• L'enveloppe de Monsieur le Sénateur est avancée

    L'enveloppe de Monsieur le Sénateur est avancéeAinsi donc Médiapart vient de détailler une information qu'il avait déjà publiée, il y a quelques temps, expliquant qui avait touché combien parmi les sénateurs UMP de ces surprenantes enveloppes venues du groupe parlementaire. Il se trouve que je déteste une des propensions dominantes d'internet à reprendre ce que d'autres ont écrit, donc je me dispenserai d'aller plus avant dans une information qui circule partout.

    L'enveloppe de Monsieur le Sénateur est avancéeCe qui me frappe dans l'affaire c'est l'espèce d'ingénuité, de flou, d'incertain, avec lequel répondent ceux qui se sont fait prendre les mains dans la confiture. On me taxera de naïveté mais ce qu'il y a, à mon sens de pire, c'est que c'est probablement de bonne foi. " Oui, j'ai du toucher cet argent. Ca devait correspondre à des frais. Oui, j'aurais peut-être du le déclarer aux impôts. Mais il ne faut pas nous clouer au pilori au nom de la transparence."

    L'enveloppe de Monsieur le Sénateur est avancéeSENS COMMUN.- On perd le sens commun. Un sénateur gagne un peu moins de 7500 euros brut par mois et touche autant pour rémunérer ses collaborateurs. Je suis parmi les rares qui acceptent l'explication selon laquelle, comme les députés, ce sont après tout des cadres supérieurs de la nation et qu'on peut donc les arroser généreusement. Sauf qu'un cadre supérieur, tout de même, est prié de faire la preuve qu'il sait à peu près pourquoi il touche telle ou telle somme, de savoir quels frais il engage, etc. C'est tout de même bien le moins.

    J'avais, il y a quelques temps, une discussion un peu virile avec un de mes collègues qui me reprochait d'écrire en substance ce que je viens de dire parce que "ça alimentait le populisme". On perd le nord. Je suis fatigué qu'il faille s'expliquer lorsqu'on demande un peu de morale. Détenir un mandat public n'exonère d'aucune forme de rectitude et si le problème se pose c'est bien, comme on le voit parfaitement dans l'affaire des sénateurs UMP et comme on l'a vu dans l'ahurissante affaire Thévenoud, qu'on est en présence de gens qui ont perdu, dans leur propre monde, le sens de l'argent, le sens de la valeur des choses, bref le bon sens. L'affaire Bigmalion c'est cela au centuple. On voit très bien qu'à un moment donné, on a pêté un câble.  Plus personne n'a songé qu'à l'école on nous apprenait qu'il fallait équilibrer les recettes et les dépenses. Et oui: comme dans une épicerie. Comment des gens de si haut rang ont-ils pu oublier ce que sait un enfant de dix ans? C'est de la folie à l'état pur. Ce qui est un signal particulier dans l'affaire des sénateurs ou dans l'affaire Bigmalion, c'est qu'on y voit clairement qu'un groupe d'hommes - pas seulement une individualité isolée, pas seulement un type "que stresse d'ouvrir ses enveloppes" (on rêve!)-  qui est en cause. C'est donc une mentalité collective. Et c'est un signal terrifiant.

    Je ne crois pas devoir m'excuser de demander de la morale. Je n'accepte pas le procédé qui consiste à faire passer l'accusateur en position d'accusé. C'est une habileté rhétorique méprisable dont on ne doit pas être dupe.


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