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Combien le temps compte
Il se trouve que je suis depuis quelques temps en Pologne, très handicapé par mes obligations pour continuer à alimenter ce blog.
Mais décidément qu'il est instructif de regarder son pays de loin! Je me trouve parmi des gens qui ont vécu la persécution antijuive, dont les itinéraires privés, parfois intimes, ont été très profondément bouleversés par ces drames et d'autres comme les persécutions des communistes. Lorsqu'on marche dans les rues de Varsovie, ici ou là, il suffit de lever la tête pour voir encore visibles les marques de l'insurrection soit du ghetto, soit de la ville même. Je sais bien que cela existe encore parfois aussi en France, pour l'excellente raison que ma propre demeure en porte les stigmates. Mais enfin quels écarts! Il existe, en plein coeur de Varsovie, à l'emplacement du ghetto juif, une rue très étroite. Sur le trottoir de gauche, une admirable restauration a été entreprise. Du clinquant, du choquant même. Et puis l'immeuble de l'autre trottoir n'a pas un centimètre carré où l'on ne voit des traces de balles. Les échafaudages se mettent en place; dans un an ou deux on ne verra plus rien. De façon assez stupéfiante une législation a été édictée qui autorise de complets étrangers à se substituer à des familles juives disparues et à y monter des opérations immobilières. Tout cela pue la fétide spéculation.
AUTRE UNIVERS.-Le soir, en rentrant à mon hôtel, ayant entendu parler tous ceux qui racontent cela, je lis les sites internet des journaux français pour y apprendre, par exemple, qu'on semble se rapprocher de la mise sous les verrous des Balkany, pour des fraudes fiscales d'une ampleur inouie. Moi lorsque j'oublie une amende pour stationnement irrégulier, ça me ronge les sangs. Là, on est vraiment dans un autre univers.
Et c'est ainsi que je vois un extrait d'une interview de Manuel Valls qui voudrait créer, si je comprends bien, une maison "des progressistes" où se retrouveraient tous ceux qui se définissent vaguement par ce mot. Et - enfin!- il admet qu'avoir rejeté Bayrou en 2012 fut une colossale erreur. Eh oui. Seulement voilà, maintenant, c'est trop tard. L'intelligence du politique, si ça n'est pas celle du temps, ça n'est rien. Non seulement il faut prendre des mesures mais il faut les prendre au bon moment. Bayrou eut - en votant Hollande et en le faisant savoir- son geste de courage au bon moment, au moment de la présidentielle, au moment où ça comptait. Bien sûr, il a perdu beaucoup de soutiens dans sa propre famille. Mais en ce temps là, le PS hégémonique et hautain, qui a pour cela une manière de génie détestable, n'allait - n'est-ce pas?- pas s'abaisser. Il m'a toujours paru incompréhensible qu'un parti qui se prétend humaniste, proche du peuple, généreux, puisse comporter autant de personnages d'une prétention glacée. Aujourd'hui, il y a le feu partout et les mains tendues n'ont plus de sens. On peut mener de bonne foi des bonnes ou des mauvaises politiques- je crois qu'en cette matière la tolérance populaire est beaucoup plus importante qu'on ne le pense, parce que chacun est sensible à la sincérité des convictions- mais toujours, toujours, partout, l'arrogance est insupportable.
Je l'ai écris dans ce blog, Sarko est hors du temps, toute l'UMP est hors du temps, le PS est hors du temps. La grande question désormais est de savoir qui reviendra en phase avec notre temps.Et être dans le temps, c'est entendre le peuple. Il y faut du pur génie. On ne peut pas en vouloir à ceux infiniment nombreux qui n'ont pas ce génie. On peut et on doit en vouloir à ceux qui prétendent l'avoir mais qui ne l'ont pas.
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