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Par gervanne le 5 Novembre 2015 à 07:23
On se résume: Grande-Bretagne: gouvernement conservateur;
Irlande: gouvernement travailliste de coalition;
Espagne: gouvernement conservateur menacé d'échec face à Podemos en cette fin d'année;
Portugal: Gouvernement conservateur menacé de devoir devoir céder la place en raison d'une absence de majorité;
Allemagne: gouvernement conservateur qui gouverne en coalition avec les sociaux-démocrates;
Italie: gouvernement de centre gauche;
Belgique: gouvernement conservateur dans un état fédéral en crise;
Pays-Bas: gouvernement de centre-droit
Danemark: gouvernement de centre-droit minoritaire
Suède: gouvernement social-démocrate soutenu par une coalition;
Norvège: gouvernement conservateur;
Pologne: gouvernement ultra-conservateur;
Hongrie: gouvernement ultra-conservateur;
Roumanie: crise gouvernementale;
Slovénie: Gouvernement de centre gauche;
Slovaquie: Gouvernement social-démocrate;
République tchèque: gouvernement social démocrate;
Grèce: gouvernement de gauche alternative;
Et enfin, France: gouvernement social démocrate
Si les données qui précèdent ne sont pas assez claires, nous vivons dans un océan de conservateurs, avec quelques taches vaguement à gauche ici ou là. Si l'on prend la peine de s'imposer ce recul, il est difficile d'imaginer de grands bouleversements par rapport à une option résolument conservatrice des principaux peuples d'Europe. Ca ne vient pas de nulle part. Il existe un courant lourd, qui traverse les cultures singulières de nombreux peuples dans la période que nous vivons et qui les pousse au repli. Ca n'est peut-être pas gai, mais c'est ainsi. La grande question est de savoir comment redonner des couleurs à des valeurs de générosité et d'ouverture. Mais c'est mal barré.
J'ai écrit ailleurs combien je voyais dans la montée des gauches radicales un phénomène d'exaspération - mais peut être aussi une volonté d'agir- contre ces tendances si lourdes. Les gars, il y a du boulot.
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Par gervanne le 24 Octobre 2015 à 07:42
J'avais été très frappé, dans la nuit des élections législatives portugaises, de voir comment Le Monde et l'Agence France Presse en avait assuré la couverture. Les deux médias assuraient que la droite était reconduite, certes affaiblie, mais guère plus. Or, suivant aussi, par prudence, les résultats sur le site du grand quotidien portugais Diario de Noticias, je n'arrivais pas à la même conclusion. Du moins, je voyais bien qu'il y avait, en additionnant les sièges, une potentialité d'alliance à gauche. Le président vient, au demeurant, de choisir de reconduire le premier ministre de droite, même si sa majorité est très incertaine. Faut se mettre à la place du président: il est lui-même de droite et sur le départ. Il reste que la fragilité du gouvernement qui va tenter de se mettre en place n'autorise absolument pas d'écarter l'hypothèse, en définitive, d'un gouvernement de gauche. Il y a même à cela de fortes probabilités
D'où l'émotion de la presse britannique qui ne peut que constater, comme ne le fait guère la presse française, qu'il y aurait alors un gouvernement contestataire de plus face aux consignes de Bruxelles. Après Syriza, dans l'attente possible de Podemos en Espagne, et en Grande-Bretagne Jeremy Corbyn ayant "gauchisé" le parti travailliste et, au-delà de l'Europe, alors qu'aux États-Unis Bernie Sanders fait entendre fortement dans la primaire démocrate une voix beaucoup plus radicale , c'est évidemment un signal fort.
Et, précisément, c'est important pour l'effet de boule de neige. En effet, on est toujours dans l'attente du résultat de prochaines législatives en Espagne où il semble bien que Podemos ait beaucoup de chances. Dans ces affaires, les symboles sont toujours forts. Ils introduisent une dimension d'irrationnel dans le déroulement des campagnes électorales. Or, bien entendu, Espagne et Portugal sont voisins. Les candidats de Podemos viennent de se voir offrir un formidable argument de campagne: "Regardez nos voisins, ils ne sont pas plus bêtes que nous, suivons l'exemple." Reste à savoir si effectivement la gauche va être désignée au gouvernement. Au demeurant, même si elle ne l'était pas, la droite serait dans une situation si fragile pour gouverner que les dirigeants européens seraient fondés à avoir autant d'inquiétude.
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Par gervanne le 19 Octobre 2015 à 08:06
Il était très frappant, dimanche soir, après le vote aux élections fédérales suisses - l'équivalent de législatives françaises- de voir que le site du périodique Bilan, expression des milieux d'affaires, pronostiquait que le vote qui venait d'avoir lieu serait mauvais pour la Suisse.
En effet, deux droites ont gagné lors de ce scrutin: l'UDC, une droite nationaliste, très anti-européenne et les libéraux-radicaux (PLR) qui sont l'expression (avec d'autres) des milieux d'affaires, ouvertement pro-européens. Il faut rappeler que la première citée est la formation qui a mené avec succès un référendum pour restreindre la migration vers son territoire. Ce qui a ouvert un casus-belli avec les autorités européennes. Aujourd'hui, les relations avec Bruxelles sont très mauvaises. Le gouvernement fédéral a l'obligation de mettre en application cette législation restrictive ce qui va bloquer des négociations qui n'ont vraiment pas besoin de ça. Les conséquences des désaccords se sont déjà fait sentir: des crédits européens pour des programmes de recherche ont été supprimés, des équivalences de diplômes ne sont plus reconnues, etc.
Il existe depuis très longtemps en Suisse une sorte de fantasme selon lequel il faut convertir les Européens au modèle fédéral suisse. En soi, ça n'est pas idiot. Cela pourrait se plaider si les autorités suisses participaient aux décisions européennes. Mais, il se trouve que, de façon stupéfiante, le peuple suisse a fait le choix, il y a des années, de plaider cette cause en étant absent de la construction européenne, en restant sur le bord de la route. Le résultat, évidemment, est qu'il n'y a aucune espèce de chance que la thèse helvétique l'emporte auprès des gouvernements européens.
Il suffisait de suivre les forums divers ces jours-ci pour comprendre la rage de bien des intervenants contre une Union Européenne qui ne veut pas les écouter. Ce sont, bien sûr, ceux qui ont voté UDC. Il n'y a rien de plus clair que ce sont les choix anti-européens suisses antérieurs qui empêchent désormais la voix de ce pays de se faire entendre. C'est le bon sens même. Mais une espèce d'aveuglement a saisi une bonne partie du corps électoral.
La grande question est de savoir si la direction effective de l'UDC n'est pas parfaitement consciente de cette contradiction. Et qu'elle la cultive pour prospérer sur la colère populaire qui ne peut aller qu'en s'aggravant. Car mettons-nous un instant à la place des autorités européennes. Si un compromis n'est pas trouvé, elles ne pourront que constater qu'elles ont un partenaire résolument hostile. Donc elles ne lui cèderont sur rien. Je l'ai écrit: ça a déjà commencé. La Suisse, en se mettant dans la situation de ne pas participer aux décisions européennes s'est privée de tout recours.
La seule solution est que le front des deux droites se brise, que la droite libérale s'allie avec des forces qui sont, en cette mi-octobre, perdantes, mais qui sont pro-européennes. Évidemment, une partie notable du corps électoral se sentirait trahie. Ca ne peut avoir que des conséquences délétères sur la vie politique suisse. Et qui sera gagnant dans la confrontation? L'Union Européenne détestée.
Sans doute, le pays est en bonne santé économique, mais il est totalement dépendant pour certaines de ses activités - on l'a vu avec les banques- du bon vouloir des partenaires. Les États-Unis l'ont littéralement humilié pour cause de fraudes fiscales répétées. Lorsqu'on pèse 7 millions d'habitants, ça ne veut pas dire grand chose face à une Europe de 360 millions d'habitants. Ca devrait être simple à comprendre.
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Par gervanne le 15 Août 2015 à 07:32
De gauche à droite: Beppe Grillo (Italie), Alexis Tsipras (Grèce), Donald Trump (USA) et les dirigeants de Podemos (Espagne).
Il faut prendre les rigolos aux sérieux, d'ailleurs ils deviennent dominants. Le comique italien Beppe Grillo a totalement bouleversé le jeu lors de récentes élections, Alexis Tsipras qui était inconnu il y a trois ans est premier ministre grec, Donald Trump est en tête des sondages chez les primaires des républicains aux États-Unis, Podemos a de grosses chances en Espagne cet automne. Ma liste n'est pas complète puisque chez les travaillistes anglais Jeremy Corbyn, dont je parle ailleurs dans cette page, tétanise l'establishment du parti, même si on peut un peu moins le classer parmi les "rigolos".
On en pense ce qu'on en veut, et, en particulier, ce que l'on veut individuellement de chacun d'entre eux, mais c'est, bien sûr, le mouvement global qui est significatif. On serait tenté de se demander s'ils marquent une sorte de "coefficient de déliquescence" de la vie politique de leurs pays. Et il faut bien dire qu'en effet, dans l'ordre chronologique d'apparition de ces phénomènes (Italie, Grèce, USA, Espagne et à présent, Grande-Bretagne), ça colle à peu près. Et cela marque la notable déconsidération d'un certain jeu politique.
Malheureusement, il faut prendre acte de ce qu'au moins pour le premier cité (Grillo), son mouvement a explosé en vol et on s'interroge pour le second. Il y a évidemment une vraie question sur la trivialité des petites questions du quotidien. Ca n'enlève rigoureusement rien au message qu'envoient leurs succès. Ils sont les vainqueurs du désespoir. Pour le moment, on n'en a pas vraiment vus qui aient tenu bon, mais on ne sait jamais.
Il y a une vraie question sur l'absence de la France dans cette liste. Pourtant toutes les conditions sont réunies. Simplement, il reste chez nous tout un vieux fond monarchiste bien plus fort qu'on ne le dit, et par conséquent une révérence à la personne du roi fût-il président ou candidat-président. Le jour où l'on verra ça en France dans les mêmes proportions et avec de vrais chances de succès, une sacrée rupture aura été opérée.
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Par gervanne le 8 Août 2015 à 22:00
Le candidat républicain actuellement favori des sondages aux États-Unis, Donald Trump, nous a été surabondamment présenté comme incohérent, grossier, offensant. Et tous les observateurs d'en conclure que c'est un mi-fou qui ne pourra pas aller loin. Je n'y crois pas une seconde.
Donald Trump dit délibérément n'importe quoi parce qu'il sait que dans son pays comme dans l'essentielle des grandes nations la parole publique est déconsidérée. Il en joue parce qu'il sent, probablement à juste raison, que son public s'en amuse et n'attache plus la moindre foi aux rituels de la vie politique. Alors insulter une journaliste avec la grossièreté d'un docker bourré un soir de paie, c'est prendre son public dans le sens du poil. Du reste, il est révélateur que dans un autre débat ce soit une candidate républicaine absolument pas du sérail, puisqu'elle fut PDG de Hewlett-Packard et rien en politique, qui ait dit abruptement dit que le monde politique était déconsidéré... alors même qu'elle se trouvait sur une estrade où il n'y avait que des politiques, dont elle faisait partie.
C'est naturellement vrai. Du reste, chez nous, Mélenchon avait été tenté par cette voie, avec un peu moins de vulgarité. En Italie, le Mouvement Cinq Étoiles du comique Beppe Grillo a, un temps, pris ce chemin. En Pologne, aux récentes présidentielles, un rocker nationaliste a fait un tabac inouï. Mais tous ceux là n'ont pas atteint le niveau de vulgarité de Donald Trump qui, étant milliardaire, peut se permettre de donner un écho considérable à ses propos. Et puis, comme l'on sait, les États-Unis sont toujours en avance sur nous...
À ce stade, je ne jurerais pas que les électeurs rentreront nécessairement dans le rang en votant finalement pour Hilary Clinton. C'est la thèse qui prévaut pourtant mais on ne peut mésestimer à quel point certaines figures incarnent pour le public des images usées et exaspérantes. Mme. Clinton passe à la télé depuis 20 ans à des titres divers. Elle est comme ces vieux feuilletons aux couleurs passées. Quelle sera l'effet de cette usure? Pas simple à dire.
C'est en application de ce raisonnement que je ne crois pas une seconde à une victoire de Sarkozy en 2017. Sarko, c'est un vieux film dont on connaît tous les ressorts. D'ailleurs, son vieillissement manifeste est sensible. Je crois tout simplement qu'on ne revient pas. Il n'y a pas de saison 2.
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Par gervanne le 9 Février 2015 à 05:41
Bonheur du vocabulaire politique en Hongrie. Faut dire aussi qu'on y a d'autres conceptions de la démocratie. Le goût du muscle. Et des fortes paroles. Dire que ça donne un régime plaisant est une autre affaire.
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Par gervanne le 6 Février 2015 à 05:25
Faut bien dire: l'Ukraine, on s'en moque un peu. C'est là-bas, loin, loin, les noms sont imprononçables et on n'en connaît rien. Jusqu'au jour où on tombe dessus, presque par hasard. Et là on comprend pourquoi on a chaud aux fesses.
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