• LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENT

    LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTC'est à n'y pas croire. Le nombre de cimetières familiaux dans notre région pourrait avoisiner le millier. Les évaluations de l'Association pour la Sauvegarde des Cimetières Familiaux de la Drôme est, en tous cas, de près de 500 pour la seule région du Diois et peut-être de 200 dans la seule région de Bourdeaux. A ce rythme, pas étonnant qu'on approche le millier pour Diois et Crestois réunis. Mais ce millier là est terriblement méconnu. Depuis le printemps 2012, une petite équipe dioise s'est lancée dans un monstrueux travail de recensement pour lequel, du reste, elle a grand besoin de bras supplémentaires. Car, en certains endroits, la densité est à peine croyable: 40 à Menglon, 31 à Saint Julien, 30 à Poyols, 15 à Barnave, 15 à Laval d'Aix. Quelques localités n'ont même pas de cimetière communal comme Aucelon. Au Petit-Paris, ancienne commune désormais intégrée à Saint-Nazaire-le-Désert, l'ancien cimetière communal est désormais un enclos pour troupeaux! Il y a donc un immense travail de recensement à faire. L'association drômoise est toute récente mais en Poitou, vieille terre protestante un groupe de personnes a décidé en 1997 de créer l'Association pour la sauvegarde des cimetières familiaux protestants forte après plus de 10 ans d'existence de 250 adhérents. Elle exerce son action sur les départements de la LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTCharente Maritime, des Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Vienne. Elle a effectué un considérable travail de repérage que débutent précisément les Drômois. Leur association a conçu une fiche technique précise.

    LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTCIMETIÈRE VENDU.-C'est que, disent ses trois animateurs, certains sont menacés de disparition. On les repèrent parfois encore par les cartes IGN au 25 000°, mais tous n'y figurent pas.” Le risque de disparition est d'autant plus grand que tous ne sont pas cernés de murets, voire plantés d'arbres. Certains anciens ont souhaité être inhumés en plein champs. Et l'on connaît des cas récents où un exploitant contemporain a fini un beau jour par labourer la sépulture. Cette menace de disparition tient bien sûr beaucoup au désintérêt de familles qui ont parfois oublié cette vieille possession. Encore que possession ne soit pas le bon mot. Car il se peut, pour tout aggraver, que la propriété où se trouve le cimetière familial ait été vendue, ce qui ne fait pas perdre aux ayant droits (les lointains héritiers des défunts) leurs droits sur le cimetière. Historiquement, bien sûr, les cimetières familiaux sont essentiellement protestants.

    Le Professeur Cabanel, grand spécialiste de l'histoire du protestantisme rappelait en 2008 les circonstances de leur naissance à l'hedomadaire Réforme: « L’édit de Nantes (1598), si attentif à déminer tous les conflits qui pouvaient blesser la paix de religion, a consacré deux articles (28 et 29) aux cimetières, ordonnant que « toutes les villes et lieux » soient pourvus d’un cimetière « commode » pour ceux de la « Religion prétendue réformée ». Les deux commissaires, l’un catholique, l’autre protestant, envoyés par le roi dans chaque province pour veiller à l’application de l’édit, ont fait de l’établissement de ces cimetières l’une de leurs tâches principales. Mais elle est restée souvent inachevée, tant les réticences catholiques locales étaient fortes, essentiellement dans les régions où le protestantisme était trop minoritaire ou disséminé. Grosso modo, toutefois, les protestants du XVIIe siècle ont eu à leur disposition un réseau suffisant de cimetières, bien plus dense que celui des lieux de culte, très strictement limité par l’édit de Nantes, on le sait. Ce réseau est brutalement démantelé au moment de la Révocation (1685). Les cimetières protestants sont LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTdésaffectés, transformés en places et parfois lotis (dans les villes), si bien que la mémoire de la plupart s’est perdue. Mesure logique : leur abjuration ouvrait à nouveau l’accès des cimetières paroissiaux à l’ensemble des « nouveaux convertis ». Mais ces derniers y ont vu une insupportable contrainte et beaucoup ont retrouvé et proclamé, au moment de mourir, leur fidélité à leur ancienne foi. Une mesure cruelle, dont la durée d’application a été brève, a ordonné qu’un procès soit intenté à ces morts et que les cadavres soient traînés dans les rues avant d’être jetés à la voirie, avec interdiction de leur offrir une sépulture décente. » Une association poitevine travaillant sur ce dossier a réussi non seulement à repérer un grand nombre de tombes mais aussi à apporter des éclairages sur un certain nombre de circonstances entourant les funérailles ce que, pour le moment, le groupe Diois n'a pas encore pu faire. Voici un exemple relevé par les Poitevins. « On peut citer le cas de la nommée Jeanne Branger du village de Paunay (NDLR: dans les Deux-Sèvres, actuellement partie intégrante de la commune de Saivres à quatre kilomètre Saint Maixent, et vingt cinq de Niort). Elle abjura le calvinisme sous la contrainte comme tant d’autres, mais ne se rendit jamais à l’église.En l’an 1700, à l’article de la mort, elle reçut la visite de François Boucher curé de Saivre, qu’accompagnait le sacristain François Maupin. Jeanne Branger refusa le secours de la religion qui, déclara-t-elle, n’était pas la sienne. Elle trépassa quelques heures plus tard et fut inhumée dans son jardin. Une instruction ayant été ouverte sur dénonciation, du dénommé Pierre Foucault de St.Maixent, le lieutenant général de St.Maixent , François Brunet sieur de l’Houmeau, ouvrit une instruction. Après audition de quelques témoins, le 1° avril 1700, la chambre criminelle de la sénéchaussée ordonna dans son jugement: " ...Avons déclaré et déclarons ladite Jollet atteinte et convaincue de crime de relaps et ordonnons l’exhumation du cadavre d’icelle par l’exécuteur des sentences criminelles de ce siège et que son cadavre soit traîné sur une claie, de la principale porte de la maison où elle est décédée jusqu’au bout de la rue principale du bourg de Saivre et privé de sépulture. Il sera adjugé en outre, au profit du Roi, sur les biens de la condamnée la somme de trente livres d’amende ".  Et la sentence fut exécutée. »

    LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTANONYMAT TOTAL.- Les marques de l'attachement au protestantisme chez nous se voient, parfois mais rarement, à des croix huguenotes qu'on y trouve. Cela se déduit aussi du fait que certaines localités généralement tenues pour catholiques, comme Jonchères en Diois, n'en possèdent pas. Au moment des guerres de religions, les protestants perdirent, en effet, leurs droits à être enterrés dans les cimetières collectifs. Et, par la suite, l'interdit a beau eu être levé, l'usage s'est maintenu. Pierre Martin, le trésorier de l'association, se souvient que lors du décès de ses grands parents, il était d'usage que la famille veille les défunts tandis que les voisins allaient creuser les tombes dans le cimetière familial. Mais il faut constater que de plus en plus de cimetières mixtes se rencontrent, reconnaissables parfois à ce que, sur certaines tombes, s'observent des crucifix qui ne sont pas dans la tradition protestante. A LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTLaval d'Aix, la partie supérieure d'un cimetière familial a accueilli des défunts protestants, la partie inférieure des catholiques. “On trouve de tout en matière de décor, dit le président Jean-Claude Rouchouse. Il y a des cimetières où on s'en est tenu à l'anonymat total des défunts, la famille conservant quelque part chez elle un plan permettant de savoir qui est où. Et puis, ici où là, se trouvent des stelles, presque jamais de caveaux.” Curieusement, cette tradition bien ancrée en milieu protestant qui a amené Jean-Yves Durand à parler de “ponctuation protestante du paysage”, se répand dans des familles catholiques. “La loi permet de créer encore des cimetières familiaux, explique Jean-Luc Depaigne qui s'est plongé dans tous les textes légaux et réglementaires. En 1990, le préfet François Lépine demanda à ce que les cimetières familiaux fassent l'objet d'études hydrogéologiques. L'objectif était d'éviter des pollutions de nappes phréatiques et le risque que des glissements de terrain ne fassent bouger les corps. Le point de savoir si toutes les communes ou les personnes qui auraient pu ou du le faire se sont acquittées de cette obligation est plus qu'incertain. “Il nous arrive, raconte Pierre Martin, d'aller nous renseigner en mairie et de constater à l'évidence qu'il y a plus de cimetières sur le terrain que dans les archives restant de ces études hydrobiologiques".

    LES CIMETIÈRES FAMILIAUX QUI DISPARAISSENTLA LIGNE TGV.- Pour l'amusement, signalons qu'une rumeur circule, dans les communes sur le trajet de la ligne TGV, selon laquelle la SNCF, déjà bien assez embêtée par la contestation de sa voie de chemin de fer, a préféré ne pas fâcher les protestants et viser juste assez bien pour éviter des cimetières familiaux. A quoi tiennent des choses. “Nous nous sommes donc donnés comme première étape, raconte Jean-Luc Depaigne, de recenser. Et nous sommes très loin du compte. Mais nous aimerions bien dans certains cas envisager des restaurations. Mais c'est compliqué. Par définition, si un cimetière est abandonné, c'est qu'on ne sait plus à qui s'adresser. Et les communes sont plutôt embêtées. Il faudrait aussi monter des dossiers de subventionnement.”

     

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  • Commentaires

    1
    lefevre
    Mardi 6 Octobre 2015 à 11:35

    Nous possédons un cimetière privé huguenot dont une partie est mérovingienne(construction d'une route en 2009 en douce; nous étions exclu du remembrement et nous n'avons jamias été convoqués aux enquêtees publiques. ce cimetière PRIV2 ET FAMILIAL se trouve a NIEULLE SUR SEUDRE 17600: 3010 M2 ONT DISPARU avec ses sentiers historiques. nous somme en appel au tribunal de poitiers; Nous pouvons laisser dire qu'il s'agit de prises illégales d'intérêts contre la mairie. Cette affaire est un scandale dans la mesure ou lors du remembremeznt le cimetière est devenue une simple parcelle de bois "sur le fait du prince" et de fait il fut construit en douce des maisons à moins de 35 ml du clos du mur et evec un  bassin d'infiltration d'eau qui innionde enpremanence ce scimetière et des dégradations importantes sur nos murs

    2
    Mardi 6 Octobre 2015 à 15:59

    c'est en effet très choquant mais la décision de justice devrait vous être favorable. Le droit est assez clair là dessus.

    JM

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