• La fascination des lieux communsIl faut se méfier de la vitesse de propagation des lieux communs. On nous certifie depuis des mois que notre découpage territorial serait un "millefeuille" incompréhensible et que nous faisons beaucoup moins bien que les autres. De temps à autres des voix cependant nous réveillent. Ainsi ces quelques secondes prises sur France Culture et que l'on doit au géographe Gérard François Dumont professeur à la Sorbonne.

     


     

    Le même du reste a pondu un texte fort argumenté d'où il ressort ce qui - tout bien considéré- devrait être une banalité: entre les pays européens rien n'est comparable. En somme et en gros: nous avons tous des différences et ça n'est pas plus grave que cela.

    Contre son campBON SENS.- Je rappelle un entretien récent que j'ai eu avec le sénateur Didier Guillaume, président du Conseil Général de la Drôme et qui disait des choses pétries de bon sens: " Il y a un service social à Valence et un au département. Ca ne me choquerait pas qu'il n'y en ait plus qu'un. Il y a un service “jeunesse et sports”de l'Etat et un autre du département. Moi, je serais absolument favorable à ce que les services du département pour la grande agglomération Valence-Romans, soient pris en charge par celle-ci. On enlèverait des superpositions.

    C'est l'histoire de notre pays. En 1982, une loi a donné beaucoup de pouvoirs par la décentralisation aux échelons inférieurs mais depuis 1982 on a rajouté des doublons partout. Les jacobins voulaient le pouvoir à l'Etat et les décentralisateurs voulaient le pouvoir dans les régions."

    Contre son campBOUCS ÉMISSAIRES.- Tout cela est évidemment vrai. Et si on a laissé s'empiler des échelons et créer des doublons, je note en l'espèce que c'est aussi le fait de l'État. On voit bien se développer en ce moment un discours très "antilocal" centré en particulier sur l'idée que les collectivités locales sont sources de gaspillage. Il est difficile de ne pas voir que, en effet, les collectivités locales ont embauché beaucoup ces dernières années mais c'est passer La fascination pour les lieux communssous silence le fait que cela se passait dans le moment même où l'État se désengageait et leur confiait ses missions. Il était donc fatal qu'elles se mettent à embaucher et il y a une formidable hypocrisie à subitement les désigner en boucs émissaires. Il se trouve que, comme par hasard, ceux qui diffusent ce message ont accès aux grands médias et donc diffusent ce qui va devenir l'idéologie dominante.  J'ai le fort soupçon que ceci est alimenté par un sentiment de supériorité à la fois technocratique et parisienne. Je m'amuse de voir que les paroles pleines de bon sens de Gérard-François Dumont sont le fait d'un homme né à La Souterraine au tréfonds de la France. Pour dire le moins, il n'a pas le profil du technocrate satisfait.

    La vérité objective c'est qu'il n'y a aucun autre moyen de réduire la voilure que de réduire les services rendus aux citoyens. Mais personne ne veut le dire.

    Contre son campLE VRAI SCANDALE.- On entre dans la catégorie du raisonnement qui ne veut pas s'assumer pour ce qu'il implique. Un des exemples fameux est l'affaire des intermittents du spectacle et de leur régime d'indemnisation. Il est assurément très avantageux...puisqu'il arrive à faire payer à des gens ce qu'on leur doit. Le fond du problème est que ceux qui devraient payer ne paient pas. Je partage absolument l'avis de ceux qui trouvent que c'est un abysse. Seul petit détail: aucun organisateur de festival, aucune chaîne de télévision etc. ne paie le prix de la prestation rendue. Pour avoir fait moi-même de nombreux documentaires je le sais bien. Le prix objectif d'achat d'un documentaire par une chaîne de télévision est sans rapport avec la réalité. Donc les producteurs ne paient pas l'intégralité du travail fait par les collaborateurs nécessaires et qui les paie? Le régimes des intermittents. Il est vrai que c'est un scandale. Aussi j'ai une super bonne idée: supprimons les festivals (ou, ce qui revient au même, imposons leur de payer, par exemple, toutes les répétitions nécessaires à leur déroulement). En cessant d'indemniser tous les artistes qu'ils mobilisent, on rétablira les comptes du régime. Après, il faudra se colleter tous les professionnels du tourisme, tous les maires qui hurleront qu'on les laisse crever. On devrait aussi arrêter la télé à 22h et la faire reprendre à 16h.

    Question: dans combien de domaines de la vie de la nation se passe-t-on ainsi la patate chaude?

     


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  • Les partis en roseIl est assez frappant que la question de l'homosexualité devienne corrélée avec la question de l'appartenance partisane. Il est assez clair - de façon franchement stupéfiante- Les partis en rosequ'un certain nombre de ralliements bruyants au Front National ont été délibérément mis en avant, manière de lui assurer de la publicité. J'ai beaucoup de peine avec le principe même de ces opérations.

    Je comprends qu'on rallie ou quitte un parti parce qu'il propose une orientation de droit relative à des questions de moeurs. La question du mariage pour tous allait dans ce sens. Fondamentalement, ce qui était en cause c'était une loi. Et, en effet, les partis sont censés avoir des positions sur les lois et même sur le cadre juridique global du pays. Mais sur l'orientation sexuelle? Sur la couleur des cravates? Sur les jardins à l'anglaise ou à la française? Sur la nage sur le dos ou le crawl? Derrière l'aspect totalement anecdotique, incongru de l'affaire, il y a une question d'importance: la politique jusqu'où? Je dénie en toute tranquillité mais totale fermeté, le droit à tout parti des critères de recrutement ou de rejet sur ce type de sujets.

    Les partis en roseSAUTILLEMENT PERMANENT.- Je ne suis pas un perdreau du printemps, je devine bien que l'objectif fondamental c'est de faire du bruit, le comble étant que, dans le sautillement permanent des médias, qui, comme l'observait judicieusement Philippe Meyer récemment, passent sans cesse, sans approfondissement, d'un sujet à un autre, ça occupe deux heures le titre de tête avant que l'on ne passe à autre chose. C'est un autre aspect de cette futilisation que j'ai dénoncée ici et ici. Mais il me semble que les dirigeants de partis devraient purement et simplement interdire ce genre d'affichage. Tout cela contribue terriblement à leur décrédibilisation.

    Les partis en roseAccessoirement, puisque c'est le Front National qui est en cause, parti lourdement machiste, viril pendant des décennies, on rigole. Et en même temps on voit bien l'effet de mode. Il était déjà hautement singulier qu'existe à l'intérieur de l'UMP, sous forme de Gaylib, une sorte de "filiale" chargée de drainer ce public. Il y a là quelque chose de racoleur et d'un peu honteux. C'est comment déjà la filiale qui s'occupe, elle, des amateurs du point de croix? De Gaulle, où es-tu, ils sont devenus fous! On sombre dans le dérisoire. Faut-il admettre, alors, que les partis ne sachant plus très bien à quoi ils servent, s'affichent comme des espèces d'attrape-tout. Je ne vois pas très bien où est l'intérêt collectif dans tout cela. Je ne vois même pas quel Les partis en roseest l'intérêt individuel de ceux qui se dévoilent ainsi.  Serait-ce comme un effet "facebook" généralisé? La seule chose qui paraît clair est que ceci donne une mesure supplémentaire du niveau de dérèglements où nous sommes.


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  • Ultimes sursauts avant la mortUltimes sursauts avant la mortIl vaut mieux entendre ça qu'être sourd mais franchement prendre simultanément dans la figure, le même soir, l'annonce des ambitions simultanées de l'UMP et du PS avec l'un qui veut avoir une "armée" de militants et l'autre qui en veut 500 000, ça pose vraiment la question de savoir où vivent ces gens-là. Ils ne vont jamais au café? A part de vivre sans arrêt entre eux, leur arrive-t-il de faire une partie de boules, de se bourrer un peu la gueule, un samedi soir devant des potes? Et de les écouter? Oui, de les écouter?

    Ultimes sursauts avant la mortVINDICATIFS.- Qui parle des partis aujourd'hui, à part les partis eux-mêmes? Lequel de vos amis est membre d'un parti et le dit bien fort? Ah, l'association de ceci-celà, c'est autre chose! Le tennis-club pour les ludiques ou l'association de défense pour les vindicatifs, ça volontiers. Mais le parti?

    J'ai une amie qui voulut, il y a fort longtemps, adhérer au PS. D'abord, l'amie en question se prit les pieds dans le tapis en voulant adhérer  par internet. Elle découvrit, à sa surprise, qu'elle était invitée à une réunion de section du PS de Gand parce que le système était si mal fait qu'elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait adhéré au parti socialiste belge. Puis, elle finit par se retrouver au PS de Lyon. Elle a un artisanat modeste mais dynamique. Et elle n'a pas tardé à s'enfuir lorsqu'elle a découvert le courroux que provoquait chez ses camarades de parti - qui ne le sont pas restés longtemps- le fait que ses revenus venaient de la différence résultant des recettes et des dépenses, c'est-à-dire -horreur!- les profits. On rêve!

    Ultimes sursauts avant la mortUltimes sursauts avant la mortQUI FAIT BOUGER?.- D'ailleurs, localement, regardez un peu: qu'est-ce qui fait bouger alentour de chez vous? Où avez-vous vu que ce soit une section de parti? Des associations, des groupements, des sociétés, autant que vous voudrez, mais des sections de partis, où ça? D'ailleurs, moi qui vit entre la Suisse et la France, j'en ai une preuve chaque fois que j'ouvre un journal local suisse. Il est banal de trouver, dans la presse suisse, un compte rendu de la réunion de la section cantonale, voire locale, de tel ou tel parti. En France, où avez-vous vu ça? Jamais. C'est tout de même extrêmement éloquent de la participation à la vie publique locale, la seule qui compte. Les tréteaux nationaux, le journal de 20 heures, c'est du spectacle. Mais rencontrer Dupont, celui avec lequel on écluse un verre de blanc, qui vous dise: "Ah samedi, au parti, on a parlé de ceci-celà". Ca n'arrive jamais.

    L'ancrage dans la société profonde s'est rompu. Passer au 20 heures, ça n'est pas un ancrage. Ni d'avoir un beau site internet.  Ca ne veut d'ailleurs aucunement dire que des groupes parfaitement ancrés ne mènent pas d'actions à fort impact politique. Mais c'est toute autre chose. Et c'est même un signe très fort: ceux qui veulent mener une action politique ont désormais décidé de passer par ailleurs. C'est un formidable signal qui devrait être perçu par les états-majors. Car c'est un signal CONTRE eux. C'est un signal qui leur dit: "Vos petits jeux, on ne s'y retrouve plus. Alors, nous, on joue ailleurs."

    Ultimes sursauts avant la mortY CROIENT-ILS EUX-MÊMES?.- D'ailleurs, ces mouvements de mentons du week-end vont faire sourire jusqu'aux grands élus eux-mêmes, ceux qui sont pourtant dûment encartés. Il ne faut pas cinq minutes autour d'un café lors d'une rencontre avec eux pour qu'ils vous disent que les partis sont morts.

    A la fin des fins, donc, quel est le sens de ces propos de tribune? A qui les orateurs veulent-ils faire croire qu'ils croient eux-mêmes à ce qu'ils racontent? Il y a un vrai problème là. Le pire étant qu'en effet, statistiquement, ils ont de beaucoup plus fortes probabilités de gouverner que les associatifs sympas dont je parlais plus haut. C'est même pour ça que ça mal.

    Ultimes sursauts avant la mortPetit ajout deux jours plus tard: Sarko nomme maintenant une fille d'extrême droite à la direction de l'UMP et ceux qui n'y comprenais déjà plus grand chose apprendront qu'elle a été recommandée par NKM, vous savez, celle qui a écrit un bouquin contre le FN.


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  • La France va changer de régime mais elle ne le sait pasLa notable accélération à laquelle on devrait aboutir  en matière de référendums locaux (je me demandais si on disait referendi, mais non) va profondément changer nos moeurs politiques. J'ai déjà eu l'occasion de signaler ici combien, faute de pouvoir intervenir sur les "grandes affaires", était forte la montée de la contestation sur des affaires locales (Notre Dame des Landes, Sivens, Roybon). Mon sentiment est que l'affaire est de deux ordres: d'une part le dépit de ne pouvoir intervenir sur ce qui compte vraiment, d'autre part la dérive, déjà signalée, d'élus qui sont pleins de dévouement et de bonne volonté, mais qui doivent s'enfoncer dans des dossiers de plus en plus complexes, par conséquent de plus en plus insaisissables par la population. Les mots mêmes utilisés pour décrire ce qui est en cause, l'empilement des intervenants, tout cela donne le sentiment d'une complexité fabriquée. Je crois beaucoup moins que d'autres, qui encombrent le net, à une vision complotiste de l'exercice du pouvoir local. L'immense masse des élus est composée de chics types dévoués. C'est vrai, il y a quelques féodaux qui brouillent terriblement l'image du tout. Reste donc ceci:

    Il se trouve que j'ai une raison particulière pour avoir une opinion sur les processus de référendums d'initiative locale: j'ai longtemps exercé en Suisse. J'en ai vu votés (ou refusés) des dizaines. Ce qu'il faut bien voir, c'est qu'il y a deux éventualités.

    La France va changer de régime mais elle ne le sait pasLes grands partis nationaux retrouvent la raison, comprennent que l'espèce de cinéma qu'ils nous font d'oppositions scénarisées qui ne correspondent pas à des réalités de fond, ne peut plus fonctionner. Alors, les référendums locaux se concentreront sur leurs vrais objets, ici une piscine, là une autoroute, etc. Ce sera compliqué parce que les dossiers sont toujours techniquement compliqués; il faudra perdre des heures à la pédagogie, mais ça se fera. Simplement, effet induit, les oppositions largement mises en scène lors des élections municipales auront du disparaître. Car il faudra bien que l'esprit national de concertation se répercute à l'échelon inférieur. Ceci suppose, par exemple, que l'on revienne entièrement sur les lois que gauche comme droite ont fait voter qui imposent des constitutions de listes politiques à l'échelon des communes de plus en plus petites. Je rappelle - ce qu'on a complètement oublié- qu'il y eût un temps où la possibilité de rayer des noms sur des listes aux municipales (le panachage) existait même dans des villes moyennes. Horreur, cela voulait dire qu'on votait sur la qualité des candidats.  Je me suis fait raconter cela non pas par d'affreux gauchistes avec des os dans le nez, mais par un très sympathique notaire ancien élu d'une droite gentillette qui regrettait le temps où l'on apprenait à travailler ensemble. Comme l'on sait, ces nouvelles lois ont été adoptées par la volonté unanime des professionnels de la politique de "dégager des majorités stables", c'est- à-dire de gérer les affrontements.

    La France va changer de régime mais elle ne le sait pasLa France va changer de régime mais elle ne le sait pas

    On continue comme aujourd'hui. Donc, on est dans une situation nationale d'opposition permanente. Et donc cela va se retrouver localement. Les lois que je viens de signaler joueront pleinement leur effet et il y aura constamment des comptes à régler. Par ailleurs, l'impuissance maintes fois signalée à intervenir sur les dossiers nationaux va pousser des acteurs locaux à chercher des noises sur ce sur quoi ils ont encore prise. Ce sera de la bagarre par dépit. Donc, on va voir les tribunaux administratifs encombrés d'affaires dérisoires. Ce sera excellent pour l'emploi parce qu'il faudra recruter des juges...et des CRS. On voit bien, en effet, la vitesse à laquelle ces affaires peuvent prendre des tours violents (Notre Dame des Landes, Sivens etc.)

    Naturellement, mes sagaces lecteurs ont parfaitement compris que la première hypothèse était une pure déconnante car rêver de partis qui admettent la nécessité d'une collaboration, dédramatiser le jeu, c'est ruiner tous les acteurs qui ont intérêt à une mise en scène de l'affrontement. Et peu importe qu'objectivement, sur le terrain, dans des milliers de villages ou de petites villes des gens de bonne volonté travaillent bel et bien ensemble, pour le journal de 20 heures, il faut que ça camphre.

    La France va changer de régime mais elle ne le sait pasLES LIMITES DU POUVOIR.- Je faisais plus haut référence à mon expérience suisse. Ah ça, c'est vrai que les élus râlent souvent lorsqu'on les menace de référendums d'initiative locale. C'est vrai que les dossiers sont plus longs à instruire, que la concertation est lourde. Sauf que la concertation est mise au centre de la table. Elle est parmi les premières choses auxquelles on pense. Avec de surcroît un contexte d'exercice fédéral (nous dirions national) où la quasi-totalité des partis sont au pouvoir. Et non pas parce que les Suisses sont meilleurs que les Français, mais parce qu'ils ont accepté le principe de réalité: ils ne prennent pas le pouvoir très au sérieux parce qu'ils La France va changer de régime mais elle ne le sait pasont pris acte de ses limites.

    Mais comme nous ne ferons pas cela, comme l'hypothèse 2 va jouer à plein, les dossiers seront paralysés un peu partout. On aura ici ou là des actes de violence. Le pays se paralysera tout doucement. Et nous tomberons en panne.

    Naturellement, il reste une solution alternative: surtout ne rien changer. L'ennui c'est que c'est trop tard. La France va changer de régime mais elle ne le sait pasL'exaspération est là et bien là. Le public est bien formé, l'information circule, parfois bidon, parfois bonne. Contre tout cela, on ne peut plus rien.


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  • Revue de détail quelques incohérencesLa même journée d'hier nous a amené trois de ces incohérences qui vous font penser que le monde politique nage parfois en plein potage. D'abord le conseil régional Rhône-Alpes décide de suspendre son soutien à l'opération de Center Parc dans l'Isère. Et là on apprend en cascade que sous la même présidence socialiste de Jean-Jacques Queyranne on avait voté 7 millions - 7 millions!- de soutien en 2009 à l'opération. En soit, ça n'est pas choquant s'il y a des contre parties de service public assurées. (C'est de l'humour). Mais on apprend que le conseil régional estime "qu'il y a des éléments nouveaux". C'est là l'incohérence. Autrement dit, ça veut dire que sur le premier dossier, qui déclenche tout de même un fameux bakchich, n'apparaissaient pas des données d'aujourd'hui. D'où la question: est-ce que le dossier de 2009 était maquillé pour décrocher la subvention? Incohérence dans l'incohérence: on apprend que la quasi-totalité des élus locaux sont pour, notamment en raison des retombées économiques; mais simultanément, on apprend que l'enquête d'utilité publique émet de sérieuses réserves environnementales. Dès lors, soit les élus ne connaissaient pas ce document, soit ils se sont assis dessus. Prenez le problème comme vous voulez, ça n'est pas l'impression de sérieux qui domine.

    Aline Archimbaud, sénatrice EELVRoybon, UMP, écolos: revue de détail de quelques incohérencesAFFECTIONS.- On va tout-à fait-ailleurs quelque part dans l'organigramme de l'UMP où vient d'être nommée une catho tradi défenseure des "manifestants pour tous". Petit amusement: Hervé Mariton , député depuis près de vingt ans de mon petit coin, qui s'est battu au parlement pour la même cause (et qui est tout-de-même vaguement plus connu) est, lui, laissé de côté, témoignage des affections qui s'expriment dans ce parti. Et incohérence aussi tout de même. Mais ça c'est l'anecdote. Ce qui est incohérent c'est de nommer simultanément cette femme et NKM qui est ouvertement opposée à ses positions. Et puis, logiquement, on aurait pu imaginer qu'on nomme cette vibrionnante  jeune femme dans une responsabilité qui est quelque chose à voir avec la famille ou avec le couple. Ah mais pas du tout! Regardez:

    Ils sont devenus fous ou c'est comme ça que ça doit marcher?

    Bref, on a joliment enfumé cette distinguée aristocrate qui avait envie d'avoir un bon poste au Panthéon de l'UMP. Et on n'entendra plus jamais parler d'elle. (Ah si, peut-être: les formations ce sera le catéchisme?)

    Roybon, UMP, écolos: revue de détail de quelques incohérencesEUPHÉMISME.- Enfin, soudainement prise de lucidité, une sénatrice d'Europe Ecologie Les Verts "se met en retrait" - un de ces mots typiques des euphémismes partisans- de son parti considérant qu'il est en lui-même incohérent dans ses positions vis-à-vis du pouvoir. D'abord, Madame, s'il s'agissait d'une association culturelle ou sportive et que vous soyiez en désaccord avec sa direction, vous ne vous "mettriez pas en retrait" mais vous partiriez. C'est la bonne règle. C'est oui ou non. Ne nous donnez pas le sentiment que le monde politique c'est un petit monde bien spécial qui joue avec les mots. Pour autant, vous avez tout-à-fait raison, votre parti est une somme d'incohérences sur la plupart des sujets, alors ne lui laissez pas ce que vous pouvez avoir de crédit personnel...et que j'ignore.

    On dira que je mets bout à bout trois affaires qui n'ont rien en commun. Ah pardon, si. La même incohérence d'une certaine sphère de la nation. Avec cette question ultime en conséquence: est-ce que d'y vivre, ça les rend fous?


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  • Je n'aime pas plus les petits salauds que les grandsAinsi donc, il arrivera un jour - enfin on nous l'assure- que les parfaits salopards qui ont poussé des salariés de France Télécom au suicide par harcèlement soient condamnés. C'est ce qu'annonce la presse. Mais elle ajoute ce que l'on va lire ci-dessous.

    extrait de Libé.frEt bien moi, les gars, je ne l'aurais sûrement pas dit comme celà. Parce que je déteste le sous entendu au demeurant parfaitement explicite qui est là-derrière. Il y aurait eu des "pauvres salopards", des "dégueulasses en mission", des chiens "qui ne faisaient que leur boulot". Je ne sais pas bien s'il faut hiérarchiser. Quelque part, dans des bureaux loin de tout, des immenses importants, dans un absolu mépris pour leurs salariés qu'ils voyaient en photos dans les bilans sur papier couché de fin d'année, ont estimé que ces manards ne foutaient rien et qu'il leur fallait des coups de pied dans le cul. C'est pas glorieux, c'est sûr et c'est plein de morgue et de mépris.

    Je n'aime pas plus les petits salauds que les grandsSOUMISSION COMPLAISANTE.- Mais l'immonde qui harasse le petit mec qui est juste au dessous, la gaillard qui se fait reluire en regardant le quelconque avec un regard supérieur, le collabo en puissance, je ne suis pas sûr d'avoir beaucoup de mansuétude pour lui. Je sais bien qu'être esclave en chef, c'est mieux qu'être esclave de base mais lorsque la compétition se fait dans la veulerie, la soumission complaisante, et l'indifférence aux souffrances de ceux que l'on voit tous les jours, je ne sais pas ce que je préfère.

    Je n'aime pas plus les petits salauds que les grandsNotez bien que la morale est sauve avec cette autre coupure de presse: celui qui a révélé les bidouilles fiscales peu glorieuses au Luxembourg de la part de multinationales a été inculpé. C'est chouette: on est bien gouverné.

    Ceci dit, j'aimerais être dans la tête du personnage ou plutôt, peut-être, dans son coeur. Voilà un type qui a été dans le système pendant des années et puis qui, un jour, a trouvé que c'était trop dégueulasse. J'aimerais connaître son évolution psychologique, ce qui l'a fait basculer. J'ai oublié de vous dire: M. Junker, lui, va très bien.


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  • Ce que l'affaire Closer veut direDonc Closer vient de récidiver en révélant les inclinations sexuelles d'un homme politique (je ne crois pas nécessaire de reprendre ce qui nous est répété ad nauseam). "Récidiver", dis-je, puisque  le même journal avait révélé l'affaire Hollande-Gayet. Ceci nous dit plusieurs choses.

    évolution de la diffusion de CLoserD'abord une formidable futilisation du monde. Elle résulte d'une convergence. Ni les dirigeants économiques, ni les dirigeants politiques ne souhaitent que le simple pékin ne réfléchisse trop. J'ai déjà eu l'occasion d'écrire ici combien était puissant le mouvement en ce sens qui tend à ne faire de nous que des zombies consommateurs: matraquage par la musique partout, anecdotisation générale de l'information dont sans doute le portail yahoo. news constitue la plus consternante des illustrations. Et ceci est mondial.

    Ce que l'affaire Closer veut direGLISSEMENT.- Ensuite, et corrélativement, le glissement du discours public et même des comportements publics vers le people. Sarkozy a témoigné d'une accélération du mouvement mais, en fait, rappelons-nous de Ségolène Royal qui accepte des photos de Paris Match à la maternité, lors de la naissance d'un de ses enfants. Ca n'est pas d'hier. Je devine là derrière comme l'intuition affolée de toute cette sphère des dirigeants qu'elle a résolument perdu contact avec le peuple et qu'il faut le chercher là où les chiffres de vente disent qu'il y a encore un grand nombre. La fascination TF1, c'est cela aussi, la participation à des talk show d'une incroyable vulgarité, c'est cela encore (voir ici)

    Enfin, plus grand nombre, plus grand nombre, faut voir. Le tableau que je publie et qui est celui - accessible à tous - de la diffusion de Closer montre tout de même un effondrement de la vente, mais enfin ça n'est tout de même pas mal.

    Car, troisième observation, il faut se dire que la presse à scandale, jusque là cantonnée dans le "people convenu" - les stars du cinéma et du show business- a bien vu la déconsidération dont souffre le monde politique. Et elle se jette dessus comme sur une vulgaire nana siliconée de la télé réalité. En fait, la presse à scandales nous raconte une évolution de la société. Elle nous tend un miroir. Et notamment, elle tend un miroir au comportement des lecteurs. Car c'est un peu commode aussi de dédouaner le bon million d'acheteurs de l'ensemble de la presse people.

    Je veux bien que l'on proteste dans l'affaire Philippot. Mais je ne suis pas très convaincu que tous les protestataires aient les cuisses propres.


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