• Mais alors Merkel, c'est qui?

    Mais alors Markel, c'est qui?

    Finalement qui est Angela Merkel, celle qui menace la Grèce ou celle qui accueille généreusement les migrants? Et celle qui semble-t-il va entraîner l'Europe. Naturellement, il y a un facteur que j'ai souvent évoqué et qui est celui de l'état très préoccupant de la démographie allemande. Il y a sans doute l'intelligence d'une chancelière qui a compris l'image désastreuse que laissait l'Allemagne dans le monde par sa dureté vis-à-vis d'Athènes. Et, en particulier, il y a l'intelligence d'avoir senti, en Allemagne même, un effroi d'une partie, certes minoritaire, de l'opinion navrée de cette dégradation de l'image du pays hors de ses frontières.

    Mais je ne suis pas sûr qu'on puisse se rabattre sur une vision totalement cynique du personnage. Je pense que ça n'est vrai d'aucun. Ces discours généraux sur le monde politique où on laisse toujours de côté la dimension- voire la faiblesse- humaine, ne me convainquent pas. On ne peut exclure que Merkel ait été blessée de l'image qu'on donnait d'elle-même dans l'affaire grecque alors qu'à l'évidence c'est Schaüble qui était largement à la manoeuvre. Évidemment, elle devait assumer. On a beaucoup défendu qu'il y avait dans cette affaire une tactique entre le good guy (elle) et le bad guy (Schaüble). Jusqu'à quel point a-t-elle adoré ce rôle?

    Par ailleurs, je pense que Cohn-Bendit a raison: elle a du nez et lorsqu'elle a senti cet étonnant mouvement qui venait des profondeurs mêmes de l'Allemagne en faveur des réfugiés, elle a pris le vent sans attendre. Il est amusant de voir Cameron, en Grande-Bretagne, qui jouait hier encore les fiers à bras, brutalement se faire tout doux parce qu'en effet un vent nouveau souffle.

    Toutes ces bonnes raisons de politique politicienne données, je voudrais tout de même rappeler qu'elle est fille de pasteur et que lorsque son parti s'appelle en Allemagne le Parti Chrétien Démocrate, le mot chrétien, là-bas a du sens. En France, nous ne pouvons rien comprendre à cela. Je ne sais si les informations selon lesquelles, au moment des attentats de janvier, elle aurait vivement pressé Hollande de faire une grande rencontre des chefs d'état sont vraies, mais j'ai tendance à y croire.

    Je pense que, pour un dirigeant allemand, les histoires de gros sous doivent être traitées sans fantaisie, dans la plus pure orthodoxie. On doit faire comme à la maison: des dépenses et des recettes qui s'équilibrent, point barre. D'où l'attitude par rapport à la Grèce. Pas de pitié pour le fantaisiste. En revanche, on est dans un pays où la question religieuse est beaucoup plus présente. Il n'y a pas si longtemps, on payait sa cotisation aux églises avec ses impôts. Et donc, il y a des prescriptions de la morale auxquelles on ne se soustrait pas. Il me paraît difficile d'expliquer la mobilisation de rue sans cela.

    Et, en attendant, Mme. Merkel - qui dispose comme l'on sait de solides moyens de pression- se trouve subitement en tête en Europe. C'est un drôle de renversement de situation.

    Voir aussi ici.


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