• Les petits élus dans le grand bain

    On ne vit pas hors du monde. On ne peut pas feindre, parce qu'on a la tête dans le guidon, dans d'étroites petites affaires, que le temps s'est arrêté, qu'il ne se passe rien ailleurs, que le vent de l'actualité, comme le nuage de Tchernobyl, se serait soudain arrêté. Dans mon petit pays, il y a une histoire de Centre aquatique qui déchaîne les passions. Le très honorable et modeste journal auquel je collabore, Le Crestois, y consacrera vendredi une belle place. Mais il est possible d'y réfléchir dès à présent.

    Les petits élus dans le grand bainL'époque que nous vivons fait que nous sommes au contact instantané de l'autre bout du monde. Et même pas si loin. Je ne connais rien de la tragique affaire du barrage du Tarn. Mais ce que je sais c'est qu'elle a en commun avec beaucoup de projets semblables, ce que Le Monde appelait vendredi dernier des "éléphants blancs", bien des caractères. D'un côté, on a des femmes et des hommes, noyés dans la technicité de leurs dossiers, dans les demandes qu'il faut faire ici ou là, dans les procédures. Rien de condamnable là dedans. Sinon que, fatalement, ça se passe à fenêtres fermées parce qu'il faut se concentrer.

    UN TEMPS DE COLÈRE.- Or, derrière ces fenêtres justement, il y a ceux qui ne veulent pas, qui râlent, qui demandent à donner leur avis. Formellement, ils n'ont pas à le faire. Mais voilà: nous sommes dans un temps de colère. Un temps où chacun sent bien qu'il n'a plus prise sur les grands choix, que "ceux qui comptent" sont loin, loin. Et voilà que soudain passe à proximité d'eux une affaire dont ils peuvent se mêler. Alors on saute dessus. On veut s'exprimer.

    Je lisais dans La Dépêche du Midi une interview d'un conseiller général du Tarn qui avait le sentiment que le ciel lui était tombé sur la tête. Ni lui, ni aucun de ceux qui sont dans son assemblée n'ont souhaité le drame qui s'est finalement joué. Et c'est vrai aussi qu'un dossier qui traîne depuis 1997, c'est incompréhensible.

    Mais il ne faut pas rester noyé dans ses dossiers. Il n'y a pas d'un côté le Tarn (ou Crest, si vous voulez) et puis le reste du monde. Il y a nous tous dans le vaste monde. Et, à chaque décision qu'il y a à prendre, il faut intégrer les sensibilités qui ont, peut-être, été aiguisées par des vents lointains. Du temps de Balzac où les journaux arrivaient une fois par semaine quand tout allait bien, on pouvait se comporter autrement. Aujourd'hui, le plus humble des élus est dans ce grand bain. Et ce n'est pas facile. Tous ne peuvent pas. Beaucoup ne veulent pas. Oui mais c'est comme ça. Il faut vivre avec.


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