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"Je peux payer tout de suite, si vous voulez"
"Merci Monsieur le Président. Je peux payer tout de suite si vous voulez". C'est donc comme ça que s'est terminée l'audience qui se déroulait devant un tribunal où l'on poursuivait ce malheureux qui se faisait passer pour un journaliste de France Culture et allait de festival en festival, se faisant parfois inviter, mais toujours dans de petits hôtels et voyageant toujours en 2° classe. Ce garçon, à part ça diplômé, était seul dans la vie et se regonflait en interviewant ses vedettes. Quelle drôle d'idée au passage de s'être fait passer pour un journaliste de France Culture! Pour rencontrer Johnny, ce n'est peut-être pas génial. Mais ça prouve qu'il a bon goût. Le plus drôle est qu'il a bel et bien fait des interviewes et qu'il se les repassaient pour se faire plaisir.
Si je comprends bien les compte-rendus de presse, il y a eu à peu près unanimité de tous les intervenants de la justice pour y aller mollo, Radio France se plaignant seulement du "dégât d'image" qui consiste à donner à entendre que les journalistes font payer leur hébergement et leurs trajets pour des festivals. Pour le moment, il s'en tire avec une somme raisonnable, d'où la citation.
ABANDON DES POURSUITES.- Moi, je serais pour l'abandon des poursuites en échange de ce qu'il remette ses enregistrements à Radio France et que celle-ci les diffuse. Parce que ça doit être assez intéressant, surtout de la part de ce personnage là, apparemment malheureux et qui trouvait son bonheur dans la fréquentation de Alain Souchon, Laurent Voulzy, Julien Clerc, Maxime Le Forestier, de voir si ça se sent dans son questionnement auprès d'eux.
Je suis journaliste - je n'ai d'ailleurs plus la carte parce que je n'ai jamais demandé son renouvellement- mais je dois dire que je me moque éperdument d'un éventuel monopole qui serait réservé à des gens comme moi. Il est notoire que des écrivains ont cent fois mieux dépeint le réel que des journalistes. Emmanuel Carrère n'est pas, à ma connaissance, journaliste - du moins encarté- et il décrit magnifiquement le réel.
En revanche, je suis définitivement opposé à l'idée que n'importe qui pourrait faire du journalisme. Et, à mon grand regret, cette idée est dominante. Le net fourmille d'écrits consternants, de pratiques insupportables de gens qui s'autoproclament journalistes considérant que toutes les pratiques sont acceptables au nom de ce qu'ils intitulent "liberté de la presse" et qui est "sauvagerie de la presse". Le comble absolu étant que certains appellent ces merdes du "journalisme citoyen". Une des pires épreuves à les lire est leur manque de considération pour la langue et, en définitive, pour le lecteur.
De la même manière, je suis définitivement opposé à cette espèce de dégoût snob qui voudrait signifier que tous les journalistes sont des misérables, que la presse comme un tout est une merde. Je ne pardonne pas à Mélenchon ses sorties contre les médias EN GÉNÉRAL qui ne sont que des postures pour s'attirer un public qui a envie qu'on allume un bûcher. On est bien d'accord que j'accepte volontiers la critique, pas la pose. Car ce sont alors des commodités langagières, des facilités de fin de banquet. Plutôt que d'écrire un bouquin intitulé "Qu'ils s'en aillent tous" - ça ne s'invente pas, il l'a fait- qu'il nous ponde donc "L'adversaire" (Emmanuel Carrère). De l'un je n'accepte pas les leçons, de l'autre oui. Du reste, l'autre, comme par hasard, n'en donne pas.
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