• Le mal aimé

    Le mal aiméComme beaucoup le savent, je ne suis pas précisément le modèle de la groupie du député de ma circonscription, Hervé Mariton. Et je ne crois pas qu'il me porte beaucoup dans son coeur, certaines de mes fonctions antérieures m'ayant un peu exposé, mais tout le monde s'en moque. Je n'en suis que plus à l'aise pour trouver extrêmement intriguant le fait que sa candidature à la présidence de l'UMP soit passée en fond de page 4 dans la plupart des journaux, lorsque celles de tous les autres leur valait les plateaux de télévision. Une indiscrétion m'a fait savoir que lui-même pensait ainsi. Je m'amuse de voir que, dans un papier du Monde consacré aux réactions à l'affaire du financement de l'UMP, un passage est consacré aux "indépendants" dans l'affrontement Copé-Fillon, il n'est tout simplement pas cité. Il n'existe pas. Ceci ne fait que confirmer une intuition ancienne que j'ai: son problème, ce ne sont pas ses adversaires, ce sont ses amis. Il était impossible de ne pas relever, le jour de sa candidature, le qualificatif vachard de "moine-soldat" (expression pertinente) qui lui a été visiblement attribué par un ses propres collègues de parti, je crois dans Le Monde.

    mariton portrait très reserré pour blogAu moment de la campagne municipale où il a écrasé tous ses adversaires, il a fait une remarque incidente lors d'un entretien au Crestois, selon laquelle "certains ne m'aiment pas". Bien vu même si je soupçonne qu'en l'espèce il ne visait pas ses collègues de parti mais des gens comme moi qui se refusent à lui donner des marques de révérence.

    Mon sentiment est qu'on est en présence d'un personnage assez étonnant: le modèle premier de la classe dont les filles rigolent. Premier de la classe, c'est sûr: des diplômes par dessus la tête, bûcheur, attentif aux détails du quotidien. Pour l'exaspération d'une partie de la gauche locale, je déplore depuis longtemps qu'elle n'ait pas pris acte suffisamment de cela. Ca me vaut quelques solides inimitiés. Mais, à côté de cela, il lui manque le "nack", une forme de séduction, le truc qui provoque la sympathie. Mariton est un réac urbain, très bien élevé, provocateur, éventuellement courageux. Sa récente prise de position concernant le dépassement des limites du financement autorisé lors de la dernière présidentielle est juste et bienvenue. (Voir ci dessous). Sa constance, par la suite, dans des positions anti-sarkozystes doit lui être créditée.

     


     

    Le mal aiméMais on voit qu'il campe sur des positions radicales pour marquer une sorte de rejet de tous les autres. Ces autres qui ne le reconnaissent pas. J'ai le fort soupçon que sa passion subite pour la famille a un rapport direct avec la judicieuse intuition qu'il a eue que ses anciennes positions ultra-libérales avaient pris l'eau avec la grande crise et qu'il fallait un autre thème. Et, bien sûr, qui est contre la famille? J'aurais alors aimé que la gauche, au lieu de l'attaquer sur de supposées positions anti-pédé, dont je ne le soupçonne pas, montre bien l'opportunisme du virage. 

    faites-sauter---_Mise-en-page-1.jpgSes récentes proclamations d'amitié pour le centre m'ont dérouté. Ca n'est pas le fond du personnage. Il s'est toujours revendiqué d'une droite ferme peu compatible avec le centre.J'ai même le soupçon qu'il le méprise pour son côté "eau tiède"

    Le mal aiméLe fait est, pour revenir à mon sujet, que ses copains de parti, eux, ne s'y sont pas trompés. On sait combien ils furent vigilants par rapport à la "Manif pour tous" parce qu'ils voyaient bien que se profilaient au delà les composantes du Printemps Français. Et là on est dans de la haine à l'état pur.

    Je ne partage de loin pas les idées de Mariton, mais le côté électron libre me plait. Si, comme beaucoup l'affirment, sa position est de contribuer à barrer la route à Sarkozy, je trouve ça très bien. Ils n'incarnent pas la même droite. Sarko, c'est la droite du bazar, du fric facile*, des chouettes nanas, mais il n'y a rien dedans. Mariton, ça n'est pas la droite du fric. C'est la droite d'une certaine rigidité sur les moeurs, assez fondamentalement féodale - il se voit comme le seigneur de son territoire. Une anecdote me revient: une petite cérémonie eut lieu un jour à Beaufort sur Gervanne pour une occasion que j'ai oubliée. Un usage protocolaire veut, parait-il, que l'on ne s'exprime jamais après le sous-préfet, représentant de l'État. Par un hasard, du au désordre de l'instant, le maire passa la parole directement au sous-préfet, privant Mariton de la possibilité de prononcer son discours. Il est entré dans une incroyable fureur. L'expérience m'a montré que les féodaux sont partout. J'ai eu à connaître de Louis Mermaz: je ne sais pas bien entre les deux lequel était le pire.

    Trêve de diversions: leLe mal aimés pires ennemis de Mariton sont chez les siens qui ont de vrais réseaux, qui savent la part d'opportunisme dont il faudra bien jouer une fois qu'on sera au pouvoir. Le Canard Enchaîné m'apprend qu'un autre candidat à la présidence de l'UMP, Bruno Le Maire,  est passé pour sa propagande personnelle à la caisse de Bygmalion. Mais ceci n'a rien à voir... 

    Mariton est pour ce qui le concerne dans une radicalité qui est malheureusement totalement improductive. Il a été, quelques semaines, sous Villepin, secrétaire d'État à l'Outre-Mer. On se retient pour ne pas en rire. S'il a de la chance, il sera après demain, ministre de la famille. A condition, encore, que Sarko ne soit pas président: ce n'est pas gagné.

     

     


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