• De la nécessité pour un député de savoir se positionnerIl se trouve que je vis dans un petit coin de France dont M. Hervé Mariton, par ailleurs maire de la ville de Crest, est le député (LR). Il s'est fait connaître par ses opinions très affirmées opposées au mariage pour tous. Ceux qui l'approchaient jusque là ne lui connaissaient guère de positions en la matière. Il affichait des opinions économiques très libérales, mais au-delà, pas grand chose. 

    Le problème est qu'en politique, pour accéder aux plateaux de radio-télévision, il faut être "positionné", occuper un coin du marché, si vous préférez. Donc Hervé Mariton a soudain rejoint ce camp pourtant essentiellement tenu par le clan très toxique de "La Cité Catholique", avec laquelle il n'a rien à voir. Et il a fait le boulot avec ce qui est une qualité qu'on ne peut lui contester, une manière d'acharnement qui, visiblement, désorientait les médias nationaux et jusqu'à ses propres collègues. Ceux-ci avaient bien vu le piège et préféraient ne pas aller trop loin.

    Or voici que ces jours-ci Hervé Mariton vient de se positionner dans le soutien à ce présentateur de météo qui s'est découvert expert en complot climatique. On croit ainsi comprendre que M. Mariton est "climatosceptique", domaine dans lequel, là encore, on ne l'avait jamais entendu. Accessoirement, cette affaire est ridicule. Qu'un présentateur de bulletin de météo puisse songer à se présenter comme "expert" à part égale avec des gens qui y ont consacré leur vie professionnelle est emblématique de la période de confusion que nous vivons. J'en ai parlé ici. Bref, nous sommes dans le grand n'importe quoi. Si on veut du sérieux, voici, sur un ton posé, dénué de tout souci polémique. Ouf, ça nous change.:


    Christophe Cassou et la prévision climatique par universcience-lemonde

    Le fond du problème est bien ailleurs: M. Mariton, qui est candidat à la primaire des Républicains, a besoin qu'on parle de lui, donc il a choisi un créneau, tant il est vrai que les opinions politiques, c'est comme les voitures: il y a le bas de gamme, le milieu de gamme et le haut de gamme. Je laisse mes lecteurs choisir. Or, il se trouve que le fond du problème de M. Mariton n'est absolument pas ses adversaires politiques - je veux dire la gauche- mais ces supposés amis.Je l'ai montré ici.  Sa candidature à la présidence de l'UMP l'avait laissé en-dessous de 7%, ce qui n'est tout de même pas flambard.

    De la nécessité pour un député de savoir se positionnerEt la raison en est que l'immense masse de la droite classique n'est pas aventureuse. Il y a belle lurette qu'elle a compris que le mariage pour tous entrerait dans les moeurs et ne serait donc pas un sujet en soi. Et, fort raisonnablement, elle a compris qu'il y avait un gros problème climatique. Moyennant quoi, elle regarde les emportements de M. Mariton avec un mélange de pitié et d'indifférence.

    Mais, je dois avouer que, moi qui suis aux antipodes des opinions de M. Mariton sur beaucoup de sujets, je devine - et à certains égards partage- les motifs d'agacement, voire d'exaspération de M. Mariton. Il se trouve qu'un parisianisme consternant fait que les seules personnalités politiques dont on parle dans les grands partis constituent, pour chacun, un groupuscule très parisien, dont les autres sont méthodiquement exclus. Je m'amuse par exemple d'observer que lorsqu'on cite les candidats à la primaire des Républicains, le nom de M. Mariton est constamment omis.

    D'où une volonté, surtout en prévision de la grande conférence sur le climat, de trouver un positionnement qui vous fasse une petite place sur les plateaux de tv. A quoi mènent tous nos petits jeux politiques.

    À tout hasard, à l'attention des plaisantins qui nient le réchauffement climatique, j'offre ces images tournées par moi, ce week end au-dessus du Mont-Blanc. Si peu de neige un 1° novembre à cette altitude, c'est très éloquent. Voir aussi ici.


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  • On ne revient jamais en arrièreVoici une statistique américaine que j'emprunte au Pew Research Center. Elle montre l'évolution du niveau de soutien au mariage homosexuel dans différents états américains. Le détail n'a aucune importance. Ce qui est ici intéressant, c'est que, dans toutes ces régions des États-Unis, partout, partout, partout, la tendance à l'approbation s'accroît de 2003 à 2014.

    On ne revient jamais en arrièreL'EXCEPTION.- Naturellement, j'imagine bien que si j'étais un journaliste américain, je virerais dans le subtil en comparant les taux de croissance, en faisant référence à telle ou telle situation particulière. Mais on s'en moque. Ce qui compte, c'est une chose capitale: en matière de grandes réformes sociétales, une fois qu'elles sont faites, on ne revient jamais en arrière. On s'en rend compte du reste rien qu'en évoquant l'idée à haute voix. Qui songerait à rétablir la peine de mort? Et le divorce (j'y reviendrai)? Et l'avortement? Pour ce dernier même le gouvernement de droite espagnol qui l'avait promis a renoncé.

    Il y a une exception totalement oubliée aujourd'hui: le divorce fut introduit par la Révolution en 1792, supprimé en 1816, puis rétabli en 1884.

    Je prends acte par anticipation des éventuels exemples contraires qu'on me donnerait dans telle obscure nation. Mais la règle dominante est qu'il ne suffit pas de dire, comme Mariton, "ce qu'une loi a fait, une autre peut le défaire". Du reste, voyez les 35 heures, ça n'est aucunement une loi "sociétale" mais on voit bien que la droite revenue au pouvoir est parvenue à l'écorner (fortement), pas à la remettre fondamentalement en cause.

    On ne revient jamais en arrièreC'est que ce n'est pas, en cette occurrence, une simple disposition fiscale, une norme technique, c'est un pli qui se prend, qui s'immisce partout, dont on peut voir chez les autres ce qu'il donne, le voisin, le cousin et, finalement, la norme s'impose. Je veux bien que ce soit agaçant, mais c'est ainsi.


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  • UMP: tout ça pour çaUMP: la route si étroite de MaritonSarko à 65% environ, pas terrible pour un ancien président de la République qui a fait un barouf de tous les diables sur son retour à la tête de l'UMP; 29% pour Le Maire c'est bien, il était  peu connu ("La victoire en perdant" titre Le Monde). J'ai évidemment un intérêt particulier pour le score du député de ma circonscription Hervé Mariton qui dépasse quelque peu les 6%. Lorsqu'on était annoncé au départ à 1 ou 2%, c'est forcément mieux. Maintenant la donne est claire: dans aucune commune, dans aucun groupement, association, société... un groupe qui "pèse" 6% ne représente grand chose. 6% c'est un peu plus que le type de score qu'ont fait, au fil des décennies, des forces comme les écolos, l'extrême gauche, etc... Pour quel poids au final dans la société? Pratiquement rien.

    Ce qui est frappant, c'est que les anti-mariage pour tous, qui ont jeté dans la rue des centaines de milliers de personnes, à l'instant de se donner une traduction politique en la personne de Hervé Mariton et devant un public beaucoup plus facile que la société toute entière, pèsent si peu.  La vérité est assez simple. Ceux, probablement peu nombreux parmi eux, qui ont voulu se donner un prolongement en politique, l'ont fait dans des groupements beaucoup plus à droite. Je ne suis même pas sûr qu'ils l'aient fait au Front National qui fut très prudent sur cette affaire.

    Tout le monde fut très prudent dans les partis classiques. Parce que tout le monde sait lire. Les sondages n'ont pas varié. 66% des Français sont pour le mariage pour tous, 58% des militants de l'UMP le sont. Point barre. Fin de l'épisode. Les hésitations de Sarkozy, c'est à cause de ça. Le refus de l'abrogation de la plupart des leaders de l'UMP, c'est à cause de ça. Ces gens là veulent gagner les élections, pas les perdre. Qu'est-ce que Hervé Mariton pourra faire de ses 6%? 6% d'électeurs de l'UMP, ça veut dire quel pourcentage de la société française dans son entier? Bonne question.


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  • Accablant, consternant, jusqu'où ira-t-on?Je viens de visionner la vidéo accablante que l'on trouvera ici. Accablante parce qu'elle ridiculise le politique, parce qu'elle met vraiment un média au service de la plus basse vulgarité, accablante parce qu'un homme politique, en l'occurrence le député de mon petit pays, Hervé Mariton, se prête au jeu infâme dans lequel on l'entraîne. Et du reste le langage du corps est fichtrement éloquent, on y voit bien que tous les muscles de son corps s'y opposent, qu'il est révulsé parce qu'il est en train de faire.

    Mais, tonnerre de Brest, qu'est-ce qu'il fout là? Est-ce la puissance supposée du média qui le contraint de se ridiculiser - parce qu'il n'y a pas d'autre mot- dans cette séquence? Sont-ce les moeurs qui se sont diffusées dans le monde politique qui font qu'il est désormais convenu de se soumettre à celà? Est-ce l'intuition (juste au demeurant) que le politique a perdu le contact du peuple et que, peut-être, le peuple est là, devant cette chaîne? Est-ce alors comme une volonté désespérée de retrouver ce contact? Bien entendu, cette vidéo a couru les réseaux sociaux et c'est, au total, l'image qu'elle donne de la politique en général, à moins que ce ne soit le contraire, à savoir qu'elle a couru les réseaux sociaux parce qu'elle donne une image désastreuse de la politique et que c'est ce qu'attend le public.

    Faut-il qu'on en soit arrivé là?PAS MON GENRE.- Je suis en désaccord très sérieux a vec ce monsieur. Mais je ne peux imaginer une seconde que l'éventuel débat avec lui puisse s'instaurer sur ce mode du ridicule.J'ai écrit sévèrement sur lui alors qu'en quelque sorte nous sommes voisins. Mais je ne peux pas imaginer recourir à ce genre de procédés. M. Mariton est un élu de la République et, comme tel, je le respecte, parce que je respecte en lui la République. Tout élu est toujours un peu davantage que sa simple personne et ce plus là impose un respect. Celui des autres à son égard, celui de lui-même à cette parcelle supplémentaire de sa personne. Le pitre de Canal + n'a pas respecté cela, ni M. Mariton, non plus.Ce sinistre épisode l'aura - je le parie- bien davantage conforté dans ses opinions que rapproché d'autres.

    Je ne suis pas assez sot pour ne pas voir le côté humoristique que l'on souhaite donner à l'émission. Mais il n'y a rien de déshonorant à refuser de se prêter à ce dont on sait qu'on est incapable. Du reste, il est frappant, dans la séquence, d'entendre Mariton dire à plusieurs reprises des choses qui signifient, au fond, "ce n'est pas mon genre". Le comble absolu étant que, quelques temps avant, Canal + avait déjà mené semblable opération avec lui.

    Si, comme on est enclin à le penser dans une lecture assez cynique de ce petit évènement, c'est la conscience probable de la part de Mariton que, dans la compétition à laquelle il participe (pour la présidence de l'UMP) il a d'ores et déjà perdu - et de beaucoup, si je comprends bien les sondages que je lis- et qu'il s'accroche désespérément, alors c'est pathétique. Rien ne vaut cela.


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  • Le mal aiméComme beaucoup le savent, je ne suis pas précisément le modèle de la groupie du député de ma circonscription, Hervé Mariton. Et je ne crois pas qu'il me porte beaucoup dans son coeur, certaines de mes fonctions antérieures m'ayant un peu exposé, mais tout le monde s'en moque. Je n'en suis que plus à l'aise pour trouver extrêmement intriguant le fait que sa candidature à la présidence de l'UMP soit passée en fond de page 4 dans la plupart des journaux, lorsque celles de tous les autres leur valait les plateaux de télévision. Une indiscrétion m'a fait savoir que lui-même pensait ainsi. Je m'amuse de voir que, dans un papier du Monde consacré aux réactions à l'affaire du financement de l'UMP, un passage est consacré aux "indépendants" dans l'affrontement Copé-Fillon, il n'est tout simplement pas cité. Il n'existe pas. Ceci ne fait que confirmer une intuition ancienne que j'ai: son problème, ce ne sont pas ses adversaires, ce sont ses amis. Il était impossible de ne pas relever, le jour de sa candidature, le qualificatif vachard de "moine-soldat" (expression pertinente) qui lui a été visiblement attribué par un ses propres collègues de parti, je crois dans Le Monde.

    mariton portrait très reserré pour blogAu moment de la campagne municipale où il a écrasé tous ses adversaires, il a fait une remarque incidente lors d'un entretien au Crestois, selon laquelle "certains ne m'aiment pas". Bien vu même si je soupçonne qu'en l'espèce il ne visait pas ses collègues de parti mais des gens comme moi qui se refusent à lui donner des marques de révérence.

    Mon sentiment est qu'on est en présence d'un personnage assez étonnant: le modèle premier de la classe dont les filles rigolent. Premier de la classe, c'est sûr: des diplômes par dessus la tête, bûcheur, attentif aux détails du quotidien. Pour l'exaspération d'une partie de la gauche locale, je déplore depuis longtemps qu'elle n'ait pas pris acte suffisamment de cela. Ca me vaut quelques solides inimitiés. Mais, à côté de cela, il lui manque le "nack", une forme de séduction, le truc qui provoque la sympathie. Mariton est un réac urbain, très bien élevé, provocateur, éventuellement courageux. Sa récente prise de position concernant le dépassement des limites du financement autorisé lors de la dernière présidentielle est juste et bienvenue. (Voir ci dessous). Sa constance, par la suite, dans des positions anti-sarkozystes doit lui être créditée.

     


     

    Le mal aiméMais on voit qu'il campe sur des positions radicales pour marquer une sorte de rejet de tous les autres. Ces autres qui ne le reconnaissent pas. J'ai le fort soupçon que sa passion subite pour la famille a un rapport direct avec la judicieuse intuition qu'il a eue que ses anciennes positions ultra-libérales avaient pris l'eau avec la grande crise et qu'il fallait un autre thème. Et, bien sûr, qui est contre la famille? J'aurais alors aimé que la gauche, au lieu de l'attaquer sur de supposées positions anti-pédé, dont je ne le soupçonne pas, montre bien l'opportunisme du virage. 

    faites-sauter---_Mise-en-page-1.jpgSes récentes proclamations d'amitié pour le centre m'ont dérouté. Ca n'est pas le fond du personnage. Il s'est toujours revendiqué d'une droite ferme peu compatible avec le centre.J'ai même le soupçon qu'il le méprise pour son côté "eau tiède"

    Le mal aiméLe fait est, pour revenir à mon sujet, que ses copains de parti, eux, ne s'y sont pas trompés. On sait combien ils furent vigilants par rapport à la "Manif pour tous" parce qu'ils voyaient bien que se profilaient au delà les composantes du Printemps Français. Et là on est dans de la haine à l'état pur.

    Je ne partage de loin pas les idées de Mariton, mais le côté électron libre me plait. Si, comme beaucoup l'affirment, sa position est de contribuer à barrer la route à Sarkozy, je trouve ça très bien. Ils n'incarnent pas la même droite. Sarko, c'est la droite du bazar, du fric facile*, des chouettes nanas, mais il n'y a rien dedans. Mariton, ça n'est pas la droite du fric. C'est la droite d'une certaine rigidité sur les moeurs, assez fondamentalement féodale - il se voit comme le seigneur de son territoire. Une anecdote me revient: une petite cérémonie eut lieu un jour à Beaufort sur Gervanne pour une occasion que j'ai oubliée. Un usage protocolaire veut, parait-il, que l'on ne s'exprime jamais après le sous-préfet, représentant de l'État. Par un hasard, du au désordre de l'instant, le maire passa la parole directement au sous-préfet, privant Mariton de la possibilité de prononcer son discours. Il est entré dans une incroyable fureur. L'expérience m'a montré que les féodaux sont partout. J'ai eu à connaître de Louis Mermaz: je ne sais pas bien entre les deux lequel était le pire.

    Trêve de diversions: leLe mal aimés pires ennemis de Mariton sont chez les siens qui ont de vrais réseaux, qui savent la part d'opportunisme dont il faudra bien jouer une fois qu'on sera au pouvoir. Le Canard Enchaîné m'apprend qu'un autre candidat à la présidence de l'UMP, Bruno Le Maire,  est passé pour sa propagande personnelle à la caisse de Bygmalion. Mais ceci n'a rien à voir... 

    Mariton est pour ce qui le concerne dans une radicalité qui est malheureusement totalement improductive. Il a été, quelques semaines, sous Villepin, secrétaire d'État à l'Outre-Mer. On se retient pour ne pas en rire. S'il a de la chance, il sera après demain, ministre de la famille. A condition, encore, que Sarko ne soit pas président: ce n'est pas gagné.

     

     


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