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ZEMMOUR ET HOUELLEBECQ SONT MORTS UN DIMANCHE 11 JANVIER
Mauvais dimanche pour le tandem Zemmour-Houellebecq. Les boutiquiers du déclin et les profiteurs de la soumission vont retrouver leurs bouquins chez les soldeurs. Car comment faut-il qualifier ce que nous avons tous livré de nous-mêmes en ce 11 janvier où plus de 4 millions de Français sont descendus dans les rues? S'il y a vraiment un mot à éliminer, c'est déclin. Soumission, je n'en parle même pas.
Je suis immensément touché par les trésors d'imagination rigolarde -regardez ces photos!- qui ont été réunis, hors de toute coordination, par des individus, chacun de son côté, pour faire passer son message. C'est un signe, mon cher Éric, mon cher Michel, de décadence accélérée d'un peuple amorphe: n'en doutons pas.
Ce qui est le plus troublant - parce que c'est ce qui est si contraire à notre tempérament apparent- c'est l'unité affirmée dont tous les témoins nous parlent. La volonté d'être ensemble. La volonté, alors, de dire: "Juifs, musulmans, ou quoi que ce soit d'autres, nous sommes Français"? Oui mais ça ne clarifie pas les choses. Nous sommes Français DONC nous aimons la liberté? DONC nous ne voulons pas de la violence? Il y a de cela, sans doute. Mais tout de même, au point de mobiliser une foule pareille? Jamais dans notre Histoire! Quatre fois ou presque le nombre de Français dans les rues à la Libération, deux fois celui des funérailles de Victor Hugo, dont j'ai rappelé ici le caractère politique.
SORTIR DE CHEZ SOI.- Il y a aussi autre chose, plus complexe: un élan pour dire: "maintenant ça suffit, nous prenons les choses en mains". Une sorte de rejet d'un discours ambiant et d'un certain cours des choses. Je ne veux pas faire passer au second plan les attaques terroristes. Je formule ici l'hypothèse qu'elles ont donné le courage pour mettre son manteau et descendre les escaliers. On grognait chez soi, on ne se reconnaissait pas dans la caricature que les médias audiovisuels nous renvoyaient. Trop, c'est trop. Alors on est allé se montrer, tranquille, serein, je n'ose écrire gai, vues les circonstances, mais pas loin. Regardez les photos: c'est une foule joyeuse, peinarde. J'étais moi-même dans une petite ville de France, deux jours avant, dans un cortège. C'était calme, solide, droit dans ses bottes. Et on en profitait pour échanger des nouvelles du petit dernier.
Ce n'est pas- c'est vrai- l'image qu'on nous renvoie de nous-mêmes. D'un peuple tranquillement sûr de lui, avec des valeurs bien ancrées. Et, au passage, en dépit de la moue des chipoteurs, quelle impression, tout de même, de voir une cinquantaine de dirigeants mondiaux venir à Paris, parce que, comme l'a si bien dit Matteo Renzi, "si c'est Paris qui est touché, c'est l'Europe qui est touchée". Pour la France à terre du couple Zemmour-Houellebecq, ça se pose là, quand même.
Alors, nous voici avec cet immense présent, cette image infiniment plus positive de nous-mêmes. Nous ne sommes pas ceux qu'on disait. Les "observateurs" sont sur le cul. Bien sûr, on s'est remis à lire sur les réseaux sociaux les litanies de ceux qui veulent dresser ceux-là contre ceux-ci, monter un petit coup politique bien dégueulasse, mais voilà que tout cela est soudainement vieux, plein de poussière. Nous savons que ceux qui écrivent cela ne savent rien parce qu'ils n'avaient rien vu venir. Un immense coup de balais. Mon pauvre Zemmour, là, tu viens de passer l'arme à gauche, vite fait, bien fait. Tu es hors sujet à pleins tubes. Pas bon pour ton petit commerce. Et pour le tien non plus Houellebecq.
L'IMMENSE FRAGILITÉ.- Je ne voudrais pas avoir une parcelle de pouvoir politique demain. Parce que je crois bien que ce qui a bougé conduira le peuple de France à vouloir être mené autrement. Et comment? On sent les lignes bouger à toute vitesse, mais on n'en sait rien.
Cela laisse le problème entier. J'ai déjà eu à l'écrire. La France s'est fait un cadeau à elle-même. Il ne faut pas le casser en défaisant le paquet. Il faut en tirer parti, construire ce qui peut l'être avec une conscience immense de la fragilité de ce que nous avons dans les mains.
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