• Pourquoi pas un ministre des portes et fenêtres? Mon grand père avait une excellente formule. Il disait: "Je veux bien qu'on me vole mais pas de plus de 10%". Eh bien ça doit être de famille: moi non plus. Je veux bien qu'on se foute de ma gueule, mais dans un pourcentage limité. Les dernières élections européennes ont été l'occasion pour l'ensemble des partis qui ne savaient que dire d'affirmer que c'était la première fois que le simple électeur de base allait se prononcer sur la direction de la Commission de Bruxelles, en somme le gouvernement de l'Europe. UNE MANIF DE JOBBIK EN HONGRIEOn a battu, en cette matière, le record historique de mensonge. Passons sur la désignation du vieux crocodile conservateur, Jean-Claude Junker, président de la future commission qui ne s'est à l'évidence passée que dans les couloirs par compromis entre les gouvernements. Mais nous voici à présent dans le sordide entre le sordide où des personnages doivent même être recalés par le Parlement parce qu'ils sont trop faibles, soit parce qu'ils sont trop compromis. Rappelons le cas exquis de M. Tibor Navracsics,hongrois, charmant garçon (ministre de la justice!) d'un gouvernement soutenu en Hongrie par des antisémites et qui a limité la nationalité de son pays aux minorités qui ne lui plaisaient pas. Idem pour la radio-télé qui est désormais totalement aux ordres. Et sans rire, on voulait lui confier je-ne-sais-quoi touchant à la citoyenneté. Lorsque les bornes sont franchies...Finalement, les parlementaires ont rejeté sa candidature, ce qui n'est pas dommage, mais en précisant qu'il aurait une autre place dans l'équipe. Un ministère des portes et fenêtres me paraîtrait tout à fait adapté. Je passe sur je-ne-sais-quel espagnol chargé de l'énergie dont - c'est pas de bol- la propre épouse à des intérêts pétroliers. Je passe aussi sur un Britannique chargé de la moralisation financière, lorsque son propre pays n'est, en cette matière, pas à proprement parler une référence.

    Si on voulait faire la démonstration que les institutions européennes sont vues par les gouvernements des nations qui la composent comme des gruyères où l'on place des potes, on ne s'y prendrait pas autrement. Et l'autisme absolu des dirigeants européens face à la demande de morale publique qui sourd de toute part reste une performance olympique, il faut bien le dire assez mystérieuse. Il n'y a rigoureusement aucun parti que l'on puisse citer qui ait dit: "je refuse de participer à semblable négociation". Tous la main dans le pot de confiture.


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  • Les petits n'ont pas droit à l'HistoireJe suis en train de mener une enquête sur la pébrine, cette saleté de maladie qui, en gros entre 1850 et 1890, a dévasté ce que l'on appelait les "élevages" de vers à soie, laissant sur les carreau des milliers de petites gens. Il se trouve, en effet, que partout et toujours cette activité a été concentrée dans les populations les plus pauvres des régions les plus pauvres. Comme ça, c'est simple à retenir. Au surplus, comble absolu, c'était une activité, dans les fermes, essentiellement conduite par les femmes. Les femmes des pauvres dans les régions pauvres, c'est une manière de superlatif dans le superlatif.

    Les petits n'ont pas droit à l'HistoireJ'ai commencé par jeter un coup d'oeil à toutes les documentations existantes. Des hectomètres cubes de traités vétérinaires, des textes de lois, des déclarations de députés, etc. Ayant eu la chance de réaliser une série de documentaires télévisés sur la soie à la fin des années 90, j'ai un assez grand nombre d'informateurs de qualité. Je les ai sollicités. Tous sont d'accord. Autant on sait énormément de choses sur l'économie de la soie, sur celle-même en termes généraux des éleveurs, sur tous les aspects biologiques (encore qu'on débat encore de ce qu'est la pébrine), autant, on ne trouve rien, rien, rien, rigoureusement que dalle, sur ce que fut dans une famille, dans un hameau, voire dans un village, l'effondrement de cette activité. Or, ce fut, en terme de catastrophe, autant au moins que la disparition de la sidérurgie lorraine. Il faut songer que c'était la seule qui ramenait de l'argent liquide. Alors ça! les journaux de l'époque ont tartiné sur les déclarations de députés, de ministres, de scientifiques. Mais sur les pauvres types qui étaient ruinés, rien. Je cherche même dans la littérature. Je crois qu'il y a "Soie" d'Alessandro Baricco et Françoise Brun que je viens de commander. (Gag: je l'ai commandé pour... un centime chez Amazon avec 2,90 euros de port....).

    Les petits n'ont pas droit à l'HistoireS'ILS LE FAISAIENT EXPRÈS...- Il y a longtemps qu'on sait que l'Histoire tend à être faite à partir des puissants, mais je croyais qu'on avait fait des progrès. Faut dire: ces cons, en plus, ils étaient protestants alors que les soyeux lyonnais étaient catholiques. Évidemment, s'ils le faisaient exprès... Au passage: qui sont aujourd'hui nos éleveurs de vers à soie? Je veux dire ceux qui sont rayés de la carte?

    Je suis donc à la recherche de tout récit familial, de toute correspondance, de tout insignifiant bulletin local où on parle d'autres choses que des tonnages, des montants de subventions, des interpellation à la Chambre. Bref, où, pour une fois, on parle des hommes (enfin des femmes...). Contact: jacques.mouriquand@wanadoo.fr


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  • La presse se fait l'écho d'une explosion du déficit des collectivités locales. Il faut bien voir ce qu'il y a là derrière. Depuis des années, l'État se décharge sur les collectivités locales de ses missions pour avoir des comptes présentables. J'ai fait mes études en Sciences Politiques il y a plus de quarante ans, on en parlait déjà. Mais il est évident bien sûr que la prise en charge par les départements des dépenses sociales pour  les populations fragiles (handicap, etc.) coûte des fortunes. Donc, en réalité, le déficit global de la nation est resté le même (et même a augmenté) mais on l'a dissimulé. C'est un jeu comptable.

    Il y a une manip' ancienne et très parisienne qui consiste à s'offusquer de la gestion des collectivités territoriales au motif -ponctuellement fondé bien sûr- que tel président de conseil régional a trois voitures de fonction, etc. Ce qui s'annonce et qui va faire très mal c'est que la pression qui s'annonce sur les collectivités territoriales va être visible par le citoyen. Le garde champêtre que l'on va sucrer, la route que l'on ne va pas goudronner, tout cela va se voir.  Le citoyen d'un village, d'une petite ville auquel on refusera tel ou tel service va être directement touché. Les entreprises du BTP qui embauchent localement vont débaucher localement. C'est-à-dire que l'impact social sera nettement plus sensible.

    Ceux qui vont en prendre plein la figure seront les élus locaux. S'en prendre à Valls ou à Hollande, mystérieuses figurines du journal de 20 heures, est un exercice abstrait. Le maire, le conseiller général sont des gens que l'on rencontre dans la rue. Et la question de savoir s'ils sont UMP ou PS sera complètement anecdotique. On les considèrera comme de mauvais maires ou conseillers généraux et les élections locales qui sont classiquement assez stables dans la mesure où des strates entières d'élus sont renouvelées par une vieille fidélité du corps électoral, vont devenir agitées.

    Donc, nous sommes à une étape où la crise glisse vers le bas, vers ce que nous pouvons mieux toucher du doigt. Il faut bien dire qu'on ne voyait guère le non-renouvellement de certains postes de fonctionnaires de l'administration centrale. Franchement, on s'en foutait. Là, ça va se voir: le personnel communal, on boit des coups avec lui. Ce qui jusque là étaient des chiffres insaisissables va devenir une restriction parfaitement sensible pour chacun. Ce que nous appelions "la crise" et qui n'était que des titres dans les journaux, va entrer bien davantage dans nos vies. Je doute que ce soit sans conséquence. Ce que ceci annonce concrètement c'est que nous aurons moins de services, que notre enironnement va se dégrader et, très brutalement, que la vie sera plus dure.


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  • Petit appel au peuplePetit appel au peupleJe travaille en ce moment à un manuscrit sur l'épidémie de pébrine qui décima les élevages de vers à soie dans le Sud-Est de la France, notamment dans la Drôme. Il se trouve qu'autant la dimension économique et technique de l'affaire est connue, autant, la dimension humaine l'est très mal. Comment ont vécu les familles qui ont vu s'effondrer une source essentielle de leurs revenus? Peut-on retrouver des mémoires familiaux, des correspondances? Y aurait-il, parmi mes aimables lecteurs, des personnes détenant des documents? Peut-être certains, ont-ils déjà entrepris de petites recherches? Il va de soi qu'il ne s'agit pas de priver des personnes de leurs documents. Ils seraient empruntés et photocopiés. Contact: jacques.mouriquand@wanadoo.fr.


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  • La prochaine fois, je vote ChiracL'annonce du soutien de Chirac à Juppé dans la compétition à droite pour la présidentielle apporte un vent de fraîcheur qui nous manquait. Jacques Chirac est en politique depuis 1965, Alain Juppé depuis 1976, Sarkozy depuis 1982 environ. Soit 49 ans pour le premier, 38 ans pour le deuxième, 32 ans pour le troisième. Rien que du frais et de l'inédit. Il est tout de même assez intéressant de voir la difficulté d'un grand parti conservateur, bien implanté, avec plein d'élus de tous les côtés, incapable de sortir des figures nouvelles. On fait faire de la figuration par Bruno Le Maire, 16 ans en politique et Hervé Mariton, 31 ans en politique.

    La mascotte de NicolasLa prochaine fois, je vote ChiracFÊLURES.- Mais pour le coup, on sent que les rhumatismes sont là et bien là. L'arrivée du Sauveur n'a pas provoqué les conversions auxquelles on s'attendait. Malgré un barouf rare avant son acte de candidature officiel à la présidence de l'UMP, campagne de com de pro,  il est difficile de ne pas voir de nombreuses fêlures. Telle parlementaire peu connue qui parle de la "terreur" que feraient régner les équipes de Sarkozy, pour obtenir des ralliements; son propre porte-plume, Henri Guaino, qui fait plus que le sceptique; les bons sénateurs UMP qui refusent de désigner un sarkozyste à la présidence du Sénat, et un autre à la présidence du groupe; son ancienne âme damnée Patrick Buisson qui, dans les colonnes mêmes de la gazette de l'UMP, Valeurs Actuelles, prédit qu'il ne tiendra même pas jusqu'à la candidature. Et, pour couronner le tout, l'ancien président qui annonce son soutien à Juppé. Tout cela sera oublié dans trois semaines, mais un élan c'est quelque chose de physique, un souffle, quelque chose qui emporte. Là, non. C'est tout. On en est toujours à une majorité de Français dans les sondages qui ne souhaitent pas son retour ni à la tête de l'UMP, ni à la tête du pays. Et puis, ça n'est même pas cela. On s'ennuie. Ca n'est pas intéressant.  Même le Figaro - ce n'est pas une faute de frappe, j'écris bien le Figaro- relève parmi ses internautes des réactions sceptiques: "Nicolas Sarkozy a abordé six points importants (...).  Des idées que les lecteurs jugent tardives. «C'est bien beau de faire des propositions, mais pourquoi maintenant? Pourquoi devrait-on croire que cette fois-ci, il aura le courage qui lui a tant manqué lors de son quinquennat?» écrit Ja6047, un ancien militant UMP qui avait voté pourtant voté pour lui en 2007. Bonsai Du 40 poursuit: «Tous les politiques ont des grands projets tant qu'ils ne sont pas aux commandes. N'a-t-il pas eu le temps de faire ce qu'il préconise aujourd'hui? Il leur en faut du temps...» (...)  Et quid de ses idées? Les internautes sont majoritairement peu enthousiastes. «C'est tout ce qu'il a à proposer? On est loin du compte.» écrit Izobad. Lola A considère ces mesures comme incohérentes: «Il n'a pas peur des paradoxes. Pour ce qui est de la PMA pour les couples hétérosexuels infertiles à inscrire dans la Constitution, c'est discriminatoire donc certainement impossible. Et s'il parle de ça, c'est évident qu'il ne reviendra pas sur le mariage pour tous.» Jeremy J conclut: «Nous parler de référendums est drôle sachant qu'en 2005 nous en avons rejeté un sur l'Europe et une fois qu'il est arrivé au pouvoir, il l'a fait annuler...»

    De nombreux commentateurs ne souhaitent ainsi pas de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP ni même à la présidence tout court. «Si la droite devait gagner, je pense qu'Alain Juppé, bien que déjà condamné, reste bien plus présentable. Notamment à l'étranger» commente Lastfloor, un abonné très réactif dans les débats du Figaro." A ce rythme, le Figaro va virer gauchiste. Faut se cramponner.Pourquoi la mayonnaise ne prend-elle pas? C'est un mystère de la psychologie collective, mais c'est comme ça.

     

    sondage du JDDSLa prochaine fois, je vote ChiracCOTCHÉ.- Et à propos de ce mystère, je voudrais m'arrêter une nouvelle fois au bide qui semble s'annoncer pour un parlementaire que forcément je connais bien puisqu'il est celui de mon petit pays, Hervé Mariton. Ah ça, on peut dire qu'il s'y est donné. Il y a, chez lui, depuis toujours, ce côté besogneux qui recouvre à la fois le fait qu'objectivement, il est travailleur, mais aussi quelque chose qui a une autre connotation de laborieux, un peu lourd.  Il a labouré les terres de son parti. Mais enfin, je ne peux que constater que les sondages le donnent au plus bas (2%- le tableau ci-joint est postérieur à l'écriture du post; il est du 5 octobre. De même dans ce titre du JDD où Mariton n'est même plus cité): ce serait le quadruple que ce serait encore hors de proportion avec l'effort fourni. Il est tout de même extravagant, après le vacarme fait par la Marche pour Tous, que son porte-parole parlementaire soit scotché ci-bas dans le camp qui était le plus proche de cette protestation.

    Mariton n'est même plus citéEt là, on touche un des mystères de la politique. Chirac et Sarko ont toujours raconté n'importe quoi, mais ils avaient une manière d'élan physique qui emportait la conviction. Sarko, c'est en effet Duracell, comme disait bien Fillon. Je suis intimement convaincu que Mariton a plus de vraies convictions que les autres. Oui mais voilà: quelque chose fait qu'on s'en fout. C'est un problème d'envie, de désir. Le même problème d'envie et de désir qui touche désormais Sarko. Ah non: racheter la même voiture? Non. J'en ai déjà eu une, je voudrais voir autre chose. C'est terrible de songer que ce genre de raisonnements court. Mais c'est ainsi. Et c'est dévastateur.

     

    PS- J'apprends accessoirement, toujours par le Figaro, décidément une utile gazette que  Sarkozy ayant prévu de se déplacer à Tours le 15 octobre, Hervé Mariton, qui y tient meeting le ledemain s'est vu demander par la fédération locale de modifier son calendrier. Le responsable de cette fédération locale est tout simplement Philippe Briand, l'ancien trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

    «Je suis désolé mais j'avais calé ce meeting depuis cet été», a réagi auprès du Figaro Hervé Mariton. Le député a répliqué en proposant à l'ancien chef de l'État de faire une réunion commune. «Si c'est pour des raisons logistiques que je ne peux pas assurer mon meeting le 16, alors on peut mutualiser! Les militants pourront d'autant plus comparer nos positions», s'emporte l'élu, d'un ton très sérieux. «Je ne suis pas un garçon très compliqué». Savoureux. Et d'une goujaterie inouïe de la part des sarkozystes qui, à mon avis, se trompent sur les réactions de leur public. Je ne suis pas sûr qu'il adore ces comportements.


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  • Cet article a été publié par Le Crestois en 2010

     

    Max Béranger, tant d'années maire de Gigors et LozeronIl y a la poignée de main qui vous dit: Celui là, c’est du solide; le grand rire, le tutoiement immédiat, le regard clair aussi. Et la force des convictions que l’on devine immédiatement dans le propos. La manière de dire, enfin, pleine de jolies formules. Max Béranger est un de ces personnages magnifiques qui auraient fait le bonheur d’un écrivain. Et l’on enrage de n’en point avoir la plume pour lui rendre le juste hommage qu’il mérite.
    Résumons, si c’est possible. Instituteur des décennies durant dans toute la région, maire deux mandats de suite à Gigors, agriculteur, un quart de siècle, président de la maison des jeunes de Crest, syndicaliste et la liste n’est pas complète, il s’en faut de beaucoup.

    Max Béranger, tant d'années maire de Gigors et LozeronIl est né à Gigors, il y a soixante dix ans, d’une famille qui est aussi vieille que les pierres du village. « Au temps des Gaulois, s’amuse-t-il, mes chromosomes étaient déjà là ». Son grand père était Fernand Bérard, une de ces figures que les vieux connaissaient bien, déjà maire du village en son temps. Et il se peut bien que le petit-fils ait un peu été élu, en 1971, en souvenir du grand père. Et, en fouillant dans les vieux papiers Max Béranger a retrouvé trace des siens jusqu’en 1636. Un bail.

    L’histoire des siens est d’abord celle des ouvriers de filatures dans la région. Et celle de la débandade de ces entreprises qui va conduire le père de Max des Moulinages Rey à Crest vers l’ Ardèche, où il retrouve du travail à Viviers sur Rhône.
    Et puis en 1958, le grand père agriculteur étant tombé malade, c’est le retour dans cette grande ferme, aux Trois Prés, entre Beaufort et Gigors en lisière de forêt où sa famille reprend une activité agricole. Solide bâtiment qui date de 1733 et qu’un ancêtre a racheté comme bien national en 1811.

    Max Béranger, tant d'années maire de Gigors et Lozeron LA FERME INCENDIÉE.-Max Béranger y a vécu là de rudes moments. Parce que c’est aussi là qu’enfant il passe la guerre. Son père est prisonnier. Son grand père aide notoirement les résistants. C’est dans la ferme que se cachent des jeunes fuyant le STO, c’est là que sont dissimulés des postes de radio. Au point que le 30 juillet 1944, les Allemands remontent tout exprès pour incendier le bâtiment. A l’instant, de le raconter, son regard se voile. La famille devra vivre trois semaines dissimulée dans les bois. Sur ces heures là, il en sait long. Il tend sa main vers le journaliste: « Ca, tu l’écris pas... » Un silence et puis « Mon grand père disait: « On ne peut pas faire la guerre toute sa vie » ».

    C’est donc un jeune homme marqué par ces rudes événements qui passe ses baccalauréats au lycée de Crest, part en Algérie, puis revient et devient instituteur. Il épouse Gilberte, en 1964, dont il aura trois filles Valérie, Sandrine et Karine dont on sent bien, à son ton, combien il est fier.
    Max Béranger a exercé à Crest, à Nyons, à Saint Didier de Charpeys, à Livron. « Dans mes classes j’ai eu jusqu’à 40% d’étrangers, dans ces temps là. Des enfants de gars qu’on allait chercher dans le fond de leur bled en Algérie. Ce qu’il leur fallait c’était un service social. Il fallait les accueillir, ces malheureux! C’est pour ça que je me suis occupé de la Maison des Jeunes. Je l’ai vue sortir de terre. » Et c’est aussi pour ça, qu’il devient syndicaliste, au Syndicat National des Instituteurs, le SNI, proche du Parti Communiste. « Je n’ai jamais été membre du Parti Communiste, mais les idées, ça bien sûr... Mon grand-père, déjà. Tu comprends, j’ai été formé. C’est une philosophie. Je prends les idées qui me plaisent.». Et il part d’un grand éclat de rire. Le grand-père justement, « je l’ai suivi plus d’une fois dans les couloirs de la Préfecture, lorsqu’il était maire. »

    Max Béranger, tant d'années maire de Gigors et LozeronAlors, le virus ayant ainsi été inoculé, Max Béranger est élu maire de Gigors en 1971. « A Gigors, on a toujours voté à gauche. Faut voter à gauche, donc on vote à gauche. C’est comme ça... Un jour, après un premier tour où la gauche avait eu 75 voix, j’annonce à une amie, ce sera 75 au deuxième tour. Manque de pot, ça a été 74. Il y a un gars qui avait 40 de fièvre. Il n’a pas pu venir. Mais sinon, on ne pouvait pas se tromper. »

    Max Béranger, tant d'années maire de Gigors et LozeronLA GUERRE DE L’EAU.- Max Béranger incarne alors cette génération de maires qui prend le pouvoir dans les années soixante dix, relayant une génération très marquée par la guerre. Les nouveaux élus sont pleins de projets de rénovation rurale. C’est à eux que l’on doit, par exemple, l’actuel District d’Aménagement du Val de Drôme, ultime avatar d’organisations autrement baptisées. Max Béranger fut de cette aventure. « Parmi la soixantaine de projets qu’on avait imaginé, il y avait même déjà l’idée de tirer parti de nos plantes...ce que fera Sanoflore, par la suite. »

     Il se souvient, à Gigors, d’avoir renforcé le réseau électrique, d’avoir amené un approvisionnement en eau normal à Lozeron où l’ambiance était devenue tendue entre les habitants parce que précisément l’eau manquait.
    Il a vu tout son petit monde changer. « La fin des guerres de religion, c’est 1950. Avant, un mariage mixte entre catholique et protestant, c’était une tragédie ».
                    

    Max Béranger, tant d'années maire de Gigors et LozeronLE CHEVAL DE COURSE.- Mais, Max Béranger qui aura eu 70 ans le 14 mars 2010 - « Le jour de la mort de Karl Marx, mais ça tu l’écris pas », ben si Max, pourquoi je l’écrirais pas?- est avant tout un agriculteur.  Tous ceux qui passent sur le plateau des Chaux, voient souvent son break Volvo dans les vignes auxquelles il s’est mis, après avoir élevé des moutons, des volailles et cultivé sa terre. Il tend le bras et montre une lointaine plantation « Tu vois là bas, j’ai mis des amandiers. Pour la première récolte, cette année, j’en ai fait une tonne. » Et l’on sent qu’il en est fier, comme de toutes ses récoltes, avant celle là. Ou comme son ancêtre qui, en 1880, alors qu’il élevait des chevaux en un temps où il en fallait pour carrioles et labours, réussit même à vendre un cheval de course. Prix: 15 000 francs. Des francs de 1880. Ca, c’était du sérieux.

     

    La dynastie des LapraLà bas vers Couspeau, lorsque souffle le vent fortEN PUBLIANT CE TEXTE, J'OFFRE GRATUITEMENT UN ÉLÉMENT DES ARCHIVES DU CRESTOIS. MAINTENONS DANS NOTRE RÉGION UN JOURNAL INDÉPENDANT QUI NOUS SOUTIENT.
                                                 


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  • Ca camphre un max au VaticanFaut d'abord que je dise loyalement que les lignes qui suivent sont d'un protestant. Je sais même fort bien qu'on va s'en servir contre moi en disant: "Voyez, horreur! un protestant qui dit du bien de ce qui se passe au Vatican." Et tout ce qui peut exister d'intégristes va en tirer parti. Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Ceci posé, à la différence de l'immense majorité - je devrais dire de l'accablante majorité- de mes compatriotes, je m'intéresse, moi, aux questions religieuses. Oh Seigneur, non pas que je sois une grenouille de bénitier; il s'en faut d'énormément. Mais tout simplement parce que je vois bien l'usage qui est fait de la religion lorsque ça arrange - voyez la Marche pour tous. Il faut, en conséquence être en mesure de dire si oui ou non, ceci ou cela est un point de doctrine, si ceci ou cela s'est effectivement passé dans l'histoire de telle confession.

    Ca camphre un max au VaticanAvant de fermer cette parenthèse, je voudrais illustrer cela par deux exemples. Je crois que le monde juif ferait un immense bond en avant s'il voulait bien ouvrir les yeux sur le fait qu'une masse immense des actuels musulmans du monde arabe sont inévitablement des descendants de juifs, puisque le judaïsme a été vivant et attractif dans les terres arabes bien avant l'apparition de l'islam qui convertit par la suite des populations initialement juives. Et les musulmans feraient bien de réfléchir aux circonstances de l'élaboration de la pensée de Mahomet, élevé dans des territoires où la pensée juive était si présente. On trouve même sur le net des hystériques pour expliquer que c'est un rabbin qui a écrit le Coran. C'est idiot bien sûr, mais il est en revanche exact qu'il y a entre ces deux confessions une communauté de représentation de Dieu - un Dieu lointain, un Dieu sévère- et ceci devrait réfléchir. Pour citer Francis Blanche qui est, évidemment, une référence en la matière, si ça pouvait fermer leur claque-merde à tous ceux qui instrumentalisent la religion, un grand pas aurait été fait en la matière.

    Ca camphre un max au VaticanAUTANT D'IMPORTANCE QUE VATICAN II.- En dépit, donc, de la gourmandise que je pourrais avoir à bouffer du cardinal, je ne peux que saluer les propos qui viennent d'être tenus par le cardinal Walter Kasper sur la situation des divorcés dans l'église catholique. Surtout, que l'excellent cardinal n'est pas un rien-du-tout: Il est le président émérite du Conseil Pontifical pour la Promotion de l'Unité des Chrétiens et c'est lui qui a été chargé par le pape François d'ouvrir le travail liminaire que les cardinaux ont commencé en février dernier sur la question de la famille. Là derrière, il y a bien sûr, tout ce dont se sont emparés un certain nombre de manipulateurs lors de la Manif pour tous et dont le site La Salon Beige est, en quelque sorte le journal officiel. Et ce qu'a dit le cardinal Kasper a tellement déplu à d'autres cardinaux (Müller et Burke, notamment) que, par pur hasard, ils viennent de publier un bouquin rejetant les thèses de Kasper, cinq jours avant le début d'un vaste synode sur la famille qui risque de changer la position du monde catholique sur la question. C'est dire que ça chie un max. Du propre aveu de Mgr Kasper, ça pourrait avoir sur ce sujet l'importance d'un Vatican II.

    Que dit-donc Walter Kasper dans des propos repris, comme on a pu le voir à mon lien, par le Vatican Insider? La traduction est de moi. Je sais qu'il y en a qui craindront le pire mais faut pas charrier. Interrogé sur le point de savoir pourquoi l'éventualité d'un changement de discipline de la part de l'Église catholique sur la question des divorcés dans l'Église provoque selon lui, une telle crainte, il répond: "Je crois qu'ils craignent un effet domino; si vous changez un point tout s'effondrerait. (...) C'est lié à de l'idéologie, à une compréhension idéologique de l'Évangile selon laquelle l'Évangile serait un code pénal. (...) Ce n'est pas un musée (...) Nous devons marcher avec le peuple entier de Dieu et voir ce que les peuples sont. Et nous devons faire preuve de discernement à la lumière de l'Évangile qui n'est pas un code de doctrines et de commandements".

    Ca camphre un max au VaticanAprès avoir distingué doctrine et discipline, il développe: "La doctrine (...) ne peut pas changer. Ainsi personne ne nie l'indissolubilité du mariage. Mais la discipline peut changer. La discipline veut appliquer la doctrine à des situations concrètes qui sont contingentes et peuvent changer. Donc la discipline peut changer et a, en effet, changé au long de l'histoire de l'Église."  Je vous demande pardon, Monseigneur, mais vous virez là dans le subtil et je confesse (...euh, enfin, vous m'avez compris) que je pourrais même trouver votre subtilité un peu faux-cul. Mais enfin c'est un protestant qui écrit ça. Fallait bien que je me fasse plaisir. Passons.

    Ca camphre un max au VaticanL'OPPOSITION À FRANCOIS.- Avec une naïveté à laquelle, évidemment, personne ne croit, les journalistes demandent à Mgr Kasper si, après une résistance qui semble s'être manifestée contre le pape François, la parution de ce livre n'est pas une étape supplémentaire dans cette opposition. Lisez bien la réponse de l'excellent cardinal:  " Oui, c'est un problème. Je ne me souviens pas d'une situation semblable où de manière aussi organisée cinq cardinaux ait écrit un livre pareil. C'est la manière selon laquelle on pratique en politique, mais on ne devrait pas le faire dans l'Église. C'est ainsi que se comportent les politiciens mais je pense que nous ne devrions pas nous comporter ainsi dans l'Église". Fermez le banc. Je le disais en titre: ça camphre un max au Vatican. Entre nous, je me marre: je lis sur des sites intégristes qu'on continue de discuter de leur réintégration dans la grande église. Là, ça va être dur à avaler.

     


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