se retrouvent subitement à genoux parce qu'elles ont fait un bide sur quelques titres avec un coefficient multiplicateur de dépenses beaucoup plus élevé puisqu'on aura largement arrosé dans le pays, largement payé les gros libraires. Du reste, beaucoup de vraies bonnes affaires viennent de livres qui ont peut-être perdu de l'argent à la vente en librairie, mais dont les droits ont été rachetés par des compagnies de cinéma pour une adaptation.
L'ENFER DE L'IMMOBILIER.-Mais les gros libraires eux-mêmes ne peuvent justifier ces pratiques que pour une raison paradoxale. Il faut qu'ils offrent un volume considérable de propositions d'achats - ici de livres- pour qu'ils représentent une raison tentante de s'y rendre. En une seule surface, on a une variété inouïe de propositions. Mais pour que ça marche, il faut que ce soit en plein enfer immobilier, là où ça coûte le plus cher: en plein centre des villes. D'où des frais exceptionnels - la fermeture des Virgin est éloquente- qui les rendent totalement dépendant de leurs banques. Une petite chute des ventes et c'est le drame. Ce sont des monstres, mais des monstres fragiles. Il existait à Lyon, sur la place principale de la ville, la place Bellecour, deux belles librairies: l'une que l'on appelait Flammarion même si elle n'appartenait plus depuis longtemps à l'éditeur, l'autre était le prolongement de la fameuse librairie Decitre qui tient son nom d'une famille. Les deux qui étaient de vastes surfaces - particulièrement la première- ont disparu. Il ne reste plus de Decitre que son établissement d'origine sur la même place.
Je cite le ministère français de la culture: "Le nombre total de lieux de vente du livre (librairies, grandes surfaces culturelles, hypermarchés, supermarchés et magasins populaires) se situe en France autour de 20 000 à 25 000. Sur ce total, 15 000 ont une activité véritablement régulière de vente de livres et seuls 3 500 à 4 500 d’entre eux exercent cette activité à titre principal. (...) Si les librairies les plus importantes se trouvaient généralement dans une position plus favorable, la situation est devenue préoccupante à partir de 2009 pour les petites librairies de proximité et a tendance à s'accentuer fortement depuis 2011 pour toutes les librairies. Le poids des réseaux de librairie sur le marché du livre et en particulier celui du réseau des librairies de 2e niveau a en effet connu une érosion régulière depuis le milieu des années 1990, conséquence directe du développement des réseaux de grandes surfaces spécialisées ou alimentaires, puis, dans la période récente, des ventes par internet, qui connaissent depuis plusieurs années des taux de croissance à deux chiffres." Au demeurant, il faut signaler les très mauvaises performances boursières d'Amazon qui tiennent à ce que les investisseurs ne croient pas- probablement sur la base de bonnes informations- à sa volonté vendre tout et n'importe quoi. Or, il faut se demander pourquoi Amazon fait ce pari un peu fou. Est-il si sûr qu'il amortisse son gigantesque système uniquement sur le livre?
VENDRE? MAIS OU? Par ailleurs, la presse et le livre vivent en commun une tragédie dont le public n'a pas une juste mesure: l'importance des fermetures de point de vente. Le phénomène est massif. Chaque fois que le béton avance la presse recule. Et de même pour la librairie. On a déjà pu comprendre cela en observant, dans les grands points de vente (FNAC), combien les lieux d'exposition du livre passaient dans des étages lointains. Dans mon petit pays, Crest, la FNAC va pourtant ouvrir pour la deuxième fois en France, dans une petite ville. On devine que c'est une expérimentation pour rattraper peut-être des clients.
Quoi qu'il en soit chacun comprend qu'on ne peut vendre des voitures sans concessionnaire. Eh bien pour livres et journaux c'est pareil. Je note que la Pologne a une intéressante pratique, du moins à Varsovie, de cafés-librairies. Je serais intéressé de savoir s'ils équilibrent mieux. Du reste, je note que la Gazeta Wyborcza, l'équivalent du Monde à Varsovie a un vaste lieu de réception, un café + les locaux de sa radio. Or, il semble que ce soit bien le projet du nouveau patron de Libération de reconsidérer la fonction même du lieu du journal.
S'ajoute le phénomène majeur de la baisse de la lecture en tant que pratique culturelle. En 2013, les Français ont lu, en moyenne, quinze livres, contre seize en 2011. La "net génération", née après 1980, lit de moins en moins, attirée par d'autres supports et d'autres modes d'expression (vidéo). Et je ne dis rien de l'effondrement de la presse papier qui est massif, international et sans équivalent antérieur.
ACCABLANT.- Bien sûr, il y a la posture du marginal. Marginal de l'édition qui est extrêmement difficile compte tenu de l'absolue dépendance des réseaux de libraires, les ventes en ligne directes étant très faibles. Marginal de la librairie, dont il existe quelques heureux exemples, notamment dans mon petit pays drômois. Mais au total on voit bien combien la mécanique ici décrite conduit à des pensées et des écrits stéréotypés et, finalement, à un abaissement lent de l'imaginaire collectif. Il est accablant que les livres de Mme. Trierweiler et de M. Zémour arrivent au niveau de domination du marché que nous voyons. Si tout le monde lit le même genre de livres, on est devant le grignotement de la pensée libre et originale. Le passé ne fut pas toujours tout rose. La recherche du temps perdu de Marcel Proust a été d'abord publiée à compte d'auteur...
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Par gervanne le 11 Octobre 2014 à 14:43
Je suis en train de lire un énorme pavé qui est plein d'enseignements pour aujourd'hui. Il s'agit de Une passion républicaine, protestantisme, républicanisme et laïcité dans la Drôme de Jean-Paul Augier. Ca concerne la période 1892- 1918 et ce qui est intéressant c'est qu'on y voit comment tous les arguments pour haïr une communauté sont toujours les mêmes. Les protestants sont soupçonnés, dans cette période où nous cherchons à contrôler Madagascar, d'être des agents de nos concurrents anglais de l'époque, via les pasteurs. C'est la thèse qui reservira contre les juifs, "pas vraiment français" et aujourd'hui contre les musulmans supposés au service des puissances du Golfe ou d'Algérie ou du Maroc. Les protestants sont accusés tout contrôler. Je ne prends même pas la peine de détailler ici ce que ça s'est appliqué aux juifs dans l'entre-deux guerres.
Bref, on trouve là cette constance dans les arguments de la haine que reprend actuellement avec acharnement (et un rare sens du marketing) un Éric Zemmour. Mais, on voit bien aussi ce qui est à l'oeuvre alors et aujourd'hui qui permet à ces arguments de fonctionner: le sentiment du déclassement. Effectivement, les catholiques drômois ne sont plus seuls. Effectivement, ils ne sont plus les maîtres. Effectivement, le parti radical est très protestant. Effectivement, la mise hors jeu longtemps du protestantisme l'a poussé par la suite vers la franc-maçonnerie. Et personne n'aime partager. C'est une loi de toute éternité. Mais lorsqu'on lit, sous la plume de Jean-Paul Augier, les hectomètres-cubes d'âneries et de diffamation que cela a conduit à proférer, on est accablé.
Et, comme trop souvent, on voit les victimes- ici les protestants- réutiliser à leur tour les arguments honteux qu'on leur avait opposés. Il advint ainsi au tout début du XX°, à Saillans qu'on eût besoin, pour les funérailles d'un libre-penseur de la civière des protestants très puissants localement. "Ah mais non," dirent-ils, "rien pour les athées". Comme on dit, par l'un pour relever l'autre.
Surtout qu'on voit bien que pas le moindre de ces arguments n'a supporté le passage du temps. Il n'y a pas le moindre historien catholique, juif, musulman qui pourrait accorder le plus petit crédit à une seule de ces assertions. Peu importe: elles ont servi à mobiliser les esprits de ces temps-là. Il faut s'en souvenir aujourd'hui.
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Par gervanne le 6 Octobre 2014 à 17:28
Je suis en train de mener une enquête sur la pébrine, cette saleté de maladie qui, en gros entre 1850 et 1890, a dévasté ce que l'on appelait les "élevages" de vers à soie, laissant sur les carreau des milliers de petites gens. Il se trouve, en effet, que partout et toujours cette activité a été concentrée dans les populations les plus pauvres des régions les plus pauvres. Comme ça, c'est simple à retenir. Au surplus, comble absolu, c'était une activité, dans les fermes, essentiellement conduite par les femmes. Les femmes des pauvres dans les régions pauvres, c'est une manière de superlatif dans le superlatif.
J'ai commencé par jeter un coup d'oeil à toutes les documentations existantes. Des hectomètres cubes de traités vétérinaires, des textes de lois, des déclarations de députés, etc. Ayant eu la chance de réaliser une série de documentaires télévisés sur la soie à la fin des années 90, j'ai un assez grand nombre d'informateurs de qualité. Je les ai sollicités. Tous sont d'accord. Autant on sait énormément de choses sur l'économie de la soie, sur celle-même en termes généraux des éleveurs, sur tous les aspects biologiques (encore qu'on débat encore de ce qu'est la pébrine), autant, on ne trouve rien, rien, rien, rigoureusement que dalle, sur ce que fut dans une famille, dans un hameau, voire dans un village, l'effondrement de cette activité. Or, ce fut, en terme de catastrophe, autant au moins que la disparition de la sidérurgie lorraine. Il faut songer que c'était la seule qui ramenait de l'argent liquide. Alors ça! les journaux de l'époque ont tartiné sur les déclarations de députés, de ministres, de scientifiques. Mais sur les pauvres types qui étaient ruinés, rien. Je cherche même dans la littérature. Je crois qu'il y a "Soie" d'Alessandro Baricco et Françoise Brun que je viens de commander. (Gag: je l'ai commandé pour... un centime chez Amazon avec 2,90 euros de port....).
S'ILS LE FAISAIENT EXPRÈS...- Il y a longtemps qu'on sait que l'Histoire tend à être faite à partir des puissants, mais je croyais qu'on avait fait des progrès. Faut dire: ces cons, en plus, ils étaient protestants alors que les soyeux lyonnais étaient catholiques. Évidemment, s'ils le faisaient exprès... Au passage: qui sont aujourd'hui nos éleveurs de vers à soie? Je veux dire ceux qui sont rayés de la carte?
Je suis donc à la recherche de tout récit familial, de toute correspondance, de tout insignifiant bulletin local où on parle d'autres choses que des tonnages, des montants de subventions, des interpellation à la Chambre. Bref, où, pour une fois, on parle des hommes (enfin des femmes...). Contact: jacques.mouriquand@wanadoo.fr
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Par gervanne le 17 Septembre 2014 à 22:24
Je dois dire que je conçois un immense écoeurement devant l'effondrement du niveau du débat actuellement. Le Hollande bashing a atteint un niveau vomitif. Le problème n'est certes pas qu'on critique une politique éminemment incertaine. J'ai eu l'occasion d'écrire avant la présidentielle que la gauche, alors, avait intérêt à perdre cette élection car l'immensité des problèmes ne pouvait que la faire échouer. Ce qui est en train d'arriver. Pour autant, dès lors qu'elle est aux affaires, elle est évidemment critiquable. Le problème est que ce débat doit être digne de nous. Je suis effondré de lire les termes que des professeurs d'université, des experts, non pas des petites frappes du monde politique peuvent utiliser par rapport à Hollande et aux siens. Il est évident que les pitoyables épisodes Thévenoud ou Trierweiler jettent une lumière terrible. Mais le jour même où ils se sont produits nous savions que dans cinq ans ils seraient oubliés. La question de la politique qui a aujourd'hui été menée pourra, peut-être, valoir encore un débat savant dans cinq ans. C'est du fond, du sérieux. Mais Trierweiler! Lui avoir accordé plus de 48 heures est un pur scandale.
MERDE.- J'ai une hargne particulière à l'encontre de son éditeur, Les Arènes et singulièrement son patron Laurent Beccaria. Ma hargne est à la mesure de ma déception. Laurent Beccaria a contribué au succès de ce remarquable périodique qu'est La revue XXI. Un succès obtenu par vents contraires, sur un modèle économique tout nouveau, sur l'unique pari d'une qualité haut placée. Et c'est le même qui publie la merde de Trierweiler! C'est Le Monde rachetant Closer, la revue Etudes se lançant dans le porno! Je sais bien que les éditeurs ont besoin de vivre. Les éditions du Cerf spécialisées dans le livre chrétien (elles viennent de publier Michael Lonsdale sur Péguy, par exemple, à côté de diverses éditions de la Bible) sortent ces jours-ci cent pages, tout rond et en gros caractères, de... Hervé Mariton. Je ne peux pas ne pas croire qu'il n'y ait là quelque arrangement... Et je ne suis pas sûr que cet arrangement soit avec le Seigneur.
CRAPOTEUX.- Reste l'essentiel. Le niveau actuel du débat nous salit tous. J'ai honte pour ceux qui le mènent. Je n'ai jamais été dupe, dès le début du mandat de Hollande, d'un ensemble d'attaques remarquablement viles, dont je ne crois pas qu'elles aient été fortuites. Je ne les impute pas à des opposants officiels et patentés auxquels, bien sûr, je reconnais ce droit. Sarko a eu le même sort, c'est de bonne guerre. Je pense à des officines. Un des lieux où j'y ai personnellement été le plus sensible est l'équipe de Yahoo Actualités qui, outre qu'elle donne un titre sur deux sur les fesses des vedettes, a réinventé le crapoteux à un rare degré. Tout cela nous rabaisse. Je n'ai pas envie de participer à un débat où il est question de savoir comment se comporte le président aux toilettes.
Je veux dire ici aussi fort que possible que je sais pertinemment qu'on me manipule, que tout ceci est une construction, une fabrication. Et que le public en est de moins en moins dupe.
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