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Par gervanne le 13 Septembre 2015 à 15:32
La prétention à défendre, à l'occasion du vaste mouvement migratoire que nous voyons, l'Europe chrétienne a quelque chose de sidérant. Quoique je n'en soit point expert, je ne risque pas de me tromper en disant que le message central de la chrétienté concerne l'Autre et précisément, c'est pas de pot, son accueil.. C'est très ennuyeux, j'en conviens, mais c'est comme ça.
Il serait infiniment plus loyal de la part de ceux qui veulent s'opposer à l'arrivée des réfugiés de dire nettement "nous conchions Aimez-vous les Uns les Autres; nous tuerons quand nous voudrons; la bonté nous emmerde et, dans la chrétienté, la seule chose qui nous intéresse ce sont les bûchers". Les choses seraient alors beaucoup plus claires. Ce ne serait aucunement de la défense d'une Europe chrétienne qu'il serait question mais d'une Europe barbare. Et il faut bien dire qu'à bien regarder le spectacle que nous avons sous les yeux, c'est de cela qu'il s'agit.
Retournons aux druides. Créons une École Nationale de Druidisme dont nous confierions la direction à Alain Soral parce que, pour ce qui est de la mise en scène, il en connaît un rayon. Votons une loi qui permette, en une demi-heure de transformer les prénoms à sale consonance chrétienne en bonne consonance gauloise. On verrait fleurir les Ariamnes, les Burebista ou les Tutor- Tutor Sarkozy, ça sonne bien, non?- et au moins on parlerait vrai.
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Par gervanne le 7 Septembre 2015 à 08:19
Les événements de ces dernières semaines ont redonné un coup de jeune à une certaine posture convenue du « À moi, on ne me la fait pas, tout ce qui arrive est une mise en scène ». Tout est manipulation et, évidemment, tous ceux qui savent en dénicher une sont plus malins que les autres. J'avais déjà relevé cette attitude en janvier, lors des attentats de Paris, attitude un peu hautaine, condescendante, affectant une connaissance bien meilleure que celle d'autrui, manière aussi de se situer au-dessus de la mêlée, voire au-dessus des autres, tout simplement. À moins qu'il ne s'agisse, dans bon nombre de cas, d'une manière de dissimuler de lourdes failles psychologiques quand ce ne sont pas des pathologies.
Eh bien moi, on ne me la fait pas. Parce que je vois, en réalité, dans ces postures qui se veulent distinguées une grande fragilité de l'esprit, l'absolu besoin de voir derrière tout événement une obscure construction, une intrigue bien menée, des chefs secrets. Construire ainsi sa pensée, c'est présupposer que, dans la marche du monde, tout est sous contrôle. Je n'y crois pas un instant.Non, les foules de réfugiés ne se sont pas mises en route – en dehors du fait qu'elles l'étaient depuis longtemps- sur un coup de sifflet. Il y a bel et bien eu conjonction de décisions isolées de milliers de moins-que-rien et s'il est évidemment vrai qu'une fois le processus engagé - je dis bien: une fois le processus engagé- les gouvernements, les partis essaient de tirer leur épingle du jeu, ils ont été des marionettes d'un mouvement qui leur échappait.
On ne rappellera jamais assez les circonstances de la chute du tout puissant pouvoir soviétique qu'aucun des fameux "kremlinologues", comme l'on disait alors, n'avait vu venir. Non point parce que, du fond d'une grotte, ou d'un bureau de la CIA un mystérieux gourou manipulait tout. Ce sont les simples gens qui ont fait tomber le pouvoir soviétique, le syndicat des ménagères. Il y a des mouvements qui viennent d'infiniment plus grandes profondeurs que le pouvoir, voire la raison et que nul ne peut prétendre inspirer. Ils sont animés, en effet, de ces choses étranges que sont le mal-être, la peur, la folie. Or rien de tout celà ne se prédétermine. Il n'y a personne dans la grotte.
Il y a ceux, j'en conviens, qui tiennent des langage de peur pour arriver à leurs fins. Mais ils ne font qu'embrayer sur un mouvement qui préexiste dans l'âme d'une nation. Et ils n'y sont pour rien. À bien y penser, cette situation est beaucoup plus inconfortable pour l'esprit de chacun d'entre nous. Elle interdit une certaine commodité de pensée. Elle nous impose d'admettre qu'il y a des forces immaîtrisées qui courent. Et qui s'imposent.
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Par gervanne le 15 Janvier 2015 à 13:42
Nous croyons qu'il y a un pouvoir parce qu'on nous dit qu'il y en a un. Mais lorsqu'on regarde le monde au quotidien on n'y voit guère de gens qui "peuvent" vraiment. Ils "peuvent" à la marge. Ils "peuvent" se mettre en scène. Mais au delà?
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Par gervanne le 10 Janvier 2015 à 17:13
La posture du supposé "politiquement incorrect" est une pause qui devient insupportable, en particulier, en ce qu'elle se donne pour courageuse par rapport à ce qui serait une veulerie ambiante. Si "politiquement correct" signifie que les hommes doivent avoir des droits équivalents, si cela suppose qu'il est du devoir de la société de tenter des rétablir les injustices flagrantes, alors je suis politiquement correct. Et je n'ai aucune envie de prendre une posture de non conformiste très hypothétique qui voudrait que, "tout de même, les noirs, les musulmans, on ne sait jamais trop si on peut s'y fier; et puis, vous savez, les pauvres, on a beaucoup dit qu'il fallait les aider, mais tout bien considéré, on ne leur rend pas service, on en fait des assistés, d'ailleurs, ils abusent". Et lorsque, pour couronner le tout, on nous explique que ce sont là, des positions "résistantes", j'explose.
Les terribles assassinats de Charlie Hebdo et du supermarché kascher rouvrent à grands jets les torrents de cet héroïque "politiquement incorrect". Quelle aubaine! Les boutiquiers de la haine se transforment en grandes surfaces. On glisse sur le fait qu'un des policiers assassinés était musulman, qu'un jeune musulman de l'hypermarché kascher a dissimulé seize clients très probablement juifs.
A ceux qui ne se trompent pas sur le caractère démagogique, commercialement payant, de ces propos "incorrects", il va falloir une immense force intérieure pour faire face. Soudain, le mépris est devenu légitime, recommandable. Je ne sais trop où nous prendrons nos forces, sauf dans la formidable sérénité des défilés. Quand même tous ces gens politiquement corrects, ça fait beaucoup. 700 000 rien que ce samedi. Des cons, sûrement.
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Par gervanne le 26 Décembre 2014 à 11:47
Sale temps. Nous vivons une période de "bashing" généralisée. Pas de critique, non de bashing. Il y a une différence entre les deux. La critique appelle l'argumentation. Donc elle est licite. On n'aime pas telle exposition parce que les oeuvres retenues sont peu intéressantes, mal mises en valeur. Soit. Et lors d'un match, tel joueur a mal joué. Bon.
Le bashing, c'est par dessous la ceinture. C'est dans une hypothèse favorable moqueur, le plus souvent pire encore, chargé de sous-entendus, d'allusions: vous m'avez compris, n'est-ce pas? Il est inutile que je développe, ça va de soi. Le match était truqué, l'expo de toutes façons était due à la maîtresse du ministre. Les politiques vivent des enveloppes que leurs filent les grandes banques, etc.
Eh ben non. Ca ne va pas de soi. Il ne suffit pas la lippe méprisante, du rire du fond de gorge. Bref, de la posture. La posture est haïssable.
Il y a des professionnels de la posture. Zemour - dont je me suis bien gardé de parler ici- est dans le bashing commercial. Le truc qui marche. Ca ne peut que marcher parce que c'est du bashing. Notre sensibilité à cela nous questionne. Il nous faut de l'expéditif. Deux temps, trois mouvements et hop! l'explication est là. L'explication qui marche d'autant mieux qu'elle est pleine de sous-entendus, peut-être de secrets. Ah, les secrets, ça c'est épatant. Si nous allons mal c'est qu'il y a quelque part, en un lieu insaisissable, une puissance qui, elle, tient tout.
La haine, pour cela, c'est pain béni. Alimenter la haine: l'avantage est que ses ressorts sont connus. "Ils" ne sont pas comme nous. "Ils" nous menacent. C'est de "leur" faute. Et voilà Dieudonné, Soral, Zemmour qui en font un fonds de commerce. Ils sont les détesteurs exemplaires, talentueux, géniaux dans la posture de la victime. Je parle bien de leur fonds de commerce, business, gros sous. Tous ceux là sont des rentiers de la haine. Pas de la petite aversion, de la vague répulsion; ah non, de la belle haine bien recuite.
EXPLOITEURS DE LA DÉTRESSE PUBLIQUE.- C'est que ça rapporte, cette saleté. Gros succès éditoriaux, petites PME de la médisance. Et comme nous sommes non pas dans l'analyse mais dans le sautillement, les grands médias, bien obligés de voir que ça marche, eux-mêmes à la recherche de ce qui pourrait bien les sauver d'une conjoncture mauvaise, embraient et offrent une caisse de résonance. Le bashing appelle le gourou. Nous sommes dans un temps des gourous. C'est qu'il faut savoir la faire l'allusion, le glisser le sous-entendu. Et, à cet égard, nous sommes comme après la pluie. Il en pousse soudain, comme des champignons, de ces exploiteurs de la détresse publique. Et le malheureux connard qui se pointe en disant que a +b =c, passe pour un dupe, pire encore pour un agent des grandes multinationales ou de je-ne-sais-quelle puissance occulte.
Le problème du réel est qu'il est souvent affreusement trivial, dénué de mystères, décevant en somme. En tous cas, les postures ne lui valent rien.
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Par gervanne le 16 Décembre 2014 à 23:18
Il y a, par moment, dans l'air du temps, dans l'atmosphère générale de la critique, quelque chose de snob, de convenu qui finit par devenir fatiguant. Voilà ce pauvre Macron qui essaie de faire bouger deux-trois choses, ce que rigoureusement personne avant lui n'avait entrepris. Vous avez le choix: soit c'est totalement insuffisant, soit c'est une trahison des idéaux de gauche. Tout cela servi par la moue entendue, l'allusion supposée subtile qui dispense de tout développement. Avec une cohérence remarquable: on passerait ainsi de gauche à droite selon que seraient autorisés cinq ou douze dimanches de travail par an pour les grandes surfaces. Évidemment, on se garde bien de faire remarquer que les salariés qui, jusque là, n'étaient pas mieux payés pour les cinq dimanches, le seront pour cet effort supplémentaire car on retient dans la loi proposée ce qui arrange le raisonnement.
Ce climat de meute m'épuise. Au surplus, les petites allusions bien dégueulasses dont il se nourrit - il était banquier n'est-ce pas, ce jeune homme? - n'honorent guère ceux qui les utilisent. Ben oui, c'est très embêtant, il était banquier mais ça ne préjuge pas de ce qu'il est capable de faire. C'est un non-argument, une manière de se dispenser d'argumenter. Je vois bien qu'un certain nombre de critiques sont très probablement fondées. Mais la petite musique qu'on nous joue m'interdit de me joindre à ces argumentaires toujours un peu limites. Étant données les extraordinairement faibles performances des camps unis aujourd'hui dans la critique, je suggère qu'on la ferme.
COUILLES.- D'ailleurs, je m'amuse. Un sondage du week-end nous signale que deux personnages sont en train de gagner notablement du terrain: Emmanuel Macron - vous savez, le banquier- (+ 12 points!) et Bruno Le Maire, l'homme qui a fait la surprise dans la compétition à la tête de l'UMP. Ils ont en commun d'être, chacun dans son camp, le jeune qui monte et celui qui est à la marge. Et je vois dans cette indication une confirmation de ce que j'ai souvent écrit ici: la population ne veut plus des récits dominants caricaturaux. Le mainstream prend l'eau, les "éléments de langage" sont en dépôt de bilan. Que ces deux hommes soient à contre-courant chez eux leur vaut de la sympathie. Et je dois dire qu'il leur vaut la mienne. Lorsque Le Maire a les couilles d'aller devant une salle hostile et de lui dire: "non", il joue en fait gagnant. Les discours entièrement préfabriqués sont devenus insupportables. Je ne vois pas bien ce qu'il y a de "droitisant" à remettre en cause les situations acquises des notaires ou des huissiers. Et je ne crois pas qu'on soit un dangereux gauchiste en disant que la loi sur le mariage pour tous ne sera jamais revue.
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Par gervanne le 15 Décembre 2014 à 07:22
Il faut se méfier de la vitesse de propagation des lieux communs. On nous certifie depuis des mois que notre découpage territorial serait un "millefeuille" incompréhensible et que nous faisons beaucoup moins bien que les autres. De temps à autres des voix cependant nous réveillent. Ainsi ces quelques secondes prises sur France Culture et que l'on doit au géographe Gérard François Dumont professeur à la Sorbonne.
Le même du reste a pondu un texte fort argumenté d'où il ressort ce qui - tout bien considéré- devrait être une banalité: entre les pays européens rien n'est comparable. En somme et en gros: nous avons tous des différences et ça n'est pas plus grave que cela.
BON SENS.- Je rappelle un entretien récent que j'ai eu avec le sénateur Didier Guillaume, président du Conseil Général de la Drôme et qui disait des choses pétries de bon sens: " Il y a un service social à Valence et un au département. Ca ne me choquerait pas qu'il n'y en ait plus qu'un. Il y a un service “jeunesse et sports”de l'Etat et un autre du département. Moi, je serais absolument favorable à ce que les services du département pour la grande agglomération Valence-Romans, soient pris en charge par celle-ci. On enlèverait des superpositions.
C'est l'histoire de notre pays. En 1982, une loi a donné beaucoup de pouvoirs par la décentralisation aux échelons inférieurs mais depuis 1982 on a rajouté des doublons partout. Les jacobins voulaient le pouvoir à l'Etat et les décentralisateurs voulaient le pouvoir dans les régions."
BOUCS ÉMISSAIRES.- Tout cela est évidemment vrai. Et si on a laissé s'empiler des échelons et créer des doublons, je note en l'espèce que c'est aussi le fait de l'État. On voit bien se développer en ce moment un discours très "antilocal" centré en particulier sur l'idée que les collectivités locales sont sources de gaspillage. Il est difficile de ne pas voir que, en effet, les collectivités locales ont embauché beaucoup ces dernières années mais c'est passer sous silence le fait que cela se passait dans le moment même où l'État se désengageait et leur confiait ses missions. Il était donc fatal qu'elles se mettent à embaucher et il y a une formidable hypocrisie à subitement les désigner en boucs émissaires. Il se trouve que, comme par hasard, ceux qui diffusent ce message ont accès aux grands médias et donc diffusent ce qui va devenir l'idéologie dominante. J'ai le fort soupçon que ceci est alimenté par un sentiment de supériorité à la fois technocratique et parisienne. Je m'amuse de voir que les paroles pleines de bon sens de Gérard-François Dumont sont le fait d'un homme né à La Souterraine au tréfonds de la France. Pour dire le moins, il n'a pas le profil du technocrate satisfait.
La vérité objective c'est qu'il n'y a aucun autre moyen de réduire la voilure que de réduire les services rendus aux citoyens. Mais personne ne veut le dire.
LE VRAI SCANDALE.- On entre dans la catégorie du raisonnement qui ne veut pas s'assumer pour ce qu'il implique. Un des exemples fameux est l'affaire des intermittents du spectacle et de leur régime d'indemnisation. Il est assurément très avantageux...puisqu'il arrive à faire payer à des gens ce qu'on leur doit. Le fond du problème est que ceux qui devraient payer ne paient pas. Je partage absolument l'avis de ceux qui trouvent que c'est un abysse. Seul petit détail: aucun organisateur de festival, aucune chaîne de télévision etc. ne paie le prix de la prestation rendue. Pour avoir fait moi-même de nombreux documentaires je le sais bien. Le prix objectif d'achat d'un documentaire par une chaîne de télévision est sans rapport avec la réalité. Donc les producteurs ne paient pas l'intégralité du travail fait par les collaborateurs nécessaires et qui les paie? Le régimes des intermittents. Il est vrai que c'est un scandale. Aussi j'ai une super bonne idée: supprimons les festivals (ou, ce qui revient au même, imposons leur de payer, par exemple, toutes les répétitions nécessaires à leur déroulement). En cessant d'indemniser tous les artistes qu'ils mobilisent, on rétablira les comptes du régime. Après, il faudra se colleter tous les professionnels du tourisme, tous les maires qui hurleront qu'on les laisse crever. On devrait aussi arrêter la télé à 22h et la faire reprendre à 16h.
Question: dans combien de domaines de la vie de la nation se passe-t-on ainsi la patate chaude?
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