• Nicolas, on ne revient jamais

    Nicolas, on ne revient jamaisNicolas, on ne revient jamais"On ne revient jamais". La phrase est de Giscard expliquant pourquoi il n'avait pas retenté sa chance en 1988. C'est le bon sens même.  Ca n'est pas rien une victoire. Il y a un effet de surgissement sur le devant de la scène. Je n'irais pas jusqu'à dire un effet de surprise car Mitterrand, Chirac, Sarko, on les connaissait fichtrement lorsqu'ils l'ont emporté. Et il fallait qu'on les connût. Mais ça ne marche qu'une fois, cette espèce de moment miraculeux.

    Ce qui me convainc en l'état qu'une victoire de Sarko en 2017 est hautement improbable est une phrase du journaliste du Figaro, Pierre Pellissier, il y a des années déjà, sous Sarko encore. Pellissier c'était la droite plan-plan, pas un méchant bougre. Il écrivait pour les notaires, les rentiers qui lisent son journal. Rien à voir avec une supposée "droite dure". Et pourtant, dans un entretien vidéo précisément sur un site de droite, je l'avais senti vibrer de détestation pour Sarko. Parce que fondamentalement ce n'était pas sa droite à lui Pellissier. Sarko, sa droite, c'était la droite des bons coups, du fric vite enlevé, de la presse people. Or, je ne crois absolument pas que ce que j'appellerai les "conservateurs peinards" aient pardonné. Ils n'ont pas pardonné les paillettes, l'épouse choisie parmi les starlettes, les coups de menton trop bruyants. Et l'ennui avec ces gens là, Monsieur, c'est qu'ils n'oublient pas. On n'est pas dans le génie, pas dans les grands calculs, mais en présence de gens qui ont des principes. "Casse toi, pauv'con", c'est à droite que ça a fait des dégâts.Et là Sarko est grillé.

    Nicolas, on ne revient jamaisNicolas, on ne revient jamaisVICTIME DE LUI-MËME.- D'ailleurs, regardons autour de nous. Il y a des exemples de tentatives de "retour politique" (Mariton après sa défaite aux législatives de 97), mais ils sont extrêmement peu nombreux. D'abord parce que, malgré le dépit, beaucoup de candidats sont fair-play. Du reste, ils ont le sens du ridicule. Revenir après que les électeurs aient sévèrement jugé un mandat, c'est lourd à porter sur la grande scène politique. Et puis, tout simplement, ça ne marche pas. Sans doute, à la présidentielle, il y a des candidats qui se sont beaucoup représentés (Chirac, Mitterrand) mais jamais après avoir exercé un mandat et avoir été chassés.

    Par ailleurs, Sarko est victime de lui-même. Il nous a vanté au long de son mandat le grand monde, le vent du large. Manque de pot, il a été écouté et le mouvements naturels des choses allait dans ce sens: nous sommes devenus ainsi assez familiers de la vie politique ailleurs dans le monde. Nous savons que Georges Bush père, battu après un premier mandat, n'a jamais tenté de se représenter. En Allemagne? En Espagne? En Grande- Bretagne? Non. Nous cherchons un peu partout et nous ne voyons nulle part d'autre exemple de retour, du moins dans des nations qui nous ressemblent. Ah si, pardon, il y a un exemple, une super-recommandation même: Berlusconi en Italie. La France rêve peut-être d'un peu autre chose. Du reste, le très sage positionnement de M. Juppé, prenant d'entrée de nettes distances d'avec la droite dure, ouvrant au centre, montre qu'il a compris la situation créée. C'est un autre modèle, une recomposition du paysage sur lequel il faut parier, pas ressortir les vieux kroumirs qui se sont plantés . Sarko nous fait le coup des constructeurs automobiles un peu fatigués. Il change les phares, revoit un peu la carrosserie et modifie le tableau de bord. Manque de pot: c'est toujours le même moteur.

    Nicolas, on ne revient jamaisMARKETING.- Sarko est dans une vision exclusivement marketing de lui-même. Il se vit comme un produit qui doit changer, s'adapter. Et on voit bien que certains de ses groupies sont à mille pour cent là-dedans, convaincus d'être dans un jeu où il faut faire joujou avec ces gadgets que sont les radios, les télés, etc. Peut être même dans un jeu de rôles. Le problème est que tout ça manque totalement d'humanité.

    Reste une ultime observation. Un conservateur classique est, le plus généralement, quelqu'un qui considère qu'un incompétent dans une administration, dans une entreprise, doit être viré. Cette position, du reste, ne me pose aucun problème. Mais à Sarko, si. Parce qu'enfin, il a perdu. Et non seulement la présidentielle, mais tous les scrutins intermédiaires. Je doute fort que dans le fond de son électorat, il y ait un vaste courant sur le thème: "donnons une seconde chance". Un peu contradictoire, non?

    PS: Je lis dans la presse que le Front de Gauche opposerait un argument constitutionnel à cette candidature, Sarko n'ayant pas le droit comme membre du conseil constitutionnel de se représenter, même s'il en a démissionné puisqu'il peut y revenir. Je ne mesure pas la pertinence juridique de l'argument, mais il me semble qu'il faut creuser.


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