• Mon père, Waldeck RochetC'était le bon temps. Celui des haines recuites où entre gauche et droite on se traitait de « chiens courants du capitalisme » ou, à l'inverse, de « partageux » et de « moscoutaires ». Waldeck Rochet, secrétaire général du Parti Communiste de 64 à 72, dont il va être ici question a vécu cette période . Nous avons la chance, grâce à son fils Guy, ancien communiste lui-même, désormais installé à Saou, de connaître l'envers d'un personnage qui fut haï et adulé, qui tenta d'infléchir un parti qui avait grandi dans le culte de Staline.
    Mon père, Waldeck RochetGuy Rochet accueille dans une maison inondée de lumière qui a sans doute une des plus belles vues  sur Saou avec son promontoire qui se dresse au dessus de la commune et que l'on voit là, à travers une porte fenêtre.  
    De son père, il a une première image, celle de la Citroën traction qui, à la fin de la guerre, s'avance dans la cour de la ferme où il a vécu , des années durant caché, nourri par une mère, la délicieuse Eugénie. Elle courait les fermes en vélo pour nourrir ses trois enfants, deux fils et une fille.  Car Waldeck Rochet, né en 1905 en Saône et Loire, fils d'un sabotier hyperlaïc, qui lui avait donné ce prénom étrange par référence à Waldeck Rousseau (1846-1904), l'homme de la fameuse loi de 1901 sur les associations et sur la liberté accordée aux syndicats, fut prisonnier pendant la guerre en Algérie pour avoir été député communiste.  Il rejoint de Gaulle à Londres pour représenter auprès de lui les communistes. Et le petit Guy, avec son frère aînée et sa soeur cadette, vont pousser grâce aux mérites de leur mère qui les protège, loin d'un père qui, ce jour là, sortant de sa traction, leur paraît étonnamment grand. Ils en ont rêvé depuis tant d'années. « Ma soeur, dit Guy Rochet , embrassait sa photo tous les soirs ».

    Mon père, Waldeck RochetSTALINISME.-A partir de là, ils vont rejoindre Paris, logés comme on peut alors, chez quelques amis, dans un milieu où l'argent ne coule pas à flot. « Nos parents, dit Guy Rochet, étaient des gens intègres. Au parti, on était très à cheval sur les convenances. On m'avait mis en garde sur le fait de ne pas me faire prendre dans un mauvais coup. On ne divorçait pas. ». Les jeunes Rochet voient leur père- d'abord député de Saône et Loire et Loire, puis de la Seine, puis de la Seine Saint Denis- rentrer à la maison, manger en prenant des notes, son épouse poussant ses papiers pour faire place aux assiettes. Eugénie vivait dans l'ombre de son grand homme, mais, dit Guy Rocher: « Elle donnait son avis, faut voir comment ». Et il a des mains un geste qui fait claquer les doigts et qui fait comprendre que la femme supposée effacée ne l'était pas tant que l'on aurait pu croire.
    Nous sommes dans les années du stalinisme le plus noir. Waldeck Rochet monte dans l'appareil du parti. Charles Fitermann, son secrétaire, dira à Guy: « ton père est arrivé au pouvoir malgré lui ». C'est qu'il y a, quelque part, dans ce paysan qui a créé les organisations agricoles du parti communiste, une réticence vis-à-vis du culte de la personnalité. « Nous sommes allés en URSS avec nos parents, lorsque j'étais enfant, témoigne Guy Rochet. Mais nous étions constamment encadrés. Nous n'avons pas vu la réalité du pays. Mon père n'a pas voulu que nous soyons embrigadés dans les organisations de jeunesse qui dépendaient du système. »

    Mon père, Waldeck RochetENGONCÉ.-Et de fait, Waldeck Rochet appartient à la génération qui prend coup sur coup sur la tête le rapport Krouchtchev et l'intervention soviétique en 1956. Aujourd'hui, Guy Rochet admet bien volontiers que l'appareil du parti n'est, alors,  pas en mesure d'absorber ses révélations. Surtout, on sent chez lui, une souffrance toujours vive lorsqu'on lui parle de l'intervention des chars soviétiques à Prague en 1968. « Mon père (alors secrétaire général du parti) avait été désigné comme médiateur. Il avait obtenu des Soviétiques la garantie qu'ils n'interviendraient pas. Deux jours plus tard, ils l'ont fait. »
    En vérité, toute la vie de Waldeck Rochet, mais aussi des siens, car Guy sera aussi militant, est celle de l'espoir déçu de faire bouger un parti tout engoncé dans son stalinisme. ». On peut retrouver dans Le Monde de 1985 l'écho d'une protestation de Guy, communiste rénovateur, qui signe une protestation. « Je me suis fait convoquer par le (très stalinien) Gaston Plissonnier. Nous étions les enfants de nos parents, nous ne pouvons pas faire ce que nous voulions. »
    Waldeck Rochet, est aussi celui qui noue des relations discrètes avec François Mitterrand, relations qui mèneront au fameux programme commun de la gauche. Il interviendra après la mort, au terme d'une maladie dégénérative, en 1983, de Waldeck Rochet.

    Mon père, Waldeck RochetDOUTE.- Guy Rochet nous tend une information qui circule sur internet et selon laquelle Aragon aurait affirmé qu'il avait dit à Waldeck Rochet de ne pas aller en URSS car il y serait empoisonné. Il se souvient: « A sa mort, nous avons du faire une déclaration pour dire qu'il avait été bien traité. ». Il n'en dit pas plus, mais on sent bien que le doute est quelque part.
    Mon père, Waldeck RochetCet homme qui vit passer chez son père Aragon, déjà cité, mais aussi Maurice Thorez, Roland Leroy, Georges Marchais (qu'il a détesté) a mené sa vie comme technicien de télévision tout en conservant un engagement au PCF souligne que son père ne l'y a jamais poussé. « Ni à mon frère, ni à ma soeur, ni à ma moi, notre père n'a imposé notre engagement. Mais c'est vrai que c' était un monde incroyablement chaleureux et que nous nous y sentions bien. » Une seule fois, Guy Rochet se souvient d'avoir entendu un professeur l'appeler « fosse commune ». Ambiance...
    Guy Rochet, passionné de bicyclette, fondateur d'un club de vélo, de plus en plus critique vis-à-vis d'une direction du parti dont il n'approuvait plus les orientations, va au demeurant, conserver dans son engagement sportif la vocation sociale de la famille. A vélo, il a essayé d'intégrer des jeunes beurs à la dérive, avant de voir monter dans Sartrouville où il vivait avant de s'installer à Saou auprès de sa fille, des imams. Ils prendront en main cette jeunesse jadis encadrée par le parti. Entre le père et le fils, ce sont, en somme deux itinéraires qui, sous cet aspect très particulier, se sont prolongés. Guy Rochet a vu l'effondrement de ce que les amis de son père avaient construit. Et la nostalgie est perceptible chez lui de ce temps fait d'amitié fortes, de solidarités naturelles, dissoutes par l'aveuglement du parti  que finalement ses propres militants ont fini par comprendre.

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  • Des dizaines de lettres du XIX° siècle nous racontent la vie d'une famille de la bourgeoisie campagnarde de notre région

    La correspondance du patriarcheL'histoire que voici se déroule autour de 1870. Nous la devons à des dizaines de lettres dans l'ancien domicile d'un vieux patriarche où elles ont été conservées, à Beaufort sur Gervanne. Nous avons pu y accéder. Cette correspondance écrite d'une écriture cursive, sur des papiers qui ont fort bien résisté au temps, réunit une poignée de personnes. L'immense intérêt de cet ensemble est qu'il nous raconte la vie dans notre région, au jour le jour, principalement autour de Bourdeaux mais aussi Saou, plus rarement, à Crest, La correspondance du patriarcheà Beaufort sur Gervanne, parfois à Montmeyran ou au Paris de la guerre de 1870 et au Marseille de la Commune. S'ajoute à cela l'écriture très particulière de l'époque et c'est plus là, du reste, l'intérêt de ces lettres. En voici quelques extraits. Nous avons parfois corrigé certaines fautes trop manifestes, mais nous les indiquons par une parentèse.

    Le patriarche se prénomme Jules. Nous laisserons son patronyme dans l'ombre ainsi que la plupart des autres. Jules est un bourgeois campagnard, à l'aise, mais pas franchement riche. Il possède des terres qui sont exploitées par des fermiers. Ses archives portent des traces de quelques uns de ses placements dans « L'embarcadère de Cadix » ou « Les chemins de fer du Portugal » ou encore une « obligation du midi » à 296 francs (de Napoléon III).

    La correspondance du patriarcheLa correspondance du patriarcheLA DESIREE, LA MARQUISE, LE DOMINIQUE.- Jules est marié à une femme qui nous est décrite comme souvent souffrante. C'est du reste le cas de beaucoup des correspondants qui se plaignent volontiers de leur santé. Ainsi cette lettre du 4 août 1869 de la belle fille de Jules qui se rend fréquemment à Vals les Bains pour y « prendre les eaux » comme on disait alors. Voici par exemple : « Mon estomac supporte très difficilement les eaux et qu'on ne peut me les donner qu'en très petite quantité. J'ai commencé par la Précieuse (de toute évidence une catégorie d'eau), puis, au bout de trois verres par jour j'ai eu de telles crampes qu'il a fallu cesser vingt quatre heures, puis essayer la Désirée. Enfin, ce matin, après m'avoir examinée, le Docteur m'a ordonné la Marquise, la plus lourde des eaux de Vals (…) En suite on m'ajoutera la Dominique pour me reconstituer un peu »

    Nous n'en savons guère plus sur l'épouse de Jules. Dans la mesure où les lettres sont adressées au patriarche, elles sont riches en renseignements sur leurs auteurs, mais presque muettes sur leur destinataire. Nous avons seulement pu trouver un récit que Jules fait de l'Exposition Universelle de 1867, à Paris, à laquelle Jules se rend tous les jours. Il écrit: « Je ne crois pas que jamais personne, eût elle cent ans et voyagé toute sa vie, ait vu autant que ce que l'on peut voir en un jour, à l'aspect de toutes ces machines fonctionnant ensemble, l'on se retrouve totalement aplati, qu'il vous est impossible de vous remettre. Plus vous regardez moins vous y voyez. »

    La correspondance du patriarcheFROTTER LES CÔTELETTES.- Beaucoup de lettres font état de petits échanges de services. Et surtout de demande de nourriture de la part de citadins qui semblent peiner à s'approvisionner. Ainsi d'une Hortense: « Vous aurez la bonté de (ne) nous envoyer par la grande vitesse (il s'agit manifestement de l'acheminement des paquets) que les boudins, les petites saucisses, les caillettes, les côtelettes, les gratelons. Vous garderez la graisse pour la mettre avec les grosses saucisses et le lard et les jambons que vous nous enverrez par petite vitesse quand les saucisses seront séchées et le lard salé. Il est donc bien entendu que vous n'envoyez par grande vitesse que les choses susceptibles de se gâter tout de suite. Vous aurez la bonté de frotter les côtelettes avec un peu de sel fin, cela les conservera pour la route, le temps étant très doux. (Il n'existe alors aucun autre procédé de conservation des aliments que de saler) . Vous ferez peu de caillettes par conséquent vous n'y mettrez pas beaucoup d'herbes (…) Vous savez que nous ne voulons que le quart du lard, vous serez assez bon pour nous vendre l'autre moitié, nous en aurions trop du tout. (…) Le gruau que vous nous avez envoyé est tellement beau et bon que j'en mange bien souvent. (...) »

    Le 28 janvier 1869, Hortense accuse réception à propos d'un envoi qui n'est pas nécessairement celui qui précède. « J'ai reçu la caisse et je vous en remercie, tout est arrivé en bon état. Les caillettes sont bien un peu gelées, mais rien n'a souffert au point d'en être gâté. Vous voudrez bien prendre pour le paiement du cochon ce que vous toucherez de la table, cela ira tout seul ainsi. Puisque notre moitié est si petite cette année, nous prendrons tout le lard, ainsi vous n'avez pas à en garder ni à en vendre, vous nous l'enverrez tout. »

    La correspondance du patriarcheRUINE TOTALE.- Une bonne partie de la correspondance provient, d'Emilie, fille du patriarche, domiciliée alternativement à Bourdeaux et au hameau de Lestang et où son beau-père détient une propriété. Hélas, le beau père gère très mal ses affaires comme le montre cette lettre d'Emilie antérieure à 1869:  « Voici enfin des nouvelles décisives; le cousin Faure est venu. Il a reçu toutes nos confidences, il a été étonné, saisi en présence d'une pareille dette et après avoir tout visité il nous a dit que d'abord Lestang était mal cultivé, que pareille exploitation ne pouvait mener qu'à une ruine totale. Qu'il fallait que à tout prix Achille (mari d'Emilie) prit la direction du domaine, qu'il fût le maître de faire faire ceci ou cela, qu'en un mot il ne fallait plus balancer, que le cas était urgent, s'ouvrir à son père, lui dire je veux et s'il ne voulait pas tenir ses conventions le quitter sans hésitation et l'abandonner à lui- même. Comme je l'avais prévu mon beau-père s'est emporté, il a dit non sans nous écouter et après m'avoir injuriée, particulièrement m'avoir dit que j'étais une paresseuse, une bonne à rien, ce dont je me moque pas mal, nous avons dit adieu à Lestang (…)

    Le beau-père meurt quelques temps plus tard, laissant le couple sous une avalanche de dettes. Le 15 avril 1869, Emilie écrit à son père: Tout serait pour le mieux si des préoccupations sérieuses dépendantes de notre malheureuse position n'étaient pas là n'étaient pas là pour nous harceler sans cesse. Tu ne peux pas t'imaginer ces rongements (sic) d'esprit (tu n'y as jamais passé) , à tout instant cette pensée qui vous ronge la nuit, surtout quand une fois réveillé on pense comment faire? C'est surtout quand je vois mon mari si ennuyé que mon coeur se serre. (…) Suit une longue description de la gravité de la situation.

     

     La correspondance du patriarcheUN VER RONGEUR SE MÊLE A MES PENSEES.- D'innombrables autres lettres du même ordre, toutes, disent la débâcle financière de la famille jusqu'à ce que le gendre ne prenne la plume, le 28 août 1870. Comme on va le voir, il y met les formes. « C'est avec la plus profonde peine et en faisant le plus puissant effort sur moi-même que je vous écris quoi qu'il s'agisse de ma tranquillité et de celle d'Eugénie qui, comme moi souffre beaucoup de la position dans laquelle nous nous trouvons; mais Le patriarcheque faire dans les tristes temps que nous traversons, si ce n'est recourir à ses parents, aujourd'hui que toutes les bourses des amis; bourses qui ne s'ouvrent le plus souvent qu'en vous faisant payer fort cher une bonté ou une complaisance; c'est leur métier et ils en usent.

    Si vous saviez combien il m'est pénible de demander des services vous me trouveriez bien malheureux et me plaindriez; cela adoucirait le tourment presque continuel qui vient comme un ver rongeur se mêler à mes pensées. J'entends toujours ceci de la conscience: faire honneur à ses affaires et à ses engagements (…) Je désirerais ardemment me débarrasser de toutes les dettes que m'a léguées mon père et n'avoir à faire qu'à une personne. Je viens donc vous prier instamment de me prêter ou de me faire trouver une somme de 9000 francs qui avec les 1000 francs que vous avez eu la bonté de me prêter ferait 10 000 francs pour laquelle je consentirais une obligation (…) je vous consentirai un acompte sur tout ce qui peut m'être redu sur mes recouvrements (…) ». Et il s'engage à vendre sa propriété au bout de deux ans et de rembourser. Jules contribuera plus qu'à son tour aux finances du malheureux ménage.

    Terminons par ces quelques lignes charmantes du 15 février 1870 d'une correspondante: « Vous n'ignorez pas que M. X est venu me demander en mariage, il a l'air aimable et surtout d'avoir bon caractère, d'ailleurs je n'ai pas besoin de vous le dire, vous le connaissez mieux que moi. Quant à sa fortune je l'ignore, vous êtes le seul qui puissiez me le dire, ma mère vous prie de lui écrire le plus tôt possible. Je ne vous en dit pas davantage pour le moment. »

    Et nous non plus...

     

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  • Un éclairage inattendu sur les sites internetJ'ai eu la curiosité d'aller voir quel était le rang de classement de ce site selon le classement qui, généralement, fait référence, c'est à dire le dispositif Alexa qui permet à n'importe qui de connaître le classement d'un site. Il semble qu'il y ait autour de 6 millions de blogueurs en France et 300 millions dans le monde donc ce classement autour de 2000°  en France et 65 000° dans le monde m'a paru honorable en fait franchement exagéré étant donnée la modestie de mes ambitions. En fait, ceci nous donne une information tout-à-fait intéressante. Il suffit de se rendre sur la page d'accueil d'Alexa pour voir quel est le "top 500" en France. On voit tout de suite... d'abord des sites américains, puis - Un éclairage inattendu sur les sites internetet c'est ça l'intéressant- des sites qui emploient du personnel ou qui - étant des sites d'annonces- suscitent un énorme mouvement de passage. On peut en déduire que dès qu'on n'a plus affaire à des aventures professionnelles (1), il y a un solide décrochage de la fréquentation, simplement parce que les animateurs des sites en cause sont de sympathiques amateurs, mais évidemment pris par autre chose. On en a une démonstration par l'absurde par le fait que ce site qui n'a jamais comporté une ligne sur la Belgique est autour du 1800° en Belgique. Ca implique qu'il y a très peu de sites belges - tout étant relatif- qui drainent de la fréquentation.

    En somme, on a un peloton de tête professionnel majeur et puis, très loin derrière, les petits gars qui font ça à temps perdu. Or, le peloton de tête n'est pas énorme. (Le 14° site français est un site d'escort girls, le 64° un site de recettes de cuisine, et le 90° celui des impôts... ce qui nous donne une certaine idée de la hiérarchie des préoccupations) .

    Même s'il y a beaucoup "d'amateurs" , ils ne  peuvent y consacrer l'énergie suffisante pour animer un vrai média avec ses constants apports d'informations. Je suis frappé de voir qu'une petite équipe qui anime un "Médiacitoyen" se classe au delà de la six millionième position mondiale (classement français inconnu) alors qu'ils sont plusieurs à le faire. Il faut bien voir ce qu'implique de créer un vrai média: c'est une information abondante, solide, qui peut faire référence dans un domaine spécifique. Et tout cela étant bien écrit. Ca fait beaucoup de conditions que je ne prétends pas remplir.

    Il faut un peu se calmer sur le prétendu impact d'internet, en tous cas, sur celui des blogs. Je dois moi-même avouer que je n'en lis aucun régulièrement. Je vais très fréquemment sur des sites de journaux mais qui ne sont, après tout, que le prolongement de vieux compagnons de route existant toujours sur support papier que, du reste, je n'ai pas totalement laissé tomber. Il arrive certes aussi que je me "déroute", via Facebook, vers un blog parce qu'on m'y signale des choses intéressantes, mais c'est tout.

    Je vois régulièrement des équipes municipales, des petits groupes associatifs surexcités dans la perspective de créer leur site internet. Moralité: j'ai passé toutes les petites municipalités de ma région dans le dispositif Alexa. Aucune n'est même simplement mesurable... Sans commentaire.

    (1) Rue 89- LeNouvel Obs est en 43° position française, Mediapart est en 359° position, Atlantico, le site d'info de droite est en 478° position, Arrêt sur images en 1596° position et...  le site de l'UMP est le 10 000° en France environ, celui du PS, le 11 200°, mais celui du PSG, le 1100°

    PS: il faut signaler que ce calcul du rang varie dans une seule et même journée. Ainsi, le 16 novembre, entre le matin et le soir, j'ai gagné 500 places au classement mondial et perdu 30 au classement français.


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    Un explorateur en cimetières« Aucun cimetière ne ressemble à un autre », dit Philippe Landru.  «  Prenez ceux de la Drôme. Bien sûr, il y a entre ceux de Romans, de Crest ou de Dieulefit, une influence commune du protestantisme. Mais on voit bien que les itinéraires des défunts n'ont pas été les mêmes. Par exemple, à Dieulefit, vous trouvez des grandes dynasties protestantes qui se sont développées dans la poterie. A Crest, vous en avez qui ont été dans l'armée ce que vous ne trouveriez pas à Dieulefit. Et évidemment à Romans, vous avez des traces de l'industrie de la chaussure.»

    Un explorateur en cimetièresPhilippe Landru, professeur d'histoire- géographie dans un lycée parisien, âgé de 39 ans sait de quoi il parle. Depuis 25 ans (!), il visite les cimetières. Il en a ainsi vu 1500 environ et pas seulement en France. « Je suis, dit-il joliment, un stakhanoviste des cimetières ». Il entretient, depuis 2005, un site internet qui fait désormais référence et qui a consacré, parmi bien d'autres, au cimetière de Crest un article avec photos.

    « Un cimetière dit-il raconte la vie du lieu. Vous voyez quel est le type de notabilités même dans des plaques récentes. Vous y devinez les moeurs locales. Par exemple, lorsqu'on rend hommage à un chasseur, vous savez que ça fait partie de la culture de la région. Il m'arrive souvent de rencontrer par la suite des historiens locaux qui me disent « vous connaissez bien notre petit pays ». C'est totalement faux. C'est seulement le cimetière qui me l'a raconté. »

     

    Un explorateur en cimetièresMORT POUR RIEN .- Pour entreprendre ses expéditions, Philippe Landru se renseigne parfois avant, via internet, pour repérer quelques personnalités dont il pourrait trouver les tombes. Mais sur place, bien vite, c'est toute autre chose qu'il trouve et qui apporte un éclairage singulier, qui raconte un bout d'histoire. A Crest, par exemple, se trouve la tombe de Georges Bardenanche, avec cette mention terrible « Mort pour rien ». Nous avons cherché à comprendre et -miracle d'internet- nous y sommes parvenus. Ce jeune homme de 19 ans, dont curieusement le nom n'est guère de la région mais plutôt de celle de Varces dans l'Isère, est tombé dans les toutes premières heures de la guerre de 14 dans les Vosges, parmi les troupes du régiment grenoblois dont il faisait partie. Et, en effet, le mouvement de troupes dans lequel il s'est trouvé pris, était un de ses allers et retours comme il s'en passa par milliers dans les Vosges dont aucun n'était décisif. Ce qui fit de la guerre de 14 l'immense boucherie que l'on sait.De surcroît, Georges Bardenanche est mort le 3 septembre 1914, un mois après le début des hostilités et l'on doit convenir que les engagements dans lesquels il se trouva ne comptèrent en effet « pour rien ». Mais bien sûr l'intérêt de la plaque de ce malheureux jeune homme est dans la colère que l'on devine de ses proches. « Il y a toujours eu des non conformistes, dit Philippe Landru, se référant aux inscriptions orginales qu'il relève parfois «  et peut être moins aujourd'hui comme on pourrait le croire, mais plutôt dans les années trente. »

     

    Un explorateur en cimetièresDepuis 2005, Philippe Landru qui, jusque là tenait des fiches sur papier avec photos sur support argentique a du tout recommencer pour s'adapter aux exigences d'internet. Son site offre un fonds d'information important. Et il estime qu'il pourrait s'arrêter de visiter des cimetières pendant trois ans pour simplement mettre en ligne la colossale documentation qu'il a accumulée. Mais, ce n'est pas ce qu'il fait. « Depuis que mon site est en ligne, dit-il, il y a eu une espèce d'emballement. » Une petite notoriété, s'est faite jour. La drôle d'internationale des passionnés de cimetières – car elle existe- a fait caisse de résonance et, en quelque sorte, Philippe Landru a deux vies: l'une de prof, l'autre d'expert en cimetière avec, de surcroît, un développement vers la généalogie. Mais, lorsqu'on voit ainsi passer des milliers de noms sur des plaques de marbre, est-il possible d'échapper à l'envie de les retrouver dans des archives papier? Ce travail mérite le détour: http://www.landrucimetieres.fr/spip/

     

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  • "Je peux payer tout de suite, si vous voulez""Merci Monsieur le Président. Je peux payer tout de suite si vous voulez". C'est donc comme ça que s'est terminée l'audience qui se déroulait devant un tribunal où l'on poursuivait ce malheureux qui se faisait passer pour un journaliste de France Culture et allait de festival en festival, se faisant parfois inviter, mais toujours dans de petits hôtels et voyageant toujours en 2° classe. Ce garçon, à part ça diplômé, était seul dans la vie et se regonflait en interviewant ses vedettes. Quelle drôle d'idée au passage de s'être fait passer pour un journaliste de France Culture! Pour rencontrer Johnny, ce n'est peut-être pas génial. Mais ça prouve qu'il a bon goût. Le plus drôle est qu'il a bel et bien fait des interviewes et qu'il se les repassaient pour se faire plaisir.

    "Je peux payer tout de suite, si vous voulez"Si je comprends bien les compte-rendus de presse, il y a eu à peu près unanimité de tous les intervenants de la justice pour y aller mollo, Radio France se plaignant seulement du "dégât d'image" qui consiste à donner à entendre que les journalistes font payer leur hébergement et leurs trajets pour des festivals. Pour le moment, il s'en tire avec une somme raisonnable, d'où la citation.

    "Je peux payer tout de suite, si vous voulez"ABANDON DES POURSUITES.- Moi, je serais pour l'abandon des poursuites en échange de ce qu'il remette ses enregistrements à Radio France et que celle-ci les diffuse. Parce que ça doit être assez intéressant, surtout de la part de ce personnage là, apparemment malheureux et qui trouvait son bonheur dans la fréquentation de Alain Souchon, Laurent Voulzy, Julien Clerc, Maxime Le Forestier, de voir si ça se sent dans son questionnement auprès d'eux.

    Je suis journaliste - je n'ai d'ailleurs plus la carte parce que je n'ai jamais demandé son renouvellement- mais je dois dire que je me moque éperdument d'un éventuel monopole qui serait réservé à des gens comme moi. Il est notoire que des écrivains ont cent fois mieux dépeint le réel que des journalistes. Emmanuel Carrère n'est pas, à ma connaissance, journaliste - du moins encarté- et il décrit magnifiquement le réel.

    En revanche, je suis définitivement opposé à l'idée que n'importe qui pourrait faire du journalisme. Et, à mon grand regret, cette idée est dominante. Le net fourmille d'écrits consternants, de pratiques insupportables de gens qui s'autoproclament journalistes considérant que toutes les pratiques sont acceptables au nom de ce qu'ils intitulent "liberté de la presse" et qui est "sauvagerie de la presse". Le comble absolu étant que certains appellent ces merdes du "journalisme citoyen". Une des pires épreuves à les lire est leur manque de considération pour la langue et, en définitive, pour le lecteur.

    De la même manière, je suis définitivement opposé à cette espèce de dégoût snob qui voudrait signifier que tous les journalistes sont des misérables, que la presse comme un tout est une merde. Je ne pardonne pas à Mélenchon ses sorties contre les médias EN GÉNÉRAL qui ne sont que des postures pour s'attirer un public qui a envie qu'on allume un bûcher. On est bien d'accord que j'accepte volontiers la critique, pas la pose.  Car ce sont alors des commodités langagières, des facilités de fin de banquet. Plutôt que d'écrire un bouquin intitulé "Qu'ils s'en aillent tous" - ça ne s'invente pas, il l'a fait-  qu'il nous ponde donc "L'adversaire" (Emmanuel Carrère). De l'un je n'accepte pas les leçons, de l'autre oui. Du reste, l'autre, comme par hasard, n'en donne pas.


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  • Il se trouve que je me fous totalement de savoir si oui ou non Jouyet et Fillon ont mangé ensemble. Éventuellement, je serais intéressé de connaître le menu. Particulièrement le dessert.

    Il se trouve que je me fous totalement de savoir que l'UDI, qui tient ses assemblées générales dans des cabines téléphoniques, a élu un élégant petit porcelet à sa tête, qui sera oublié vitesse Grand V.

    Il se trouve que je me fous d'autant plus d'apprendre que Bernard Cazeneuve interdit l'usage des grenades offensives que je croyais qu'il l'avait déjà fait. Du reste, pour tout aggraver, je ne parviens pas à comprendre comment trois jours après un évènement où il y a mort d'homme, on ne connait pas rigoureusement tout jusqu'à la couleur des chaussettes du tireur.

    FESSES HUILÉES.- Il se trouve que je me fous d'une force inouïe que Kim Kardashian montre ses fesses (qu'elle a jolies) au Metropolitan Museum. D'ailleurs, je ne sais pas qui est Kim Kardashian  et je n'en conçois pas la plus petite gêne. (Ayant vu ses fesses dans la presse, je crois utilement compléter en donnant ici une photo qui ouvre des perspectives sur le restant de sa physionomie. Et ayant finalement appris - pour les besoins de ce post-  qu'elle est supposée être une intervieweuse de la télévision américaine, j'ai été, à la seule vue de sa photo,  convaincu dans l'instant que seules ses qualités d'intervieweuse lui avaient valu d'être recrutée. Ca tombe sous le sens. Quant aux sens, ça les émoustille. La presse qui, par sens éthique, ne néglige aucun détail, précise que ces fesses présentées au Met ont été huilées, information, j'en conviens, d'une urgence absolue. Comme on disait, lorsque j'étais jeune journaliste: "Arrêtez les rotatives"!)

    Tout ceci n'aurait aucune espèce d'importance si ces informations que je viens d'égrainer ne constituaient les titres majeurs de la presse du jour. Et il se trouve que j'ai quelques instants pour l'écrire aujourd'hui. Mais il en va ainsi chaque jour. Rien de ce que je lis - et particulièrement pas s'agissant de Mme Kardashian (Dieu sait que j'aime les interviews)- ne correspond à ma vie.

    La domination du futile, jusque dans des sujets supposés sérieux constitue une performance inégalée. Elle participe d'une manoeuvre dont je finis par penser qu'elle est délibérée pour nous faire regarder ailleurs. Le problème est que l'acharnement dans l'insignifiant finit par convaincre que ce qui se passe vraiment, n'est précisément pas ce qu'on nous montre.


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  • Il faudra bien se retrouverL'évolution politique qui s'annonce est assez prévisible. La gauche perdra la présidentielle et les législatives, après avoir perdu les précédents scrutins. La droite gagnera petitement et dans l'aigreur parce que si c'est Sarkozy - ce que je ne crois pas- il ne retrouvera jamais l'élan qu'il avait suscité dans son monde. Si c'est Juppé, la capacité de nuisance du clan sarkozyste est énorme. On aura donc un président faible et d'autant plus que je crois Juppé assez proche de Hollande pour le tempérament. Ce n'est pas un homme qui entraine, c'est un homme qui soupèse. Et même si - comme c'est d'ailleurs le cas pour Hollande- soupeser est bien, nous sommes dans une société dominée par les artifices de la communication qui s'accommodent mal des attitudes prudentes et circonspectes.

    Le pouvoir sera d'autant plus faible qu'objectivement le pouvoir n'est plus entre les mains des politiques. J'ai eu l'occasion d'écrire souvent que la gauche aurait eu intérêt à perdre la présidentielle de 2012 dans la mesure où une part essentielle de la politique aujourd'hui conduite l'aurait été de toute façon. Le monde de la finance dans la dépendance duquel nous ont mis des générations de politiciens, faute de refuser, en leur temps, certaines dépenses, gouverne pour de bon. Il impose objectivement des reculs sociaux. On peut faire des phrases là autour, peu importe, c'est bien de cela qu'il s'agit.

    Il faudra bien se retrouverLES FRANGES DE LA COLÈRE.- En marge de tout celà, on aura les franges de la colère: le FN qui est un des partis français de l'exaspération nationale. Il dit, certes, peu de choses de raisonnable, mais il travaille sans avoir beaucoup à se fatiguer, une immense demande populaire. Par ailleurs, il a une dirigeante habile. Donc, il va faire des dégâts gigantesques. Pour le moment, il ne réussit pas le plus dangereux, c'est-à-dire à implanter des élus localement. Mais rien n'est acquis. Le seul espoir que l'on puisse avoir est que l'extrême droite joueIl faudra bien se retrouver, comme elle l'a toujours fait, de son talent inouï, phénoménal, pour la division, pour les haines internes.

    De l'autre côté, existent des franges alternatives qui sont dans une posture toute différentes. Le pouvoir, comme tel, ne les intéresse pas. Elles sont absentes du combat électoral. Elles ne pèsent que par des savoirs faire très réels dans la capacité à communiquer leur fureur (Notre Dame des Landes, etc). C'est une force importante mais dans une large mesure inutile. Elle ne participe pas au jeu collectif, elle s'en méfie, elle le dénonce. Comme elle a, sur certains points incontestablement raison (sur des sujets environnementaux, sur les dérives financières de la société) elle est percutante. Mais, au fond, les esprits qu'elle attire, elle les gèle. Au surplus, une part d'entre elle est en réalité dans des démarches spirituelles. Elle prétend faire de la politique, mais le fond de sa réflexion est de l'ordre de la vie de l'esprit, parfois du religieux. Mais en France, on ne peut pas prononcer le mot religieux tant le débat là autour a tout stérilisé.

    Il faudra bien se retrouverIL FAUT S'ASSUMER.- De part et d'autre, il va bien falloir que des forces aujourd'hui divergentes se retrouvent. J'avoue ne pas bien comprendre ce qui est de radicalement différent entre Juppé, Bayrou, mais aussi Sapin ou quelques autres au PS. Il va de soi que je perçois évidemment les immenses différences d'ego. Mais cela n'éclaire rien au plan des idées. Ailleurs, autrefois, on aurait appelé ça, un parti chrétien-social. Aujourd'hui, ça ne veut plus rien dire. Mais il  va bien falloir qu'un certain nombre s'assument pour ce qu'ils sont vraiment, c'est-à-dire un centre gauche. Juppé a pointé un petit bout de son nez en faisant quelques références explicites au centre. Reste le Rubicon a franchir pour une fraction de la gauche. Ca va être coton dans une société de mise en scène où la figure du traître est la plus commode à manier. Surtout qu'on peut compter sur le FN pour jeter de l'huile sur le feu

    Il faudra bien se retrouverA gauche - je veux dire la vraie gauche- alors là, c'est le potage. Parce que si la frange "alter" ne franchit pas, elle aussi, un autre Rubicon en acceptant de prendre des responsabilités de pouvoir, de faire autre choses que de porter des pancartes dans des manifs, elle continuera de rester ce glacis stérile qui fait du bruit mais en vain. Parce que ce qui, hors des alter, restera de ce qu'on pourrait appeler de la gauche de pouvoir va être à ce point réduit à peau de chagrin qu'elle n'aura plus d' influence.

    Il faudra bien se retrouverDANS LES REPLIS DU TERRAIN.- J'avoue porter un intérêt extraordinairement faible aux entreprises de refondation nées à Paris, dans des accords entre appareils. Tout cela est creux. Il faut impérativement refuser toutes les opérations de recyclages de clivages anciens, tous ces maquillages grossiers qui ne trompent personne. La faillite du Front de gauche, auquel je me vante de n'avoir jamais cru une seconde, est éloquente.

    C'est probablement dans des replis du terrain que vont se retrouver des hommes qu'aucune caméra n'a encore filmé. Ca nous changera... Car il faut être bien conscient qu'un des obstacles à la refondation tient à l'omniprésence de la communication. Ce dont je parle ici c'est de la nécessité de débats tranquilles et discrets, sans effet de manche, sans communiqué de presse ni congrès constitutif, sans autre élu que des modestes conseillers municipaux. Bref, le coeur ouvert et dans la sincérité. Ca prendra un sacré temps. D'autant plus que chacun va devoir faire oeuvre d'introspection, se libérer du matraquage idéologique qu'il a reçu. Vaste programme.


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