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La blogosphère suscite de la confusion
Il faut parler clair, utiliser les bons mots dans leur sens véritable. Le net est une grande fabrique de désordre dans la compréhension des choses et particulièrement la blogosphère. On voit bien que derrière la dynamique du net, il y a l'idée que n'importe qui ou n'importe quoi peut être source d'information. Non, fermement non. Une information est une donnée qui a été recoupée, soupesée. Cela exige du travail et donc, à un certain moment, sauf si on le fait légèrement, de l'argent.
Mais, me dira-t-on, il y a des centaines de milliers de sites qui diffusent des informations notamment sur ce dont ils émanent, groupements, entreprises, organes militants. Je récuse cela absolument. C'est de la communication qui est clairement le cache-sexe de la propagande. Il faut réutiliser les bons mots: lorsqu'une association militante follement sympa diffuse des données sur les choses formidables - évidemment- qu'elle va entreprendre, c'est la propagande. Le fait que tel ou tel organisme bénéficie d'un préjugé favorable ne dispense d'aucune vérification de son "information". Ou alors c'est du parti pris. La confusion entre information et communication est devenue intolérable. Première mise au point.
RIEN N'EST GRATUIT.-Deuxième mise au point qu'impose, je crois, la confusion généralisée du net: rien n'est gratuit. En tous cas pas la vraie information. Non seulement il est légitime mais il est indispensable qu'une information soit payante. Sinon, elle est suspecte. Car il y a gros à parier qu'elle a été torchée en deux temps, trois mouvements, sans souci de vérification et de mise en perspective. Médiapart oui, là on ne triche pas, il y a du boulot. Et de même pour les sites crédibles qui ont du dépenser de l'argent pour aller chercher les faits et les mettre en perspectives.
Je refuse absolument de mettre sur pied d'égalité le travail sympa, passionné, militant de celui qui veut tirer au clair un sujet et celui d'un gars qui a l'expérience des sources, l'expérience de leurs manipulations (ça arrive), qui sait où vérifier, etc. Je refuse que l'on dise que tout est égal à tout. C'est exactement comme l'érotisme et la pornographie.
L'enjeu véritable, le seul à la fin des fins, est que chacun puisse penser par soi-même sur des bases solides. Non pas sur la base de la propagande des autres. J'ai dit ailleurs ce que je pensais de la construction des grands mythes à partir desquels nous serions censés nous situer. Notre seule vraie liberté est de nous construire nos propres convictions.
VIEUX RÉAC.- Je sais pertinemment que ce que j'écris là ne rencontre absolument pas l'adhésion du plus grand nombre. Le net et ses théoriciens, voire ses profiteurs, ont laissé se diffuser l'idée - voire l'ont promu- que la gratuité était la liberté. Nouveau concept qu'on manipule. C'est faux. La gratuité telle qu'on la pratique sur le net peut signifier deux choses: d'une part celui qui paie vraiment, à la fin des fins, est un bénéficiaire masqué de la diffusion de la donnée en cause; d'autre part l'intention apparemment généreuse de la diffusion est au mieux militante, au pire manipulatrice. Il est désolant de voir des mots de progrès - "liberté"- et des concepts généreux - "partage"- masquer en réalité des pratiques qui sont coupables.
Je suis totalement indifférent à l'idée de passer, écrivant ceci, pour un vieux réac. On sait bien que les dictatures ont toujours eu pour activité première de changer le sens des mots. Le net est objectivement une "dictature molle" que nous sommes contraints d'accepter parce qu'il offre d'incontestables avantages. Mais nous ne pouvons accepter, sans en être conscients, le changement de sens des concepts.
PS: Ce site est très clairement un site de commentaires et non d'information pour l'excellente raison que je ne dispose pas des moyens de garantir, par des recherches suffisantes, des informations solides. Oui à l'information il faut de l'argent, le reste est mensonge.
Tags : crédibilité d'internet; blogs; manipulation
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