• Et si les pétroliers devenaient pauvres?

    Et si les pétroliers devenaient pauvres?En fait, cette histoire de baisse des prix du pétrole, traitée, par exemple ici, prend un peu tout le monde à rebrousse-poil. Parce que c'est la logique même du système qui est prise en défaut.

    Logiquement, le plus gros producteur mondial, l'Arabie Saoudite, qui voit les prix de sa principale source de revenus s'effondrer (dans un premier temps du fait du ralentissement de l'économie) aurait eu tout intérêt à réduire sa production pour déclencher un effet de rareté qui aurait fait remonter les cours. C'est le raisonnement de court terme habituel.

    Mais voilà, elle fait le choix inverse parce qu'elle veut torpiller les gaz de schiste de ses très chers alliés nord-américains. Voir ici.

    En d'autres termes, l'Arabie Saoudite fait le choix du long terme contre le court terme. Son intérêt à long terme étant évidemment de conserver sa position prééminente, tandis que les gaz de schiste américains ne commencent à être rentables qu'autour de 80 $ le baril. Accessoirement, elle n'est probablement pas mécontente d'embarrasser la Russie qu'indirectement elle combat en Syrie puisqu'elle soutient les djihadistes tandis que la Russie soutient Assad.

    Soyons juste: il existe une autre thèse décrite par cette vidéo: celle selon laquelle Saoudiens et Russes seraient objectivement alliés pour défaire les gaz de schiste américains. Ca n'est pas idiot.

    Et si les pétroliers devenaient pauvres?INDÉFECTIBLES?.- Mais il faut bien dire qu'un pétrole cher était le meilleur allié objectif des environnementalistes qui poussent fort logiquement à une préférence pour les énergies vertes. Or, elles sont encore plus chères que les gaz de schiste (et de beaucoup). Donc, on va trouver les écolos dans une alliance paradoxale avec les producteurs de gaz de schiste qui ont tout intérêt à ce que les cours remontent pour qu'ils puissent rentabiliser leurs installations aux États-Unis. Accessoirement, on observera ici que le fait d'être d'indéfectibles alliés n'empêche pas les coups tordus.

    Évidemment, c'est un très mauvais coup pour les industries pétrolières... dans lesquelles bon nombre de fortunes de pétroliers sont partiellement investies. Le géant Rossneft, russe, annonce le licenciement d'ici deux ans, d'un quart de ses effectifs. L'américain Halliburton le fera  également. ON craint beaucoup pour les petites entreprises sous traitantes qui sont nombreuses. Mais c'est aussi un coup terrible pour certains pays comme l'Algérie (où les grands équilibres budgétaires étaient calculés à 80 voire 100 dollars le baril), le Venezuela qui va déjà très mal.

    Et là, soudain, on vire dans le cauchemar parce que si l'Algérie - qui n'a tenu socialement jusqu'ici que parce que le gouvernement inonde de subventions un petit peuple sans vraie économie solide- ça fera un sacré pétard. Et ça fera du pétard jusque chez nous car si des désordres en Algérie déclenchent des flux migratoires, l'Europe sera la première concernée. Si la Russie craque qui est en situation plus que précaire parce qu'elle est, elle-aussi, dépourvue d'une économie diversifiée, ça fera encore un drôle de bruit.

    Et si les pétroliers devenaient pauvres?PLATEAU.- Naturellement, l'Arabie Saoudite n'est pas seule en cause: le ralentissement de la conjoncture mondiale et en particulier chinoise a une bonne part. Celui du Japon aussi. Par ailleurs, bonne nouvelle, les énergies de remplacement encore très insuffisantes commencent tout de même à percer.

    Il reste qu'instinctivement on se dit que ça ne va pas durer, que ça ne peut pas durer. J'entendais l'autre jour des experts parler d'une fourchette désormais durablement comprise entre 80 et 120 dollars le baril. La question est de savoir combien l'actuel mouvement sensible va durer. S'il dure suffisamment pour provoquer des changements durables dans de grandes nations, on sera bel et bien dans du long terme. Car bien sûr, la vraie question est: combien de temps les producteurs de gaz de schiste, les Russes, les Algériens, les Venezueliens peuvent-ils tenir à perte? Il est rare que cela dure longtemps. Un des gros Et si les pétroliers devenaient pauvres?risques est que les Etats-Unis perdent sensiblement en croissance, dans la mesure où ils sont devenus un des plus gros mondiaux du pétrole. Or, il se trouve que les USA sont ceux qui tirent l'économie mondiale.


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