• Les trépigneurs de l'Assemblée NationaleLe comportement misérable des parlementaires de l'opposition à l'Assemblée Nationale, incapables de contenir plus longtemps leurs trépignements, face à cette unité qui les contraints accroît évidemment encore davantage le fossé entre eux et les électeurs.

    Chacun, bien sûr, comprend bien de quoi il s'agit: cette espèce de temps suspendu que nous traversons interdit les jeux habituels des plateaux de radio-télévision, des petits coups qui se veulent malins, des phrases assassines. Lorsqu'on fait ça à longueur d'année - et j'inclue là-dedans tous les partis- forcément le pli est pris et il est rude de ronger son frein dans l'attente que tout reparte.

    Personne n'est dupe: il y a bel et bien un enjeu à quelques jours maintenant d'élections régionales à reprendre la main après une séquence manifestement gagnée par Hollande et les siens. Un sondage indique que 70% des Français interrogés ont trouvé Hollande à la hauteur. Et comme en même temps - je l'ai montré ici- la plupart des leaders de la droite, hors Juppé (et Bayrou), ont été totalement hors du ton attendu, il y avait urgence à rattraper le retard, à faire entendre sa voix, pardon ses cris, pour sauver ce qui pouvait l'être.

    Cette attitude est indigne. Elle est indigne de l'immense retenue du peuple français, de sa sérénité, de son sourire délibérément affiché comme par défi aux salopards qui ont tué une jeunesse. Elle est indigne des innombrables chefs d'état qui ont fait des hommages magnifiques à la France. Elle est indigne de nos amis égyptiens qui ont illuminés en bleu, blanc, rouge trois de leurs plus prestigieuses pyramides. Elle est indigne de ce moment bouleversant offert par l'orchestre du Metropolitan Opera de New-York jouant la Marseillaise en ouverture d'un concert et que je mets ci-dessous en ligne. Elle est indigne de ces joueurs de football français et anglais venus s'opposer en un match amical et de leur public qui a chanté, lui aussi, la Marseillaise à pleins poumons. Elle est indigne des policiers et militaires qui ont risqué leur peau lors de l'intervention à Saint Denis.

    Ces élus ont été petits. Ils nous ont fait honte. Ils ne nous représentent pas. On rêverait que viennent ces jours-ci des élections pour les renvoyer chez eux.


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  • Sarkozy lâché par le peloton de têteC'est comme le Tour de France. Soudain, une équipe réduite se met, au bout de quelques jours, à semer le peloton. À cause, peut-être, de sa forme physique. Mais à cause surtout d'un moral d'acier, de la "gagne". Et alors, plus rien ou presque n'est rattrapable. L'affaire est pliée.

    Les évènements de ces derniers jours laissent exactement ce sentiment. Deux hommes s'en détachent: Hollande et Juppé. Point barre. Derrière Hollande Cazeneuve est dans la roue, décidément solide. Derrière Juppé, l'écart est définitivement creusé avec Sarkozy. Les interventions de l'ancien président ont été pour les unes ridicules, pour les autres consternantes. Ridicules lorsqu'il essaie de trouver des propositions de pure technique du maintien de l'ordre. J'avais déjà fait observer ici qu'il avait par moment un côté secrétaire d'état à l'intérieur lorsqu'il voulait se mêler de détails qui ne sont pas au niveau où il est sensé se trouver. Consternante lorsqu'il a cherché à toute force de se distancier de ce mot d'"unité nationale" qui, bien sûr, ne fait pas son affaire. Mais il y a des moments où l'opinion ne veut plus des jeux partisans. La force de Juppé a été de se taire le plus souvent, d'accepter le terme d'union nationale parce qu'il a su sentir que c'était la demande du plus grand nombre et, finalement, de reconnaître que les coupes claires dans les forces de l'ordre sous le quinquennat de Sarkozy étaient une erreur. Faute avouée est à moitié pardonnée.

    On a vraiment vu dans ces moments terribles ceux qui avaient la stature d'hommes d'État et les petits bras. Et Sarko, dont on doit bien dire qu'il fut un homme d'Etat quoi qu'on en pense, est dans une espèce de processus de rétrogradation qui se manifeste par sa propension au trépignement. Il voudrait agir à toutes forces. Il se trouve qu'il ne peut rien faire. Mais au lieu de se taire il se vaporise dans un ensemble de propos qui ne sont aucunement à la hauteur. Même Marine Le Pen a eu l'intelligence de s'en tenir - certes dans son registre- au service minimum. Il y a des moments où le silence ou du moins la discrétion sont la meilleure tactique. Hélas, MLP est entourée d'une collection de lourdauds qui ont largement recouvert son silence par des propos de foire indignes.

    En tous cas, nous avons tous compris: nous aurons un match Juppé- Hollande. C'est une question de classe.  Et si Hollande a le pot inouï que, malgré tout, Sarko lui soit opposé, pour la droite, les jeux ne sont pas faits. Mais, dans l'intervalle, il faudra que Les Républicains se défassent de Sarkozy. On vous souhaite bien du plaisir, Messieurs.


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  • Des paumés dans la dérive millénaristeCe qui est saisissant dans les premiers éléments de profils qui nous viennent s'agissant des assassins de Paris, c'est l'absolu recoupement que l'on peut faire avec les auteurs des attentats du 7 janvier et le phénomène stupéfiant de dérive. La matinale de France Culture, à travers l'intervention de Dounia Bouzar (photos), en a fait une remarquable illustration et je voudrais aussi renvoyer à l'admirable portrait qu'Ariane Chemin - sauf erreur- avait fait dans Le Monde d'un des frères Kouachi.

    On a affaire à des paumés de très faible ampleur au départ. On est bien loin du cappo de la mafia. Dans le cas d'un de ceux mis en cause vendredi, il accumule les petites condamnations, suivies d'absence de détention sous le règne du grand justicier Nicolas Sarkozy. Et ces gars en errance cherchent vaguement leur voie sur internet, allant de vidéo en vidéo, passant de certaines insignifiantes à d'autres beaucoup plus toxiques qui développent une conception millénariste des temps que nous vivons.

    Des paumés dans la dérive millénariste"Nous sommes à proximité de la fin du monde. Nos vies ne valent plus rien. Du moins pouvons-nous faire en sorte qu'elles servent à la cause islamique". Tel est le raisonnement développé.  Évidemment, on aimerait savoir jusqu'à quel niveau de la "hiérarchie" - si tant est que ce mot est opportun- on croit à ces délires. En un sens, peu importe. Le fait est qu'ils mettent en branle des jeunes à la fois totalement désorientés et excellents manieurs de kalachnikov, bons organisateurs de petits réseaux. Car enfin, ces horreurs, il faut les faire: trouver des planques, trouver des armes, etc... Ce mélange de folie ou du moins de fanatisme et de rationalité est intriguant.

    Je recommande très particulièrement ce document de la RTBF, contenu du téléphone d'un des terroristes les plus recherchés qui considère qu'il est en Syrie comme un "touriste terroriste". Ce niveau de confusion mentale est alarmant. Même Le Figaro donne ici un portrait de ces jeunes, "issus de classes moyennes, de familles athées et souffrant de dépression" qui lui vient d'un rapport fort intéressant. Comment ne pas songer avec peine à ce père d'un des kamikazes qui, voyant son fils partir en dérapage incontrôlé, a tenté d'aller le chercher en Syrie. En vain.

    Du reste, quant à la dimension religieuse, il faut en mesurer la totale ambiguïté. Le juge Trévidic, ancien patron du pôle anti-terroriste,  a eu l'occasion, tous ces jours derniers, de dire qu'elle ne pesait qu'à hauteur de 10% dans les motivations de ceux qu'il entendait. C'est comme la fameuse "permission de tuer" dans James Bond: il y faut une couverture. Un journaliste britannique qui avait eu l'occasion de s'infiltrer dans Daesh quelques temps avait cette phrase: "Ils ne possèdent même pas le Coran". Ne faisons pas l'honneur à ces assassins de leur attribuer une pensée religieuse. Et puis méfions-nous de nous-mêmes: beaucoup parmi nous aimeraient consciemment ou non que la motivation soit religieuse. Ce serait une manière de donner un nom à un irrationnel.

    Ce qui est très intéressant est qu'on se trouve là devant le très haut mur de la communication avec des fanatiques, que l'on pourrait retrouver devant la discussion à des adhérents du Front National. Il n'y a pas de rationnel à opposer. On sortira toutes les statistiques que l'on veut, toutes les savantes études: ça ne sert à rien. On est devant un élément de foi. Tout ce qui s'y oppose relève du complot. L'immense avantage de la théorie du complot est qu'elle ne peut être récusée puisque c'est un acte de foi. Voir ici. J'ai déjà eu l'occasion de dire ici ce qu'internet pouvait avoir d'ambivalent. On en trouve ici la pleine démonstration. Et c'est cher payé. Mais c'est aussi très cher payer notre incapacité à intégrer de ces jeunes qui deviennent candidats au pire pour les autres et pour eux-mêmes.


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  • Terrorisme: que se passe-t-il entre la Belgique et nous?

    Le fait que, dans les dramatiques attentats de Paris, la Belgique ait servi de toute évidence de base arrière pose question. Ce n'est en effet pas la première fois. Rappelons que lors de l'attentat contre le musée juif de Bruxelles, c'était le mouvement inverse qui s'était produit: le terroriste frappait en Belgique mais se servait de la France comme refuge; il fut arrêté près de Marseille. On vient d'apprendre que l'imam qui a probablement contribué à la radicalisation du seul terroriste actuellement identifié, après avoir exercé dans la région de Chartres, se repliait en Belgique. Par ailleurs, ceux qui, comme l'auteur de ces lignes, lisent régulièrement la presse belge y trouvent constamment des allusions à des plateformes islamistes sur place. Ce jour, dans une référence que l'on trouvera ici, le quotidien La Libre Belgique cite une déclaration du Premier ministre belge, Charles Michel:  "Je constate qu'il y a presque toujours un lien avec Molenbeek, qu'il y a un problème gigantesque. Les mois passés, beaucoup d'initiatives ont déjà été prises dans la lutte contre la radicalisation mais il faut aussi plus de répression". Lorsqu'un gouvernement parle de problème "gigantesque", il y a de quoi s'inquiéter.

    Terrorisme: que se passe-t-il entre la Belgique et nous?N'importe qui qui y est allé a pu constater la totale perméabilité, typique de Schengen, à la frontière. Je ne suis certes pas de ceux qui le regrettent, mais enfin, en l'espèce, cela nous joue un vilain tour. On gagnerait à mesurer ce que les constantes crises politiques belges ont pu, le cas échéant, affaiblir le pouvoir central dans une lutte contre le terrorisme. On retrouve là une vieille règle: chaque fois qu'un pouvoir s'affaisse, tous les groupes toxiques s'infiltrent. Il est impossible de ne pas voir que le fournisseur d'armes arrêté dans une voiture en Bavière était un Monténégrin, pays qui ne distingue pas par sa solidité. Et, plus généralement, dans les Balkans, nous avons à faire à des états faibles.

    Une chose est, en tous cas, particulièrement claire: l'échelle réelle du problème n'est pas nationale. Bernard Cazeneuve en  a donné une bonne démonstration en demandant une réunion de tous les ministres de l'intérieur européens. Je dédie ceci à tous ceux qui nous expliquent qu'il faudrait moins d'Europe et que, plus on se repliera sur soi, mieux ça marchera. Ne doutons pas, en effet, que très respectueux des frontières nouvellement érigées, les assassins de tout poil s'abstiendront absolument de sauter les barrières. Par patriotisme, sûrement.


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  • L'autre Monsieur HollandeCa fait deux fois qu'il nous fait le coup. François Hollande était déjà apparu, lors des attentats du 7 janvier dernier, à la fois plein d'empathie pour les victimes et d'autorité pour la mise en marche des services, il est vrai fort utilement secondé par MM. Valls et Cazeneuve. Et revoilà que, jusque dans son émotion même, il trouve le ton juste dans la tragédie parisienne du vendredi 13. Autant que nous puissions en juger, ce qui s'ensuit fonctionne, si tant est qu'on puisse ainsi dire dans un si vaste chaos.

    Quel drôle d'homme! Tout se passe comme si, dans une situation normale, il perdait sa consistance à force de peser le pour et le contre, de virer dans le subtil, de chercher des équilibres. Et voilà le drame et soudain il y voit clair. Il me revient d'une phrase, je crois de Mme. Belkacem, immédiatement après son élection où elle disait en substance, notamment par référence à l'agitation sarkozyste: "Vous allez voir, ça va vous changer". Certes, mais à ce point... Or voilà que, pourtant, en effet, on est exactement, si l'on ose dire, sur la bonne longueur d'ondes. Il est assez frappant de lire simultanément dans deux grands journaux étrangers, l'un allemand qui le compare à Helmut Schmidt, l'autre suisse, des tombereaux d'éloges sur cette gestion de la crise.

    Il est juste de le créditer aussi d'avoir vu parfaitement clair, il y a deux ans, sur la situation syrienne lorsqu'il avait proposé d'attaquer, dans un temps où Daesh n'était encore pas grand chose pour imposer une remise en ordre en Syrie. Les Américains, évidemment indispensables dans l'opération, nous avaient laissé tomber en rase campagne. Et il est probablement peu exagéré de dire que plus d'une centaine de nos concitoyens ont péri pour ce motif, sans préjudice des menaces à craindre pour l'avenir. Le juge Marc Trévidic, ancien patron du pôle anti-terroriste, est absolument limpide sur le sujet: nous avons laissé croître un monstre.

    Nous allons nous trouver devant une tâche immense dont il y a lieu de craindre que ni M. Hollande, ni aucun homme politique ne puisse l'accomplir. Faire comprendre à tout un peuple traumatisé que chaque fois qu'il s'en prendra de façon indéterminée aux musulmans, il fera le jeu de Daesh. Car c'est exactement ce que veut Daesh: qu'un ressentiment massif pousse - et, en fait, contraigne- les musulmans français à la radicalisation. Il suffit de se balader sur Facebook pour voir combien "ceux qui savent mieux" ne demandent qu'à en découdre en ce sens. C'est terrifiant. Ceci sans rien dire des petites frappes façon Laurent Wauquiez qui demandent des camps de rétention, histoire, bien sûr, de se faire mieux élire. Car entre la bonne foi égarée (qui sera pourtant longue à être remise dans le droit chemin) et les calculs sordides, on a le choix des registres mais la tâche est, dans tous les cas, aussi immense.  Et là, je crains que, Hollande ou pas...


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  • Soudain, la dignitéIl a fallu l'horreur pour qu'à nouveau, comme le 7 janvier, les hommes politiques retrouvent une dignité qui remonte le moral. Hollande, atteint, a eu les mots justes et son trouble même lui donnait de l'épaisseur (voir aussi ici). Juppé très bien, Obama ou Merkel très bien aussi, Fillon bien. Mais puisqu'alors on les découvre ainsi, quelle est cette scène de théâtre où ils s'engluent habituellement dans la médiocrité? Que ne se révèlent-ils ainsi hors des temps de drame?

    Soudain, la dignitéNaturellement, il y a les éternels médiocres façon de Villiers qui n'attendent pas que le dernier mort soit comptabilisé pour lancer la polémique. Michel Onfray et Laurent Wauquiez misérables. L'excellent Marc Trévidic, juge anti-terroriste, a habillé le dernier pour l'hiver sur sa demande d'internement généralisée de tous les suspects: "Pour faire Guantanamo?" On attend Zemmour. Mais du moins y-a-t-il eu, dans une certaine retenue et une certaine hauteur de vue, dans cette suspension généralisée des campagnes électorales, cette lettre de tous les présidents de groupes à l'Assemblée Nationale appelant à l'unité, le ton qui convenait.  Celui qui était à la mesure de ces Parisiens qui Soudain, la dignitéspontanément ouvraient leurs portes pour protéger des passants, qui donnaient des draps pour masquer des cadavres, qui font la queue dans les hôpitaux pour donner leur sang, tous ces gestes anonymes, spontanés, sans façon qui disent une belle humanité, en réalité l'humanité qu'on est en droit d'attendre. Et qui sont autant de réponses, d'autant plus fortes qu'elles sont anonymes à la folie meurtrière. Et la Liberty tower  en bleu, blanc, rouge, c'est un beau symbole.

    Par parenthèse, compte tenu des circonstances, on se remettrait fort bien de l'éventualité que les élections régionales qui nous replongeront dans la boue soient reportées. Il y a peut-être d'autres urgences.


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  • Verrouiller l'info? Essayez donc!Quelle journée: où l'on apprend que le document faisant état d'un financement lybien de la campagne de Sarkozy était authentique, où Claude Guéant est condamné à de la prison avec sursis pour l'affaire des primes du ministère de l'intérieur et... surtout, où l'on apprend que la fameuse ONG américaine qui a levé le scandale Volkswagen était informée par des fonctionnaires européens.

    Comme quoi tout finit toujours par se savoir mais l'ultra-court terme étant l'horizon habituel des politiques, ils ne parviennent pas à l'intégrer, surtout ils s'imaginent que ces lointaines révélations n'auront jamais lieu chez eux. Je vis dans un petit pays où, depuis des mois, des élus essaient de faire silence sur le coût d'un centre nautique qui s'annonce très élevé. Il s'est passé ce qui devait se passer: un beau jour, le journal local, Le Crestois, a trouvé une source discrète qui a lâché le morceau. Et n'ayant rien compris à rien, se comportant comme si les enseignements de ce qui se passait ailleurs ne les concernaient pas, ces élus se sont indignés et sont tombés à bras raccourcis sur une malheureuse opposition qui n'y est pour rien, sans parler bien sûr du journal "qui a trahi".

    C'est drôle comme des gens qui sont plutôt intelligents - encore que parfois on finisse par douter- puissent à la fois avoir des jugements tout-à-fait raisonnables sur ce qui se passe dans le vaste monde et devenir d'une cécité navrante sur leur propre action. C'est extrêmement instructif sur le fonctionnement de la démocratie.

    Verrouiller l'info? Essayez donc!Il y a une règle simple dont il faut prendre acte: les affaires finissent par sortir. Certes, pas toutes. Certes, ça peut prendre du temps: on le voit avec l'affaire de Karachi. J'ai un souvenir d'un entretien avec Jean-François Julliard, à l'époque au Canard Enchaîné, qui me disait: "la plupart de nos informateurs ne sont pas des opposants, mais des gens au contraire proches de la décision mais qui la trouvent particulièrement injuste, en particulier au nom de leurs idées qu'ils ne veulent pas voir caricaturées". L'idée idiote selon laquelle, parce que l'on est élu, on va tout contrôler est une idée de vieux. Ca ne marche plus comme cela. Je le vois avec amusement, toujours dans la Drôme où le Conseil Départemental a basculé à droite et voudrait tout contrôler, mais où les fuites sortent à jet continu.

    Les citoyens ne comprennent plus que l'on veuille contrôler l'information.  Il y a un formidable effet de mimétisme, dans un univers qu'internet a rendu beaucoup plus fluide, qui fait que le public qui voit qu'on peut embêter Mme. Clinton pour ses mails en attendra donc autant pour l'adjoint au maire de St. Hilaire Cusson-la-Valmitte (ça existe). Nous sommes, en effet, dans un monde où des centaines de millions de personnes ont entendu parler de vastes affaires de fuites: Watergate, Wikileaks, Vatileaks... L'impact psychologique de la seule existence de Médiapart, même pour des gens qui ne l'ont jamais lu, est considérable. L'instantanéité du courrier électronique qui permet de faire fuiter en une seconde un document est manifestement aussi un encouragement. Comment peut-on croire que ces mêmes personnes accepteraient que, tout au contraire, dans leur proximité, on verrouille tout?  J'ai le souvenir d'un élu d'une commune drômoise qui, ayant appris qu'un administré avait saisi la justice administrative, avait sottement déclaré: "c'est anti-démocratique". L'élection, en cette matière, ne fait naître aucun droit et, tout au contraire, des risques.  Je veux même bien admettre qu'il puisse se trouver des situations où cet état de choses soit injuste pour des élus. Mais on vit dans son temps et il faut faire avec.


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