• Christoph Blocher, grand manitou de l'UDCNous sommes dans le temps du grand rétrécissement, du grand essorage. Rétrécissement de la pensée, rétrécissement du champ politique. Et, sans mauvais jeu de mots, on pourrait dire qu'il a rétréci au lavage. Lavage de slogans simplistes, essorage de toute pensée complexe. Tout énoncé de plus de 20 secondes est insupportable et tombe alors sur l'intervenant le jugement qu'il est un intellectuel ratiocineur, c'est-à-dire de gauche, c'est-à-dire suspect.  Car, en effet, à force de développer du bavardage loin de la simple vie quotidienne, la gauche s'est mise à véhiculer du creux, rejoignant du reste ainsi une droite dont la pensée est d'une vacuité sidérale. À croire qu'il y aurait une compétition dans le vide. Et la boutade mérite peut-être plus de considération qu'on ne lui en accorderait de prime abord. Tout se passe comme si l'argumentation attentive n'était plus d'époque. À noter que cette observation ne vaut pas pour l'Allemagne, où il semble bien que les Chrétiens-Démocrates s'attachent à d'authentiques valeurs.

    Il se trouve que viennent de se dérouler des élections au parlement suisse qui ont donné une victoire au parti le plus à droite de l'échiquier, l'Union Démocratique du Centre, l'UDC. Je donne ici son nom intégral pour bien marquer que ce n'est pas un parti d'extrême droite, c'est un parti qui s'est extrême droitisé, ce qui n'est pas la même chose. C'était, à l'origine une sorte de parti du bon sens paysan - car c'était un parti paysan- conservateur certes, mais pas plus méchant que cela. Seulement la haine paie (voir ici) et, lorsqu'on n'a pas grand chose à dire, mieux vaut y recourir. Alors, l'UDC s'est radicalisée. Et, en raison du rétrécissement dont je parle ici, elle s'est mobilisée sur les thèmes anti-migrants, xénophobes, anti-européens qui lui valent la victoire.

    Mais n'inversons pas l'ordre des facteurs. Ce ne sont pas le FN en France, l'UDC en Suisse, l'UKIP en Grande-Bretagne, le Vlaams Belang en Belgique, les partis au pouvoir en Pologne, etc - bref les partis de la détestation radicale (voir ici)-. qui ont entrainé le rétrécissement. C'est l'inverse. Il y a eu rétrécissement de la pensée publique DONC il y a eu victoire de ces partis. Il y a eu montée de la détestation d'abord. Le plus drôle est que ces partis revendiquent bruyamment une attache qui n'a pas grand chose à voir avec leur doctrine (si tant est que le mot doctrine s'applique à eux): ils font référence sans cesse à une Europe judéo-chrétienne. Franchement, je ne crois pas que le coeur du christianisme soit ce rejet massif de l'autre, ou ne soit cette propension à la détestation. Mais, en vérité, pour eux, ça n'a aucune importance, il s'agit seulement de rejeter un autre mythifié qui serait musulman (voir ici). Demain, il sera bouddhiste. Peu importe.

    Politique: le grand essorage
    Pour autant, il faut interroger cette vacuité que les gens raisonnables ont laissé s'installer.
    Car il est certes vrai qu'une certaine pensée pavlovienne de gauche, sempiternelle sur certains thèmes (sécurité, laïcité...) s'est épuisée. Elle a fait autant de mal qu'une pensée conservatrice. Pour l'excellente raison, qu'il n'y a pas de pensée conservatrice. Je suis bien embêté d'être assez d'accord avec un intellectuel de la droite ultra, Alain de Benoist, dans l'analyse qu'il propose ici. (À noter cependant qu'Alain de Benoist apparaît plus comme un électron libre depuis quelques temps que comme un vrai penseur de la droite ultra). La gauche des automatismes de pensée a fini par exaspérer.

    En vérité, tous les cadres de réflexion éclatent. Par conséquent, lorsque, de plus en plus rarement, ils votent, les électeurs le font n'importe comment, étant du reste entendu que demain, peut-être, ils voteront dans un sens notablement opposé. Et on ne voit pas bien pourquoi on le leur reprocherait: les pensées qu'on leur propose sont si faibles, si peu adéquates avec leurs vies, qu'elles ne font plus autorité.

     

    Voir aussi: Il n'y pas d'héroïsme au politiquement incorrect

    L'alibi du politiquement incorrect

     

     


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  • Les USA perdent toutes les guerres qu'ils entreprennentLa situation en Syrie, l'intervention russe nous font perdre de la hauteur, une hauteur bien nécessaire. L'affaire nous met devant des réalités crues qui nous imposent de beaucoup repenser. Depuis le Viet-Nam, les USA ont perdu tous leurs engagements militaires. Nous restons évidemment - et légitimement- sur le souvenir de leur formidable capacité de mobilisation de la deuxième guerre mondiale. Nous restons aussi sur le souvenir des formidables moyens qui furent - en vain- déployés au Viet-Nam (mais nous oublions la piteuse défaite). Il est hautement vraisemblable que lorsque, fort inélégamment, Obama laissa tomber Hollande, il y a deux ans,  dans sa proposition d'intervenir directement en Syrie, c'était parce qu'il connaissait bien les nouvelles réalités de ses propres possibilités. Il est bien connu que la France a été discrètement rétrogradée, sur le plan économique au rang de moyenne puissance. Eh bien les Etats-Unis, non pas sur le plan des matériels et des hommes, mais sur le plan des nouvelles pratiques des conflits, sont, eux-aussi, en train d'être rétrogradés. Gendarmes du monde c'est terminé.

    Depuis ces guerres, en effet, et dès l'engagement même des combats, on a bien vu que le formidable arsenal américain ne suffisait plus. Les situations de terrain n'appellent plus ce mode là d'engagement mais sont dominées par ce que les tacticiens appellent des conflits dissymétriques: le plus fort n'est pas forcément celui qu'on croit. Et les Russes, grands perdants déjà de la guerre d'Afghanistan ( mais la première), feraient bien d'y réfléchir lorsqu'ils la jouent, comme en ce moment, "à l'américaine" en Syrie: engagement déterminé et massif, point de troupes au sol, mythe de la guerre à distance. La nature des affrontements qui dominent de nos jours, avec chez l'adversaire  des petits groupes très souples, déterminés, des hiérarchies incertaines, des autonomies très grandes, laisse les puissantes escadrilles impuissantes. Elles font des dégâts terrifiants, mais ont des effets très maigres. Ils faut aller tuer au corps à corps dans une effusion de sang terrible. C'est ça ou rien.

    Je suis un peu sidéré de l'enthousiasme facile d'un certain nombre d'intervenants dans le débat public qui se disent convaincus que les Russes viennent de régler l'affaire. Et, pour emporter le morceau, ils prennent des allures de ceux à qui on ne la fait pas et qui connaissent la martingale. Ces propos sont d'une imprudence folle. Les combats qui viendront inévitablement devront être au sol, seront hors de toutes les lois de la guerre et nous laisseront un souvenir d'horreurs. Rappelons à ceux qui n'ont pas de mémoire que, lorsque les Américains sont intervenus en Irak, dans les premiers jours, quelques hommes politiques français qui leurs sont usuellement inféodés ont couru les plateaux de télé pour dire, à la manière d'Alain Madelin,  que la France, par son attitude, serait absente au moment où les Irakiens applaudiraient le long des routes les armées libératrices. On a vu ce qu'il en a été. Si on pouvait arrêter les conneries de ce genre...

    Plus généralement, nous ferions bien d'acter que les anciennes grandes puissances, particulièrement les États-Unis, ne sont plus à la hauteur. La puissance objective de terrain est du côté de celui qui, pourtant, apparaît comme le petit, le faible, celui qui a le moins d'armes. Mais il a la plus grande souplesse, la meilleure connaissance du terrain... et la plus grande cruauté.


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  • C'est complètement dingue. CNN a agrégé des données qui couvrent la période 2004-2013 pour comparer le nombre de morts américains de terrorisme (pour l'essentiel hors des USA) et le nombre de personnes mortes dans des fusillades divers. C'est fou.

    États-Unis: la folie des armes

     

     

    Pour la bonne compréhension, précisons que sur les 313 morts de terrorisme, 277 l'ont été hors du territoire américain et donc 36 aux USA à l'occasion de 11 évènements différents. Il faut rendre cette justice à Obama qu'il aura été le seul président à dire aussi clairement que ce bilan est désastreux. Je mets en ligne ci-dessous sa remarquable intervention après les récent massacre. Mais on ne parvient pas à comprendre qu'il n'y ait un mouvement de bascule dans l'opinion en faveur d'un e réglementation très sévère de la détention et de l'usage des armes.

    États-Unis: la folie des armes

     


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  • La fameuse négociation qui a lieu en ce moment sur le traité transatlantique se déroule dans des conditions ahurissantes: les négociateurs de nombreux pays dont la France devraient, pour pouvoir consulter théoriquement les documents en cours de négociation se rendre soit à l'ambassade américaine de leur pays, soit dans une pièce sécurisée à Bruxelles. (Dans la pratique, c'est un peu plus souple).  Ceci dit les choses bougent.  M. Matthias Fekl, ministre en charge des négociations commerciales internationales,  vient de dire à un journal que, le cas échéant, la France se retirerait de la négociation . Naturellement, il faut faire la part des choses: c'est un procédé de négociateur. Mais enfin cela donne une mesure du niveau de tension.

    Il faut rappeler que ces négociations portent sur trois chapitres. Le premier, qui ne devrait pas poser de gros problèmes, est la suppression de droits de douane. Le deuxième, hautement polémique, est le fait qu'en cas de conflit entre un état et une entreprise, on pourrait recourir à une procédure d'arbitrage qui pourrait être exorbitante du droit commercial de l'état concerné. Autrement dit, un autre ordre de droit, parallèle et même supérieur aux droits nationaux, se mettrait en place. Le troisième point également très discuté concerne l'harmonisation des normes, par exemple sanitaires entre les pays concernés. On voit bien que cela pose, notamment, la question des OGM et d'un ensemble de pratiques américaines en matière d'alimentation, bien moins exigeantes que les nôtres. Ainsi, des choses interdites chez nous pourraient se retrouver autorisées par le jeu des règles nouvelles du commerce international. Pourquoi alors avoir une législation nationale sur les normes?

    J'ai effectué un montage de l'intervention de M. Matthias Fekl devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale en cette fin septembre parce qu'il synthétise avec une franchise rare l'état du problème. La nécessité de réduire autant que possible cette intervention m'a contraint à supprimer quelques passages qui montrent clairement que le prétendu libéralisme des États-Unis est un mythe. Nos marchés sont beaucoup plus ouverts que les leurs. Ils ont des législations très protectionnistes au bénéfice de leurs entrepreneurs. C'est tout de même une sacrée performance qu'on passe son temps à affirmer le contraire... à leur bénéfice. En effet, notre ouverture, voire notre laxisme, absolument sans réciprocité, se fait au profit de leurs exportateurs.

     


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    Jeremy Corbyn, dont il a déjà été question ici, a finalement emporté la compétition à l'intérieur du Labour party, britannique: il en sera le leader. Il représente l'aile très à gauche de ce parti qui n'a plus eu voix au chapitre depuis des décennies. De façon significative, depuis des semaines, jamais la presse britannique n'a donné à entendre le contraire, en sorte que ses challengers étaient sans cesse en situation de se situer par rapport à lui. C'est, évidemment, un changement très emblématique des mouvements dans la société britannique. J'ai déjà eu l'occasion de pointer combien, à travers l'Europe, des changements de ce genre se font jour et sont parlants.

    Il se peut bien, comme n'ont cessé de le dire ses adversaires blairistes, que cela signifie des années et des années d'opposition pour les travaillistes, le restant de la société britannique ayant manifesté aux dernières législatives son net ralliement aux conservateurs. Certes, mais voilà: les gens qui se disent de gauche aiment la gauche, pas l'eau tiède. On pourrait dire l'inverse à propos de la droite. Ceci manifeste assurément une polarisation des opinions et un refus des compromis. Je n'ai aucune honte à dire que je ne crois pas aux radicalisations parce que la vie est compromis et la radicalisation une posture. Mais ceci est actuellement inaudible: il faut en prendre acte. De ce point de vue, je suis dans le camp des perdants.

    Au même moment se déroulait à Barcelone une manifestation monstre pour l'indépendance de la Catalogne. On dira que ça n'a rien à voir. Si. Il s'agit, là encore, de faire exploser les cadres convenus. On ne veut plus du compromis espagnol ancien qui tenait plus ou moins bien avec le pouvoir central madrilène. Et je note que la droite locale est très engagée dans ce mouvement contre la droite gouvernementale. Ainsi, une nouvelle fois, les cadres craquent.

    En fait, le mouvement commun entre ces deux informations, c'est l'épuisement des cadres anciens, des compromis anciens. Une sorte d'épuisement désespéré. Je ne suis pas sûr que ce soit objectivement très productif car il n'est pas sûr que cela mène à des changements véritables dans les vies quotidiennes. Mais c'est assurément l'échec de décennies de recherche d'accords minimaux. On va devoir en rechercher de nouveaux ce qui, dans un climat de polarisation ne sera pas simple à trouver. Je m'amusais, il y a plusieurs jours, de voir que Corbyn, sentant venir la victoire a glissé dans ses propos des mots de conciliation vis-à-vis de ses adversaires. Parce que, pour lui aussi, le compromis est inévitable.


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  • La décision américaine d'autoriser finalement des prospections pétrolières dans l'Arctique est assez mystérieuse. Au moins à court terme. Il est clair, en effet, que la crise chinoise actuelle n'est pas sans relation avec l'effondrement des cours du pétrole. La Chine a de moindres perspectives de production que prévu; cela impacte donc directement sa demande en énergie. Comme son économie est étroitement en relation avec quelques autres considérables, le ralentissement à venir va affecter la planète entière. Et il est difficile de prévoir sur combien d'années.  De même, il est compliqué de comprendre pourquoi les gaz de schiste spectaculairement plus onéreux que le pétrole de papa continuent de progresser, il est vrai dans un nombre considérablement moindre de puits. On a peine à croire que cela se fait à perte. Et pourtant, ça y ressemble. Disons plutôt que les plus faibles ont été éliminés et qu'on exploite à fond les puits les plus productifs.

    L'affaire chinoise est sérieuse. L'excellent commentaire de Libération montre à quel point le pouvoir risque gros pour s'être livré à des tripatouillages incohérents sur la bourse. Hélas, les Chinois aiment un peu trop jouer, ils ont énormément perdu. La dramatique affaire du port de Tanjin avec ce qu'elle sous-entend de corruption, d'absence tragique de respect des réglementations, lorsqu'elles existent, ne se résoudra pas nécessairement en s'asseyant sur le couvercle et en attendant que des gaz redoutables se dissipent. Sans mauvais jeu de mot, la Chine vire au rouge. Chez elle, les grands perdants des évolution récentes sont les membres de la classe moyenne qui, partout, toujours, assurent l'assise des régimes. Faut pas trop jouer avec ça.L'autre explosion chinoise

    Pour en revenir à ces problèmes écologiques décidément très prégnants (Tanjin, gaz de schiste et l'Arctique), c'est une chose d'en parler en termes généraux, c'en est une autre de lire les dommages très concrets que l'exploration pétrolifère provoque dans les sociétés concernées par des prospections folles. Il faut absolument lire tout ce que Olivier Truc a publié: Le Dernier Lapon est excellent, mais sur ce sujet spécifique ce sera plutôt  Le Détroit du Loup, remarquable aussi. On sort de ces récits très bien menés assez mal à l'aise car, après tout, ce putain de pétrole qui détruit des civilisations millénaires... il y en a plein ma cuve à mazout. Nous sommes tous un peu responsables

     


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  • Il y a en France, s'agissant des chrétiens d'Orient, un paradoxe insupportable: l'homme de la rue a, à leur égard, exactement le même type de raisonnement que les islamistes. C'est tout de même un comble! L'ignorance crasse qui prévaut chez nous à leur propos laisse penser que sous prétexte qu'ils seraient chrétiens, ils seraient européens et que, par conséquent, ils seraient comme une des séquelles d'un temps qui s'évanouit.

    C'est totalement faux. Les chrétiens orientaux sont orientaux à 100%; leurs ancêtres lointains étaient les compagnons du Christ et si certaines seulement de leurs églises ont fait acte d'allégeance à Rome, beaucoup, comme les églises syriaques ou arméniennes, par exemple, sont ce que l'on appelle "autocéphales", c'est-à-dire qu'elles se gouvernent par elles-mêmes, sans d'autres relations que polies avec le Vatican. Notre vision alimente une indifférence criminelle: il y a comme une vague gêne sur nos rives de la Méditerranée à soutenir des populations qu'on s'imagine reliées à nous par des liens suspects. Mais c'est très exactement parce qu'ils arguent de cela que les islamistes les persécutent! Nous menons le même raisonnement qu'eux! Les chrétiens d'Orient méritent, certes, une solidarité confessionnelle de la part des chrétiens d'Occident, pour ceux pour qui les questions de foi sont importantes. Mais ils méritent tout autant des laïcs ou non religieux du monde entier la même sympathie que l'on proclame pour toute minorité. On ne peut pas être à la fois défenseur des Indiens d'Amérique, des Arborigènes d'Australie, des Lapons du grand nord et de mille autres minorités à travers le monde et subitement pas des chrétiens d'Orient.

    Et c'est même là le deuxième élément du scandale. Si demain les Chrétiens d'Orient disparaissaient, ce ne serait pas du tout un drame seulement pour la chrétienté, ce serait un drame pour la diversité. Et alors, nous aurions été les complices des islamistes. Car le Proche-Orient est infiniment divers dans ses colorations religieuses. Or qui dit coloration religieuse dit coloration culturelle: chants, littérature, gastronomie, traditions, etc.  Nous avons découvert récemment les Yezidis d'Irak, petite confession minoritaire à l'intérieur de l'Islam, mais que dire des Alévis de Turquie, que dire, ici ou là, d'héroïques communautés juives qui subsistent?

    Depuis la fin de la guerre, depuis les remous créés par la naissance d'Israël, nous voyons s'étendre sur cette région le voile sinistre de l'uniformité. Et pourtant, il n'est pas vrai que, même s'il y a des discriminations, le musulman  de la rue n'a pas des solidarité avec le chrétien de la rue. Un de mes amis, chrétien de Syrie, me racontait que son père, vieux sage respecté  à l'intérieur de sa communauté de Yabroud, délibérait avec les vieux sages de la communauté musulmane locale et que tout se passait bien. Un autre de mes amis, ancien kibboutzim d'Israël, me disait: "Si le roi du Maroc venait en visite à Jérusalem (il pensait au père de l'actuel) , il y aurait des scènes de joie immense autour de son convoi, parce que les juifs du Maroc ont adoré ce pays qui était, dans leur coeur, évidemment le leur aussi". Ces dernières années, en Égypte, alors qu'avaient eu lieu des attentats contre des églises chrétiennes, de simples musulmans anonymes ont fait des rondes autour d'autres institutions chrétiennes pour qu'on ne les attaque pas. Tout simplement parce qu'ils étaient solidaires de leurs voisins.

    Un des plus grands méfaits du XX° siècle aura été de détruire cette diversité religieuse que des obscurantistes veulent définitivement éradiquer. Mais pas seulement à travers les chrétiens, à travers les représentants de toute diversité! Imaginons que des fous de Dieu veuillent que la France soit tout uniment catholique. Plus rien d'autre. C'est de cette horreur là dont nous parlons.

    Les chrétiens d'Orient sont les marqueurs d'une diversité qui est le signe même de la vie. Il est consternant que l'ignorance commune de l' histoire de cette région et le soupçon immédiat qui prévaut dès que quoi que ce soit a une vague connotation religieuse (lire ici) nous confine dans un silence peu glorieux.


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