• Petits règlements de comptes ruraux

    Je vPetits règlements de comptes rurauxis dans une charmante région de la Drôme qui s'organise autour de la rivière du même nom et court depuis la très fameuse autoroute du soleil jusqu'aux hauteurs sévères du Diois. Là, se trouve une petite société politique qui résume assez bien les travers de notre univers français. Quelques péripéties ces derniers jours me donnent envie d'en faire le récit. Mais je renvoie aussi à celui qu'en fait ce vendredi 12 septembre l'hebdomadaire Petits règlements de comptes rurauxLe Crestois. Ca n'est pas piqué des hannetons.

     Cette région s'organise autour de deux pôles principaux, si l'on excepte la lointaine Die. D'un côté la vallée du Rhône qui vote à droite et même à droite dure avec deux localités Loriol et Livron qui pèsent démographiquement lourd. Zones de pavillons, de petits immeubles, classe modestement moyenne, petits blancs qui s'agacent d'incivilités, attraction de Valence toute proche où l'on va faire ses courses et où on se retrouve au cinéma. Là, la dernière implantation de gauche - la municipalité de Livron- a décroché aux municipales.

    Petits règlements de comptes rurauxDeuxième pôle Crest, 8000 habitants, les habituels commerces et entreprises du bâtiment. Mais c'est la campagne alentours qui irrigue Crest. Et là, à la mairie, le fameux Hervé Mariton, conservateur grand teint, devenu célèbre par la fameuse affaire du Mariage pour tous. Urbain, travailleur, mais absolument pas partageux de la moindre parcelle de pouvoir, conscient de sa valeur et susceptible de le faire savoir.

    Petits règlements de comptes rurauxEt voilà qu'il y a quelques années, dans une exquise petite localité un peu déglingue mais pleine de charme, Saillans, éclate une affaire qui fait grand bruit . La municipalité d'alors, conduite par un dénommé François Pégon, par ailleurs conseiller général, veut, en liaison avec d'autres voisines, créer une supérette. Comment! hurlent à l'unisson les consommateurs du café des Sports où se retrouve l'intelligentsia locale. Saillans a, en effet, cette chance d'avoir un commerce local vigoureux. Quelle mouche pique donc les élus de vouloir encourager des concurrents! Tout ce que la région compte de râleurs, d'alternatifs, de sociologues producteurs de Picodon (parce que localement on mélange facilement les genres), d'animateurs de rues poètes et défenseurs des petites fleurs, se mobilise. C'est assez rigolard. Les journalistes se marrent. Les télés rappliquent parce que, pour le moins, tous ces gens ont le sens de la publicité. Bérézina pour la supérette. On plie les gaules. Projet oublié.

    Petits règlements de comptes rurauxPas vraiment méchant le Pégon, pas Gengis Kahn ni Goering, mais enfin il était le chef et il aimerait bien le rester. A partir de là attention, on va virer dans le roman noir et le film à suspense.

    Mes lecteurs du Cotentin ou de la Charente inférieure (ooops pardon, de la Charente Maritime) pourrait croire avec beaucoup de bon sens qu'il n'y a qu'une seule communauté de communes dans la région que je viens de décrire. Ah mais non! Ce serait trop simple. Il y en a deux: l'une à l'Ouest, l'autre à l'Est. On va oublier ici celle de l'Ouest parce que sinon je vais perdre tous mes lecteurs. Restons donc à l'Est. Mais ne croyez pas vous en sortir si facilement. Celle de l'Est, intitulée "Coeur de Drôme" vient de s'élargir, quelques semaines avant les élections, notamment à la ville de Crest, jusque là réfractaire à toute idée de coopération intercommunale.  Mariton veut bien en être à condition d'être kalife, mais sans que ça se voit trop. Parce que vraiment la coopération intercommunale, ça n'est pas son truc.

    Petits règlements de comptes rurauxSurviennent donc les municipales. François Pégon (photo) est battu. Mais, dans la communauté de communes redimensionnée, voilà t'y pas que tous les élus qui avaient été humiliés par tous ces gauchistes qui avaient provoqué l'abandon du projet de supérette s'arrangent pour faire élire François Pégon comme vice-président. Tandis que le nouveau maire de Saillans, privé, lui, de vice-présidence,  n'a que ses yeux pour pleurer. C'est légal dans la mesure où François Pégon est conseiller municipal (minoritaire) à Saillans. C'est évidemment peu légitime.

    Sur ce survient un de ces épisodes qui, en toute autre circonstance ferait plier en deux de rire. Dans une minuscule commune de cette communauté de communes, Véronne, 44 habitants, où on a tendance un peu à règler ses affaires municipales avec le sang chaud, les élections sont annulées par le tribunal administratif. Motif: une candidate  a bien un terrain loué sur la commune, mais n'est pas inscrite au régistre des impôts. Une histoire de jours. Donc, il va falloir revoter en octobre. Et il va falloir, en fonction des résultats de cette microscopique commune, réorganiser tout l'exéctif de la fameuse communauté de communes. Forcément! Les délégués changent, donc l'exécutif change.

    Et là, patatras. Dans l'intervalle, le Conseil Constitutionnel a décidé que, dans le "gouvernement" des communautés de communes, il n'était plus question qu'on s'arrange à la bonne franquette pour établir le nombre de membres du bureau, mais qu'il fallait obéir à une stricte mathématique. Petit détail: pour arriver à trouver la combinaison de pouvoirs qui leur convenait les élus avaient débattu pendant deux bonnes années. Tout ça, aujourd'hui, pour rien. Résultat: la ville de Crest sera hyperdominante mais... la ville de Saillans perd un représentant. Donc le citoyen Pégon risque fort de perdre sa vice-présidence, obtenue dans les conditions qu'on vient de dire.

    Je ne vous dis rien, parce que Le Crestois s'en charge ce vendredi, du climat plus général de reconquête de cette région par la droite, à l'unisson de ce qui se passe dans le pays. Il y a les sénatoriales fin septembre où la droite aimerait bien faire la peau à une gauche jusque là triomphale. Détail: François Pégon, justement, est candidat. Je ne vous dis rien non plus des élections au Conseil Général de l'an prochain avec un territoire complètement redécoupé, toute la droite rêvant de désouder l'actuelle majorité de gauche.

    Le retour de Sarko, dans mon petit pays, ça fait à peine lever un sourcil, mais alors cette salade ça agite les mandibules.


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