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CES TROP SINGULIERS CARGOS DE MIGRANTS
Je vais poser une question idiote: comment peut-on acheter un cargo, le charger jusqu'à la gorge de migrants sans que personne n'y fasse obstacle? On en a vu ces derniers jours arriver sur les côtes italiennes. Jusque là, c'était de grosses barques, de petits navires, dont je comprends bien qu'il est assez simple de les acheter discrètement. C'est le changement d'échelle qui m'intrigue. Acheter un cargo, c'est tout de même une toute autre affaire dont ce reporter radio donne assez bien l'intérêt.
Sauf qu'il se trouve que je connais un peu les réglementations marines - non certes dans le détail- mais suffisamment pour savoir que les ports, la circulation maritime, sont passablement réglementés. Je ne m'imagine pas sérieusement arrivant dans un port et me présentant pour acheter un cargo, quand bien même j'en aurais l'argent. Cela implique qu'il y ait une énorme chaîne de complicités. Pas seulement un capitaine de port qui ferme les yeux mais dans l'administration de l'enregistrement maritime, dans la police locale, chez les douaniers. Je ne parle pas ici des salopards qui, à un moment donné, mettent le navire sur pilote automatique pendant la traversée et s'enfuient, mais de personnages en cravates partout dans les administrations. On n'achète pas un cargo comme cela, on ne l'affrète pas sans lourdes formalités. C'est un secteur qui est sous assez fort contrôle d'autorités internationales.
Ceci implique qu'il y ait, à tous les étages des nations "émettrices" un très fort niveau de corruption. Là, nous sommes passés à une industrie du passage. Cela veut probablement dire qu'il y a des régions entières du sud dont c'est un élément de l'économie, des régions entières qui sont désormais sous contrôle des mafias de l'exploitation des migrants. Plus simplement, des régions qui sont hors de tout contrôle, pour cela comme pour le reste.
L'autre point qui m'impressionne, à moins qu'il ne s'agisse que d'un effet médiatique (mais je ne crois pas), c'est le sentiment de l'accélération des passages dont, du reste, témoigne bien la carte que je publie. Que se passe-t-il a sud du Sahel pour que les départs s'accélèrent à ce point? En Syrie, je comprends, en Irak aussi. Mais s'agissant de l'émigration africaine?
COÛTE QUE COÛTE.- Il faudrait entrer dans la tête de ces migrants. Il va de soi, en effet, que si je peux écrire ceci alors que je n'y connais rien, les migrants eux-mêmes assurément sont beaucoup mieux informés des risques, du profil de ceux à qui ils confient leurs vies. D'où vient que l'on puisse parvenir à les tromper à ce point? C'est franchement difficilement compréhensible. Le reportage de France 2 que je donne ci-dessous est confondant. On ne parvient pas à croire que des gars passent par les réseaux sociaux pour trouver des passeurs.
Toutes ces affaires de navires errant font la une de tous les journaux partout dans le monde. D'où vient qu'on puisse encore trouver des dupes? Du désespoir, c'est d'accord. Mais au point de prendre des risques immenses en toute connaissance de cause?
Le dernier point qui est détestable mais auquel il faut bien se colleter est qu'il n'y a pas de solution. 160 000 migrants reçus par l'Italie soit 400 par jour c'est un flux qui est hors de maîtrise. Khadafi était payé par l'Union Européenne - il faut le rappeler- pour jouer le rôle de flic. Il le faisait dans des conditions odieuses puisqu'il y avait de véritables camps de rétention, voire de concentration, dans le sud libyen. A présent qu'il n'y a plus de verrou en Libye, le contrôle sur cette source majeure de migrations est perdu. En réalité, tout contrôle de quelque nature qu'il soit sur la Libie a disparu. Nous n'avons aucune autre solution que d'organiser l'accueil de ces malheureux. Le reste est du baratin.
Tags : migrations, trafics, cargos
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