• Le groupusculaire,ça commence à bien faire

    Le groupusculaire,ça commence à bien faireOn n'y peut rien, ça ne sert à rien, nous ne maîtrisons plus rien. Alors pourquoi pas, en effet, ne pas tout faire sauter. Ce sentiment domine. Alain Touraine le montre fort bien ici. Les élections européennes viennent de nous le dire. Et ce qui est terrifiant c'est que le petit jeu continue. Un très remarquable éditorial du Monde le dit  justement.

    La remarque faite par Alain Touraine - il faut tout reconstruire localement- est évidemment très pertinente. Il est juste de dire que cela a commencé depuis très longtemps. Je vis dans un petit coin de Drôme où c'est même vrai depuis des décennies. J'avais consacré, il y a des années, un livre (Les hommes du renouveau (Lattès) - on ne le trouve plus qu'en occasion) qui en faisait déjà le constat. Pour être honnête, il fit un four et je sais très bien pourquoi. La raison, en vérité, m'en fut donnée alors même que je faisais l'enquête qui allait donner le livre. Me trouvant dans une vallée du Massif Central et y constatant qu'elle était autrement dynamique que la voisine, un interlocuteur me répondit: "Oh, eux: ils n'ont pas encore touché le fond."

    Contre son campON TOUCHE LE FOND.- Ben voilà. C'est fait. Nous avons tous touché le fond. Mais le problème est moins celui de la création d'initiatives locales que celui de leur articulation avec une force qui devienne nationale. Un million de petites initiatives isolées, c'est follement sympa. C'est parfait pour le journal local, j'en sais quelque chose. Mais au total, nationalement, ça ne crée pas une force. Je crois que lorsque Daniel Cohnbendit disait qu'il fallait moins un parti qu'une boîte à outils politique, il avait une intuition de cet ordre. Un temps - très bref-, ici ou là, les écolos ont pu paraître être une force qui fédèrerait ce monde. Les résultats de dimanche dernier le montre parfois encore. Dans mon petit coin de Drôme, innovateur, râleur, parfois un peu hautain aussi - il ne faut pas le cacher- ils ont encore fait un tabac. Ils sont pratiquement en tête partout. Mais je n'y crois pas.

    Il y a, en effet, la question du "populaire", des simples gens, du petit artisan, du vieux paysan: ceux-là ne doivent pas être tenus à l'écart. Sans eux, on ne fera rien. Or, je trouve que tous les mouvements alternatifs sont élitistes à faire peur, facilement hautains et méprisants. Je suis par exemple exaspéré de cette manie de ne considérer l'économie qu'à l'échelle des grands flux mondiaux, le brassage des capitaux, les petits contre les grands, le Nord contre le Sud, etc. Et puis sur la petite boîte, silence. Rien sur cet univers qui emploie massivement, sur les patrons à 2000 euros (oui 2000, ça n'est pas une faute de frappe), parce qu'au journal de 20 heures, ça ne passe pas. Le problème est que, dans notre pays entier, le poids de tous ceux là pèse infiniment lourd.

    Ceux qui savent mieux - et qui ont une espèce de génie pour le faire savoir- me fatiguent. Et je prétends que, jour après jour, ils tirent des balles contre leur camp. Perdre ces habits là va être infiniment difficile.

    Contre son campVIVE INTELLIGENCE.- J'aime le bistrot et le pastis (non ça n'est pas vrai, je n'aime pas le pastis, mais c'est un symbole). Il faut redescendre dans cette rue là. De ce point de vue, j'ai un peu peur qu'internet et tous ces trucs sophistiqués ne soient qu'un jeu à l'intérieur de l'éternelle même élite. Il y avait aux dernières municipales à Crest un type très bien, d'une vive intelligence, bien dans son temps, ouvert, patron progressiste d'une belle entreprise qui dirigeait une liste. Je l'apprécie, j'aurais voté pour lui si j'avais été électeur dans sa commune. Mais je me souviens bien d'un rapide échange où, avec une grande franchise, il m'avait dit ce que ce "petit peuple" lui était peu connu.

    Eh bien colletons nous à celà. Parce que le groupusculaire, ça commence à bien faire.


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