• Aussi politiquement correct que moi, ce sera dur à trouver

    Aussi politiquement correct que moi, ce sera dur à trouverLa posture qui consiste, par les temps qui courent, à prendre ses distances d'un supposé "politiquement correct" est une des manifestations du "retour des bien pensants", sorte de dérivé de ce que Georges Bernanos appelait "la grande peur des bien pensants". Il savait ce dont il parlait lui qui avait été un porte-parole écouté des milieux ultra-conservateurs avant de découvrir les horreurs que recouvrait sa cause et, avec un courage rare, de le dire hautement. Ce qui en faisait un homme d'honneur.

    La charge contre le "politiquement correct", dont il faudra que les historiens nous disent si elle n'est pas quelque peu coordonnée, est l'habillage que se donne tout un courant réactionnaire qui trouve dans la formulation "politiquement incorrect" quelque chose de subversif, une manière de se donner des allures révolutionnaires pour ressortir de placards très poussiéreux des discours ici racistes, là antisémites, ailleurs xénophobes, au total gorgés de mépris. Et la joie de mépriser est indicible!

    Une des manières très efficaces de pourfendre le supposé "politiquement correct" est de lui faire dire ce qu'il n'a jamais dit et, donc, de s'opposer à un discours qui n'a jamais été prononcé. Un des exemples flagrants se trouve dans les événements de Cologne qui sont, bien entendu - c'est un "politiquement correct" qui vous le dit- une dégueulasserie sans nom et qui ne méritent qu'une dure répression. De la même manière, il va sans dire que toute atteinte terroriste (et même simplement criminelle) doit être rudement réprimée. Mais prétendre que les tenants du "politiquement correct" seraient PARTISANS du terrorisme (ou du crime) ou faibles devant lui constitue un tour de passe-passe intellectuel infâme, à l'image de la nature du raisonnement de leurs opposants. 

    Car c'est précisément parce qu'ils n'ont rien à opposer au discours "politiquement correct" que ses opposants fabriquent des positions qui n'ont jamais été tenues. Quelques utiles rappels pour ceux qui sont tout de même un peu concernés par la vérité historique et pour ne s'en tenir qu'à la question du maintien de l'ordre: L'inventeur des "Brigades du tigre", l'ancêtre de la PJ, était un socialiste, Georges Clémenceau, qui fut, un temps, tenu pour d'extrême-gauche. Le seul ministre de l'intérieur à avoir fait ouvrir le feu sur des grévistes fut un socialiste, Jules Moch. Lors de la répression anti-FLN, le gouverneur qui s'y attela était Robert Lacoste, socialiste et François Mitterrand, alors ministre en charge de l'Algérie, laissa exécuter des dizaines de rebelles.  C'est une farce de prétendre que, respectivement, MM. Gaston Defferre ou Manuel Valls furent des ministres de l'Intérieur à la poigne molle. Enfin, M. Cazeneuve n'a vraiment pas l'air d'un tendre.En revanche, c'est un fait historique que M. Sarkozy a notablement réduit les effectifs des forces de police et de gendarmerie. C'est un fait tout autant établi que le même a manifesté un soutien constant au Qatar qui finance notoirement des menées islamistes.

    Obtenir l'ordre durablement, c'est comprendre les origines du désordre. Et si elles sont sociales, fut-ce pour partie seulement, il faut remédier à ces causes.L'anniversaire de la tuerie de Charlie a été l'occasion pour France 3 de la programmation d'un excellent documentaire sur les assassins. Leur tragique déshérence sociale n'excuse rigoureusement rien. Mais elle explique beaucoup. Or, il se trouve qu'il y a, en ce moment même, des centaines de gamins dans la même position sociale. L'homme de l'ordre c'est celui qui cherche à comprendre. Celui qui ferme les yeux aggrave le désordre.

    Aussi, plutôt que d'agiter des fantasmes, mieux vaut s'en tenir à des valeurs sûres: oui, lorsqu'il y a délinquance, il faut essayer de comprendre ce qui a expliqué le passage à l'acte pour que cela ne se reproduise pas chez d'autres. Les États-Unis qui sont, au monde, un des pays où on se refuse le plus à un minimum de réflexion en cette matière, sont de même un des pays au monde qui a, par habitant, le plus de prisonniers avec à la clef un désastre sécuritaire. 23% de la population carcérale mondiale, 1% pour la France; or les États-Unis n'ont pas 23 fois la population de la France. En 2013, il y avait 4,2 homicides pour 100. 000 habitants aux USA, contre 1,1 en France. Le bilan sécuritaire de ce pays où les armes sont quasiment en vente libre et où on se moque éperdument de comprendre les origines de la délinquance,  est calamiteux.

    Oui, il y a lieu d'être fier de valeurs d'empathie vis-à-vis de gens qui sont dans un immense malheur, comme des réfugiés. Même si oui, bien sûr, il y a des salopards parmi eux. Mais si le nombre de salopards au mètre carré devient le critère pour toute chose, on risque d'avoir bien des surprises y compris parmi la population européenne, blanche, chrétienne et ce depuis trente générations. La vérité est simple, il faut la nommer: les "politiquement incorrects" n'ont de l'empathie pour rien. 

    Ne nous laissons pas impressionner par un discours qui prétend contrecarrer des positions que nous n'avons pas, tout particulièrement dans un moment où l'offensive contre le "politiquement correct" est le nouveau lieu commun Et il n'y a pas de honte à avoir les nôtres. Il y a des moments où il faut avoir du courage.


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