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ET SOUDAIN PARTOUT LA PROTESTATION
Il y a l'horreur, mais il y a aussi la réaction. Des centaines de milliers de personne dans les rues qui disent qu'il y a des valeurs auxquelles on ne peut toucher. On pourra dire que rien ne compensera la disparition violente de talents remarquables. Mais je trouve infiniment stimulant que ce pays qu'on dépeignait comme amorphe, plein de doutes, perdu dans des débats identitaires, soit soudain capable de verser dans les rues des milliers de personnes en colère.
On a l'impression qu'une horreur a fouetté des sens endormis, que la vieille fibre républicaine amollie se réveille. Les gens se caillent dans les rues, mais ils le font à la fois dans la gravité et - j'ose dire- dans le bonheur. Je ne parle bien sûr pas de bonheur face au deuil mais face à une idée qui se ravive et qui est celle qui nous lie. Brutalement, on regarde la mort de ces talents épatants autrement. On les voit comme des symboles qui vont entrer dans les livres. On se dit que, peut-être, quelque chose se fonde ce jour.
Des discours las et répétitifs saturaient les ondes depuis des années. Et trois dingues, dont il faudra nous dire s'ils ont été manipulés, déchaînent la colère, ramènent à des vérités essentielles. Il fait - 15°. On s'en fout. On y va et on leur dit: ne touchez pas à ça!
Et on se le dit d'autant plus que commencent à filtrer des données concernant les coupables (dont les réseaux sociaux nous donnent déjà noms, prénoms, dates de naissance et photos!). Et là quel spectacle! Quelle consternation! Quels pauvres itinéraires! Quelles dérives! Mais voilà: il a été possible - il faudra que, sereinement les historiens nous disent comment- que ces esprits si vifs, si gais, si coupants dont nous nous délections, croisent des personnages devenus bêtes fauves. On se dit qu'autrefois, on les eût imaginés à des milliers de kilomètres de distance, dans d'autres civilisation. Ben non.
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