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Petites manips comptables
La presse se fait l'écho d'une explosion du déficit des collectivités locales. Il faut bien voir ce qu'il y a là derrière. Depuis des années, l'État se décharge sur les collectivités locales de ses missions pour avoir des comptes présentables. J'ai fait mes études en Sciences Politiques il y a plus de quarante ans, on en parlait déjà. Mais il est évident bien sûr que la prise en charge par les départements des dépenses sociales pour les populations fragiles (handicap, etc.) coûte des fortunes. Donc, en réalité, le déficit global de la nation est resté le même (et même a augmenté) mais on l'a dissimulé. C'est un jeu comptable.
Il y a une manip' ancienne et très parisienne qui consiste à s'offusquer de la gestion des collectivités territoriales au motif -ponctuellement fondé bien sûr- que tel président de conseil régional a trois voitures de fonction, etc. Ce qui s'annonce et qui va faire très mal c'est que la pression qui s'annonce sur les collectivités territoriales va être visible par le citoyen. Le garde champêtre que l'on va sucrer, la route que l'on ne va pas goudronner, tout cela va se voir. Le citoyen d'un village, d'une petite ville auquel on refusera tel ou tel service va être directement touché. Les entreprises du BTP qui embauchent localement vont débaucher localement. C'est-à-dire que l'impact social sera nettement plus sensible.
Ceux qui vont en prendre plein la figure seront les élus locaux. S'en prendre à Valls ou à Hollande, mystérieuses figurines du journal de 20 heures, est un exercice abstrait. Le maire, le conseiller général sont des gens que l'on rencontre dans la rue. Et la question de savoir s'ils sont UMP ou PS sera complètement anecdotique. On les considèrera comme de mauvais maires ou conseillers généraux et les élections locales qui sont classiquement assez stables dans la mesure où des strates entières d'élus sont renouvelées par une vieille fidélité du corps électoral, vont devenir agitées.
Donc, nous sommes à une étape où la crise glisse vers le bas, vers ce que nous pouvons mieux toucher du doigt. Il faut bien dire qu'on ne voyait guère le non-renouvellement de certains postes de fonctionnaires de l'administration centrale. Franchement, on s'en foutait. Là, ça va se voir: le personnel communal, on boit des coups avec lui. Ce qui jusque là étaient des chiffres insaisissables va devenir une restriction parfaitement sensible pour chacun. Ce que nous appelions "la crise" et qui n'était que des titres dans les journaux, va entrer bien davantage dans nos vies. Je doute que ce soit sans conséquence. Ce que ceci annonce concrètement c'est que nous aurons moins de services, que notre enironnement va se dégrader et, très brutalement, que la vie sera plus dure.
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