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Par gervanne le 1 Décembre 2015 à 21:26
En France, c'est du côté de la Manif pour Tous qu'il faut regarder et de Marion Maréchal-Le Pen. En Pologne, c'est du côté du nouveau gouvernement qui a procédé à la prestation de serment à genoux. Un mouvement qui peut avoir des aspects violents est en train de s'emparer du catholicisme pour en faire un mouvement revanchard, sans aucun rapport avec ses fondements doctrinaux véritables. Car ceux dont nous parlons ont de violentes quintes de toux lorsqu'on leur parle du pape François, sans rien dire, bien sûr, de tout ce qui peut être attention à l'Autre dans la doctrine de l'Église. En revanche, un petit fumet d'antisémitisme, là...
Il faut voir d'où cela vient car tout le monde en prend pour son grade. Au milieu des années cinquante, Jean Ousset (photo) crée la Cité Catholique qui a en détestation toute forme de modernisme et particulièrement de libéralisme. Au passage, ceci rend comique le fait que des ultra-libéraux contemporains, façon Mariton, flirtent avec le mouvement. Celui-ci va trouver un réel succès dans la proximité des officiers humiliés par les échecs successifs en Indochine puis en Algérie. Il n'est pas sûr que, sur le coup, on ait bien mesuré les aigreurs qui naissaient alors.
Pour tout ce monde, la France véritable ne peut être que catholique et assurément pas républicaine. Cela va être répandu dans d'innombrables séminaires et colloques, soutenus par des religieux, disciples, notamment d'un prêtre d'origine espagnole, François de Paule Vallet. Il est né en Espagne, a longuement séjourné en Amérique Latine, puis s'est installé à Chabeuil (Drôme) où, sur le modèle de Saint Ignace de Loyola, il institue des "Exercices spirituels" et crée les coopérateurs paroissiaux du Christ Roi. Dans une atmosphère d'exaltation ultra-réactionnaire, le mouvement s'étend, déborde ultérieurement en Suisse, où j'ai eu à rencontrer des témoins qui me parlaient des déséquilibres psychiques - façon secte- de certains des partisans du mouvement.
Des décennies durant, dans un sentiment d'hostilité alentour de la part d'un monde qui affichait une détestation un peu moqueuse du catholicisme, des milieux étroits vont survivre. On paie là, à prix élevé, un anti-catholicisme par dérision qui a fini par blesser beaucoup. Ici ou là, ils trouvaient des relais. Quelques milieux d'extrême droite, comme Patrick Buisson, un temps conseiller de Sarkozy, leur offraient de timides relais. Aujourd'hui c'est tout autre chose: la manif pour tous, via Civitas, est l'émanation de ces groupuscules. Et on a changé d'échelle. Un certains nombre de leurs membres ont pu s'infiltrer dans les candidats Les Républicains aux élections régionales. Des parlementaires, pourtant non catholiques comme Hervé Mariton , ont servi de relais. C'est la revanche des bien-pensants.
A présent, Marion Maréchal Le Pen devient un relais qui a accès au journal de 20 heures. Et, pour le cas où l'on croirait que tout cela n'est que de la petite bière, je suggère fortement d'aller voir (ici) ce qui advient en Pologne lorsqu'un catholicisme hystérique revient au pouvoir. Je redis fortement ici que ceci n'a aucun rapport avec l'immense masse des catholiques, a fortiori pas avec la papauté actuelle. Le problème est qu'il suffit que l'on revendique avec force décibels pour qu'on soit cru.
Les prochaines élections régionales, par exemple à travers un Laurent Wauquiez peu éloigné de ces milieux, vont leur donner des moyens de faire un entrisme encore plus fort. Tout ceci démontre qu'il faut prendre l'histoire au sérieux et cesser de croire que le monde est né il y a quarante-huit heures. Par ailleurs, on serait tout-à-fait intéressé de connaître la vraie nature des liens internationaux de ces mouvements. Par exemple, Civitas qui se revendique explicitement de la filiation de Jean Ousset est mené par un militant d'extrême-droite belge, Alain Escada. On aimerait bien connaître les autres connexions. Avec la Pologne?
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Par gervanne le 19 Novembre 2015 à 07:57
On entend, ces jours-ci, une collection d'âneries - certaines excusables, d'autres non- concernant l'islam qui sont les sous-produits de la conception française de la laïcité. Elle induit, hélas, une méconnaissance grave du fait religieux.
Première idée: il faut contrôler les imams (sous-entendu pour éliminer ou renvoyer chez eux les plus toxiques). C'est une vision totalement catholique du problème, celle au fond que Monsieur le curé a beaucoup d'influence. Oui mais un imam n'est pas Monsieur le Curé. Il n'a pas d'autorité hiérarchique, tout particulièrement pas en milieu sunnite où il n'y a pas de clergé (c'est faux en milieu chiite mais, là, j'ai conscience de virer dans le subtil). Il est certes vrai qu'un imam peut avoir un rayonnement, mais il l'est tout autant que certains imams se font virer de leurs communautés, comme c'est arrivé, il y a quelques années, dans mon petit coin. Les protestants comprennent très bien cela parce que le pasteur est dans la même situation vis-à-vis de sa paroisse que l'imam parmi les siens. Des situations de pasteurs renvoyés par leur conseil presbytéral, ça existe. Il est assez piquant que l'argument qui tend à incendier les imams est généralement prononcé par des ultra-laïcs qui tiennent là un raisonnement à 100% catholique. Le problème auquel nous faisons face est parfois un problème d'imams, mais il est beaucoup plus généralement le problème de personnalités sans le moindre rang officiel qui prennent un ascendant du fait de leur charisme. Les frères Kouachi s'étaient laissés endoctriner par un type qui n'était aucunement imam. C'est ainsi beaucoup plus complexe.
Deuxième idée: les prêches devraient être en français. Bien sûr et dans l'intérêt même des fidèles. Il s'agit pourtant d'une vision totalement chrétienne du problème. De la même manière que l'hébreu est la langue du judaïsme, l'arabe est la langue de l'islam car ces deux religions se voyaient comme celles de peuples particuliers. Elles sont fondées sur cette idée centrale. Le christianisme s'est toujours vu comme une religion mondiale (d'où son nom- catholicos voulant dire universel), utilisant donc successivement les deux langues de ce qui fut "le monde entier" pendant longtemps: d'abord le grec (les premières bibles), puis le latin. Donc demander aux musulmans des prêches en français, ça n'est pas un simple problème technique, c'est un élément central de leur foi. C'est aussi intelligent que de demander au Vatican de renier le dogme de l'Immaculée Conception. On a le droit de trouver que c'est idiot, mais c'est le pilier même d'une croyance. Question accessoire: combien d'officier des ex-renseignements généraux, chargés en principe de la surveillance des lieux confessionnels, parlent arabe?
Chaque fois que de brillants politiciens demandent des prêches en français, ils font une gaffe du type de celle que je viens de dire et font étalage de leur ignorance. C'est à peu près comme si on demandait pourquoi les curés ne sont pas mariés. Moyennant quoi le croyant de base s'estime justement incompris. Si l'on veut avoir de l'influence sur lui, il faut s'y prendre autrement. Je me permets de faire observer que nous venons d'avoir, à l'occasion du synode vatican sur la famille, la démonstration qu'en milieu catholique, on pouvait bien avoir des pressions multiples de la société civile sur la condition des homosexuels, le synode n'en a tenu aucun compte. Pas mieux que l'univers musulman. Alors les donneurs de leçons...
Ah oui, mais c'est dans le Coran. C'est une des nombreuses phrases passe-partout qu'on ne cesse d'entendre sur le mode: "moi, je sais". Elle est ridicule et consternante. On m'excusera d'abord de renvoyer ici aux cinq jours d'entretien que vient de diffuser la Radio Suisse Romande et que j'ai eus avec l'un des meilleurs spécialistes francophones du Coran, François Déroche, professeur au Collège de France. Ensuite, soyons très clair: Le Coran est un texte extrêmement complexe, connu vraiment de bien peu, dont il est certain que l'immense masse des musulmans ne connaît que des bribes, tout comme l'immense masse des chrétiens ne connait que de rarissimes textes de la Bible. Que tel ou tel passage soit pour de bon ou non dans le Coran ne démontre à peu près rien. Signalons que le Coran comporte, en son sein, des injonctions qui en abolissent d'autres. L'exemple le plus célèbre est relatif à la consommation de vin, encouragée ici, interdite là. Autant dire que c'est un vrai jeu de piste. Ajoutons qu'il faut une insigne mauvaise foi pour ne pas prendre ce texte pour ce qu'il est, c'est-à-dire un texte des VII°-VIII° siècles qui, comme tous les autres de ces hautes époques, est totalement inaccessible à des personnes sans formation préalable.
Il est certes vrai qu'un certain nombre d'intellectuels du monde musulman comprennent fort bien la nécessité d'un dépoussiérage de leurs dogmes. Ils font des propositions que nous sommes incapables d'évaluer car seule compte la réception qui en est faite par leurs coreligionnaires. Imaginons une seconde comment nous recevrions les encouragements de bouddhistes à revoir l'idée de l'existence de Jésus. On les enverrait paître! C'est exactement ce à quoi nous nous exposons. Seuls les musulmans réformeront l'islam. Il est sûr aussi que si le niveau culturel moyen des Français en matière de connaissance de toutes les religions, donc de l'islam, était sensiblement supérieur (ce qu'il est dans bien des pays d'Europe parfaitement laïcs), les discussions seraient moins truffées de sottises offensantes, dévalorisantes. Et alors, on pourrait commencer à obtenir un minimum d'écoute. La suffisance satisfaite avec laquelle beaucoup étalent l'immensité de leurs lacunes parce que eux, n'est-ce pas, considèrent que la religion étant du domaine privé, on n'a pas à en parler publiquement, est affligeante.
Il est bien certain que lorsqu'on a affaire à des jeunes gens qui sont déjà des déclassés sociaux, le plus souvent en situation d'échec scolaire et qui ont le sentiment que la seule chose qui leur est absolument propre- leur religion- est regardée avec condescendance par ceux avec qui ils en parlent, ça n'arrange rien.
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Par gervanne le 2 Novembre 2015 à 07:07
Très franchement, je n'ai pas lu Situation française de Pierre Manent, (photo) mais j'ai lu ou entendu toutes les interviewes qu'il donnait. Je lis ici ou là que ce serait un vieux réac - sans doute parce qu'il se proclame catholique- mais je dois dire que le problème qu'il soulève quant à notre nouvelle laïcité est excellent. Par ailleurs, je me retrouve dans cette analyse: "le problème le plus alarmant qui assiège la France et l'Europe, c'est une désorientation générale, une impuissance croissante à penser et à vouloir un projet commun. L'irruption de l'islam révèle ce problème, l'aggrave sans doute, mais cette désorientation existe indépendamment de l'islam". Je renvoie d'ailleurs ici à une fort intéressante tribune d'Adenour Bidar.
Nous avons, en effet, sans le dire, fait évoluer le concept de laïcité, probablement même sans intention de le faire et la situation à laquelle nous sommes arrivés est dangereuse.
Nous en sommes arrivés à dire, en effet, que la religion ne devrait purement et simplement pas exister ce qui est une manière d'apologie de l'ignorance que je ne peux pas accepter. Depuis la nuit des temps, tous les scientifiques nous le confirment, des pratiques religieuses ont existé dans l'humanité. Ceux qui ont eu la chance d'avoir des conversations avec des éléments pourtant progressistes de nombreuses autres nations, par exemple européennes, leur ont vu ouvrir de grands yeux face à notre supposé "modèle". Et on peut entendre du grand n'importe quoi: je lisais l'autre jour Céline Pina dire à la fois quelque chose de très juste, c'est-à-dire que des imams "veulent créer une société de contraintes sans aucune dimension spirituelle", mais ajouter un peu plus loin que "le politique a aussi une dimension spirituelle". Sur le deuxième point, fermement non. On a pu souhaiter - et bien sûr j'en suis totalement d'accord- qu'on confine les religions dans des espaces restreints, que l'État n'obéisse pas à l'Église, que l'éducation relève de l'État. Excellent. Mais feindre que la religion n'existerait pas ou rêver qu'à la pousser dans un angle on la ferait disparaître est une ânerie. Nier que des siècles de notre histoire ont été marqués par la religion dominante est affolant. Je me demande bien comment feraient les historiens de l'art s'ils devaient se soumettre à ces sottises.
Ceci a généré une situation très préoccupante lorsque c'est l'islam qui est venu nous rappeler qu'on était dans l'erreur. Nous avons eu - du moins les laïcistes hystériques- le sentiment de redécouvrir le religieux et d'être en quelque sorte insultés par ce qui apparaissait comme un surgissement intolérable. Nous eussions été mieux équipés pour faire face si nous n'avions pas entretenu cette idée que nous avions atteint le nirvana parce que nous avions - prétendument, mais pas en fait - supprimé la religion.
Pierre Manent propose une solution provocante: faire un certain nombre de concessions à l'islam en l'échange d'une adhésion absolue à la république et d'un rejet total du communautarisme. En Angleterre, cette proposition pourrait fonctionner - et, du reste, fonctionne. Je n'y crois pas chez nous, en raison précisément de la construction bizarre que nous avons faite. Dans l'idéal, il faudrait que notre conception de la laïcité évolue lentement, simultanément à une évolution plus républicaine de l'islam. En pure théorie, on pourrait l'imaginer, mais je ne crois pas à la capacité des doctrinaires ultra des deux bords de passer des compromis. Donc, c'est triste à dire, il n'y a pas de solution.
Et, au passage, je trouve assez typique d'une pathologie nationale inquiétante que l'on ne puisse entendre un argumentaire sous prétexte qu'il provient d'une personnalité de tel ou tel bord. J'entends bien sûr parfaitement qu'on le fasse avec Zemmour qui est dans le mouvement de menton, mais pour une fois qu'on a un penseur de droite qui soulève un bon problème, on ne va pas s'en priver. J'avais eu ce même haut le coeur face aux travaux de Christophe Guilluy qui sont d'une excellente facture mais que des aboyeurs avaient aussitôt classé - on se demande s'ils les avaient lus- du côté de l'extrême droite. Dieu que c'est fatiguant!
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Par gervanne le 17 Janvier 2015 à 14:10
Une conception "ultra" de la laïcité nous a fait perdre le sens commun. Nous en sommes venus à croire qu'il n'y avait pas de sacré, pire que la laïcité était le sacré. Moyennant quoi nous sommes devenus incapables de répondre à certaines dérives d'esprits faibles. Pas grave: nous sommes satisfaits de nous-mêmes.
LIRE AUSSI: DE QUELLE LAÏCITÉ PARLONS-NOUS?
D'extrêmement sympathiques échanges à propos de ce post incite à une précision. "Oui, mais il peut y avoir plusieurs définitions du sacré me dit l'une". "Oui, mais on peut être a-religieux", me dit l'autre. Bien d'accord sur tout cela. Mais ça ne change rien au problème. La question est: est-ce qu'on considère le sacré comme une matière suffisamment sérieuse pour qu'elle soit l'objet d'étude et d'enseignement. Je crois que oui.
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Par gervanne le 13 Janvier 2015 à 06:06
Il est loyal que j'annonce que ce qui va suivre est inaudible dans le climat actuel. Ce que l'on nous raconte, en ces temps où l'on voudrait bien faire monter des tensions, histoire de récupérer des bulletins de vote, ce sont des manipulations sur fond d'une consternante ignorance. Celle concernant l'islam en France est devenue insupportable et le comble est que, pour y voir clair, il faut se référer à des études américaines du plus grand sérieux, comme si nous avions honte de ce que nous sommes et d'étudier notre propre nation. Mauvaise nouvelle: ça va très bien. Voici ce que nous dit cette institution très généralement respectée qu'est le Pew Research Center qui nous annonce cette nouvelle catastrophique: d'une part, les Français sont globalement très favorables aux musulmans qui vivent sur leur territoire, d'autre part, les musulmans dans le monde eux-mêmes sont très soucieux des mêmes sujets qui nous préoccupent: la sécurité, le terrorisme.
Les pratiques religieuses des musulmans de France sont -c'est La Croix qui le dit- de 41% de croyants et pratiquants, 34% de croyants, le reste se disant "d'origine musulmane". Appelez le GIGN: la fréquentation de la mosquée est passée de 16% en 1994 à 25% aujourd'hui. Ce qui signifie tout de même- je m'excuse de le faire remarquer- que 75% des musulmans ne fréquentent pas les mosquées. Alors, sans aucun doute, la religion musulmane est la seule en France (en dehors de la formidable poussée de l'évangélisme protestant) qui connaît une reviviscence, mais enfin 75% ça n'est pas rien, non?
Je vous jure bien que vous ne verrez tout cela nulle part ailleurs:ça ne va pas dans le sens du discours qu'on veut nous faire gober. Le comble est qu'un certain nombre d'intellectuels - hélas beaucoup de gauche, mais aussi (ça n'est pas incompatible) en position "marketing"- perdant tout esprit critique, sont en train d'expliquer que l'islam est consubstantiellement terroriste.
L'IGNORANCE COMMUNE.- Ceci tient notamment à une culture très spécifiquement française à l'égard du fait religieux qui est marquée par une abyssale ignorance des textes, de l'histoire des religions, de la géopolitique des religions, des grands mythes, etc. Nous avons été victimes d'une laïcité au napalm qui a vitrifié les connaissances. Au surplus, cette ignorance fait chic, elle est habillée de snobisme et de mépris pour l'idiot qui a perdu des années à s'y intéresser. Sort des tréfonds d'un anticléricalisme de bazar le soupçon que quiconque s'informe sur ces sujets ne peut qu'être un cureton rentré. Je me suis souvent amusé, ayant exercé en Suisse, de voir qu'un certain nombre de dirigeants, dans des milieux très variés, avaient fait des études de théologie, en quelque sorte en préliminaire d'études plus spécialisées. Cherchez ça en France!
Quelques manifestations de l'ignorance commune: les pays musulmans sont FORCÉMENT les pays arabes. Pour mémoire, le premier pays musulman au monde est l'Indonésie avec 250 millions d'habitants. La démocratie n'y est pas idéale, mais c'en est une. Autre affirmation: les autres religions sont réduites en servitude par le statut de dhimmitude en pays musulman. C'est vrai non pas en terre d'islam mais en terre arabe - ce qui n'est pas pareil.
LE COEUR DU SUJET.- Encore une fois, le premier pays musulman du monde, l'Indonésie reconnaît comme religion du pays beaucoup d'autres dont le catholicisme et le protestantisme. La Malaisie, autre pays à dominante musulmane, reconnaît, elle aussi, d'autres religions, mais, il est vrai, avec moins de souplesse. Par ailleurs, avant de ramener notre fraise sur le sujet, nous ferions bien de nous souvenir le statut que nous avons nous-mêmes imposé aux autres confessions dans les siècles lointains, nous rappeler, par exemple, que les juifs devaient quitter les villes, le soir. Car nous verrions, alors, que le problème n'est pas l'islam en tant que tel, il est dans la confrontation avec des terres restées moyenâgeuses (L'Indonésie est aussi peu moyenâgeuse que possible. On rêverait d'avoir le taux de croissance de son industrie). Et, en effet, le coeur du sujet sur lequel nous devrions nous concentrer est de savoir pourquoi une région du monde est restée totalement moyenâgeuse. Ca, c'est le vrai sujet. Simplement, c'est beaucoup plus difficile à vendre pour le discours dominant. Au passage, prétendre que la Malaisie ou l'Indonésie (6,3% de taux de croissance en 2012) sont restées au Moyen-Age est une farce.
L'intox convenue marche très bien: si vous cherchez sur google simultanément musulman et kalachnikov vous avez plus de 700 000 réponses. On appelle ça la "culture mainstream". Il reste à démontrer que cet intox est désintéressée. Ca prendra un certain temps.
Enfin, il serait probablement beaucoup plus pertinent de s'intéresser à la folle attraction que représente pour des esprits faibles, baignant sans emploi stable dans des milieux très défavorisés, avec une forte pratique de la violence, la supposée "aventure du djihad". Très à propos, Le Monde soulève ces jours-ci la question (PHOTO). Rappelons tout de même notre propre histoire: de 68 à 80, nous avons eu des jeunes qui ont, disaient-ils, "pris le maquis". Certains sont devenus de parfaits gangsters, certains (en Italie) ont tué, d'autres ont monté d'étranges communautés avec une autre idéologie, mais tout aussi prégnante que ce dont on bourre le mou de garçons totalement dévalorisés à leurs propres yeux qui sont disponibles pour cela.
AHURISSANTE INJONCTION.- Un mot sur l'ahurissante injonction que j'ai lue jusqu'à la nausée demandant aux musulmans de se dissocier des attaques terroristes faites en leur nom. (J'ai même lu une connasse satisfaite demandant à ce que cela soit fait par écrit). Je suis moi-même protestant. Et je sais pertinemment ce qui fut fait en Irlande du Nord par des protestants. En réalité du reste, il s'agissait bien de protestants, mais avant tout de descendants de colons qui étaient AUSSI protestants. Et, précisément, l'étiquette religieuse que l'on mettait sur la chose était une manipulation de leur part, pour obtenir la solidarité de leur groupe. C'est exactement ce qui se passe avec l'islam en France. L'étiquette "musulman" est manipulée. Pour ce qui me concerne, il est tout-à-fait clair que je n'ai jamais ressenti la moindre solidarité vis-à-vis de gens qui se sont comportés comme des dominateurs intraitables. Quelle chance, pour eux, alors, de pouvoir habiller leurs saloperies d'une confession! Mais je n'ai à m'en expliquer en rien. Et, en retour, je ne le demande à personne.
Au total, il ne suffit pas de marteler des mensonges pour que ça devienne des vérités et l'ignorance crasse, même affichée avec hauteur, n'autorise pas au péremptoire.
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Par gervanne le 4 Janvier 2015 à 01:38
Regardez bien cette photo. Elle représente une ancienne église luthérienne d'Edimbourg devenue un bar branché sur Frankenstein.
J'apprends ça en lisant un article du Wall Street Journal - ça ne s'invente pas, le journal de la grande finance!- qui s'alarme à fort juste raison de la désertification des églises au point qu'elles se vendent par dizaines. Et de citer l'une d'entre elles devenue un lieu d'entrainement au skate board, une autre un gymnase ou une autre encore un magasin de mode, dont, du reste, je donne la photo.
Dans ce très remarquable article qu'on ne trouvera pas en France tant est grande chez nous l'indifférence au phénomène religieux, on apprend que l'Église d'Angleterre ferme 20 églises par an environ et que 200 églises danoises (donc protestantes, sans doute, bien que l'article ne le précise pas) ont été déclarées hors d'état de servir tandis que l'église catholique d'Allemagne a fermé 515 églises dans les dix dernières années. Tout ça n'est rien en regard des Pays-Bas où l'église catholique estime que les deux tiers de ses 1600 églises seront fermées dans dix ans tandis que 700 temples protestants auront fermé d'ici quatre ans.
Ca en devient non pas un problème religieux - ça, c'est une évidence- mais un problème patrimonial dans la mesure où se pose la question de l'affectation de ces locaux. Aux Pays-Bas, il s'est même constituée une association dont la porte-parole, Mrs. Grootswagers, estime à juste raison que c'est toute la société qui va se trouver confrontée à cela.. L'église St. John de Bacup en Angleterre est à vendre pour 160 000 dollars par un agent immobilier. Lorsque Paul Clément est entré dans l'Ordre des Augustins des Pays-Bas en 1958, celui-ci comptait 380 frères. Aujourd'hui, il en compte 39 et il va falloir vendre son église ce qui, dit Paul Clément, "est difficile. C'est triste pour moi". Aux États-Unis, où la religion est encore forte, on a construit 5 000 églises entre 2000 et 2010, sauf que, selon certaines recherches, le nombre de pratiquants a baissé de 3%. Et Scott Thumma, un chercheur, estime que d'ici trente ans la situation américaine ressemblera à celle de l'Europe.
NIVELLEMENT.- Bien entendu, le nombre de musulmans est passé de - en gros- 4,1% de la population européenne en 1990 à 6% en 2010 et, peut-être, à 8% en 2030, selon le Pew Research Center. Mais, dusse ceci déplaire aux théoriciens du grand remplacement, toutes les études montrent que, très curieusement, la pratique religieuse des musulmans s'effondre après intégration chez nous pour, du reste, se retrouver, à la décimale près, au même niveau de pratique que les nôtres. Je sais bien qu'on va m'opposer cinquante djihadistes. Mais cinquante djihadistes ne pèsent pas lourd statistiquement.
Du reste, je discutais l'autre jour avec le grand historien du catholicisme Étienne Fouilloux qui me disait que, pour lui, le grand phénomène religieux était la montée de l'évangélisme qui, en termes d'effectifs, est stupéfiante.Chacun jugera si c'est "bien" ou si c'est "mal" selon ses convictions. Ma conviction est que ce n'est pas les catégories du bien ou du mal qui doivent être sollicitées, mais plutôt l'inquiétude face à l'effondrement de la culture religieuse - je souligne culture. Ayant eu une carrière à saute-frontières, je suis effaré de la méconnaissance typiquement française - et un peu snob, mais d'un snobisme laïcard- des concepts religieux. J'ai beaucoup de peine à croire qu'on comprend une société en ignorant les ressorts de ce type qui l'ont si profondément modelée. L'autre jour, j'enregistrais une passionnante interview fleuve (l'entretien est en cinq épisodes) de Thomas Römer, professeur au Collège de France, et le technicien par ailleurs épatant qui y a procédé, a commencé par me dire que bien entendu, il ne croyait à rien, avant de finir, je dois le reconnaître, scotché derrière la vitre du studio.
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