• LA sinistre farce de la défense de l'Europe chrétienneLa prétention à défendre, à l'occasion du vaste mouvement migratoire que nous voyons, l'Europe chrétienne a quelque chose de sidérant. Quoique je n'en soit point expert, je ne risque pas de me tromper en disant que le message central de la chrétienté concerne l'Autre et précisément, c'est pas de pot, son accueil.. C'est très ennuyeux, j'en conviens, mais c'est comme ça.

    Il serait infiniment plus loyal de la part de ceux qui veulent s'opposer à l'arrivée des réfugiés de dire nettement "nous conchions  Aimez-vous les Uns les Autres; nous tuerons quand nous voudrons; la bonté nous emmerde et, dans la chrétienté, la seule chose qui nous intéresse ce sont les bûchers". Les choses seraient alors beaucoup plus claires. Ce ne serait aucunement de la défense d'une Europe chrétienne qu'il serait question mais d'une Europe barbare. Et il faut bien dire qu'à bien regarder le spectacle que nous avons sous les yeux, c'est de cela qu'il s'agit.

    Retournons aux druides. Créons une École Nationale de Druidisme dont nous confierions la direction à Alain Soral parce que, pour ce qui est de la mise en scène, il en connaît un rayon. Votons une loi qui permette, en une demi-heure de transformer les prénoms à sale consonance chrétienne en bonne consonance gauloise. On verrait fleurir les Ariamnes, les Burebista ou les Tutor- Tutor Sarkozy, ça sonne bien, non?- et au moins on parlerait vrai.


    votre commentaire
  • C'est un petit livre, un "quick book" comme disent maintenant les éditeurs, mais il faut l'avoir lu. Robin d'Angelo et Mathieu Mollard donnent, par leur "Le système Sorral, enquête sur un facho business" (Calmann-Lévy), une confirmation aux intuitions que l'on pouvait avoir sur l'homme du "Je suis Partout" sur Youtube.

    Alain Soral, comme l'on sait, a réussi à devenir un polémiste d'extrême droite écouté via les réseaux sociaux et tout particulièrement ses vidéos sur Youtube. Le succès l'a autorisé à monter Égalité et Réconciliation, singulière entreprise - au sens plein du mot- mélange d'idéologie antisémite, de mouvement de promotion de son pote Dieudonné. Mais aussi - les observateurs avertis s'en doutaient- gros business qui vend non seulement des livres, mais des produits bio, du pinard et des stages de survie.

    Tous ceux qui, comme moi, l'ont suivi d'un peu près, avaient compris, au premier visionnage, devant quel confusionnisme mental on était, quelle entreprise de recyclage d'idées dont les plus récentes datent de 1920, tout un discours construit sur la détestation. Tout ça puait le fric aussi. Le travail de ces deux journalistes de Street Press le confirme.

    Bien entendu, pour que tout cela marche, il faut une posture, celle du prophète et de la victime, ce qui d'une certaine manière revient au même. Alain Soral a génialement su mettre le système devant une de ses contradictions. Sa posture contraint les pouvoirs publics à le poursuivre en justice. Mais à chaque fois, Soral paraît davantage une victime, ce qu'il sait fort bien vendre. Et lorsque ce n'est pas lui, c'est son avocat, comme ici:

    Ce qui est impressionnant est que ce soit internet qui ait permis le déversement de tant d'ignominies et que ce soit articulé avec un tel sens du pognon. On me dira que l'homme (en général) n'est pas bon et qu'internet, qui sait remarquablement démultiplier les textes et les images, nous en amplifie en permanence le spectacle des vices. Mais il faut bien dire que, dans le cas de Soral, boutiquier rance mais malin de l'antisémitisme,  plus généralement du racisme ou de l'antiféminisme , on atteint des sommets. Et le plus triste est que, périodiquement, des braves gens s'y font prendre, quand ce ne sont pas des intellectuels qui aiment l'odeur du soufre et qui vont poser auprès de lui.

    Sa soeur, l'actrice Agnès Soral, avait dit de lui au Nouvel Observateur: "Je ne côtoie plus mon frère depuis des années et par Alain, le nom "Soral" est en train de devenir un adjectif qualificatif pour désigner la haine et une idéologie que je ne partage pas. Je ne peux pas l'accepter !" Et, avec la délicatesse qui le caractérise, Alain Soral avait alors répondu ceci: Ma sœur est le genre de femme qui aurait été tondue à la Libération.» Puis, deux jours plus tard: «Encore merci pour la pub! (Pour le reste on réglera ça à la libération, j'ai déjà la tondeuse...)». Voilà l'homme. Tout est dit.

    Malheureusement, ce succès est aussi un témoignage d'un état de l'opinion et le signe de la défaite de tous ceux qu'un minimum de sens moral tient à l'écart de ces excès. Il est juste de dire que le succès de Soral est à la mesure du vide idéologique qui prévaut. Ca n'est pas flatteur pour notre époque.


    votre commentaire
  •  

    Jeremy Corbyn, dont il a déjà été question ici, a finalement emporté la compétition à l'intérieur du Labour party, britannique: il en sera le leader. Il représente l'aile très à gauche de ce parti qui n'a plus eu voix au chapitre depuis des décennies. De façon significative, depuis des semaines, jamais la presse britannique n'a donné à entendre le contraire, en sorte que ses challengers étaient sans cesse en situation de se situer par rapport à lui. C'est, évidemment, un changement très emblématique des mouvements dans la société britannique. J'ai déjà eu l'occasion de pointer combien, à travers l'Europe, des changements de ce genre se font jour et sont parlants.

    Il se peut bien, comme n'ont cessé de le dire ses adversaires blairistes, que cela signifie des années et des années d'opposition pour les travaillistes, le restant de la société britannique ayant manifesté aux dernières législatives son net ralliement aux conservateurs. Certes, mais voilà: les gens qui se disent de gauche aiment la gauche, pas l'eau tiède. On pourrait dire l'inverse à propos de la droite. Ceci manifeste assurément une polarisation des opinions et un refus des compromis. Je n'ai aucune honte à dire que je ne crois pas aux radicalisations parce que la vie est compromis et la radicalisation une posture. Mais ceci est actuellement inaudible: il faut en prendre acte. De ce point de vue, je suis dans le camp des perdants.

    Au même moment se déroulait à Barcelone une manifestation monstre pour l'indépendance de la Catalogne. On dira que ça n'a rien à voir. Si. Il s'agit, là encore, de faire exploser les cadres convenus. On ne veut plus du compromis espagnol ancien qui tenait plus ou moins bien avec le pouvoir central madrilène. Et je note que la droite locale est très engagée dans ce mouvement contre la droite gouvernementale. Ainsi, une nouvelle fois, les cadres craquent.

    En fait, le mouvement commun entre ces deux informations, c'est l'épuisement des cadres anciens, des compromis anciens. Une sorte d'épuisement désespéré. Je ne suis pas sûr que ce soit objectivement très productif car il n'est pas sûr que cela mène à des changements véritables dans les vies quotidiennes. Mais c'est assurément l'échec de décennies de recherche d'accords minimaux. On va devoir en rechercher de nouveaux ce qui, dans un climat de polarisation ne sera pas simple à trouver. Je m'amusais, il y a plusieurs jours, de voir que Corbyn, sentant venir la victoire a glissé dans ses propos des mots de conciliation vis-à-vis de ses adversaires. Parce que, pour lui aussi, le compromis est inévitable.


    2 commentaires
  • 95% des investissements publics en Hongrie sont co-financés par l'Union Européenne; 6,3% de son revenu national provient d'investissements de l'Union. La Hongrie est un des pays qui bénéficie le plus du soutien financier de l'Union. En 2013, l'Union y a dépensé pratiquement 6 milliards d'euros, tandis qu'à l'inverse la Hongrie a contribué au budget de l'UE à hauteur de 0,92% du montant total.


    Ces sommes se portent, par exemple, sur le réseau de transport, mais aussi sur les fameux fonds régionaux qui soutiennent des opérations dans les différentes province du pays. Ca concerne encore une fois les transports, mais aussi le soutien aux enfants à l'école, de la géothermie, des projets environnementaux, de la recherche à long terme. Un fort soutien à l'agriculture a fait progresser le revenu des paysans de 84% depuis l'adhésion de la Hongrie à l'UE en 2001.

    La Hongrie est le pays le plus soutenu par l'Union EuropéenneA titre d'exemple, l'UE a contribué à la rénovation du village de Kazar connu pour son caractère typique et ses costumes féminins folkloriques ce qui présente, on le voit bien, un caractère d'urgence absolue. Ailleurs, l'UE a soutenu une fabrique de toits en panneaux solaires.

     

    A part ça, la Hongrie fait barrage aux demandes de l'U.E. en matière d'accueil de réfugiés. Lorsque les bornes sont franchies, il n'y a plus de limite. Autre pays qui refuse son soutien en la matière, la Pologne. Elle a perçu 15,735 milliards d’euros de la part de l’Union européenne. La plus grande partie de cette somme a été allouée pour des actions de cohésion économique et sociale (10,5 milliards). En deuxième position viennent les dépenses consacrées à la conservation et la gestion des ressources naturelles. La Pologne est le pays de l’UE qui reçoit le plus en terme d’aide à la cohésion économique et sociale.

    La Hongrie est le pays le plus soutenu par l'Union Européenne


    votre commentaire
  • L'Irlande du Nord à nouveau à feu et à sangTrois mois après l'assassinat d'un ancien militant de l'IRA militaire, Joc Davison,  un autre vient d'être assassiné: Kevin Mc Guigan. Ceci a entraîné la démission du premier ministre protestant d'Irlande du Nord qui semble estimer que les conditions d'une cohabitation avec le Sinn Fein, catholique, n'est plus possible.


    Le fond de l'affaire est compliqué ... et a été fort bien raconté par Stuart Neville
    , un auteur de polar, dont je recommande tout ce qu'il a écrit sur l'Irlande du Nord. Il semble que quelques anciens de l'IRA paramilitaire, constatant la prolifération de réseaux de dealers de drogue (ce que raconte Neville), probablement parmi leurs anciens membres, aient décidé de mettre de l'ordre. C'est à dire qu'ils ont reconstitué un drôle de réseau - Action Against Drugs- qui flingue les dealers. Le réseau remonte haut parmi les anciens paramilitaires catholiques irlandais puisqu'on vient de voir interrogés (et libérés) parmi les plus hauts membres du Sinn Fein (ex IRA).

    Le fait que l'affaire remonte si haut et provoque d'aussi considérables troubles politiques montre à quel degré l'Irlande du Nord peine à retrouver son équilibre, ce qui tend à prouver que l'histoire, surtout si elle est violente, dure longtemps. Ceci dit ce qui est assez intéressant c'est que, pour une fois, il ne semble pas que ce soient des contre-coups politiques au sens strict, comme on l'a vu lorsqu'eurent lieu des liquidations d'anciens traîtres du combat para-militaire: Sorj Chalandon l'a fort bien raconté dans son terrible Retour à Killybegs. (J'en avais parlé ici). Là, il semble que ce soient des "anciens combattants" qui ne supportent pas de voir leurs anciens camarades donner, par le trafic de drogue, une image aussi désastreuse de ce qu'ils furent. Mais enfin si, en plus les justiciers se flinguent entre eux, ça devient trop compliqué pour moi... et pour le Premier ministre d'Irlande du Nord.

    L'Irlande du Nord à nouveau à feu et à sang

     


    votre commentaire

  • 1 commentaire
  • Lutte contre le tabagisme: les effets pervers d'une bonne mesureOn m'assure que d'anonymiser des paquets de tabac va diminuer la consommation. Je ne comprends pas très bien pourquoi, mais mettons. Les sénateurs avaient proposé une solution moins radicale, prenant en compte la situation des buralistes des zones rurales qui sont en situation difficile.

    On pourrait voir là derrière un argument spécieux. En réalité, il met au jour une réalité complexe qu'il faut regarder à deux fois. Il se trouve, en effet, que les marchands de tabac sont très rarement uniquement spécialisés dans ce commerce. Ils vendent beaucoup d'autres choses, par exemple des journaux.  Or les ventes en kiosques de journaux et de magazines au numéro ont de nouveau baissé en 2014, de 7,7% pour le nombre d'exemplaires et de 4% en valeur, mais moins qu'en 2013 (-10,5% et -6,5%). Résultat: le nombre de kiosque a chuté de près d'un millier aggravant le phénomène de baisse des ventes de la presse qui, en la fragilisant, accentue sa baisse dans les kiosques subsistant, etc. On est dans une spirale malsaine. 

    Naturellement, on peut absolument soutenir qu'on se moque éperdument de la baisse des ventes de presse et que l'important est d'améliorer la santé du pays. J'en conviens, bien sûr. Hélas, il faut prolonger le raisonnement. Il est rarissime que les bureaux de tabac ne vendent que de la presse et du tabac. Ils vendent d'autres produits de première nécessité.

    Qu'ils disparaissent en ville n'est pas un problème. Mais à la campagne, c'en est assurément un et ça fragilise des zones qui n'ont pas besoin de ça. Or, le géographe Christophe Guily avait parfaitement raison, malgré la charge dont il fut l'objet, de mettre en évidence que les zones rurales sont des zones de nouvelle pauvreté. Il faut ne pas les connaître pour soutenir le contraire et j'ai trouvé infiniment parisien le débat qui visait à le clouer au pilori. Oui, bien sûr, les zones rurales souffrent. Oui, bien sûr, tous les chiffres le montrent, elles tendent à concentrer des populations chassées des zones urbaines par les coûts de l'immobilier.

    Or, la régression du niveau de services qu'on y dispense, par exemple avec la fermeture massive des bureaux de postes, avec le départ des médecins vers des zones urbaines où la diversité des possibilités est meilleure, est une incontestable réalité. Au point, comme l'on sait, que des programmes massifs de soutien à leur implantation en zones rurales existent... avec bien peu de succès. Ce n'est pas par hasard. Et ceux qui soutiennent le contraire ont, à mes yeux, un détestable mépris du peuple des campagnes dont ils ne savent rien.

    Personne, bien sûr, ne peut souhaiter une dégradation de la santé publique. Mais il ne faut pas se masquer les choses: il y a un effet pervers dans cette mesure qu'il faut essayer de pallier. Le problème est que ce sont les mêmes qui lancent ce programme d'anonymisation qui soutiennent, au nom de la rationalisation budgétaire, la désertification des campagnes en services. Dans ces conditions, il est un peu difficile de se donner bonne conscience au nom de la santé publique. Du moins, il devrait l'être.


    votre commentaire