• DÉCIDÉMENT DANIEL COHN-BENDIT EST REMARQUABLE

    Je suis depuis longtemps un admirateur de Daniel Cohn-Bendit parce que c'est un des rarissimes hommes politiques européens qui soient authentiquement cultivés. Il l'est du reste au point que cela l'a éloigné du monde politique: c'était fatal et cela donne, par contraste, une mesure de la médiocre hauteur de vue des siens alors. Cette culture lui donne une distance par rapport à la misérable bagarre politique dont je vois infiniment peu d'équivalent. L'interview qu'il a donnée à Libération le 11 août en donne un exemple. Il a raison de dire que " si l’Allemagne a pu avoir une position très dure au cours des négociations avec la Grèce, c’est parce qu’elle était largement soutenue, seule la France ayant émis quelques réserves. On ne peut donc absolument pas parler de « diktat » allemand".

    Il a raison de souligner que la position grecque est devenue incompréhensible: "Les Grecs voulaient le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière. À 60 %, ils ont rejeté l’austérité, mais à 80 % ils voulaient rester dans la zone euro. Tsipras a dû trancher. En décidant de rester dans l’euro, il n’avait d’autre choix que de trouver à n’importe quel prix un accord avec ses partenaires. J’ai trouvé terrifiant que beaucoup trouvent géniale l’idée du référendum grec du 5 juillet parce que c’était soi-disant démocratique. Mais si en Allemagne, en Finlande, aux Pays-Bas, on avait fait un référendum pour savoir si on devait redonner de l’argent aux Grecs, le résultat aurait été négatif et de façon écrasante. C’est démocratie contre démocratie et dans cette affaire les Grecs sont minoritaires."

    On utilise, en effet, dans cette affaire le mot de démocratie avec une désinvolture accablante. Je m'amuse de voir des sites souverainistes d'extrême-droite la redécouvrir opportunément alors que tout, dans les gènes de leur pensée, les éloigne de la démocratie.

    Enfin, il est bon que Cohn-Bendit rappelle des données d'économie élémentaire: " Ce dont a besoin la Grèce, c’est de temps pour se doter d’un Etat fonctionnel. Pour l’instant, elle est même incapable de dépenser l’argent qu’on lui verse sans aide administrative européenne. Au début de la crise, en 2010, le commissaire à l’agriculture avait appelé son collègue grec pour lui dire qu’il y avait entre 3 et 6 milliards d’euros de disponible dans le budget agricole. Il ne l’a jamais rappelé. C’est pareil dans tous les secteurs. Savez-vous qu’il y a plus de panneaux solaires et d’éoliennes en Suède qu’en Grèce !"

    Le fait que nous ayons tous envie de rêver, tous envie d'aimer, le fait, en somme que nous rêvions d'une nouvelle grande aventure, de nouveaux héros - autant de travers charmants- ne doit pas faire perdre le nord. Il faut à la Grèce une vraie économie, une vraie administration. Si l'église orthodoxe ne paie pas, on la fait payer - ce que ne fait pas le gouvernement Tsipras. C'est quand même le minimum.


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