• Juifs, roms et musulmans sont acceptés dans des pourcentages très variables selon l'état de l'opinion de quelques grandes nations sondées. Avec parfois des phénomènes de "raidissement psychologique" de certains pays.


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  • Cinquante ans pour rienIl se trouve que j'ai des liens privés très forts avec Cuba dont je garderai le détail pour moi. Inutile de dire que j'ai suivi depuis des décennies l'actualité du pays de près. Je m'y suis rendu, il y a quelques années. J'ai le souvenir un peu glacé d'être arrivé vers 19 heures par un avion d'Air France à La Havane. L'aéroport, comme tous ceux du monde entier, était illuminé. Puis j'ai pris un taxi pour me rendre à mon hôtel dans le centre. Et, tout au long du trajet, je me suis trouvé dans une nuit Raoul Castro et Obamainquiétante, d'où émergeaient parfois des immeubles en piteux états. Et je dois dire que cette mise en condition était assez éprouvante. Puis, sur la grande place centrale, face à la copie du Capitole où se trouvait mon hôtel, soudain, la lumière est revenue. Forcément, il fallait donner le change aux touristes. Et cette bien modeste épreuve faisait toucher du doigt ce qu'était la pauvreté du pays dont j'ai eu, par la suite, d'amples indications, notamment lorsque des amis m'ont montré des photos d'eux-mêmes, sérieusement amaigris dans la "période spéciale", comme l'a qualifié le régime, celle, autrement dit, où l'URSS avait cessé de soutenir le pays: les Cubains, donc mes amis, avaient eu faim.

    Et voici donc qu'Obama vient, enfin, de faire les premiers pas qui s'imposaient pour mettre un terme à une politique qui, comme il l'a très bien dit lui-même, n'avait pas fonctionné pendant cinquante ans, celle de la Un consterant extrait du discours de Raoul Castro qui montre qu'il y a encore du chemin à parcourirmise à l'écart de Cuba. Il est assez fascinant qu'un pays de la puissance des États-Unis, une puissance comme celle de la Maison Blanche, doivent céder devant le lobby anti-castriste, au point qu'il fut longtemps de notoriété publique que le chargé des affaires cubaines à la Maison Blanche, sous des présidents successifs, était désigné par les milieux anti-castristes de Miami. Cela devrait relativiser notablement l'impression de puissance que nous pouvons avoir vis-à-vis de la puissance américaine. Qu'un lobby se trouve au bon endroit, avec les leviers qui conviennent et dont certains, notoirement, avaient partie liée avec la mafia, et cela suffit à faire plier ce pouvoir réputé considérable.

    Cinquante ans pour rienOTAGE.- Pour autant, je n'ai pas la plus petite sympathie pour les extrémités et les rigueurs que le régime, les années passant, a fait subir à son peuple. J'ai eu à connaître, parmi les miens (mais je crois devoir préciser que je ne suis aucunement un émigré cubain) , d'une jeune femme et de ses enfants, retenue en quelque sorte en otage dans son propre pays, loin de son mari médecin envoyé au Venezuela rapporter de l'argent à son pays, puisqu'il était envoyé là-bas moyennant une rétribution... à son gouvernement. Et, pour qu'il ne s'enfuie pas, on s'était assuré de sa famille.

    Reste l'essentiel: pendant cinquante ans, on a mené une politique qui n'a rien fait bouger d'un iota. Franchement, il n'y a pas de quoi être fier. Ceci nous donne un aperçu d'une classe politique américaine médiocre qui n'a jamais eu le courage de faire en cette matière son examen de conscience, préférant glaner les voix des émigrés cubains (dont je sais, au demeurant, pertinemment que certains ont eu à traverser de rudes épreuves: je me suis personnellement rendu sur la plage d'où partaient les "balseros", ces malheureux qui fuyaient l'île sur de misérables canots pour gagner la Floride).

    Cinquante ans pour rienAu passage, l'extrait que je donne ci-dessus de la déclaration de Raoul Castro est extraite d'un de ces sites dignes de la Corée du Nord, Le Grand Soir, qui continuent d'entretenir chez nous des mythes qui, eux aussi, sont morts il y a bien cinquante ans, mais qui, mystérieusement, survivent dans des fanzines électroniques avec rage et mépris.

    Ultime anecdote: me trouvant dans un climat de confiance parmi mes amis cubains (dont tous étaient Cinquante ans pour rienmembres du parti communiste, probablement beaucoup par sens de l'opportunité), j'ai demandé ce qu'ils craignaient le plus: une invasion américaine ou le retour des exilés. Ca n'a pas trainé: c'est aussitôt la deuxième hypothèse qu'ils ont évoquée.


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  • Lorsque l'écologie délireLorsque l'écologie délireIl vient de se passer en Suisse un évènement ultrarévélateur. Une organisation écologique a lancé un référendum d'initiative populaire pour fermer l'accès au territoire national aux étrangers au nom de l'écologie. La terre suisse - au sens du biotope suisse- ne pourrait pas, selon ce que l'on appelle les initiants, supporter une population excessive. Une population d'étrangers. Les Suisses,eux, ne posent aucun problème.... Ce dimanche, les Suisses, traumatisés eux-mêmes par un précédent vote amené, lui, par l'extrême droite sur la nécessité de limiter le nombre des étrangers, ont repoussé vivement cette proposition. Cela dit, en l'espèce, il est absolument permis de confondre la droite dure et ces écolos très particuliers (qui ne sont pas tous les écolos). C'est la convergence qui fait problème. On est en pleine confusion.

    Le comble - et c'est ça qui m'intrigue -est que les personnes à l'origine de cette initiative, comme le Professeur Philippe Roch, sont des personnes de très haut vol, loin d'être des gourous notamment par leur passé professionnel. Ceci est l'écho qui m'inquiète passablement d'une dérive que j'ai eue à toucher du doigt, de l'écologie qui considère que l'homme est secondaire et que seule une abstraction qui serait le biotope nécessiterait l'absolue priorité.

    J'entendais tout à l'heure le Pr. Philippe Roch (PHOTO)  dans une réaction surréaliste expliquer qu'on ne pouvait en aucune manière le traiter de raciste et que les porteurs du projets s'étaient mal fait comprendre. Stop. On est entre adultes consentants. Qu'un groupe écologiste n'ait pas vu que chasser des étrangers avait un petit côté raciste est confondant. On est en plein délire.

    Accessoirement, un des enseignements du scrutin est que les Suisses sont en train de se rendre compte des conséquences désastreuses d'un vote antérieur, cette fois approuvé, sur la limitation de l'entrée des étrangers, en février dernier. Les universités se vident d'étudiants étrangers, les étudiants suisses n'ont plus accès à Erasmus. Le gouvernement ne sait plus comment s'y prendre avec l'Europe qui refuse désormais de négocier.

    C'est super de virer les étrangers, mais il faut y réfléchir à deux fois.


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  • Pourquoi pas un ministre des portes et fenêtres? Mon grand père avait une excellente formule. Il disait: "Je veux bien qu'on me vole mais pas de plus de 10%". Eh bien ça doit être de famille: moi non plus. Je veux bien qu'on se foute de ma gueule, mais dans un pourcentage limité. Les dernières élections européennes ont été l'occasion pour l'ensemble des partis qui ne savaient que dire d'affirmer que c'était la première fois que le simple électeur de base allait se prononcer sur la direction de la Commission de Bruxelles, en somme le gouvernement de l'Europe. UNE MANIF DE JOBBIK EN HONGRIEOn a battu, en cette matière, le record historique de mensonge. Passons sur la désignation du vieux crocodile conservateur, Jean-Claude Junker, président de la future commission qui ne s'est à l'évidence passée que dans les couloirs par compromis entre les gouvernements. Mais nous voici à présent dans le sordide entre le sordide où des personnages doivent même être recalés par le Parlement parce qu'ils sont trop faibles, soit parce qu'ils sont trop compromis. Rappelons le cas exquis de M. Tibor Navracsics,hongrois, charmant garçon (ministre de la justice!) d'un gouvernement soutenu en Hongrie par des antisémites et qui a limité la nationalité de son pays aux minorités qui ne lui plaisaient pas. Idem pour la radio-télé qui est désormais totalement aux ordres. Et sans rire, on voulait lui confier je-ne-sais-quoi touchant à la citoyenneté. Lorsque les bornes sont franchies...Finalement, les parlementaires ont rejeté sa candidature, ce qui n'est pas dommage, mais en précisant qu'il aurait une autre place dans l'équipe. Un ministère des portes et fenêtres me paraîtrait tout à fait adapté. Je passe sur je-ne-sais-quel espagnol chargé de l'énergie dont - c'est pas de bol- la propre épouse à des intérêts pétroliers. Je passe aussi sur un Britannique chargé de la moralisation financière, lorsque son propre pays n'est, en cette matière, pas à proprement parler une référence.

    Si on voulait faire la démonstration que les institutions européennes sont vues par les gouvernements des nations qui la composent comme des gruyères où l'on place des potes, on ne s'y prendrait pas autrement. Et l'autisme absolu des dirigeants européens face à la demande de morale publique qui sourd de toute part reste une performance olympique, il faut bien le dire assez mystérieuse. Il n'y a rigoureusement aucun parti que l'on puisse citer qui ait dit: "je refuse de participer à semblable négociation". Tous la main dans le pot de confiture.


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  • Le sens de la marcheOn peut savoir sans comprendre. La réflexion me vient incidemment à l'occasion de la lecture d'un livre remarquable de Ben Shephard: "Le long retour" (Albin Michel), sur le sort des déplacés au lendemain de la seconde guerre mondiale. Bien que je ne souhaite pas m'attarder ici à son strict propos, je résume tout de même: les Alliés avaient énormément d'informations sur la situation de tous Le sens de la marcheles fronts et de tous les pays, par exemple, sur le sort des juifs. Mais ils ne les comprenaient pas. Et ils avaient d'excellentes excuses à celà. C'est un des mérites de ce livre de les mettre en évidence. Par exemple, les juifs n'étaient, pendant la guerre, qu'une partie et même une infîme partie (en dépit de l'horreur du sort qui leur étaient réservés) d'une immense cohorte de déplacés de toutes nations, Polonais, Ukrainiens, Baltes, mais aussi Français (STO) ou Italiens qui formaient un ahurissant maelström. Les dirigeants alliés voyaient bien qu'ils auraient à se colleter à ce maelström, au sein duquel ils ne saisissaient pas vraiment la spécificité de ce qui se passait pour les juifs.

    Le sens de la marcheL'ERE DES TOCARDS.- Je laisse cela de côté qui est un bout d'histoire très particulier pour m'attarder à la lecon de fond. En somme, les dirigeants avaient tout en mains pour comprendre, les informations étaient sur leurs bureaux.  Ils savaient, autant que l'on voudra, mais ils ne parvenaient pas à discerner le sens de la marche. Et encore, je parle de Churchill, de Roosevelt, de Staline. On peut tout en dire sauf que c'était des tocards. Il se trouve que depuis au moins une vingtaine d'années, nous sommes entrés dans l'ère des tocards. Qui comparera la surface culturelle de nos actuels leaders avec ceux-là? Je ne sais d'où ça vient mais nous sommes au temps du vernis, de la capacité à répondre en 45 secondes. Je l'ai déjà écrit. Passons.

    Mais le phénomène reste. Il est hautement vraisemblable que nous avons les informations nécessaires à retrouver du sens, à recomposer un récit. Il nous manque la perspective, le regard. On ne peut exclure, au passage, que l'excès d'informations gêne l'émergence de la perspective. Mais ça n'est pas sûr.

    La tentation peut exister de dire que la vraie perspective, la juste, la bonne, c'est de faire radicalement l'inverse de ce que l'on fait. Gare! Le non conformisme n'est pas l'inverse du conformisme.

    Le sens de la marcheLE CONTRE DISCOURS STANDARDISÉ.- Non seulement ça n'est pas cela mais c'est même un autre conformisme, souvent plus hautain que l'autre parce que sûr de ses exceptionnelles vertus morales (par opposition, bien sûr, au Le sens de la marcheconformisme qui serait vile compromission, lâche abandon, honteux soulagement). De ce point de vue, je suis attristé par l'adhésion que trouvent, dans une population jeune et dynamique, des "non conformistes officiels", des Mélenchon, Le Pen, etc. dont il ne paraît pas que la hauteur de vue soit la caractéristique première. Notre temps a secrèté son contre-discours qui est aussi standardisé que les autres. 

    On a beaucoup vanté - j'y souscris totalement- l'exceptionnelle action de Nelson Mandela. Mais ce qu'il a fait politiquement importe peu. Ce qui importe c'est qu'il ait trouvé la force formidable en lui-même de voir le bon chemin. Mais, tonnerre de Brest, où l'a-t-il trouvée, cette force? C'est celà le vrai sujet.

    Ceci dit, il me semble que la hauteur de vue implique la vertu morale. Et là, il y a du mal de fait.

     

    PS: Pour ceux qui se demanderaient de quoi parle cet énorme bouquin, il est possible de visionner ici: https://www.youtube.com/watch?v=30N6_i7TGh4 un film de propagande tourné par Henri Cartier-Bresson à la demande des services américains avec un commentaire affligeant de pompe signé Claude Roy. Enfin, fallait bien vivre... Le livre de Ben Shephard montre une réalité infiniment moins idyllique.Pour faire contrepoint, je signale La Libération de Paris: https://www.youtube.com/watch?v=2SeuiYHrCGs, film non moins propagandiste mais qui, tourné dans la clandestinité et l'improvisation conserve une certaine fraîcheur.


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