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Immigration: les deux cartes qui tuent
L'hystérie dans laquelle se déroulent généralement les débats sur l'immigration noie les faits de façon impitoyable. Une admirable étude sur la démographie européenne donne une idée très opportune de la situation où nous nous trouvons. J'en extraie deux cartes qui sont limpides.
C'est très clair: sur trente ans, seule la France, l'Irlande, l'Islande, la Pologne et la Bulgarie ont beaucoup progressé, mais l'Allemagne, l'Italie, la Russie, les pays baltes perdent de la population. Maintenant, corrélons cette donnée avec les flux migratoires.
Comme on pouvait s'y attendre, les pays qui font le moins d'enfants sont contraints d'accepter davantage de population extérieure. C'est inévitable. La France dont on nous jure qu'elle est submergée de populations étrangères est, pour l'immigration de nouveaux venus, sensiblement derrière l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche dont tout le monde sait, bien sûr, que ce sont des pays laxistes qui laissent entrer n'importe qui...
Maintenant quel avenir? Voici les variations d'indices de fécondité (le nombre d'enfants par femme) depuis la chute du mur, (surlignés en bleu ceux qui progressent.). Voir d'abord l'intégrale ci-dessous, puis une synthèse en dessous.
Pays 1990 2012 Allemagne 1,45 1,38 Belgique 1,62 1,79 Bulgarie 1,82 1,50 Danemark 1,67 1,73 Espagne 1,36 1,32 France 1,78 2,00 Grèce 1,40 1,34 Hongrie 1,87 1,34 Irlande 2,11 2,01 Italie 1,33 1,43 Pays-Bas 1,62 1,72 Pologne 2,06 1,30 Portugal 1,56 1,28 République Tchèque 1,90 1,45 Royaume Uni 1,83 1,92 Suède 2,13 1,91 Albanie 3,03 1,76 Moldavie 2,39 1,28 Norvège 1,93 1,85 Russie 1,89 1,52 Suisse 1,58 1,52 Ukraine 1,84 1,53 Etats-Unis 2,08 1,98 Israël 3,02 2,91 Japon 1,54 1,40 Turquie 3,07 2,06 Résumons-nous: dans la sélection que j'ai faite ici, trois pays seulement manifestent qu'ils croient suffisamment à l'avenir pour renouveler leur population - c'est le vote de la chambre à coucher: Israël, la France et la Turquie. Deuxième remarque: les baisses sont massives: voir la Pologne ou la Hongrie par exemple. Mais la Turquie, déjà citée en sens inverse, est en forte chute. La situation de la Moldavie est terrifiante.
Enfin, le sens commun impose de dire, même si cela peut être désagréable à certains, que lorsque des territoires se vident- et c'est bien de cela qu'il s'agit- ils sont destinés à se reremplir que cela soit clandestinement ou de façon régulière. L'intelligence politique voudrait, bien sûr, que l'on déverse des tombereaux d'argent sur l'effort d'intégration des populations nouvelles pour que cela se passe sans drame. Le problème est que c'est électoralement insupportable parce que l'opinion est massivement traversée par des courants de rejets. Si on veut se faire réélire, il n'y a aucune autre alternative que de soutenir ces mouvements xénophobes, même si l'on sait pertinemment que ce sont ceux-là mêmes qui créeront les problèmes ultérieurs.
À peine avais-je mis ce texte en ligne qu'était publiée une étude du britannique The Independent. Voici:
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